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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le principe de cet ouvrage est d'inviter les adultes à voir les choses sous l'angle des enfants.
Des petites scènes dessinées reproduisent des situations connues entre adultes et enfants
« finis ton assiette
- Mais j'ai plus faim
- Je ne veux pas le savoir »
Sauf que l'enfant est remplacé par un adulte.
On comprend ainsi qu'on impose aux enfants, des situations qui seraient inimaginables avec un adulte.
Ces petites scènes sont accompagnées soit d'une invitation à la reformulation, impliquant un plus grand respect de l'enfant, soit un texte signé d'une personnalité (pédiatre, psychologue, ...) acquise à la cause des enfants.
La fin de l'ouvrage est composée d'une BD plus longue mais dans la même logique. Enfin des témoignages d'adultes évoquant un épisode de leur enfance viennent clôturer l'oeuvre.


En lisant ce livre, je me suis d'abord souvenu d'un épisode de l'émission « E=m6 » ou Mac Lesggy se retrouve dans « la peau d'un enfant » avec un décor agrandi, des chaises ou des tables très hautes. On lui demande de faire certaines choses qu'un enfant peut être amené à faire (comme verser du lait – d'une bouteille très grande et lourde – dans un bol – sur une table très haute –). Bien évidemment, Mac Lesggy en renverse…comme le ferait un enfant. Sauf que l'enfant, lui, se ferait gronder !
L'idée de cet ouvrage m'a donc paru excellente au point que je me suis dit qu'il faudrait étendre ce concept pour développer l'empathie sur d'autres catégories de la population.

Il me semble qu'une des compétences fondamentales qui devrait être développée pour améliorer la vie des uns et des autres et nos relations ensemble est l'empathie : être capable de se mettre à la place de l'autre. C'est valable entre adultes mais aussi entre adultes et enfants.
Le livre part de ce principe qu'on ne se met pas assez à la place des enfants et que si on le faisait, on ferait bien des choses autrement. Je suis d'accord en très grande partie avec cette idée. de même, ce principe pourrait être appliqué à d'autres situations pour se mettre un peu plus à la place des gens (gendarmes, immigrés, banlieusards pauvres, fonctionnaires, politiques, etc.) un peu comme le proposait à une époque l'émission de TV « Vis ma vie ». Si on se mettait un peu plus à la place des autres, on les critiquerait moins. C'est aussi le cas de gens qui ont eu une enfance cruelle et qui, devenus adultes, deviennent délinquants ou criminels. Si on pouvait être à leur place et les comprendre, on chercherait à les soigner ou les soulager plutôt qu'à les punir. Il faut toujours essayer de comprendre avant de juger. Quand on a compris, on a plus envie de juger.

En tant qu'enseignant, j'ai souvent été confronté à des situations où les professeurs se comportent d'une manière qu'ils n'accepteraient pas venant d'un élève. J'ai le souvenir d'une fois où accompagnant un collègue avec ses élèves, j'ai fait une bêtise. le collègue pensant qu'il s'agissait d'un élève s'est fâché après eux, jusqu'à ce que je lui dise que c'était moi. Il s'est alors adouci et m'a dit « c'est pas grave » (alors qu'il venait de faire comprendre le contraire aux élèves).


La lecture a alors démarré dans cet état d'esprit plutôt positif vis à vis de ce livre. Mais, très rapidement, les choses se sont gâtées.
On écrit un livre avec ce qu'on est, ce que la vie nous a donné ou ce qui nous a manqué. C'est aussi ce qui dirige nos choix, celui d'un métier, d'une vie de famille… C'est probablement ce qui explique pourquoi Fanny Vella a construit ce livre.
On lit un livre et on l'accueille aussi avec ce qu'on est, ce que la vie nous a donné et ce qui nous a manqué. le vécu des uns n'est pas celui des autres et parfois, cela paraît incompatible et on ne parvient pas à se comprendre. C'est ce qui s'est produit parfois avec ce livre.

