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Quand Roger est mort, ils étaient nombreux à s'être déplacés pour les obsèques. Il faut dire qu'il était apprécié dans cette petite ville où son chemin l'avait mené : serviable, souriant, charmant. Loin de son passé. Son neveu le sait, il a eu des gros problèmes autrefois, et c'était « plus grave que des bêtises ».

Ses amis des dernières années ne peuvent en rester là, sur le sentiment d'avoir été trahis sans en savoir plus. Ils mènent alors une enquête auprès de la soeur de Roger, de ceux qui l'ont côtoyés et aux archives de Bordeaux où les faits sont notés noir sur blanc, ne laissant aucun doute sue les méfaits du sympathique vieil homme.

L'intrigue tourne autour de la personnalité particulière de Roger, passant facilement inaperçu, s'intégrant avec facilité partout où il passe, et le plus souvent très apprécié pour sa bonhomie. Il ne semble pas non plus motivé par l'appât du gain, n'ayant pas vraiment profité de cet argent salement obtenu. S'il aime les animaux, il ne semble pas particulièrement ému par le sort des victimes qu'il a désigné. Il a beau avoir commis le pire, on n'arrive pas à lui en vouloir vraiment.

L'écriture est particulière. Concordances de temps, expressions sans doute locales, stéréotypies des descriptions : est-ce pour signifier que l'on a affaire à une restitution orale de l'histoire, par les propos du narrateur ?


L'histoire reste malgré tout captivante dans sa façon de laisser planer le doute sur le « héros » .


272 pages Presses de la Cité 28 Août 2022
#Unjeunehommesitranquille #NetGalleyFrance

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Le roman s'ouvre sur l'enterrement de Roger Martin, né en 1925, qui vient de mourir à l'âge de 85 ans dans le village de Mesnard en Vendée où il s'était installé neuf ans auparavant. Tout le village pleure cette figure du grand-père bienveillant qu'il était devenu et en particulier le maire du village, le narrateur, sa femme, Anne et leurs deux filles qui l'avaient fait venir du Pays Basque où ils l'avaient rencontré et s'y étaient attachés, après la mort de sa femme. Mais le neveu de Roger laisse échapper une phrase sibylline après les funérailles qui va conduire le maire et sa femme à remonter dans le passé de Roger. Ce qu'ils découvrent est glaçant et les laisse anéantis.
Ce roman, en partie biographique puisque l'auteur a connu Roger, son ami, dont il n'a découvert le sinistre passé qu'à son enterrement, est le roman de l'amitié, de la confiance trahies. Qui est le vrai Roger, celui qui a été responsable de nombreux morts alors qu'il avait à peine 18 ans, qui a travaillé, pour l'argent, sans idéologie, recruté par la Gestapo ou le Roger des presque soixante-dix années suivantes qui aimait sa femme, aidait tout le monde, participait à la chorale, apprenait le bricolage aux enfants?
L'auteur ne juge pas, il décrit une enfance misérable dans une maison éclusière en bord de Charente, saccagée par le départ de sa soeur qu'il aimait et de son frère qu'il admirait partis vivre leur vie à Angoulême, alors qu'il n'avait que 13 ans, le laissant seul avec un père ivrogne qui le battait et une mère dépressive, inexistante; puis c'est la mort inexpliquée de ce frère adoré à 20 ans et la trahison de son premier amour qui se marie avec un autre.
C'est le roman d'une vie non choisie, dans une période dramatique où les autres décident pour vous sans que vous opposiez une quelconque résistance, comme si, en votre for intérieur, vous pensiez que vous méritez ce qui vous arrive.
Le rachat est le thème central du roman sans qu'on sache si Roger a ressenti des remords, des regrets, de la honte laissant ainsi le/la lecteur/trice face à ses interrogations, ses réflexions.
Très beau roman autour du personnage de Roger que certains verront comme un pur salaud qui n'a pas payé pour ses fautes inexcusables et d'autres comme lui-même victime de la vie; c'est cette ambivalence qui donne toute sa force à ce livre d'où tout manichéisme est absent.
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Roger les a tous conquis. Vieil homme veuf, dès que le narrateur et sa femme, ainsi que leurs deux filles, lui proposent de vivre auprès d'eux, il accepte. Lorsque Roger décède, son neveu Pierre contacte le narrateur. Est-ce que Roger a eu le courage de raconter sa jeunesse pendant l'Occupation à ses amis ? Non, Roger n'a rien raconté, et lorsque le narrateur apprend la vérité, c'est le choc pour lui et sa famille.

