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Citations sur Poèmes choisis 1901-1910 (24)

C’est l’heure du réveil… Soulève tes paupières…
Au loin la luciole aiguise ses lumières,
Et le blême asphodèle a des souffles d’amour.
La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne,
Car la lune a verdi le bleu de la montagne,
Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour.
Je n’entends, au milieu des forêts taciturnes,
Que le bruit de ta robe et des ailes nocturnes,
Et la fleur d’aconit, aux blancs mornes et froids,
Exhale ses parfums et ses poisons intimes…
Un arbre, traversé du souffle des abîmes,
Tend vers nous ses rameaux, crochus comme des doigts.
Le bleu nocturne coule et s’épand… À cette heure,
La joie est plus ardente et l’angoisse est meilleure,
Le souvenir est beau comme un palais détruit…
Des feux follets courront le long de nos vertèbres,
Car l’âme ressuscite au profond des ténèbres,
Et l’on ne redevient soi-même que la nuit.
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ONDINE (Etudes et préludes)

Ton rire est clair, ta caresse est profonde,
Tes froids baisers aiment le mal qu'ils font ;
Tes yeux sont bleus comme un lotus sur l'onde,
Et les lys d'eau sont moins purs que ton front.

Ta forme fuit, ta démarche est fluide,
Et tes cheveux sont de légers réseaux ;
Ta voix ruisselle ainsi qu'un flot perfide ;
Tes souples bras sont pareils aux roseaux,

Aux longs roseaux des fleuves, dont l'étreinte
Enlace étouffe, étrangle savamment,
Au fond des flots, une agonie éteinte
Dans un nocturne évanouissement.
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Hymne à la lenteur

Parmi les thyms chauffés et leur bonne senteur
Et le bourdonnement d’abeilles inquiètes,
J’élève un autel d’or à la bonne Lenteur
Amie et protectrice auguste des poètes.

Elle enseigne l’oubli des heures et des jours
Et donne, avec le doux mépris de ce qui presse
Le sens oriental de ces belles amours
Dont le songe parfait naquit dans la paresse.

Daigne nous inspirer le distique touchant
Qui réveille en pleurant la mémoire dormante,
Ô Lenteur ! toi qui rends plus suave un beau chant
Mélancolique et noble et digne de l’amante ! 

 Inspire les amours, toi qui sais apaiser,
Retenir plus longtemps et rendre plus vivace
Et plus suave encore un suave baiser,
Et révèles la gloire entière de la face. 

 Nous ployons devant toi nos dociles genoux,
La contemplation nous étant chère encore…
Puisque nous t’honorons, demeure parmi nous,
Toi que nous adorons, ô Lenteur que j’adore ! 

( p. 170)
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Épitaphe

Doucement tu passas du sommeil à la mort,
De la nuit à la tombe et du rêve au silence,
Comme s’évanouit le sanglot d’un accord
Dans l’air d’un soir d’été qui meurt de somnolence.
Au fond du crépuscule où sombrent les couleurs,
Où le monde pâlit sous les cendres du rêve,
Tu sembles écouter le reflux de la sève
Et l’avril musical qui fait chanter les fleurs.
Le velours de la terre aux caresses muettes
T’enserre, et sur ton front pleurent les violettes. 

(Poèmes choisis Cécile Ladjali p. 44)
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Les doigts ont effeuillé les lotos du sommeil,
Et la virginité farouche de la lune
A préféré la mort au viol du soleil.

Sonnets II, Études et préludes
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Parmi les chants vaincus et les splendeurs éteintes,
Tu frôles sans les voir les frêles hyacinthes
Qui se meurent d'amour, ayant touché tes pieds.

Le couchant adoucit le sourire du ciel, Études et préludes
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Les quatre vents

Les quatre vents se sont réunis sous mon toit.
Voici le Vent du Nord revêtu de blanc froid…
Voici le Vent du Sud portant les odeurs chaudes
Et toi, le Vent de l’Ouest, qui pleure et qui rodes ! ….