Cet ouvrage fait clairement partie des lectures qui donnent mauvaise conscience aux parents et ne les aident pas. Il laisse un peu d'aigreur et on a tendance à se dire « ces gens ne savent pas ce que c'est qu'un enfant, ils n'en ont pas eu ou ils en ont eu des calmes »… Elever un enfant aujourd'hui, avec toutes les injonctions (parfois contradictoires) et la surcharge mentale que ça implique est très difficile et les parents ne sont pas à blâmer comme c'est un peu trop facilement le cas dans ce livre.
Les parents qui seraient amenés à lire ce genre d'ouvrage sont déjà des parents bienveillants qui cherchent à faire de leur mieux et leur infliger cette lecture ne peut que les décourager. Par ailleurs, les quelques parents qui négligent leurs enfants, ceux qui seraient vraiment concernés par ce livre, ne s'intéressent pas suffisamment à eux pour avoir ce genre de lecture. Ce livre manque sa cible !

Comment un livre qui prône autant l'empathie avec les enfants peut-il en avoir si peu pour ceux qui s'occupent d'eux : parents, nounous, enseignants,… ?

Du coup, ce livre m'a laissé un goût mitigé mais un peu amer : Parfois, les situations sont bien vues et les propos me semblent justifiés. Parfois, il est trop moraliste, naïf ou semblant coupé de la réalité du terrain.
Il fait souvent la même erreur que l'anthropocentrisme qui cherche à comprendre les animaux en imaginant qu'ils fonctionnent et ressentent exactement comme les humains. L'humain est un animal mais les animaux ne sont pas tous humains.
L'enfant est un adulte en devenir mais ce n'est pas un adulte. Il n'a pas les mêmes besoins, les mêmes ressentis, la même conscience des dangers ou des pratiques sociales…même s'il peut y avoir évidemment des ressemblances. Voilà les limites de l'exercice.

Ce livre est parfois tellement caricatural qu'on a envie de le caricaturer. Quelques extraits pour vous donner un aperçu :

1) « On essaye de ne pas faire trop de remarques sur la façon dont mange l'enfant. S'il mange comme cela, c'est qu'il en a besoin. On ne veut pas qu'il pense que c'est un problème. » : J'ai forcément une pensée pour mes élèves en obésité morbide et je ne me vois pas dire à mes enfants : « Allez-y mangez autant de bonbons que vous voulez, si vous mangez cela, c'est que vous en avez besoin ».

2) « Tu peux aller aux toilettes lorsque tu en ressens le besoin ». Si chaque élève en classe va aux WC lorsqu'il veut, le cours va vite devenir ingérable.

3) « Mes parents ont toujours été très à l'écoute de mes émotions et de mon bien-être. Par exemple, jamais ma parole n'a été remise en doute face à celle d'un adulte. Si je disais qu'il y avait un problème, même avec un professeur, ils agissaient toujours en partant du principe que je ne mentais pas ». Comment une personne peut-elle décider dans son ouvrage de mettre des propos aussi irresponsables ? J'ai forcément une pensée pour tous ces élèves, qui, pour ne pas faire une punition ou un devoir, mentent ou déforment des situations une fois rentrés à la maison pour que la faute retombe sur le prof et non sur eux. Dédicace particulière pour ces deux élèves qui avaient des parents qui fonctionnaient ainsi : l'un des deux a mis le feu à une poubelle (le père est pompier), son frère a fait tomber une professeure dans un escalier et a été exclu de l'établissement…Celà faisait des années que les professeurs alertaient de la dégradation de l'attitude de ces enfants et que les parents préféraient croire leurs enfants que les professeurs !

