Les mots délicieusement choisis d'
Ada Vivalda peignent à l'aquarelle un monde flottant où ne demeurent que ceux qui n'ont pas pu s'offrir de le quitter (en vaisseau spatial), les vestiges de nos civilisations depuis longtemps oubliées et des plantations de thé.
On y retrouve donc un peu de cette poésie aqueuse que portait du thé pour les fantômes, qui m'avait tant plu.
Si je compare ce roman à une tasse de thé, j'en dirais que la vaisselle ébréchée est splendide, la robe soyeuse, l'odeur alléchante… mais que le goût est plat et terne, sans complexité aucune et qu'il s'agit au mieux d'un Kusmi Tea (du Lipton haut de gamme, donc).
Beaucoup d'arômes artificiels, aucune profondeur.
Ce n'est pas excellent, loin de là, mais pas entièrement dépourvu de qualités.
Simplement, c'est un peu décevant.
Il y a un semblant de géopolitique, théâtre en carton (humide) d'une romance un peu forcée entre nos protagonistes.
Romance qui n'est pas sans rappeler le titre Orgueil et Préjugé. Lethan et Alba pourraient tout à fait prendre ces noms-là.
Je les ai trouvés plutôt repoussants, ne comprenant ni l'un ni l'autre, n'étant charmée ni par l'un ni par l'autre pendant deux tiers du livre.
Alba, dont on sait la nature immortelle, ne fait pas son âge. Elle est finalement très immature dans ses réflexions et pire encore dans ses rapports sociaux.
Lethan porte tant de drapeaux rouges qu'on ne perçoit finalement sa réelle beauté qu'à la toute fin du livre.
C'est amusant, j'ai lu il y a à peine quatre livres L'encyclopédie féérique d'Emily Wilde, dans lequel les deux héros suivent un archétype similaire à ceux de celui-ci, mais ils m'avaient paru charmants, drôles, attachants. Là où ils étaient légers et pris d'une inclination naturelle, là où leurs piques et chamailleries me faisaient rire, Alba et Lethan sont pesants et convenus, leurs piques si nombreuses et puériles que j'aurai aimé les houspiller vertement.
Par ailleurs, j'ai trouvé d'hommage d'inscrire le futur dans un retour au féodal où un père et seigneur vend ses filles comme des volailles sur un étal. Alba aurait pu, en tant que femme et souveraine, porter de plus belles valeurs.
Je ne regrette pas vraiment d'avoir bu ce livre, car l'imaginaire de l'autrice est vraiment splendide. J'en tire de belles images.
Mais je n'ai pas savouré cette romance, et je doute que son goût ne perdure.
(
Bechdel:
Deux femmes au moins portent un nom : oui
Et discutent entre elles : oui
D'autre chose que d'un ou des hommes: non)