Le lendemain, Céline tire sa valise à roulettes sur le bitume conduisant à la gare de Lamballe.
C’est une fille de vingt-cinq ans, blonde, les cheveux coupés court. Sa bouche est bien faite et ses yeux bruns sont chaleureux.
Elle se repasse mentalement un film qu’elle connait par cœur. Les années avec Martin, son père, quand il éduquait les quatrième et les cinquième à Saint-Brieuc. Son petit bateau qui cabotait sur les eaux écumeuses entre Dahouët et Erquy.
Les virées avec son frère Paul et leurs parents sur la plage du Val-André, le musée de Mathurin-Méheut, le rire de sa mère, les frasques de son père. Puis un jour, tout s’était lézardé, une histoire d’adultes qui se lassent, d’amoureux qui vieillissent.
Et pour finir, la rupture, les petites cuillères qu’il faut compter et recompter, les mots définitifs et, surtout, la disparition de Martin depuis trois ans.
Une carte à Noel, une autre pour son anniversaire et basta. Paul travaille maintenant en Espagne, plus le temps de rien, surtout avec les enfants et son boulot de cuisinier. Il ne reste qu’elle, la petite dernière, pour tisser un patchwork évoquant le passé
[...] Six mois plus tard, Sharon rentrée à Jitikara ne supporte plus le foutu Kazakhstan. La neige, le froid, les poivrots et le gaz sacré que vénère Anatoli.
[...] Aujourd’hui tu fais partie des oligarques, non ? dit Sharon.
— Oui mais j’ai une conscience de classe.
[...] À quatre heures du matin, Gladys émerge d’un cauchemar. Un regard alentour lui confirme qu’il s’agit de sa propre vie.
[...] Certains appellent ça la condition humaine.