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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Eté 1987, dans un village de Corrèze. Christophe et sa bande sont en vacances. Ils ne sont plus collégiens, pas encore tout à fait lycéens et comptent bien profiter de cet entre-deux même si ce passage les angoisse. Au gré de leurs pérégrinations, ils ont découvert un paradis — terrestre et aquatique — habité par un homme que tous au village appellent « l'Indien », tant il vit en ermite. Loin de là, en région parisienne, deux hommes viennent de commettre un braquage, laissant le cadavre d'un convoyeur de fonds derrière eux. Ils ont réussi leur coup et filent maintenant plein sud pour échapper aux flics et démarrer une nouvelle vie. Sans le savoir ni le vouloir, les braqueurs s'approchent de la Corrèze et de la bande d'adolescents jusqu'au moment où les deux trajectoires vont se télescoper…

« Où reposent nos ombres » est un roman noir écrit par Sébastien Vidal, un roman poignant et bouleversant. Il met en scène deux bandes et deux trajectoires que tout oppose : d'un côté un groupe d'amis soudés, dans la lumière d'un été étouffant, sur lequel rôdent cependant des ombres, celles contenues dans le titre et celles de la délicate période qu'ils vivent, la transition de l'adolescence entre espoirs et craintes ; d'un autre deux amis en fuite, dans la noirceur des actes qu'ils viennent de commettre, du plaisir qu'ils y ont pris, et des morts qu'ils vont semer sur leur route ici ou là, macabres petits poucets.

L'auteur décrit très bien les doutes qui assaillent chacun, au niveau même de l'âge qui est le sien — adolescent ou adulte — et pour chacun les fêlures qui se dessinent en creux des actes, par-delà les mots, au travers de l'étoffe dense des silences. Jacques et Antonio se sont affranchis de leur vie d'avant, pour autant son empreinte délétère trace encore son sillon dans leur nouveau quotidien. Christophe et sa bande ne sont pas encore affranchis de leur famille, pris pour certains dans des tourmentes douloureuses, mais se créent des espaces de liberté au coeur du paradis nouvellement découvert.

Une tension sourd tout au long de l'intrigue, le suspens va croissant et le lecteur se demande comment l'auteur va penser le télescopage des deux trajectoires. On n'est pas déçu par ce qu'il nous propose et la rencontre, brutale, inattendue, est à la hauteur de ce qui précède : noir et fort, irrémédiable, définitif. Si le temps de l'innocence ne dure pas, celui de la violence demeure, parfois sourde, parfois plus explosive.

Des lieux portent les ombres, des morts mais aussi des événements, et des romans savent les dire, les exhumer, pour en tirer des clairs-obscurs magnifiques, comme ce roman, porté par une écriture ciselée.
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A l'abri du temps, dans une enclave de l'été 1987, l'adolescence pousse dans les corps tout en figeant les yeux gigantesques des enfants que restent Christophe, Vincent, Franck et la pétillante Johanna. Au coeur d'un panorama magnifié par le regard d'un homme qui prend le temps de regarder, puis de voir, et enfin de nous dire les couleurs, les parfums, et les émotions. Un poète contemplateur sublime, Sebastien Vidal m'a ravit durant ces délicieuses heures de lecture, m'offrant à découvrir l'espace qui l'entoure, sa Corrèze et sa peinture naturelle.

"Beaucoup de feuilles sont déjà au sol, peignant un tableau qu'aucun peintre ne pourrait imiter. Les taches jaunes soudées aux taches rouges, les auréoles marron cousues aux auréoles ocre, les flaques auburn scellées aux flaques orange. Elles constituent un tapis tissé avec patience, et ce voile épouse les talus et le rivage qui recueille l'étang en son creux comme les mains jointes retiennent l'eau coulant d'une fontaine. le ciel d'un gris dur écrase mes épaules. Les nuages sont compactés et fondus en un océan morne et immobile. Ces feuilles qui gisent au sol sont la seule source de couleurs, une bouffée d'oxygène."

Christophe, ou plutôt Chris, revient sur la scène d'un été bouillonnant d'émotion, qui fût le théâtre complet d'un village respirant d'insouciance et chutant sur les drames, que les acteurs soient adultes et rongés par un mal profond, ou de vieux enfants repoussant les échéances, sous le regard bienveillant d'un marginal, l'Indien. Il est un âge où la prise de risque s'appelle encore "vivre", quitte à ne pas en maîtriser toutes les routes. Et lorsque cette prise de risque intervient plus tard, dans des corps abîmés par des coups de canif, alors la liberté dégueule par des plaies à vif. Et l'équipée sauvage qui en découle est meurtrière. La percussion entre ces deux mondes, celui de la fraîcheur d'un groupe d'ados et celui de deux hommes limés par une vie déjà trop indigeste.

Ce roman est celui d'un auteur de roman noir qui aimerait les couleurs, celui d'un auteur qui saurait vous réconcilier avec le passé pour en faire mille déclinaisons de vous, de vieux amis perdus de vue depuis plus ou moins longtemps et que vous laisseriez vous rattraper.

