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3,83

sur 199 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un grand merci à Babelio et aux éditions Alma...

Blotti sous un buisson d'acacias, le garçon peine à reprendre ses esprits. La peau tuméfiée, quelques traces de sang ici et là sur son visage, la douleur qui lui coupe le souffle. Après une longue course effrénée, c'est au coeur de la forêt qu'il a trouvé refuge. À côté de lui, son chien, couché sur le flanc. Blessé lui aussi, une respiration lente. Gaspard va devoir le porter à bout de bras s'il veut avancer, maintenant qu'il n'a plus peur. Il s'enveloppe dans cette brume de printemps. S'enfonce dans le ventre de cette forêt, à la fois protectrice et hostile...

Comme Gaspard, goûtez, explorez, apprivoisez cette forêt et laissez-vous guider... Partez à la découverte de personnes incroyables, fantasques et généreuses qui, comme ce petit garçon, sauront vous prendre la main et vous emmener vers des horizons inconnus... Que ce soit Jean-le-blanc, le sorcier herboriste au grand coeur, Sarah, l'intrépide prostituée, Fata' ou encore Capello. Au contact de ces gens du voyage, surnommés la Caravane à Pépère, Gaspard apprendra la dureté de la vie, la solidarité, les révoltes sociales, les injustices. de sa plume douce et poétique, Thomas Vinau, ce conteur, dépeint une société vieille de plus de 100 ans et constate combien peu de choses ont changé. Il nous offre un roman lumineux, profondément humain, minéral et ancré dans la terre.
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Dans un autre temps, là-bas au fond des forêts, Gaspard et son chien blessés fuient la violence paternelle. Sur leur chemin, une belle âme leur sauve la vie avant qu'une troupe de voleurs de grand chemin initie le jeune Gaspard à la vie marginale, à ses règles et ses valeurs.

Ce n'est pas un conte, l'histoire de Gaspard et de la Caravane à Pépère est inspirée de faits réels : constituée d'une centaine de membres, dont des déserteurs, des anciens prisonniers évadés et des bohémiens, originaires de Belgique, d'Allemagne ou de Suisse, la bande, dirigée par Jean Capello, un suisse, agissant jusqu'alors dans les Pays-Bas, entre en France en 1906 par la Lorraine et se dirige vers la Bretagne. En août 1906, elle terrorise les campagnes de Vendée, de Touraine et de Charente, commettant vols et escroqueries. le 2 juin 1907, une partie des membres de la caravane est arrêtée à La Tremblade par les futures brigades mobiles. Les roulottes sont perquisitionnées et sur la cinquantaine de nomades arrêtés, 17 sont relâchés. le 3 juin, des fonctionnaires du service anthropométrique de la Seine arrivent pour prendre les photographies, les mensurations et les empreintes digitales des nomades arrêtés. Si le bilan des perquisitions est maigre, l'opération est fortement médiatisée afin de rassurer les Français en démontrant que le gouvernement agit contre les bandes organisées (Wikipedia).

Thomas Vinau est sans aucun doute un poète, un poète idéaliste. Mais n'est-ce pas un pléonasme de le dire ? Toujours est-il que sous une masse de mots, de phrases décrivant une nature belle mais hostile, à l'instar d'une bande de voyous qu'il imagine retorse mais au grand coeur, il nous gratifie d'un message social du genre : déjà au début du XXe siècle des « méchants riches » s'en prenaient à « des gentils pauvres » (fussent-ils des authentiques fripouilles). Merci Monsieur Vinau...
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C'est l'hiver...il fait froid dehors et , quand on est retraité, le canapé est si attirant...Enfin , le canapé , oui , mais avec un nouveau " bon bouquin ".Et celui -ci , comme on dit , il est petit , petit mais costaud .
Lui , c'est Gaspard , sûrement un bon gamin , un bon gamin qui doit prendre des "roustes " , a dû être poussé à bout et qu'on retrouve en fuite , dans la campagne avec son chien qui a pris sa défense.
Et c'est là que l'on tombe sous le charme , dans la nature . La nature protectrice , la nature nourricière , la nature qui se maitrise , qui se gagne , qui se mérite . Des bruits , des odeurs , l'eau qui court , qui indique le chemin de la mer , le chemin de la liberté .
Le rythme lent est d'une grande beauté , dégage beaucoup d'émotion. Les chapitres sont courts et donnent aux descriptions la force d'un torrent déchaîné. Paradoxal, certes,mais si efficace .
Et puis il y aura les rencontres , protectrices , bienveillantes , formatrices malgré les apparences .Des rencontres d'honnêteté , d'honneur , de respect , d'amour , l'apprentissage de la survie .C'est un très beau texte , vite lu , certes mais qui s'incruste en vous à jamais.
Il se termine par la première mission des "brigades du Tigre "...Oui , mais de tigre , peut-il en être question dans nos campagnes ? Pas certain , mais ....on y trouve bien encore de vieux loups...
Je vous conseille cette lecture ,elle est vraiment "particuliére" et interpelle...Elle est surtout pleine d'amour et de poésie, mais l'amour et la poésie sont-elles encore des valeurs d'aujourd'hui ? Comme vous , j'ose le croire ...encore un peu.
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Le camp des autres c'est celui des nuisibles, de ceux qu'on abandonne. Ils vivent sur les chemins, rejoignent l'abri de la forêt.

