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sur 140 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le narrateur assiste aux obsèques de sa grand-mère Marguerite et en profite pour passer en revue chaque membre de sa famille, lui qui étant atteint du syndrome d'Asperger, a toujours été à part. Ce syndrome, appartenant au spectre de l'autisme, se caractérise notamment par d'importantes difficultés dans les relations sociales, sans aucun retard intellectuel, au contraire, les Asperger ayant souvent un QI supérieur à la moyenne. Ayant la passion de la vérité, le narrateur est dégoûté par l'éloge funèbre prononcé notamment par celle qui officie, Mme Vauquelin, car non, sa grand-mère n'a pas été le personnage magnifique et sans défaut qu'on présente. « La dame Vauquelin, de la Pastorale diocésaine, aura finalement proféré une vérité involontaire en affirmant que ma grand-mère Marguerite était ‘une femme de tête autant qu'une femme de coeur'. Car ma grand-mère Marguerite était en effet à peu près aussi incapable de réfléchir que d'aimer. » ● Son monologue intérieur va dénoncer toutes les hypocrisies des membres de sa famille et de la société, lui qui ne sait pas mentir, et qui n'est passionné que par trois choses : le Scrabble, les catastrophes aériennes et Sophie Sylvestre-Lachenal, son amour de jeunesse resté platonique. Par exemple : « ma tante Lorraine ne fréquente que des gens incroyablement banals, issus de la classe moyenne aisée inculte, avec qui elle échange des opinions vestimentaires et des idées battues pêchées dans Le Nouvel Observateur, parce qu'elle aussi se croit de gauche. » ● Empêché par son neuroatypisme de revêtir le masque social que chacun revêt, il est particulièrement habile à voir ce qu'il y a derrière et à le dénoncer sans prendre de gants. ● C'est donc celui qu'on prend pour un semi-débile et un asocial qui a le regard le plus acéré sur le monde et la société. « Quand j'ai fait part à ma tante de ma surprise à la voir fréquenter autant de mythomanes et de malades mentaux, elle m'a répondu qu'elle me fréquentait bien, moi : preuve qu'elle me prend pour un psychotique au mépris des explications fournies par le professeur Urs Weiss soi-même, qui définit le syndrome d'Asperger comme un variant humain non pathologique voire avantageux, puisqu'il garantit, au prix d'une asociognosie parfois invalidante, une rectitude morale plutôt bienvenue dans notre époque de voyous. » ● Ce roman est très bien écrit mais j'aurais préféré que l'auteur accentue sa dimension comique. Il y avait matière à faire une superbe comédie de moeurs, mais sur ce point il me semble que l'auteur reste au milieu du gué ; la dénonciation grinçante de l'hypocrisie sociale ne m'a pas fait suffisamment rire !
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Quoi de mieux, au moment des bonnes résolutions, que de se plonger dans un roman qui a pour thème principal les arrangements que nous ne cessons de faire avec la vérité, les promesses vite oubliées, les compromis qui nous font occulter quelques faits pour n'en retenir que le côté qui nous sert.
L'auteur, qui exerce la profession de psychiatre, a choisi pour illustrer son propos un «héros» atteint du syndrome d'Asperger. Cette forme d'autisme, sans déficience intellectuelle ni retard de langage, se caractérise par des difficultés dans le domaine des relations et des interactions sociales : se faire des amis, comprendre les règles tacites de conduite sociale et les conventions sociales, attribuer à autrui des pensées ou se représenter un état émotionnel.
En revanche, l'Association Autisme France nous apprend également que «les patients atteints du syndrome d'Asperger sont étonnants de par leur culture générale et leur intérêt dans un domaine spécifique dans lequel ils excellent.»
Le narrateur va nous confirmer ce diagnostic tout au long du roman, y ajoutant une définition d'un spécialiste suisse, le professeur Urs Weiss « qui définit le syndrome d'Asperger comme un variant humain non pathologique voire avantageux, puisqu'il garantit, au prix d'une asociognosie parfois invalidante, une rectitude morale plutôt bienvenue dans notre époque de voyous. »
Voici pour le côté théorique, en espérant ne pas vous avoir perdu jusque-là, amis lecteurs, parce que le côté pratique nous offre quelques pages délicieusement jubilatoires sur la mauvaise foi, les secrets de famille plus ou moins bien gardés et l'hypocrisie qui règne en maître dans certaines circonstances.
Il s'agit en l'occurrence d'une cérémonie de funérailles qui déstabilise au plus haut point le narrateur : « Je ne comprendrai jamais pourquoi, lors des cérémonies de funérailles, on essaie de nous faire croire qu'il y a une vie après la mort et que le défunt n'avait, de son vivant, que des qualités. Si un dieu de miséricorde existait, on se demande bien au nom de quel caprice il nous ferait patienter plusieurs décennies dans cette vallée de larmes avant de nous octroyer la vie éternelle; et si les humains se conduisaient aussi vertueusement qu'on le dit après coup, l'humanité ne connaîtrait ni les guerres ni les injustices qui déchirent les âmes sensibles. »
Tout en approuvant cette logique imparable, on va bien vite se rendre compte que l'enfer est effectivement pavé de – telles – bonnes intentions. Faut-il dire que le cousin Henri est le fruit d'un viol, qu'Octave a été tué sur le chemin des dames par un tir venu de son camp, que le grand-mère Marguerite (que l'on enterre) a noué une relation extraconjugale avec un riche voisin et que la tante Lorraine en serait le fruit défendu ? Parmi les petits arrangements avec la réalité que cette dernière nous offre, on peut rajouter les régimes amaigrissants ou les cures thermales aussi sensationnels que sans résultats qu'elle suit année après année. On citera encore les positions politiques diamétralement opposées des cousines Marie et Christelle qui n'ont aucun scrupule à agir en opposition avec leur discours.
On se régale de ce petit jeu de massacre, agrémenté par les deux passions de notre homme, à savoir le jeu de scrabble et les catastrophes aériennes.
Et s'il vous fallait un argument supplémentaire pour vous plonger dans ce livre, terminons avec une histoire d'amour. Sophie Sylvestre, croisée sur les bancs de l'école, pourrait en effet devenir la plus heureuse des femmes, car un mari atteint du syndrome d'Asperger lui offrira un «gage de franchise, de réserve et de probité amoureuse.»
Mais je vous laisse découvrir par vous-même comment cette possible idylle va se développer…