4) A un moment, je m'attendais également à avoir « Tiens je te donne les clés de la voiture, si tu as un accident, c'est pas grave, c'est en faisant des erreurs qu'on apprend et on en rediscutera après ».
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A ne lire que si vous avez du temps, car il y en a long à dire !
Je suis irritée par Et si on changeait d'angle. Dès l'introduction de Catherine Gueguen, pédiatre, j'ai été énervée voire choquée par les généralisations du type : « … nous traitons nos enfants comme s'ils étaient des objets qui ne ressentent rien, ne pensent pas et à qui on ne demande jamais leur avis. » Je suis sexagénaire et ce type de comportement correspond effectivement à ce que j'ai vécu, enfant, mais ce n'est pas ce que d'une part j'ai moi-même fait avec mes propres enfants, même si je n'ai pas la prétention de ne jamais avoir commis d'erreur, et ce n'est pas non plus ce que je constate aujourd'hui, même si je ne nie pas que cela puisse encore éventuellement exister dans certaines familles.
J'ai du mal à concevoir qu'une psychologue puisse tenir un discours aussi peu bienveillant à l'encontre des parents dont elle critique le manque de bienveillance à l'égard de leurs enfants. Elle souligne par exemple « nos habitudes ancestrales avec les enfants », ce qui est, à mon sens, non seulement excessif, mais qui amène également à se demander comment elle peut ignorer l'évolution évidente de l'éducation au cours des dernières décennies.
Il y a beaucoup d'enfants et adolescents autour de moi, et ce que je constate assez souvent, mais pas tout le temps (je ne tiens pas à généraliser), c'est un certain laxisme, ou du moins des excès dans le sens totalement inverse de ce qui est critiqué dans ce livre. Je connais des parents qui demandent leur avis aux enfants sur absolument tout, autrement dit, ce sont eux qui décident. Imaginez une famille de six personnes : si chacun a un avis différent sur le menu, la destination des vacances, l'heure du repas, l'heure du coucher, que devient la vie de famille ?
J'ai écrit « des parents qui demandent leur avis sur tout », mais en fait j'aurais dû écrire « qui demandaient » car j'ai constaté des retours en arrière, faute de ne plus pouvoir gérer la situation qu'un tel comportement avait parfois générée.
Après cette introduction, le lecteur trouve l'avant-propos de l'auteure elle-même ; même réaction en ce qui me concerne : à l'écouter, elle semble n'avoir entendu dans sa vie que des injonctions négatives, des promesses de lendemains qui déchantent, etc … Je trouve cela excessif et peu réaliste.
Page 7, elle écrit : « attitude reléguant au rang d'obsolètes les conseils des proches qui me priaient de ne pas tomber dans le piège en prenant ma fille dans les bras à chaque fois qu'elle pleurait ». Je donnerais volontiers un exemple personnel à ce propos : l'une de mes belles-filles prenait sa fille (sa première !) dans ses bras quand elle pleurait et ça pouvait durer longtemps. Se rendant compte que le bébé ne cessait pas de pleurer pour autant, elle se désolait et disait ne plus savoir quoi faire. Alors les deux mamies, à deux occasions différentes, ont tenté de l'aider à trouver une réponse : « as-tu essayé de la coucher pour voir ce que ça donnerait ? ». Comme elle est intelligente, et qu'elle a senti la bienveillance de notre attitude, elle n'a pas du tout vécu ça comme une injonction et a répondu : « non, mais je vais essayer ». Et le bébé s'est endormi très rapidement.
Voilà, à mon sens, le genre de risques que font courir certaines allégations à l'emporte-pièce.
Le fait de mettre un adulte dans la situation de l'enfant est drôle, mais pas nouvelle. Je le fais avec des élèves qui se sentent brimés par l'école ; nous intervertissons les rôles et cela leur permet de mieux comprendre certaines choses et attitudes.
Pour entrer un peu plus dans le corps de l'ouvrage, je voudrais prendre quelques exemples et vous dire ce qu'ils m'inspirent. Autrement dit, de la pratique plutôt que de la théorie.