En voilà un roman très original, qui soulève une thématique intéressante. J'ai eu tant d'empathie pour la famille qui accueille Roger et qui va finalement se sentir terriblement trompée, ayant l'impression de n'avoir jamais réellement connu leur ami.

Ils se retrouvent tous face à un dilemme. Faut-il rester avec l'image de leur ami qu'ils ont tant aimé, ou au contraire tout oublier, lorsqu'ils sont confrontés aux horreurs de Roger ? La thématique est très intéressante. Et j'ai trouvé ce roman particulièrement glaçant.

Peu à peu, l'histoire de Roger prend forme et le lecteur ainsi que les protagonistes découvrent les crimes du vieil homme pendant l'Occupation. Ce sont des passages éprouvants à lire.

La plume de l'auteur est épurée et directe. Avec un style très fluide, les pages défilent. le roman alterne entre passé et présent, mais ne perd jamais son lecteur.

Un roman glaçant, de par les thématiques abordées. À découvrir.

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Gros coup de coeur pour ce roman dont j'ai trouvé le thème passionnant : connaissons- nous réellement nos amis et les fréquenterions-nous encore si l'on découvrait qu'ils ont pu avoir un jour un comportement horrible ?

C'est ce que se demande le narrateur de ce livre. Sa femme et lui ont rencontré dix ans auparavant au Pays Basque, Roger Martin et son épouse Maïelen. Ils ont fréquenté leur gîte très régulièrement, séduits par la chaleur humaine et l'énergie positive qui émanait du lieu.

Des liens profonds et sincères d'amitié se sont tissés. Aussi, quand Roger s'est retrouvé veuf et inconsolable à plus de soixante-dix ans, le narrateur l'a invité à venir s'installer dans le petit village de Vendée dont il est le maire.

Le vieil homme s'est intégré très facilement dans ce nouveau lieu, il a tissé de nombreux liens sociaux avec des gens de tous âges et de tous horizons professionnels. C'est la raison pour laquelle, il y avait foule pour assister à ses obsèques.

Le narrateur va découvrir, horrifié, peu de temps après, que son ami Roger n'était pas l'homme bon et profondément humain qu'il semblait être. En effet, Roger Martin, dans sa jeunesse pendant la Seconde Guerre mondiale, avait collaboré activement avec l'ennemi, envoyant ainsi à la mort plusieurs dizaines de personnes.

Après cette terrible découverte, le narrateur et sa famille seront confrontés à un questionnement qui restera sans réponse :

» La question qui nous hante, Anne et moi, c'est : regrettait-il ses crimes ? Pas seulement un regret fugitif qui n'entraîne pas à conséquence. Etait-il avec nous, malgré les apparences, le monstre froid et dénué de scrupules décrits par l'inspecteur Grandcoin ? Nous n'en avions pas l'impression. Son sourire était celui d'un homme qui dort du sommeil du juste. Mais qu'est-ce-que nous connaissons de ceux qui partagent notre vie . Il y avait l'homme qu'il donnait à voir (…) Ses rires au milieu de nous, son enthousiasme, son humanité ne pouvaient-ils pas être une manière d'expier son péché ? «

Un roman passionnant porté par une belle écriture. Une belle découverte de cette rentrée.
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Roger Martin, 85 ans, est décédé. le livre s'ouvre sur ses obsèques. de suite, on comprend que Roger qui s'était installé tardivement dans la région, était un homme très apprécié. Par les villageois, les routiers qu'il croisait dans le resto où il avait ses habitudes, les jeunes du villages, mais surtout par un couple avec lequel il était très proche.
Pourtant, au moment de l'enterrement, le neveu de Roger demande aux amis de son oncle s'ils connaissaient son passé. Et là c'est le choc. Roger, celui qu'on a accueilli, qu'on aime comme un père et comme un grand-père, n'est pas que l'homme bienveillant que l'on connaissait. Va alors commencer pour le couple un travail d'enquête sur le passé de Roger, mais surtout une réelle introspection. Ce qu'ils découvrent sur Roger les salient-ils eux aussi ? Peuvent-ils détester cet homme malgré les bons moments passé ensemble ? Peut-on pardonner ?
J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur qui réussit à installer une vraie proximité avec le lecteur. J'ai eu l'impression de devenir la confidente des doutes du narrateur, de comprendre comment sa vision de Roger s'écroule, de sentir sa culpabilité....Ce livre, par le thème, m'a un peu fait penser à L'ami de Tiffany Tavernier, que j'avais aussi beaucoup aimé.
Merci à Netgalley et Presses de la cité pour cette lecture.
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Alors que la génération ayant participé à la Seconde Guerre mondiale s'éteint peu à peu, c'est autant de secrets qui sont enfouis sous terre et disparaissent dans le silence de la grande Histoire. Pourtant, lorsque Roger Martin viendra à mourir de cette épidémie sans laisser personne derrière lui, ses amis découvriront son passé et ses secrets.

