P348
- Boyards, répondit-il, il y a une différence entre vous et moi.
- Vraiment ? fit Chouïsky avec hauteur. Tu t’en ai aperçu ?
- Vous êtes des grands seigneurs, et moi, un hobereau. Vos ancêtres étaient des rivaux du tsar ; les miens, ses serviteurs. Vous avez changé : vous etes devenus des courtisans, qui vivez de ses faveurs. Moi pas : je vis toujours de mon service. Quand vous plait-il de me passer les consignes ?
P217
Elle s’en moquait bien. Eclaboussée de neige, giflée de froid, elle éclata, pour la première fois depuis treize ans, d’un grand rire face à la terre et au ciel, tendant les joues à la morsure des bises, à la mitraille des cristaux pointus que les chevaux lui projetaient à la face. La Tartare regarda avec épouvante cette moniale blafarde en habit sacré, le visage sinistrement encadré de noir, se livrer à une hilarité de plus en plus hystérique à mesure que le traineau prenait de la vitesse.
P182
Il savait qu’ils sont différents, que l’un se rebiffe où l’autre s’incline, mais il ne savait jamais quelle dose de contrainte employer avec celui-ci.
P86
Je prierai pour toi comme pour un vivant jusqu’à Noel, pas celui-ci, l’autre. Après, je prierai pour toi comme on prie pour les morts.
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Mais il n’était pas question de laisser la tsarevna suivre une vocation qui n’aurait rien rapporté au pays. Il y avait beaucoup de nonnes en Russie, et une seule princesse du sang de Godounov.
Écarte toi Boyard! T'estimes-tu capable de comprendre deux choses à la fois?