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l'Age d'Homme...l'aventure éditoriale d' un homme
Liste créée par fanfanouche24 le 13/04/2022
31 livres.

Avec le contexte tragique actuel de L'Ukraine, j'ai souhaité relire le parcours...d'un éditeur hors du commun,Vladimir Dimitrijević, qui nous a offert,nous lecteurs de langue française un catalogue exceptionnel de Littérature, dont un fonds unique de Littératures slaves et baltes! Je relis avec un œil nouveau son parcours d'enfant de la guerre....son père injustement accusé d'être l'"Ennemi du peuple", son exil en Suisse, puis en France, ses petits boulots, la création de sa maison d'édition...Envie ,en guise d'hommage à ce grand Bonhomme du LIVRE, de lister ses attirances littéraires, auteurs et textes préférés!!

**** le 13 avril 2022**15 mai 2022

@Soazic Boucard@



2. Terres défrichées
Mikhaïl Cholokhov
4.17★ (13)

"Michail Cholokhov entame la publication de son second grand cycle romanesque en 1932. Intitulé Terres défrichées (Podnyataya tselina), il raconte la collectivisation des terres agricoles du Don à partir de 1930. Or, un problème survient peu après la publication du premier volume, soit la famine majeure de l’hiver 1932-1933 qui résulte de la collectivisation forcée et causera des millions de morts. Cholokhov écrit une lettre à Staline en 1933 pour dénoncer les violences commises contre les paysans et pour demander l'envoi de nourriture dans sa région pour contrer les pires effets de la famine. En 1937, il proteste contre les arrestations massives qui ont lieu dans sa région. Ces prises de position lui valent contre lui l'ouverture d'une enquête par le NKVD qui ne prend fin que par l'intervention de Staline en personne. Par la suite, Cholokhov sera toujours des plus dociles, suivant tous les oukazes du régime. La seconde partie de Terres défrichées ne verra le jour qu’en 1960, et sera remarquable par ce qu'elle tait: la résistance des paysans à la collectivisation, la terreur imposée contre eux, et la famine qui s'en suit. Quelques semaines après sa sortie, le roman vaut à son auteur le Prix Lénine, la plus haute distinction littéraire soviétique, et le livre devient une lecture quasi-obligatoire pour les dirigeants de sovkhozes et kolkhozes. Wikipédia "
5. Le Trésor de la Sierra Madre
B. Traven
4.14★ (243)

"L’or est un appât, magique mais dangereux dont on n'arrive pas à se détacher une fois qu'on y a touché, dit le vieux prospecteur Howard. Lui-même, en dépit de ses cheveux blancs, n'est-il pas prêt à retourner fouiller le sable aurifère de la site, s'il réussit à trouver l'argent pour acheter du matériel ? Le jeune Dobbs qui l'écoute sent son intérêt s'éveiller : pourquoi ne pas tenter sa chance au lieu de traîner misère entre deux engagements dans les mines ou les camps de forage ? Il en discute avec son camarade Curtin. La décision est vite prise, ils partiront avec Howard. C’est sur le chemin du retour que la fièvre de l'or frappe Dobbs, préparant à cette rude aventure menée avec acharnement pendant des mois au cœur de la Sierra Madre un dénouement brutal qui n'est pas dépourvu d'humour. Ainsi s'achèvera par une note philosophique et gaie cet excellent roman sur la vie et le destin des chercheurs d'or."
6. Le livre de Blam
Alexandre Tisma
4.00★ (7)