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Le narrateur, autiste asperger, a une vision différente des relations humaines qui le rend inapte à nouer des liens, à communiquer en toute bienséance, il ne cesse de commettre des bourdes faisant de lui un extraterrestre pour son entourage. Lui s'identifie pourtant à la définition qu'il se fait du surhomme nietzschéen, en tout modestie et assiste aux funérailles de sa grand-mère Marguerite qui vient de mourir une semaine avant son centenaire. Il ne supporte pas l'hypocrisie des cérémonies funéraires car la personne défunte est systématiquement encensée quelque soit la réalité de ses actions et paroles passées. Il aime la même femme depuis l'adolescence mais cela n'est pas réciproque et est d'ailleurs soumis à une interdiction de l'approcher ou de la contacter. le lecteur en apprend sur sa famille, ses grands-parents, ses parents, ses tantes : chacun en prend pour son grade et pourtant il ne fait finalement allusion qu'à des faits réels.

L'écriture et le déroulement de ce livre sont construits sur un monologue, sans aucun dialogue ni chapitre et sur une unité de lieu : l'enterrement de sa grand-mère, et cela crée toute l'originalité de ce roman. Ce quadragénaire dépeint sa personnalité authentique et sans faux-semblants, le lecteur ne peut donc que ressentir de la compréhension voire de l'empathie pour cet homme même si parfois il se transforme en-tête à claques il faut tout de même bien le souligner.

En refermant ce livre j'ai conclu : lecture plaisante, personnage attachant mais agaçant, thème de l'autisme intéressant mais tous ces éléments n'ont pas réussi à me convaincre totalement et à graver cette lecture dans ma mémoire. Sûrement est-ce du à cette manière particulière et déroutante de dérouler le récit ?
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Avec un narrateur atteint du syndrome d'Asperger, l'humour est assuré. S'il fallait s'en persuader, il est juste besoin de faire référence au fameux Rain man où Dustin Hoffman incarnait, Raymond Babbitt, un autiste. Contrairement à ce qu'on a pu croire, c'était du syndrome du savant qu'il souffrait, et non de celui d'Asperger. Mais le mécanisme est le même. le comique est produit par le décalage entre les perceptions et l'univers du personnage et la réalité.

En l'occurrence, Marcher droit, tourner en rond est une sorte de monologue ou de flux de pensée ininterrompu du narrateur autiste. le texte se lit d'une traite. Il ne fait l'objet d'aucun découpage. La lecture s'en trouve quelque peu fastidieuse.

Enfermé dans ses propres raisonnements et sa logique d'interprétation, le narrateur s'emploie à une relecture - ou déconstruction - de l'histoire familiale. le point de départ en est les funérailles de la grand-mère Marguerite.

En contrepoint des malheureuses expériences de mariage dans la famille, le narrateur évoque sa propre histoire d'amour, totalement fantasmée, avec Sophie Sylvestre.