Car cet homme qui n'était pas du pays, comme on dit en Vendée pour parler de ceux qui ne sont pas nés ici, leur avait caché un passé bien sombre. Celui qui, pour ses amis et ses voisins, était comme une sorte de grand-père veuf toujours souriant, prêt à donner un coup de main et que le village appréciait unanimement, n'était pas exactement celui qu'ils pensaient.

Tandis que ses amis questionnent les rares témoins du passé et fouillent les archives, ils découvriront que pendant l'Occupation, le jeune homme d'alors avait basculé du mauvais côté pour diverses raisons. S'il avait en partie payé sa dette à la société après quelques années de prison à la Libération, il avait depuis fait en sorte de mener une vie sans aspérités où son passé n'existait pas.

Ce livre pose beaucoup de questions très intéressantes : les salauds d'hier peuvent-ils devenir des hommes aimés et aimants ? Existe-t-il une rédemption possible autre que la mort ? Comment faire face à ce sentiment de trahison en découvrant le vrai visage de celui que l'on pensait connaître ? Ce fut une lecture rapide et intéressante mais dans laquelle il m'a manqué un souffle romanesque pour la rendre plus agréable.

📖 Un jeune homme si tranquille d'Yves Viollier a paru le 18 août 2022 aux éditions Les Presses de la Cité. 272 pages, 20€.

🔗 Service de presse numérique obtenu via NetGalley.
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C'est parce qu'il avait l'air gentil et fragile qu'il inspirait tellement la confiance et que tout le monde lui ouvrait ses portes.

En 1942, les résistants l'ont laissé entrer dans leur réseau pourtant très prudent, sans imaginer qu'il travaillait pour la Gestapo de Périgueux.

Comme 70 ans plus tard, Anne et son mari l'ont accueilli chez eux, dans leur village de Vendée, le laissant prendre la place d'un père et d'un grand-père qu'ils n'avaient pas eu.

Sans aucun doute, Roger Martin a joué de son abord facile et de son allure chétive pour briser les barrières de la méfiance. Mais quel était son but, ses motivations ?

On pourrait parler de duplicité, de traîtrise, d'immoralité mais on ne sait pas vraiment ce qui l'a poussé dans cette voie du mensonge durant toute sa vie.

Alors quand on sait tout, des dénonciations, des arrestations, des assassinats, et que la justice a fait son oeuvre après la guerre, peut-on accorder son pardon au pire des collaborateurs et le laisser prendre un nouveau départ ?

Ce roman soulève la question du rachat de ses fautes et du droit à l'oubli. En nous poussant dans les retranchements de notre conscience, il bouscule les limites de notre tolérance.

Si les résistants ont payé de leur vie leur confiance en cet homme, quel prix vont devoir payer ces habitants qui l'ont laissé vivre au milieu d'eux pendant des années et l'ont accompagné de leur amour jusqu'à son dernier jour ?

La façon dont Yves Viollier nous raconte les faits, sans prendre parti, est pleine d'humanité et de sobriété et l'histoire de ce « jeune homme si tranquille » garde une vraie dimension romanesque.

En éveillant notre questionnement, l'auteur nous laisse chercher, une fois le livre refermé, la réponse qui est en chacun de nous.
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J'ai tout de suite accroché avec l'intrigue de ce roman : un voisin que tout le monde adore, a priori bon sous tous rapports... Jusqu'au jour où ses voisins et amis les plus proches - narrateurs de l'histoire - découvrent qu'il est coupable d'un acte impardonnable... Ils vont alors remonter le cours de son passé pour découvrir qui il était vraiment. Un voyage dans le passé très intéressant ; bien que totalement horrible, finalement.