"On se retrouve dans Le livre de Blam, comme dans le précédent roman de Tisma, L'usage de l'homme, à Novi Sad, Yougoslavie, dans les années de guerre et d'immédiat après-guerre. C'est là, dans cette ville de taille moyenne, située entre Zagreb et Belgrade, qu'est né et que vit Blam. Miroslav Blam, un Juif, à l'abord discret, de nature timide, au comportement effacé et subalterne. Petit homme aux prises avec les éléments déchaînés de l'Histoire, ballotté au gré des circonstances et devenant en dernier ressort le survivant type, au sortir d'épreuves trop grandes pour lui qui semblent avant tout le conforter dans sa tendance au repli sur soi. On suivra Blam dans sa tentative pathétique d'approcher le spéculateur qui, pendant la guerre, a vendu la maison familiale. On comprend très vite que tout ce que tente Blam sera de pure perte. Il ne fait pas le poids face à tous ces gens qui brassent l'argent, se débrouillent en toutes situations et défient l'adversité. Blam est de la race des écrasés, mais il arrive que ces écrasés soient aussi les survivants. Leur victoire sur la mort repose sur leurs défaites permanentes dans la vie, comme si à force d'être annihilés ils devenaient invisibles pour le destin lui-même. Comme dans L'usage de l'homme, Alexandre Tisma se montre un virtuose dans l'art de jouer avec le temps. Les souvenirs, les rêveries, les dialogues imaginaires se superposent constamment aux moments du présent narratif. Le passé est si présent de par la guerre dont on vient d'émerger, qu'il prend un relief saisissant. La femme, cette femme, sa femme, qu'il a entrevu l'espace de quelques secondes sur un trottoir depuis sa banquette d'autobus, faisant des adieux à celui qui ne pouvait être que son amant, cette image est-elle du passé ou, par le jeu de l'obsession mentale, devenue élément vivant du présent vécu ? Et cet homme, son ami, à qui il rétorque dans une conversation imaginaire, peut-on dire qu'il est mort? Et Clam lui-même, est-il celui d'avant la guerre, de pendant la guerre ou ce survivant blafard et inexistant d'après la guerre? On lui écrit, par exemple. Lili lui écrit, Lili le premier, le grand amour de Miroslav. D'Italie, de Suisse, d'Allemagne. Elle tente de le retrouver, à l'adresse qu'il avait durant l'occupation. Mais les lettres reviennent à leur expéditrice avec la mention inconnue. Et si elles étaient arrivées. L'imaginai-ton du lecteur se' substitue à celle de Tisma et celle de Clam. Et si elles étaient arrivées, l'histoire aurait basculé. Miroslav et Lili se seraient retrouvés et auraient tout repris à zéro. Faut-il parler de destin ou de hasard? Clam paraît le héros même des histoires de hasard. Son incertaine existence paraît tirée aux cartes par des joueurs indifférents. Le destin se dérange-t-il pour un Clam? Le hasard peut suffire à expliquer cette impossible survie dans un monde où chaque faux pas vous précipite dans la mort. Survivant Blam témoigne pour le hasard, qui choisit dans le désordre, les forts ou les faibles, les colorés ou les gris, les malins ou les victimes. On pense parfois à Tchekhov en lisant Tisma. Le Tchekhov des solitudes poignantes et des monologues qui se voudraient dialogues. Comme le petit Vanja qui écrit à son grand-père, lui raconte tous ses malheurs et déverse le trop-plein de sa souffrance dans des lettres qui ne trouveront jamais leur destinataire. Ou encore, le cocher de Tristesse qui se confie à son cheval, le lecteur s'immisçant dans ce carrefour de la confidence imaginaire, entrant dans la tête ruminante des ressassements douloureux. Les lettres de Lili ne trouveront pas Miroslav. La vie reste cet éternel malentendu où bonheurs et malheurs alternent, sans qu'il puisse être dit que tout cela ait un sens. Blam, d'ailleurs, ne vit pas assez pour susciter à lui seul l'ébauche d'une signification que prendrait sa vie. Blam regarde vivre les autres. Il est le témoin au regard blanc, celui devant qui les autres se révèlent. Environné de partout par des passions, des avidités ou des trahisons, il traverse la vie, imperturbable. Somnambule parmi les vivants, anémié de l'âme, résigné avant même d'avoir éprouvé. On pense étrangement au roman picaresque, où le picaro n'existe que comme catalyseur et révélateur. Mais un picaro en négatif, aussi terne que son glorieux prédécesseur pouvait être haut en couleurs. Le résultat est le même : les hommes se révèlent, leurs intérêts se dévoilent. Les instincts refont surface et la géographie des classes sociales se déploie dans tout le faste de son hypocrisie. Ce Blam, finalement nous ressemble ; même si nous n'avons pas forcément ses lâchetés. Sa neutralité agit comme le dénominateur de toutes les intériorités. Comme si derrière nos singularités, affichées avec éclat, nous étions tapissés de ce tissu passe-partout uniforme. Ne sommes-nous pas chacun le témoin de tous ? Ne sommes-nous pas l'objet d'un hasard plus ou moins heureux? "
7. Quelques jours
Alexandre Bek
"Quelques jours... ceux de l'extrême avance allemande devant Moscou, quand la chute de Volokolamsk semble annoncer l'assaut de la capitale. La guerre ici est vue au niveau du chef de bataillon, et il se trouve que c'est un Kazakh né quand les siens étaient encore nomades dans les steppes de l'Asie Centrale. Les combattants se posent mille questions auxquelles ils n'ont ni le temps, ni les moyens de répondre mais que les faits quotidiens résolvent pour eux. Ce n'est pas par hasard qu'Alexandre Bek est revenu, après dix-sept années, à la scène même du roman qui fit sa réputation, La Chaussée de Volokolamsk écrit en pleine guerre. Le lecteur trouvera dans ce livre des portraits d'êtres vivants, qu'éclairent les lueurs des tirs, le danger mortel, des hommes inoubliables, comme le sont les personnages de La Guerre et la Paix ou ceux de Kipling."
8. Les gars de la rue Paul
Ferenc Molnar
4.13★ (75)