Page 18 : à propos d'un enfant qui pleure parce qu'il est tombé, le parent lambda dirait : » Arrête ton cinéma, relève-toi ! » alors qu'un adulte bienveillant au regard neuf sur l'éducation (ce que prétend être l'auteure) dirait : « Tu as dû avoir peur, c'était une sacrée chute pour toi. » Premièrement, je trouve que les deux interventions sont excessives, je ne sais pas depuis combien d'années je n'ai pas entendu la première. Deuxièmement, ne peut-on pas dire que l'auteure génère l'idée que l'enfant a forcément eu peur, et que si l'on tombe, on se fait forcément mal ?
Cela ne vous est-il jamais arrivé d'assister à ce genre de scène : un enfant tombe et regarde ses parents : s'ils ont l'air inquiet ou surprotecteur, il se met à pleurer voire à hurler ? Ou au contraire, si les parents n'ont rien remarqué, il se relève et reprend son activité comme s'il ne s'était rien passé ?
Autre cas de figure page 20 : là encore, je trouve les propos contradictoires :
1. J'ai (moi l‘adulte) besoin d'un week-end pour moi.
2. Je dis à l'enfant : est-ce que tu aimerais aller passer le week-end chez Papi et Mamie ? Ils ont
hâte de partager un moment avec toi.
Qui veut quoi dans cette histoire ? On dirait que l‘adulte (le soi-disant bienveillant) n'ose pas dire les choses honnêtement. Imaginons que l'enfant dise Non, je ne veux pas y aller. Que font les parents alors ? Ils renoncent à leur week-end ? Donc l'enfant est roi ! S'il y a un choix à laisser à l'enfant, ça peut très bien être : tu préfères qu'ils viennent ou aller chez eux ?
Mon dernier exemple, page 12 : critique du parent qui demande à son enfant de prêter un jouet à un copain. Pour démontrer la justesse de son argument, l'auteure met cette situation en parallèle avec un adulte à qui la femme demanderait de prêter sa voiture à un inconnu. Cela fait peut-être sourire, mais honnêtement, y a-t-il une commune mesure entre un jouet (entre mille car les enfants d'aujourd'hui en ont franchement beaucoup trop) et une voiture unique souvent indispensable pour aller au travail ou une urgence… Et même, en dehors de cela, où est la notion de partage et de vie collective? Même entre frères et soeurs, cela nécessite un apprentissage.
Heureusement, une suggestion est faite, que j'approuve cette fois-ci, plus plausible (il y en a quelques-unes quand même) : « je te propose de mettre de côté les jeux que tu ne veux pas partager et on laisse à disposition les autres pour que tu puisses jouer avec les enfants. » J'ajoute que c'est exactement ce que je faisais avec les miens, il y a 35 ans de cela, rien de neuf donc.
Par ailleurs, je vois régulièrement des petits touche à tout débarquer chez mes enfants adultes et se servir de tout, sans demander la moindre autorisation, qu'il s'agisse d'ailleurs de jouets ou de bibelots.
Je ne vais pas donner plus d'exemples, je vous laisse découvrir ce livre si vous le souhaitez et avoir votre propre réflexion sur le sujet. Mais je dois ajouter que j'ai trouvé l'analyse assez superficielle, simpliste. Même sur le plan graphique, j'ai été déçue car il y a assez peu de dessins finalement.
Pour terminer, je rappellerai cette affirmation de Boris Cyrulnik, personnage bienveillant s'il en est : « il est indispensable qu'avant l'entrée à l'école (donc avant l'âge de trois ans), l'enfant ait appris la frustration ». Non pas parce que l'école est un lieu de frustration permanent, mais parce qu'il est un lieu collectif où l'on apprend à vivre ensemble. Chacun le sait, je pense, la vie en collectivité implique des compromis d'une part. D'autre part, c'est le lieu où l'on apprend l'écoute, le partage, l'échange, et où l'on tente de former des citoyens tournés vers l'autre, ouverts et épanouis.
Vous aurez donc compris que je n'ai pas particulièrement apprécié cette lecture, cette critique à peine voilée (et pas assumée) des générations précédentes. Chaque nouvelle génération se bâtit sur les précédentes, sans lesquelles elles n'existeraient pas, et c'est sur ce socle qu'elle peut introduire des nouveautés, procéder à des expérimentations, sans pourtant prétendre détenir la vérité. Il faut garder à l'esprit que la jeune génération d'aujourd'hui, à son tour, critiquera l'éducation qu'elle a reçue de ses parents.

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