"Je crois que le passé, c'est simplement des morceaux de présent qu'avancent moins vite que nous. le passé, c'est comme le coureur qu'est lâché du peloton. À un moment, il disparaît de la vue, mais il est toujours là. Et bien apres que t'as franchi la ligne d'arrivée, t'es peinard, tu bois un coup tu récupères, t'as oublié ce fichu coureur, mais il arrive quand même, il coupe la ligne et vient jusqu'à toi."

Je me délecte des textes de cet auteur chaque jour, admirative et conquise encore un peu plus avec Où reposent nos ombres. Un ADN commun entre écrivain et lectrice que je noue encore un peu plus.

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Superbe découverte dans le cadre de l'opération Masse critique Mauvais genre ! Ce roman est classé «polar » et j'ai eu besoin de revenir aux définitions tellement je n'ai pas eu ce sentiment de lire un tel roman. Et à juste titre puisque le polar se définit couramment comme un ouvrage se concentrant sur une seule intrigue policière.
Or le roman de Sébastien Vidal est bien plus que cela : l'histoire est d'abord plurielle avec une vraie collection de personnages : le groupe d'amis d'un petit village de campagne, les deux braqueurs,…. Il ne s'agit pas d'une enquête policière haletante mais d'un roman à l'univers sombre qui se construit progressivement. L'auteur va s'attacher à décrire la psychologie des personnages qui évolue au fil du récit et qui donne cette impression de montée en puissance.
Et que dire de l'écriture ! Elle est tellement riche et pas uniquement factuelle. Son but n'est pas de simplement faire progresser l'action mais de créer une ambiance. Pour autant, les descriptions sont savamment dosées pour permettre au lecteur de s'imprégner de cette ambiance sans alourdir le récit.
Une vraie réussite et un roman que je ne peux que conseiller, même à ceux que la catégorisation « polar » ferait hésiter !
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Sur la première page blanche du roman, il y a un joli dessin de Sébastien. Un dessin, qui, quand tu regardes mieux, forme des lettres, et puis des mots, et puis des phrases.
Des jolies phrases.
Des phrases qui disent que bizarrement, il espère que ce roman va trouver moins de graisse à mes yeux.
Ce qui m'étonne, sans aucune fausse modestie que je ne supporte pas, c'est que mon avis lui semble important.
C'est vrai que dans le dernier, histoire de feu, de métal, et de lumière, je n'avais pas adhéré à la multiplication des mots, à ce vocabulaire presque trop grandiloquent pour moi.
Il espère donc que cette fois-ci, l'os sera plus visible…
Ce petit mot m'a touché.
Vraiment.
« Je crois que le passé, c'est simplement des morceaux de présent qu'avancent moins vite que nous. »
C'est pour ça que je lis.
Pour prendre dans la gueule des phrases qui restent au fond de mon p'tit coeur de lecteur.
Je vais éviter de faire ce que d'aucuns font, et ils sont nombreux, quand ils te causent d'un roman.
Te raconter l'histoire.
Juste que tu saches que ça se passe dans les années 80, vers la fin, et que forcément, si à cette époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, tu arpentais déjà les chemins forestiers, il y a des choses qui vont remonter à la surface de tes yeux.
Obligé.
Tu vas croiser Johanna, et si t'es un mec, tu risques de tomber amoureux.
Franck, Vincent, et Christophe. Si t'es une nana, tu risques de tomber amoureuse.
Je déconne.
On ne peut pas tomber amoureux à chaque fois qu'on ouvre un roman.
La suite :
Lien : https://aireslibres.net
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Bonjour à toutes et tous, je vous parle aujourd'hui de Où reposent nos ombres de Sébastien Vidal publié aux éditions le mot et le reste. Clin d'oeil à Ophélie qui me l'a vivement recommandé et je l'en remercie infiniment pour ça 🥰

Vous allez plongez dans une histoire où les émotions et ressentis planent et émergent tout le long du roman ! Un récit profond, une superbe plume qui mérite d'être lue. Des personnages dépeints avec une justesse et une rigueur exceptionnelle !

Deux histoires pour deux versions, la confiance et communication pour les uns, les non dits et la violence pour les autres.. Une immersion qui vous plongera dans l'été 87 en pleine Corrèze! Un roman à lire, un auteur à suivre, je vous y invite, ce roman est un joli coup de coeur.
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Captivant, émouvant, haletant et j'en passe... des images tournent dans ta tête, tu ressens la chaleur de cet été 1987, l'ambiance d'un petit village où chacun se connaît, tu les vois, ces ados qui passent la majorité de leur temps ensemble, tu éprouves de la colère et du dégoût envers certains personnages tandis que tu t'attaches très vite à d'autres, l'angoisse, la tristesse montent crescendo jusqu'à une fin qui te laisse bouleversé!
Superbe découverte pour moi, que ce soit l'écriture magistrale et cette histoire qui prend aux tripes!
Coup de ♥
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