" Le terrain vague de la rue Paul est bien plus qu'un bout de terre pour la bande de Jean Boka. C'est son terrain de jeu et de liberté ! Seulement la bande rivale, les Chemises Rouges, le convoite aussi... Une guerre en règle s'annonce alors ! Entre trahisons et plans de batailles, le combat s'annonce difficile... et les plus courageux ne seront pas forcément ceux auxquels on s'attendait."
9. Les Boutiques de Cannelle
Bruno Schulz
4.01★ (228)

"Drohobycz, tranquille bourgade provinciale où Bruno Schulz vécut et enseigna le dessin, devient le lieu de toutes les terreurs et de toutes les merveilles : ses places, ses rues, la boutique familiale de draps et de tissus se métamorphosent. Dans une ambiance de sourde étrangeté, hantée par la figure emblématique du père, se déploient le thème obsessionnel des mannequins et le contraste, si spécifique à Bruno Schulz, entre beauté et pacotille. Entre innocence et perversité, entre cauchemar et merveilleux, les récits des Boutiques de cannelle se situent dans un " treizième mois, postiche et superfétatoire, en marge du temps réel, sur ses voies de garage ".
10. Le Sang noir
Louis Guilloux
4.20★ (1236)

"Le Sang noir est l'histoire d'une journée de 1917, dans une ville provinciale de l'arrière. C'est à travers le calvaire du professeur de philosophie Merlin, dit Cripure (à cause de la Critique de la raison pure), le tableau d'une société de pharisiens, de grotesques, de haïssables, en face de gentils, de révoltés, de victimes. Cripure, lui, s'il a été un révolté, ne l'est plus guère. Il est la caricature d'un homme à la fin d'une civilisation, un homme extrêmement pitoyable. Moqué par ses élèves, vivant avec une gothon, sachant qu'une révolution se lève à l'Est, trop tard pour lui, haï par tous les patriotes de l'arrière, il veut se battre en duel, dans un dernier sursaut. Et, comme on le prive de ce duel et de son honneur, il ne lui reste plus que le suicide. Cripure qui, la nuit, dans son sommeil, entend une voix de femme lui demander : " Pourquoi as-tu envie de pleurer ", est une des figures les plus présentes qu'un romancier ait jamais créées. Il a beau sortir du roman, grotesquement vautré dans une troïka lamentable, agonisant, lentement escorté à travers la ville, jusqu'à l'hôpital, par deux agents cyclistes, il ne sera jamais oublié. Bien que retentissant des problèmes de 1917, Le Sang noir est un roman métaphysique, plus que politique. Cette dimension métaphysique et le foisonnement des personnages : Cripure, Maïa, Nabucet, Moka, Lucien... font du Sang noir le roman le plus dostoïevskien de la littérature française."
12. Le retournement
Vladimir Volkoff
3.62★ (182)