Un jour Gaspard prend la fuite. Les coups de son père ont eu raison de sa patience. Dans la forêt, affamé et apeuré, il est recueilli par Jean-le-blanc. Ils s'observent et s'apprivoisent, mais toujours avec cette pulsion qui fait déguerpir Gaspard à la moindre méfiance.
Gaspard apprend de son maître les remèdes, les plantes. Il apprend la langue de la forêt et des lettres.
Poussé par sa curiosité, son désir de liberté, il suit une bande de bohémiens, de bandits, de déserteurs.

Un roman qui nous emmène sur des chemins noirs, où les démunis marchent sur le monde, se servant au passage sans demander la permission.

C'est l'histoire de la caravane à Pépère, arrêtée par les brigades mobiles en 1907 à la Tremblade.
C'est l'histoire d'une liberté sauvage qui brûle et fait grimper des notes de violon jusqu'aux étoiles.
Une écriture d'écorce et de dentelle à la fois qui illumine le monde sauvage.
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Le camp des autres est un récit à la lisière des forêts, à la lisière de nos vies aussi. C'est un lieu de paix et de fraternité. Il y a tout d'abord le silence d'une forêt, son odeur, son emprise. Vous avancez sur un tapis de feuilles mortes, une branche craque de temps en temps, vous soulevez une vieille souche pourrie et là tout d'un coup vous découvrez tout un monde souterrain, grouillant de vies multiples...
Les premières pages du livre s'ouvrent comme une corolle vers le coeur de cette forêt. Elle m'est apparue comme un lieu à la fois secret, tourmenté et enchanteur. Cela ressemble à des premiers pas sur une terre encore inconnue, qui, je le pressens comme un battement de coeur, va me délivrer bientôt tous ses sortilèges.
La forêt se révèle toute d'abord comme un lieu de fuite, de refuge et de survie pour le jeune Gaspard, un enfant encore, qui s'enfuit de chez lui, meurtri par les siens, avec pour seul compagnon désormais son fidèle chien blessé. Il lui faut fuir très loin, le plus loin possible de chez lui, fuir aussi les bêtes sauvages qui rôdent tout autour de lui.
Je me suis laissé envoûter par ces premiers moments, me faufilant dans la lumière tamisée qui filtrait entre les arbres, j'étais à la fois grisé par le voyage et le coeur plein d'inquiétudes.
C'est une fable, un conte. Un homme apparaît presque comme par magie, surgi du nulle part, il s'appelle Jean-le-Blanc, ou plutôt c'est comme cela qu'on l'appelle ; il semble habiter ici depuis la nuit des temps, peut-être n'a-t-il pas d'âge...
Peut-être est-il chasseur, braconnier, ou bien sorcier, herboriste, alchimiste ? Peut-être un peu tout cela à la fois. En tous cas, sans doute un ermite. La magie de la forêt semble n'avoir aucun secret pour lui... Car la forêt a ses codes, ses clés, ses rites...
Sur cette première partie qui donne la part belle à cette forêt envoûtante, la langue poétique et sensuelle de Thomas Vinau opère. La faune et la flore entrent dans la musique de ses mots, se dévoilent, rampent, se courbent, se cambrent, bruissent ; c'est l'âme d'un univers qui se faufile dans les pages et nous fait entrer dans l'envers du décor.
Cette faune et cette flore, Jean-le-Blanc la connaît par coeur. Il sait faire la part des choses entre ce qui est capable de vous guérir, arracher vos entrailles ou vous expédier six pieds sous terre... Un chemin initiatique que j'ai trouvé particulièrement beau se dessine alors dans cette relation entre l'homme et l'enfant. Et l'écriture, elle aussi magique, m'a fait entrevoir des images pleines de tendresse et d'humanité.
