Ne pas oublier, ni pardonner mais s'interroger sur le rachat d'un homme qui a vendu son âme au diable dans sa jeunesse et qui a passé les soixante-dix années suivantes à déployer humanité, rires et enthousiasme. Voilà à quoi nous invite
Yves Viollier dans son dernier roman, lors de la rentrée littéraire 2022.
Roger Martin est mort, sa famille et ses amis sont nombreux à l'accompagner au cimetière qu'il avait choisi. Quand Pierre, son neveu demande à Anne et à son mari, s'il leur a parlé, la surprise est totale. Parler ? Parler de quoi ? le narrateur se veut détective et n'aura de cesse que de remonter le fil du temps et des événements pour découvrir un Roger qu'ils n'ont jamais connu, celui de sa jeunesse durant les années 43-44 et 45, du côté de Périgueux et Angoulême. Et la vérité se révélera !
Pas manichéen pour deux sous, l'auteur nous met face à la réalité des années de guerre, celles qui nous font parfois nous demander au plus profond de nous : qu'aurais-je fait ? Et face au dilemme de la compréhension pouvant conduire au pardon.
Il n'y a pas de grande défense de l'accusé, juste des accrocs de vie à prendre en compte, une enfance massacrée par un père alcoolique, une période noire durant laquelle l'argent peut être gagné facilement, l'insouciance de la jeunesse et la perte d'un frère aimé. Tout est en nuances et nous avançons au rythme du narrateur, qui nous fait découvrir Roger au travers de l'amitié qui les liait.
Il n'y a ici rien de glauque, ni dans la description des actes, ni dans les relations humaines ; tout est pesé, mesuré, non pour innocenter mais plutôt pour laisser à chaque lecteur la responsabilité de son choix. Bizarrement, la lumière de l'humanité n'est jamais totalement absente malgré ce que l'on découvre.
C'est un livre important pour la réflexion personnelle, déstabilisant par les périodes de vie évoquées, tantôt joyeuses quand on parle amitié et chasse à la pantière en Pays Basque mais glaçantes quand on donne des noms en Dordogne.
C'est un livre épuré comme sait les écrire
Yves Viollier depuis toujours ; ce sont des romans forts, témoins de l'Histoire.
Je remercie #NetGalleyFrance et les Presses de la Cité pour #
Unjeunehommesitranquille