"Le retournement : c'est la manœuvre classique, et parfois complexe, qui consiste à faire travailler à votre profit l'agent secret adverse que vous avez débusqué... Tout en racontant, avec un souci scrupuleux d'authenticité, une histoire où s'affrontent services spéciaux américains, français et soviétiques, et à laquelle il ne manque ni le traître, ni le tueur, ni la femme fatale, Vladimir Volkoff s'interroge, avec un humour qui n'exclut pas la profondeur, sur les rapports entre l'espionnage et la littérature, entre l'agent et le romancier, tous deux experts en masques et en manipulations... Le temps de la guerre froide est loin. Mais avec ce chef-d'œuvre de suspense et de vérité humaine, l'auteur des Faux tsars et de L'Enlèvement signe un classique indémodable, comme les romans de ses maîtres, Graham Greene ou John le Carré."
13. Bois sec, bois vert
Charles-Albert Cingria
3.80★ (39)

"En 1933, Jean Paulhan écrivait à André Gide : " Je ne serais pas loin de voir dans Cingria un grand écrivain. " C'était aussi l'avis de Claudel, de Ramuz, de Cocteau, de Max Jacob et de quelques autres. Quinze ans plus tard paraissait Bois sec Bois vert qui, aujourd'hui encore, est comme le microcosme d'une œuvre que son auteur dispersait autant par nécessité que par insouciance, mais qui s'est révélée avec le temps considérable, et d'une rare cohésion dans sa diversité. Si plusieurs textes que réunit Bois sec Bois vert semblent ainsi relever plus ou moins du genre de la nouvelle (Xénia et le diamant), du conte fantasmagorique (Hippolyte hippocampe), de l'étude littéraire historique (Lou Sordel) ou archéologique (Le Comte des formes), ils appartiennent en fait comme les six autres au genre unique et indéfinissable que s'est créé le génie vadrouilleur de Cingria. Captant l'extraordinaire acuité de sensations d'un être qui n'ignora que l'indifférence, c'est la langue elle-même ici qui voit, fait voir, et promène délectablement le lecteur. Avec son mélange d'élaboration fastueuse et de spontanéité déflagrante, elle nous restitue de la même façon le suc des temps anciens où déambulait l'érudition imaginative de l'écrivain, et la vibration des instants de ce monde que son regard toujours neuf et libre enregistrait pour les magnifier. " Je ne suis pas un nom ", a-t-il noté un jour, " il n'y a que la vie qui m'intéresse. " En retour la vie éclate dans tout ce qui demeure sous le nom de Cingria. "
14. Les faux Tsars
Vladimir Volkoff
4.26★ (119)

