A la bien-aimée
Vous êtes mon palais, mon soir et mon automne,
Et ma voile de soie et mon jardin de lys,
Ma cassolette d’or et ma blanche colonne,
Mon parc et mon étang de roseaux et d’iris.
Vous êtes mon parfum d’ambre et de miel, ma palme,
Mes feuillages, mes chants de cigales dans l’air,
Ma neige qui se meurt d’être hautaine et calme,
Et mes algues et mes paysages de mer.
Et vous êtes ma cloche au sanglot monotone,
Mon île fraîche et ma secourable oasis….
Vous êtes mon palais, mon soir et mon automne,
Et ma voile de soie et mon jardin de lys.
(p. 120)
Les solitaires
Ceux-là dont les manteaux ont des plis de linceuls
Goûtent la volupté divin d’être seuls.
Leur sagesse a pitié de l’ivresse des couples,
De l’étreinte des mains, des pas aux rythmes souples.
Ceux dont le front se cache en l’ombre des linceuls
Savent la volupté divine d’être seuls.
Ils contemplent l’aurore et l’aspecte de la viennent
Sans horreur, et plus d’un qui les plaint les envie.
Ceux qui cherchent la paix du soir et des linceuls
Connaissent la terrible ivresse d’être seuls.
Ce sont les bien-aimés du soir et du mystère.
Ils écoutent germer les roses sous la terre
Et perçoivent l’écho des couleurs, le reflet
Des sons...Leur atmosphère est d’un gris violet .
Ils goûtent la saveur du vent et des ténèbres,
Et leurs yeux sont plus beaux que des torches funèbres.
(Poèmes choisis Cécile Ladjali p. 45)
Let the dead bury their dead
Voici la nuit : je vais ensevelir mes morts,
Mes songes, mes désirs, mes douleurs, mes remords,
Tout le passé... Je vais ensevelir mes morts...
Malédiction sur un jardin
... Beau jardin où nos pas ne s'égarerons plus,
Reçois des étrangers les longs soins superflus !
Fane-toi, beau jardin ! Elle ne m'aime plus !