Pour un ermite, Jean-le-Blanc, reste peu souvent seul... Des femmes, des hommes passent ici... Ce sont de drôles de personnages, un peu marginaux, un peu laissés-pour-compte, bohémiens, voleurs, déserteurs, rejetés sur la route, qui n'ont trouvé leur place que dans l'errance du chemin et du voyage...
Ce sont des oiseaux de passage.
La seconde partie du livre va leur donner la part belle, une manière d'exister, d'entrer dans la lumière de l'écriture de Thomas Vinau. Eux aussi semblent venus de nulle part, surgissent follement de l'ombre de la forêt. C'est brusquement comme une danse endiablée, trépidante, une grande famille, sorte de Tour de Babel nomade, ballottée par les vents et les feuillages, où les mots de Thomas Vinau s'enroulent dans cette sarabande frénétique. Ça chante, ça boit, ça philosophe, ça fornique, ça vit, quoi ! Il y a la gouaille des petites gens qui tutoie les étoiles. L'ivresse des mots s'affole alors et nous fait un peu tourner la tête. Je reconnais que dans ces pages vivantes, j'aurais bien été faire la fête aussi, danser avec la belle Sarah ou refaire le monde avec Capello autour d'un feu, mais j'ai trouvé parfois que l'écriture de ces pages étaient un peu trop chargée, comme un verre de trop...
Alors pour Gaspard, le récit initiatique se poursuit lorsque le camp se lève vers un voyage peut-être sans destination ou sans fin, le camp des autres...
Sarah, la gitane prostituée aux courbes flamboyantes et au sourire où il manque une dent, le prend sous son aile protectrice.
Le camp des autres, ce sont ces oiseaux de passage, insoumis, irrévérencieux du confort des villes qui les chassent jusqu'à leur périphérie et même plus loin. Cette histoire pourrait n'être d'aucun temps, d'aucune route ou de toutes les routes. Elle pourrait se passer au Moyen-Âge ou bien aujourd'hui. Elle se déroule en 1906 et prend sa source à partir de faits réels.
Elle pourrait se passer aujourd'hui, et ce camp des autres, ce sont peut-être alors des roms, des migrants, des réfugiés, ou bien ceux de la rue, les sans-papiers, les sans-abris...
Le camp des autres est une très belle invitation à sortir de nos habitudes, de nos chemins ordinaires et policés.
Ce livre est une hymne à la solidarité, à la différence, aux sous-bois, à la lumière libre et minérale, au recours à la forêt...
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Mon avis en poésie

Ce livre est poésie,
là où la forme se fond dans le fond
et ne tourne pas impatiemment en rond.

Ce livre est sensoriel,
On hume, on frémit, on guérit
on sent et on ressent
on se laisse happer, dériver en moult sensations

Ce livre est une forêt de papier
où chaque page se trouve imprimée
de noir et de sang,
d'ors et de verts clairière et fourré.

Ce livre est liberté,
égalité, fraternité,
mais vite, cours, vite, va te cacher !!!

Ce livre est amitié,
des autres et des uns
et de nos amis les bêtes et surtout les chiens.

Ce livre est différence,
des différences comme des chances
Au pays des sans logis
les amis sont loi.

Ce livre est un camp,
celui des autres,
ces autres que l'on rejoint
dans les peines et les tourments choquants

Ce livre entrechoque les mots,
les fait résonner comme des échos.
Il fait entendre la voix des gens de peu
et l'on se prend à être heureux avec eux.

Ce livre est un ami en mots, mon ami.
J'irais le rejoindre à maux couverts,
en m'enfonçant au coeur vert de la forêt des mystères.

Didi
Lien : https://imagimots.blogspot.f..
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L'enfant fatigué avance dans les bois, portant son chien blessé dans ses bras, il quitte la ferme familiale et sait qu'il n'y retournera .