"Après l'assassinat du tsarévitch Dmitry, héritier légitime du trône d'Ivan le Terrible, Boris Godounov a ceint la couronne de toutes les Russies. Un règne empoisonné par le remords et la violence...  Et voici qu'un jeune homme qui affirme être Dmitry prétend reprendre le pouvoir. Il est en fait la créature du pape Clément VIII, et sa mission est de ramener la Russie au catholicisme romain.  Deux frères, l'un son partisan, l'autre son adversaire, deviennent ennemis mortels. Un troisième « faux tsar » surgit. Émeutes, intrigues, combats se succèdent au long de ces pages, peuplées d'inoubliables personnages féminins, où le romancier du Bouclage et des Hommes du Tsar mêle à plaisir le suspense du roman d'espionnage à une Histoire somptueusement ressuscitée."
15. Le Héros de notre jeunesse
Alexandre Zinoviev
"C’est une génération tout entière, une jeunesse vibrante d'enthousiasme et emportée par le vent de l'Histoire qui entonnait fièrement, voici quarante ans, le couplet auquel Zinoviev emprunte le titre de cet ouvrage. Staline, gloire de notre combat, Staline, héros de notre jeunesse, Luttant vers la victoire en chantant, Tout notre peuple est derrière toi. Poursuivant avec la rigueur obstinée du chercheur son examen de la réalité soviétique, Zinoviev démonte l’idée communément admise en Occident selon laquelle le stalinisme serait un monstrueux accident de l'Histoire, une tragique erreur de la pensée marxiste engendrée par la folie d'un homme et brutalement imposée à tout un empire. En voulant à tout prix innocenter les pères du coup d’État bolchevique, nombre d'intellectuels occidentaux tentent de sauver l`utopie socialiste. Ils accréditent ainsi la thèse d'une déviation présentée comme un nouvel avatar du « despotisme oriental ››. Or, le stalinisme n’est ni une caricature ni une malformation de l’idéal communiste, pas davantage une violence extérieure, mais bien l'expression naturelle, l'aboutissement logique de la dialectique marxiste, l’inéluctable produit du phénomène communautaire. C'est ce phénomène que veut comprendre Zinoviev. Se contenter de le condamner, ce serait renoncer à s'interroger sur la nature profonde de la fascination qu'a exercé et que continue à exercer le stalinisme. Nous voyons donc fonctionner dans la pratique quotidienne, au travers d'anecdotes et d'événements, une mécanique parfaitement agencée où le plus petit rouage contribue activement à la bonne marche de tout l'appareil. Être stalinien, c'est mettre en pratique les règles du communautarisme. Mais c'est aussi imposer contre l'évidence des faits la tyrannie d'un rêve. « Le stalinisme, nous dit Zinoviev, est le produit irrécusable de la Grande Révolution, le seul moyen pour la nouvelle société de survivre et de défendre son droit à l'existence. Le tragique de l'époque stalinienne a été d’enterrer à jamais les espoirs d'un paradis terrestre idéologique en édifiant effectivement ce paradis. ››
17. Esseulement suivi de mortellement
Vassili Rozanov
5.00★ (5)

"Traduction, préface et notes de Jacques Michaut Malgré le bruit et la fureur du siècle, les rideaux de fer et de feu de guerres et des révolutions, la voix de Rozanov nous parvient, aujourd’hui encore, inaltérée, fraîche comme une eau de source et mélodieuse, et tonique aussi - à proprement parler inouïe"
18. Les Hommes de la clarté lunaire
Vassili Rozanov
"Vassili Rozanov (1856-1919) est sans doute l'écrivain russe qui a incarné avec la violence la plus radicale les contradictions et les déchirements d'une époque de rupture dont il a été à la fois laconscience critique et le témoin passionné. Tour à tour, voire, simultanément, conservateur et libertaire, apologiste du judaïsme et détracteur des Juifs, Rozanov voyait dans le Nouveau Testament lasource à la fois de la civilisation occidentale et de l'autodestruction qui, après avoir emporté le monde ancien, risquait d'ensevelir l'humanité tout entière. Il ne se départira jamais de cette double lecture,préférant une vérité douloureuse au confort intellectuel. Étouffée par la censure tsariste, interdite sous le communisme, cette grande figure inaugurale de notre " modernité " ressurgitaujourd'hui dans toute son incandescente vigueur. Après Feuilles tombées, Esseulement, L'Apocalypse de notre temps et Les motifs orientaux, tous livres qui retournaient la littérature contre elle-même en créant un genre nouveau, une écriture sismographique, aphoristique, une écriture qui saisissait la totalité dans l'instant, voici l'intégralité des écrits qu'il a consacrés à ce qu'il appelait " lesrayons sombres de la religion ". Les rayons de cette " clarté lunaire " avaient pourtant inspiré les siècles d'art et de culture avant de venir se réfracter dangereusement dans l'utopie communiste. Adepte de la religion de l'Ancien Testament, qui sanctifiait la famille, la fécondité, l'amour charnel, Rozanov opposait à cet âge d'or perdu la vision sombre et désespérée d'une humanité dégénérée par la transgression des lois naturelles et l'extinction progressive de l'élan vital. Liant intimement " la métaphysique du christianisme " à la " métaphysique du sexe ", il désignait la rupture avec le judaïsme et le renoncement à la vie terrestre exprimés dans les Évangiles comme le noyau originel d'une évolution fatale. On lira ces textesfulgurants comme le diagnostic d'une mort annoncée, celle de l'espèce humaine, dont le tarissement biologique et la décadence spirituelle ne peuvent être arrêtés que par des actes de résistance dont Rozanov, à l'orée du XXe siècle, donnait l'exemple. (Gérard Conio)"
19. Le Don paisible
Mikhaïl Cholokhov
4.31★ (464)

