Je découvre le théâtre de Vercors et j'avoue que dans ce domaine il excelle. Que j'aimerais avoir vu cette pièce ! Dommage, je n'en ai pas eu l'occasion. "
Zoo où l'assassin philanthrope" a été créé à Carcassonne le 6 juillet 1963 et jouée à Paris au TNP en 1964. Il faut dire qu'entre Emmanuelle Riva,
Georges Wilson et
Claude Pieplu, entre autres, cela devait être assez extraordinaire à voir.
Comme Vercors l'indique en sous-titre, il s'agit d'une comédie judiciaire, zoologique et morale et c'est très bien trouvé. On rit de ce divertissement mais pas seulement. On réfléchit aussi, car cette pièce est instructive et morale, comme un conte philosophique. D'ailleurs, la pièce est une adaptation du roman de Vercors "
Les Animaux dénaturés".
C'est un très bel exemple d'apologue et j'ai trouvé le texte très original dans son contenu et dans sa construction.
Ce qu'il y a d'admirable dans la pièce de Vercors c'est qu'il développe avec ingéniosité toutes les variations du thème "qu'est-ce qu'un homme?". Cette question est soumise à un jury au cours d'un procès d'un genre inédit. Dans Zoo, il y a bien un meurtrier, mais y-a-t-il une victime ? C'est ce qu'on cherche à savoir. Tous les critères spécifiques de l'espèce humaine (langage articulé, religion, rites funéraires, caractéristiques biologiques, goût de la parure…) sont invoqués tour à tour à la barre, à l'appui de l'accusation et de la défense, sans qu'on arrive à se mettre d'accord tant les arguments de part et d'autre sont convaincants.
L'idée essentielle, celle qui domine la pièce, est la suivante: ce qui distingue l'homme de l'animal c'est que l'animal subit la nature tandis que l'homme lutte pour la dominer. En dehors de cette rébellion il n'y a pas de notion humaine. Concept qui permet à Vercors de déclarer qu'on ne naît pas homme mais qu'on le devient.
Sujet grave ou un jeu de miroir avec le public renforce le comique de cette comédie admirable.