La forêt l'accueille et le protège mais elle est aussi source de peurs et de dangers de toute sorte en cette année 1907, il y a encore des loups et des bandes de brigands s'y réfugient .

Gaspard, l'enfant, est recueilli par Jean le Blanc, guérisseur, braconnier ou sorcier , mais un homme bon . Il croise alors la route de marginaux, Sarah la belle prostituée , Capello et Fata , membres de la caravane à Pépère, une troupe hétéroclite vivant de rapines et de boniments , pourchassée par la Maréchaussée ...

C'est un hymne, à la fois à la nature avec une forêt généreuse et à la liberté même si elle est chèrement gagnée et à la solidarité entre les hommes que Thomas Vinau exprime en phrases courtes, à la musicalité envoutante et à la sensibilité sans fards .

Un très beau roman que je vais offrir en cette fin d'année comme un hommage à ceux qui se battent contre les inégalités et choisissent des chemins escarpés .

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Gaspard, l'enfant, fuit, son chien blessé dans les bras. Il se fond dans les buissons, se dissimule sous les branchages et s'endort sur la mousse. La forêt est son refuge et son rempart mais elle n'assouvit pas toujours la faim, n'efface pas toutes les peurs et ne soigne pas toutes les plaies, alors viendra Jean le blanc, le sorcier tutélaire qui prendra Gaspard sous son aile.
Gaspard bascule alors dans ‘le camp des autres', celui des égarés, des insoumis, des reclus, ceux qui ont la forêt pour domicile, le vol et la braconne pour survie, la solidarité et la coopération comme lignes de conduite.
Thomas Vinau exsude de ses souvenirs et du fond de ses entrailles cette liane encombrante : l'histoire de la caravane à Pépère (déserteurs, bohémiens et autres indigents) qui fut arrêtée par les brigades de Clémenceau au début du 20ème siècle. Il en a fait un roman vigoureux au rythme saccadé et aux senteurs sylvestres. La poésie de l'auteur se fait urgente et nécessaire pour rendre hommage à ces laissés-pour-compte, ces migrants du siècle précédent.
Cet empressement, cette course effrénée sur les traces de ces « gens de peu », ont eu raison de mon intérêt et de ma concentration. Gaspard et Cie ont réussi à me semer avant les derniers chapitres. J'envisage de revenir sur mes pas afin de mieux coller aux leurs !
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Lu dans le cadre de l'excellent Prix de l'Armitière, le camp des autres se referme sur un sentiment mitigé que j'ai du mal à expliquer.

J'ai pourtant bien aimé tous ces bouts d'histoires: celle de Gaspard gamin fuyard et de son chien bâtard tous deux recueillis par le grand Jean-le-blanc ; celle de la caravane à pépère, fellinienne à souhait, et ses personnages hauts en couleurs et forts en gueule ; celle de cette incroyable scène finale où la petite histoire rejoint la grande à travers Clémenceau et ses Brigades du tigre.

Mais aussi ce souffle que parvient à transmettre Thomas Vinau en évoquant la force de la forêt salvatrice ; ce cri de révolte et de rébellion contre la fatalité, les fausses peurs et la bêtise humaine sans cesse réitérée.

C'est remarquablement écrit, en chapitres très courts, dans un style poétique qui ne s'efface parfois que devant la colère.

Peut-être que la brièveté du livre empêchant de développer plus avant chacune de ces histoires m'a désorienté...
À relire plus tard en tout cas pour un deuxième avis.
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Chacun a sa définition, ses attendus et ressentis du "feel good book". Pour moi, celui-ci en est un! C'est dit avec le plus grand respect pour l'auteur, poète et homme d'engagements dont je découvre la plume et la prose somptueuses, denses, vibrantes et animistes qui m'ont totalement embarquée dans cette histoire d'hommes libres et de forêt rendue à sa nature primale : l'abri violent et vivifiant de la vie.

A travers le parcours initiatique du petit Gaspard, fuyant l'asservissement paternel pour découvrir au coeur de la forêt une société vivace, libertaire et bariolée de baroudeurs, rebelles, vagabonds et sorciers de tout poil, c'est un cri de colère qui est sauvagement poussé contre l'intolérance, les frontières, la barbarie de la morale et le désenchantement de l'époque.

Un livre qui fait frissonner les entrailles, dont on se délecte à chaque ligne et qui donne à la fois des envies de fraternité et d'ensauvagement!
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