Marcher droit, tourner en rond est un texte où l'auteur semble régler des comptes avec une société hypocrite, un monde immoral que seules sauvent les apparences. Son narrateur, en raison de sa pathologie, se démarque de sa famille. S'il est pathétique dans sa non-histoire d'amour avec Sophie Sylvestre, sa lucidité sur son syndrome et sur les autres est saisissante. Son discours est une sorte de révélateur des dysfonctionnements qui sont le lot de la société humaine ordinaire.
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Toutes nos contradictions, compromis et petits arrangements sont passés à la moulinette par quelqu'un d'hyper logique et obsessionnel... et cela donne un ouvrage assez savoureux. Mais cela tourne un peu en boucle au bout d'un moment et je me suis un peu lassée. Il aurait fallu que l'exercice pousse encore un peu plus loin (soit en étant plus caustique/mordant, soit en développant le côté absurde nos comportements) pour que je reste "accrochée" jusqu'au bout.
Cela reste néanmoins une lecture agréable et qui donne à réfléchir sur la sincérité de nos actes et de nos paroles.
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Marcher droit , tourner en rond . (Emmanuel Venet )
Paru aux Editions Verdier en octobre 2016 , voilà un bien curieux ouvrage dont je n'aurais eu vent sans le dynamisme de l'équipe de la librairie Lafontaine qui invite cette semaine l'auteur de ce court roman à l'occasion d'un café-littéraire . Qu'ils en soient donc remerciés.
Avant que de se tourner vers l'écriture, et probablement plus par volonté de porter un message que d'entrer au panthéon de nos classements littéraires , Emmanuel Venet exerce la psychiatrie au sein de l'hôpital Vinatier , grande institution psychiatrique dont le nom faisait encore frémir dans la région il n'y a pas si longtemps , braves gens que nous sommes .
Alors oui ce psychiatre qui semble avoir plus d'un tour dans son sac , et sait manier la plume avec une gracieuse ironie mordante , ne nous fait pas de cadeaux .A nous les normaux , les bien propres sur eux , les" lisses comme la coquille d'un oeuf ton sur ton" .
Son héros atteint du symptôme d'Asperger (nom qui sonnait plutôt barbare jusqu'à récemment )assiste aux funérailles de sa grand-mère.
Face à cette pantalonnade traditionnelle et bien pensante , le petit fils de la défunte se laisse aller à un monologue intérieur .
De là nous entrerons dans les secrets de famille , les petits arrangements et les vérités arrangées par la conscience collective et le décalage offert par la structure mentale de cet homme atteint d'Asperger mettra en lumière tous nos travers liés à notre fonctionnement "normal" mais aussi normatés, nos vérités sinueuses et échappant à la loi cartésienne , ainsi que l'étrangeté que représente une forme de pensée "droit-fil" , essentiellement dirigée par la logique ,l'impossibilité d'apporter la nuance affective (qui implique aussi une vérité moins mathématique) inhérente à la vie sociale et stigmatisant douloureusement celui qui ne rentre pas dans les clous .
De là nous appréhenderons cette autre perception du monde, codifiée par ce que nous qualifierions , nous , les "normaux , des manies , un raisonnement différent car ouvert par d'autres portes et où la dimension relationnelle est amputée d'une partie d'elle même .
De là nous serons amenés à faire un facétieux voyage loin de nos contrées balisées .
Et de là peut-être , serons nous un peu plus enclins à agrandir notre capacité à accepter la différence : Asperger , autisme en général , bizarrerie en tous genres , invalidante pour celui qui la vit au regard de notre monde encore trop souvent étriqué .
A contrario d'En attendant Bojangles , pour moi racoleur et farce gratuite ," Marcher droit , tourner en rond" , apporte un véritable regard de professionnel sur le syndrome d'Asperger , à travers une histoire pourtant pleine de piquant et d'humour cocasse . L'écriture s'oublie, simple outil manié avec efficacité , humble et belle de cette humilité , pour nous ouvrir la porte de l'altérité .
Une belle découverte . Pour aller à la rencontre de l'autre . Et de soi .
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Un livre sans chapitre, écrit par un personnage atteint d'autisme Asperger. On est parfois d'accord avec les propos car ils sont justes et dit sans filtre, chose que l'on aimerait parfois pouvoir faire nous aussi... Mais je ne suis pas entrée à fond dans le récit malgré tout.
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Un livre intéressant, le personnage central assiste à l'enterrement de sa grand mère et nous dessine des portraits familiaux aussi réalistes qu'incisifs. Ces réflexions souvent justes prêtent à sourire et on passe un agréable moment de lecture, détendant.
Juste un détail sur la forme : aucun chapitre aucunest césure dans le texte et une absence totale de dialogue ce qui peut dérouter au départ.
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Ce court récit laisse à réfléchir sur les faux semblants. Un homme atteint du syndrome d'Asperger (l'une des formes de l'autisme) critique sans lésiner, sa famille, réunie pour les funérailles de sa grand-mère. Ce roman tire un portrait succin de ses cousins/cousines, ses tantes/tontons, ses grands-parents et parents mais se permet surtout une critique assez piquante de leur façon d'être et d'exister. Ce roman apparaît comme une critique globale de la société qui se bat avec ses contradictions et ses faux combats. J'aurais aimé voir des personnages féminins intéressants, malheureusement non, les femmes de son entourage paraissent toutes vénales. Ceci reste une oeuvre qui se lit très facilement et qui laisse à réfléchir. Quand on a des idéaux, mieux vaut les construire et s'y tenir !
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Ce roman est assez désopilant : un homme, frappé du syndrome d'Asperger, pointe les innombrables incohérences de la vie des membres de sa famille, tout en racontant sa vie faite d'un amour secret avec une camarade de lycée et de passions pour les catastrophes aériennes et le scrabble. C'est très poil à gratter, savoureusement mordant et ironique. L'auteur évite me semble t-il d'être cynique. C'est très bien écrit, assez facile à suivre. L'exercice, savoureux pendant une bonne partie de la lecture, souffre cependant sur la distance. Une belle surprise, néanmoins.
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