"1912 sur les rives du Don, pays de steppe balayée par le vent, de marais, de roseaux, où vit un peuple rude de paysans-soldats. Le récit commence par une brûlante histoire d'amour qui n'obéit pas aux lois ancestrales. Et bientôt, autour du Cosaque Gregori Melekhov, de son amante Aksinia, de sa femme Natalia, de son village et de sa terre, le vent de l'Histoire se met à souffler. De 1914 à 1922 il balaie tout sur son passage : les destinées individuelles et le monde ancien sont entraînés dans la guerre étrangère, la Révolution, la guerre civile, les premières années du pouvoir soviétique. Grigori hésite d'un camp à l'autre, se bat finalement au côté des Blancs puis, au terme d'une décennie de tourmente, rentre au village de Tatarski dévasté. Ce livre connut un destin étrange : antibolchevique, il eut dans l'ex-URSS statut de livre officiel ; l'identité même de son auteur demeure incertaine. Pourtant il brille d'un éclat inaltérable. Comparé dès sa parution à Guerre et Paix de Tolstoï, il apparaît aujourd'hui comme un superbe roman de la grande lignée russe. Son universalité fait de cette geste cosaque un des chefs-d'œuvre du XXe siècle."
20. Le bûcher des vanités
Tom Wolfe
4.15★ (4018)

"Tom Wolfe devrait devenir aussi la coqueluche du public français, et son Bûcher des vanités la plus sinistre, la plus drôle, la plus juste des présentations de la vie new-yorkaise... Il s'avale avec un plaisir qui ne se dément pas. Nicole Zand, Le Monde. Succès phénoménal aux États-Unis, voilà un pavé qui n'a pas fini de ricocher !... C'est "the" roman encore jamais écrit sur cette ville et ses épicentres mondialement nerveux : la Bourse et les conflits raciaux... L'argent, la politique, la presse, la justice, le courage et la lâcheté, du grand spectacle en Cinémascope. Véronique Le Normand, Marie Claire. Cauchemardesque, fascinant, drôle et passionnant. Le Bûcher des vanités s'impose sans doute comme le livre qu'il faut avoir lu sur ce qui est aujourd'hui la "ville moderne" par excellence. Patrick de Jacquelot, Les Échos."
21. L'étoffe des héros
Tom Wolfe
4.14★ (325)