@yvesviollier a une écriture très belle, très entraînante. Il installe un certain suspense dès le début du roman car, jusqu'au milieu de l'histoire, nous ne savons pas de quoi est coupable Roger exactement. Celui que tout le monde adorait se révèle alors être un collaborateur. Mais comment ce Roger si gentil peut-il être l'auteur de telles atrocités ?

J'ai vraiment dévoré cette lecture du début à la fin, plongée dans le passé de Roger, dans les interrogations de ses proches. J'ai aimé toute la réflexion autour des ses actes : regrette-t-il, après tant d'année ? Un excellent roman, captivant, avec une dose de mystère, planté dans un cadre qui personnellement, me passionne.

Bref, à lire, découvrir, dévorer.


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Le narrateur et sa femme Anne connaissent Roger depuis une dizaine d'années quand il devient veuf et lui propose alors de venir s'installer dans leur petit village de Vendée.
Roger est un vieux monsieur de 70 ans, affable, aimable, drôle, qui va savoir se faire aimer de tous.
Lors de ses obsèques, il y a foule et son neveu, surpris de cet affluence, va laisser échapper une phrase qui va pousser Anne et son mari à se poser des questions.
Qui était vraiment Roger ? Et ce qu'ils vont découvrir de son passé pendant la seconde guerre mondiale va les glacer.
L'incompréhension et la trahison puis la colère vont remplacer l'amitié.
Est ce que les 70 ans de vie d'un homme tranquille peuvent ils effacer et faire pardonner l'horreur ?
"Abandonne-t-on jamais vraiment ce qu'on a été ?"
Roger a-t-il regretté ? Vraiment regretté ?
Un livre très bien écrit sur un sujet passionnant : quand la personne n'est plus là pour répondre aux questions, que nous reste-il ?
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Ne pas oublier, ni pardonner mais s'interroger sur le rachat d'un homme qui a vendu son âme au diable dans sa jeunesse et qui a passé les soixante-dix années suivantes à déployer humanité, rires et enthousiasme. Voilà à quoi nous invite Yves Viollier dans son dernier roman, lors de la rentrée littéraire 2022.
Roger Martin est mort, sa famille et ses amis sont nombreux à l'accompagner au cimetière qu'il avait choisi. Quand Pierre, son neveu demande à Anne et à son mari, s'il leur a parlé, la surprise est totale. Parler ? Parler de quoi ? le narrateur se veut détective et n'aura de cesse que de remonter le fil du temps et des événements pour découvrir un Roger qu'ils n'ont jamais connu, celui de sa jeunesse durant les années 43-44 et 45, du côté de Périgueux et Angoulême. Et la vérité se révélera !
Pas manichéen pour deux sous, l'auteur nous met face à la réalité des années de guerre, celles qui nous font parfois nous demander au plus profond de nous : qu'aurais-je fait ? Et face au dilemme de la compréhension pouvant conduire au pardon.
Il n'y a pas de grande défense de l'accusé, juste des accrocs de vie à prendre en compte, une enfance massacrée par un père alcoolique, une période noire durant laquelle l'argent peut être gagné facilement, l'insouciance de la jeunesse et la perte d'un frère aimé. Tout est en nuances et nous avançons au rythme du narrateur, qui nous fait découvrir Roger au travers de l'amitié qui les liait.
Il n'y a ici rien de glauque, ni dans la description des actes, ni dans les relations humaines ; tout est pesé, mesuré, non pour innocenter mais plutôt pour laisser à chaque lecteur la responsabilité de son choix. Bizarrement, la lumière de l'humanité n'est jamais totalement absente malgré ce que l'on découvre.
C'est un livre important pour la réflexion personnelle, déstabilisant par les périodes de vie évoquées, tantôt joyeuses quand on parle amitié et chasse à la pantière en Pays Basque mais glaçantes quand on donne des noms en Dordogne.
C'est un livre épuré comme sait les écrire Yves Viollier depuis toujours ; ce sont des romans forts, témoins de l'Histoire.
Je remercie #NetGalleyFrance et les Presses de la Cité pour #Unjeunehommesitranquille
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