Voici le deuxième roman lu d'Emmanuel Venet, découvert dans ma librairie indépendante favorite. Après
Rien, je viens de finir
Marcher droit, tourner en rond, formidable histoire d'un homme atteint du syndrome d'Asperger, se lamentant de la condition humaine lors de l'enterrement de sa grand-mère paternel.
Emmanuel Venet sous le regard de cet homme atteint de ce syndrome proche de l'autisme, peint avec beaucoup d'humour et d'ironie sans machiavélisme, ni de complaisance notre société à travers la famille de cet homme solitaire, aimant la scrabble, les accidents d'avions et a un amour unique depuis la seconde pour une fille, depuis devenue semi-comédienne, marié puis divorcé, ayant un enfant atteint de mucoviscidose.
Dans l'univers assez fermé du narrateur, la vie sociétale reste un mystère, les mensonges, la futilité, les faux semblants, la mode et tant d'autre chose lui échappent, l'abrutissement de l'être humain le rend solitaire, isolé dans un univers de bon sens, ou la simplicité reste une chose trop banal pour les êtres humains l'entourant, mise à part quelques personnes, comme son grand-père maternel et un hongrois, ancien compagnon de l'une de ces cousines.
La vie de sa famille est passée au crible, sans artifice avec un langage direct sans fioriture, presque corrosif où personne n'est épargné, sa particularité le rend unique dans sa façon de penser et de relater les faits, comme le dit l'adage « Un chat est un chat », alors un enterrement fait ouvrir les secrets de cette famille sous le regard lucide de cet homme, tout débute par la grand-mère, défunte, étincelle les louanges de cette femme, les oraisons sont trop lisses, tout est démesuré, notre narrateur s'insurge des mensonges profanés, tout en lui devient un volcan en éruption, sa lave coule pour embraser la lumière de la vérité, dévoiler la vitrine transparente de sa famille.
Alors le tapis rouge de la vérité s'étale avec beaucoup d'humour et de drôlerie, Emmanuelle Venet maitrise à meilleur ce personne, la philosophie de ce personnage est attachante, voir émouvante. Cet attendrissement véhicule en nous des réflexions pour cet homme atteint du syndrome d'Asperger, l'isolant des autres, son manque d'émotion humaine le rend froid et sans coeur, comme un automate s'appliquant à poursuivre les consignes enregistrées.
Nous permettrons dans les secrets de familles avec beaucoup de vérité, comme l'inceste, fruit donnant naissance à sa grand-mère maternelle, les infidélités de celle-ci, détruisant son mari pour le rendre alcoolique, le tuant d'une cirrhose, puis la vie de ses tantes avec leur névroses, ses cousines et son cousin homosexuel.
Puis ce qu'il a de savoureux dans ce livre, c'est l'écriture, toujours aussi agréable et la pensée en ligne droite sans détour de ce narrateur. J'ai aimé la démonstration sur les religions monothéismes, pleine d'ironie, avec beaucoup de sarcasme, une théorie sans faille pour celui qui déteste les sophismes, tel les religieux du culte monothéisme.
Il y a aussi cet amour unique connu adolescent, pour cette fille Sophie Sylvestre, en seconde, « l'amour de sa vie », il l'aime depuis 30 ans, il rêve cet amour et le virtuel amuse son réel, il s'enchante d'imagination pour cet amour stérile, unilatéral. Actrice, notre amoureux transit achète tous ses films pour l'apercevoir lors de ces brèves apparitions, il vole de la regarder se mouvoir dans ces figurations évaporants, comme si elle devenait présente pour lui donner un peu d'elle.
Notre homme si atypique, amoureux du jeu le Bac, surdoué du scrabble, qui le rend amoureux du mot au sens propre, la définition est accessoire car « autant de points avec « asphyxie » qu'avec « oxygène », sa seconde passion est les enquêtes sur les catastrophes aé
riennes, il aime surtout la fiabilité des rapports, malgré la côté morbide, puis son amour indéfectible pour Sophie Sylvestre.
Emmanuel Venet se perd dans la description d'un crash aé
rien, comme le ferait le narrateur, puis une liste de mots affolantes pour avoir un bon score au Bac, pour nous faire vivre la folie pure et saine de notre héros, certains font référence à un esprit Houhouellebecquien, pour ma part c'est surtout une force de plus pour pénétrer l'univers de notre narrateur souffrant du syndrome d'Asperger.
Ce livre présente l'être humain sous plusieurs facettes, celle de leur défaut sous t le regard trouble sans détour d'un homme atteint du syndrome d'Asperger et la vision de ce narrateur toujours aussi criante de vérité.
Emmanuel Venet l'auteur, psychiatre de profession, connaît parfaitement le tableau clinique, de notre homme quadragénaire souffrant de ce syndrome le marginalisant toujours un peu plus dans sa façon de penser, d'aimer, d'étudier l'être humain…. Notre auteur aime présenter la puérilité de la vanité des conventions apparentes sous le regard de notre héros en souffrance, avec un humour froid comme j'aime.