"- En toile de fond : la guerre froide que se livrent les Américains et les Russes. - L'enjeu : rien moins que les étoiles. - Le projet : Mercury. - Les héros : sept astronautes à la conquête du ciel, courageux, pleins d'expérience, prêts à payer de leur peau pour goûter à la gloire. - Héroïque, Chuck Yeager qui a franchi le premier le mur du son. - Héroïque, John Glenn qui effectue le premier vol orbital jamais réalisé par un Américain. - Héroïque, Gus Grissom qui réussit sa difficile mission... mais voilà qu'il saute à la mer, pris de panique ! Ils ont peur, ces héros? Et leurs femmes pleurent?... Ça, des as? Ou "des fils de p..., des salopards", comme le prétend Pancho Barnes, la patronne du bar, théâtre de scènes d'un grand comique. Ou des singes, puisqu'ils subissent les mêmes tests que les animaux de laboratoire et qu'on leur dit sans cesse que le premier à effectuer le projet Mercury sera... un chimpanzé. Ou des pantins entre les mains des médias américains. Un peu de tout cela, donc des hommes, écrit en substance Tom Wolfe. Et leur "Étoffe" est humaine, tout simplement. "
23. Petersbourg
Andréi Biely
4.41★ (189)

"Né en 1880, Andréi Biély fut avec Alexandre Blok un des chefs de file de la seconde génération symboliste en Russie. Mais son art de la métaphore, son écriture novatrice font surtout de lui un des maîtres du futurisme russe et de la " prose ornementale " des années vingt en URSS. En 1902, ce fils d'un célèbre mathématicien, lui-même étudiant en sciences naturelles, scandalise le public en publiant une insolite Symphonie dramatique. Comme Blok, il exprime dans ses vers le refus du " monde terrible ", et l'appréhension du " châtiment ". Les poésies de Cendres, simples et poignantes, furent inspirées par l'échec de la première révolution russe. Mais esprit universel, homme-orchestre prodigieusement doué, conscience perpétuellement torturée, Biély n'est pas que poète. Son roman La Colombe d'Argent (1910) est un récit incantatoire inspiré par " la face sombre " de la Russie, celle des sectes clandestines et sauvages. L'œuvre romanesque de Biély atteint son sommet avec le roman Pétersbourg, où l'obsession maladive de la " provocation " s'exprime dans un univers constructiviste qui ressemble à un labyrinthe. Le livre n'était pas achevé que Biély, esprit perpétuellement assoiffé, se convertissait à l'anthroposophie que venait de fonder un théosophe dissident, Rudolf Steiner. Avec une humilité monacale, il construit, à Dornach, en Suisse, le " Temple de Jean ". En 1916, il rentre en Russie par l'Angleterre. Il vit alors dans un monde obsessionnel et grotesque qui est décrit avec une minutie clinique dans les Carnets d'un Toqué (1922). Comme Blok, Biély se rallia d'emblée à la Révolution d'Octobre, fondant le mouvement des " Scythes ", saluant le retour à une féconde barbarie où il reconnaissait l'esprit du premier christianisme. Il publie un étrange petit livre, Kotik Letaiev, où il tente de recréer la perception et l'univers mythique du nouveau-né et du très jeune enfant. Il passe quelques mois à Berlin, en même temps que Gorki, avec qui il collabore à la revue Beseda, puis rentre en URSS. Emigré de l'intérieur, malgré ses efforts dérisoires pour aborder de nouveaux thèmes littéraires soviétiques, Biély s'enfonce dans la solitude de son labyrinthe. Trois tomes de mémoires, brillants, injustes et fulgurants font gesticuler devant nous toute la Russie du premier quart de siècle. Un livre posthume sur Gogol Maître Ecrivain est une pénétrante étude de l'univers du grotesque. A sa mort, en janvier 1934, le poète Ossip Mandelstam écrivit une suite étincelante de poèmes dédiés à ce génie inquiet et solitaire, qui avait provoqué en Russie une mutation du langage comparable à celle de Joyce en Occident, mais qui, muré dans son univers tourbillonnant, devait longtemps rester un des artificiers méconnus de notre XXe siècle."
24. Aimé Pache, peintre Vaudois
Charles-Ferdinand Ramuz
4.32★ (34)

"L'Age d'Homme Conçu en 1905 et publié en 1910, Aimé Pache est peut-être le livre de Ramuz le plus significatif, le plus proche de sa pensée en gestation et le plus intérieurement autobiographique. Le roman de formation des Suisses romands."
25. Le Voleur
Léonid Léonov
3.83★ (13)

