L'homme qui venait de relire ce document n'était qu'un simple capitaine des bois.
Au Brésil, on désigne sous cette appellation "capitaes do mato", les agents employés à la recherche des nègres marrons. C'est une institution qui date de 1722.
Le soleil était déjà très bas sur l'horizon, et, avec cette rapidité spéciale aux basses latitudes, il allait tomber presque perpendiculairement, comme une énorme bolide. La nuit devait succéder au jour presque, sans crépuscule, comme ces nuits de théâtre que l'on fait en baissant brusquement la rampe.
La famille de Joam Garral était donc en joie. Ce magnifique trajet sur l' Amazone allait s'accomplir dans des conditions charmantes. Non seulement le fazender et les siens partaient pour un voyage de quelques mois, mais, ainsi qu'on le verra, ils devaient être accompagnés d'une partie du personnel de la ferme.
Le demi-mille carré de forêt était abattu. Aux charpentiers revenait maintenant le soin de disposer sous forme de radeau les arbres plusieurs fois séculaires qui gisaient sur la grève.
Facile besogne, en vérité ! Sous la direction de Joam Garral, les Indiens attachés à la fazenda allaient déployer leur adresse, qui est incomparable. Qu’il s’agisse de bâtisse ou de construction maritime, ces indigènes sont, sans contredit, d’étonnants ouvriers. Ils n’ont qu’une hache et une scie, ils opèrent sur des bois tellement durs que le tranchant de leur outil s’y ébrèche, et pourtant, troncs qu’il faut équarrir, poutrelles à dégager de ces énormes stipes, planches et madriers, à débiter sans l’aide d’une scierie mécanique, tout cela s’accomplit aisément sous leur main adroite, patiente, douée d’une prodigieuse habileté naturelle.
Les cadavres d’arbres n’avaient pas été tout d’abord lancés dans le lit de l’Amazone. Joam Garral avait l’habitude de procéder autrement. Aussi, tout cet amas de troncs avait-il été symétriquement rangé sur une large grève plate, qu’il avait fait encore surbaisser, au confluent du Nanay et du grand fleuve. C’était là que la jangada allait être construite ; c’était là que l’Amazone se chargerait de la mettre à flot, lorsque le moment serait venu de la conduire à destination.
Enfin ! s’écria-t-il, je touche au but, et je ne regretterai pas les fatigues de ce voyage, qui m’a conduit des bords de l’Atlantique au cours du Haut-Amazone ! Cet homme pouvait avoir quitté l’Amérique, il pouvait être au-delà des mers, et alors, comment aurais-je pu l’atteindre ? Mais non ! Il est là, et, en montant à la cime de l’un de ces arbres, je pourrais apercevoir le toit de l’habitation où il demeure avec toute sa famille !
En 1852, – année dans laquelle va se dérouler cette histoire, – il y avait encore des esclaves au Brésil, et, conséquemment, des capitaines des bois pour leur donner la chasse. Certaines raisons d’économie politique avaient retardé l’heure de l’émancipation générale ; mais, déjà, le noir avait le droit de se racheter, déjà les enfants qui naissaient de lui naissaient libres. Le jour n’était donc plus éloigné où ce magnifique pays, dans lequel tiendraient les trois quarts de l’Europe, ne compterait plus un seul esclave parmi ses dix millions d’habitants.
«Phyjslyddqfdzxgasgzzqqehxgkfndrxujugiocytdxvksbxhhuypohdvyrymhuhpuydkjoxphetozsletnpmvffovpdpajxhyynojyggaymeqynfuqlnmvlyfgsuzmqiztlbqgyugsqeubvnrcredgruzblrmxyuhqhpzdrrgcrohepqxufivvrplphonthvddqfhqsntzhhhnfepmqkyuuexktogzgkyuumfvijdqdpzjqsykrplxhxqrymvklohhhotozvdksppsuvjhd.»
L’homme qui tenait à la main le document, dont ce bizarre assemblage de lettres formait le dernier alinéa, resta quelques instants pensif, après l’avoir attentivement relu.
Le document comptait une centaine de ces lignes, qui n’étaient pas même divisées par mots. Il semblait avoir été écrit depuis des années, et, sur la feuille d’épais papier que couvraient ces hiéroglyphes, le temps avait déjà mis sa patine jaunâtre.