Te voici, Vent de l’Est amer et bienfaisant,
Toi dont les larges cris font trembler les cœurs lâches,
Toi qui grondes, toi qui domines, qui te fâches,
Toi qui donnes la force et la gloire du sang !

Vous voici réunis, ô quatre Vents que j’aime !
Et vous chantez, et vous criez tous réunis
Avec la joie et le désespoir infinis
Que ressent le poète en face du poème.

Tous vous obéissez au signe de mon doigt.
Mais, ô Vent de l’Ouest, qui rodes et qui pleures,
C’est vers toi que s’en vont les songes de mes heures !….
Les quatre Vents se sont réunis sous mon toit. 

(p. 191)
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Les couleurs de la nuit

Contemple les couleurs des ténèbres...Tes yeux
Sauront, mieux que les miens, interpréter les cieux.

J’ai vu le violet des nuits graves et douces,
Le vert des nuits de paix, la flamme des nuits rousses.

J’ai vu s’épanouir, rose comme une fleur,
La Lune qui sourit aux rêves sans douleur.

J’ai vu s’hypnotiser, à des milliers de lieues,
La méditation subtile des nuits bleues.

En écoutant pleurer les hiboux à l’essor
Mystérieux, j’ai vu ruisseler les nuits d’or. 

(Poèmes choisis Cécile Ladjali p. 65)
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Voici l’heure de brume où flottent les Noyées,
Comme des nénuphars aux pétales flétris.
Leurs robes ont l’ampleur des voiles déployées
Qui ne connaîtront plus la douceur des abris.

D’étranges fleurs de mer étrangement parées,
Elles ont de longs bras de pieuvres, et leur corps
Se meut selon le rythme indolent des marées ;
Les remous de la vague animent leurs yeux morts.


Semblable aux algues d’ambre et d’or, leur chevelure
Fluide se répand en délicats réseaux,
Et leur âme est pareille aux conques où murmure
L’harmonie indécise et mouvante des eaux.

Elles aiment les nuits d’agonie et d’orage
Dont l’haleine engloutit les vaisseaux, et celui
Qui va mourir les voit au profond du naufrage,
Quand le dernier rayon de lune s’est enfui.

Elles tendent leurs mains ardentes d’amoureuses,
Elles tendent leurs mains en un geste d’appel,
Et leur lit nuptial aux profondeurs heureuses
S’entr’ouvre, parfumé d’un clair parfum de sel.

Elles aiment les nuits où persistent encore
L’ivresse et la langueur du jour, les nuits d’été
Brûlantes de senteurs, d’astres et de phosphore,
Où le rêve s’enfuit vers l’âpre volupté,

Où Psappha de Lesbôs, leur pâle Souveraine,
Chante l’Aphrodita qui corrompt les baisers
Et qui mêle au désir la stupeur et la haine,
L’Aphrodita qui vint des flots inapaisés,

L’Aphrodita puissante, aux colères divines,
Dont elle apprit jadis les solennels accents,
L’insatiable amour des lèvres féminines,
Des seins nus et des corps vierges et frémissants.
(Les noyées)
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Ne dissimule pas ton sourire qui tremble,
Lève sur moi tes yeux sans trouble et sans regret,
Et nous irons cueillir la fleur qui te ressemble,
Dans le champ nébuleux qui longe la forêt,
Les mystiques chardons dédaignés du profane.

Je préfère aux langueurs ta rigide beauté.
Car l’Epouse souillée aux yeux de courtisane
Ne doit plus asservir mon être tourmenté.
Viens, très blanche à travers la brume diaphane,
Droite dans la raideur de ta virginité.

Tu ne seras jamais la fiévreuse captive
Qu’enchaîne le baiser, qu’emprisonne le lit,
Tu ne seras jamais la compagne lascive
Dont la chair se consume et dont le front pâlit.
Garde ton blanc parfum qui dédaigne le faste.

Tu ne connaîtras point les lâches abandons,
Les sanglots partagés qui font l’âme plus vaste,
Le doute et la faiblesse ardente des pardons…
Et, puisque c’est ainsi que je t’aime, ô Très Chaste !
Nous cueillerons ce soir les mystiques chardons.
(Les Chardons)
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