"Firsov, l’écrivain, espionne et jalouse la vie tourmentée des bas-fonds de Moscou de 1920. C’est le noir désenchantement de la période de la NEP. "
26. La Chronique de Travnik
Ivo Andric
4.18★ (200)

Traduit pour L'Age d'Homme en 1981, que son éditeur considérait comme "un puits de sagesse"....
27. Le pont sur la Drina
Ivo Andric
4.23★ (1061)

"A Visegrad, c'est sur le pont reliant les deux rives de la Drina - mais aussi la Serbie et la Bosnie, l'Orient et l'Occident - que se concentre depuis le XVIe siècle la vie des habitants, chrétiens, juifs, musulmans de Turquie ou " islamisés ". C'est là que l'on palabre, s'affronte, joue aux cartes, écoute les proclamations des maîtres successifs du pays, Ottomans puis Austro-Hongrois. C'est la chronique de ces quatre siècles que le grand romancier yougoslave Ivo Andriécï, prix Nobel de littérature en 1961, nous rapporte ici, mêlant la légende à l'histoire, la drôlerie à l'horreur, faisant revivre mille et un personnages : de Radisav le Serbe empalé par le gouverneur turc, à Fata qui se jette du pont pour éviter un mariage forcé, et au vieil Ali Hodja, le Turc traditionaliste, qui voit avec consternation surgir les troupes de l'empereur François-Joseph. En 1914, le pont endommagé dans une explosion demeure debout. Sinistre présage, cependant, grâce auquel ce roman paru en 1945, oeuvre d'un écrivain bosniaque par sa naissance, croate par son origine et serbe par ses engagements d'alors, nous paraît aujourd'hui mystérieusement prophétique. "
28. Migrations
Milos Tsernianski
3.84★ (89)

"Au XVIIIe siècle, pour fuir la domination des Turcs, des milliers de Serbes émigraient dans l'empire voisin, l'Autriche. Ils devenaient militaires ou commerçants. Mais beaucoup d'entre eux rêvaient d'une terre plus lointaine, une terre slave et orthodoxe comme la leur, où ils pourraient refaire leur vie: la Russie. Migrations est le roman de cette diaspora. Au-delà de l'anecdote historique, entremêlée de drames et de comédies, un sentiment de profonde mélancolie parcourt le livre. Du malheur de notre condition, Tsernianski ne conclut pas au silence ou à l'absence des dieux. Au contraire, une divinité perfide - qu'il nomme «le hasard comédien » - semble toujours se jouer cyniquement du sort des individus et des peuples. Tôt ou tard, l'homme finit par s'arrêter au bord de la route et contemple ses mains vides. Lorsqu'il lève les yeux vers le ciel, il ne voit plus qu'un infini cercle bleu et au centre un astre. Il n'y a pas d'Orient salvateur. La terre promise n'existe pas."
29. Boulevard des philosophes
Georges Haldas
4.50★ (20)

"Une des oeuvres de Georges Haldas, centrée autour de la figure de père. Une remémoration minutieuse en même temps qu'une transfiguration. - Présentation de l'éditeur -"
30. La Russie à travers les écrivains que j'aime
Georges Haldas
4.00★ (7)

" Pourquoi, près de cinquante ans après leur parution, rééditer les préfaces substantielles rédigées par Georges Haldas ? C'est d'abord l'âme russe qui convoque son écriture. En solitaire - le travail et les conversations avec Alexandre Soloviev seront ultérieures - il lit, prend des notes et surtout se plonge et s'immerge dans un univers qu'il reconnaît comme sien, quand bien même il n'y a aucune racine. La littérature russe devient ainsi sa compagne. Elle ne le nourrit pas, ce qui supposerait un mode d'être, mais elle chemine avec lui ou lui avec elle, tant il se découvre parent de ceux dont il fréquente assidûment les eaux profondes. Les études de lettres qu'il a effectuées auparavant ou son propre savoir ne déterminent ni ne guident ses options et ses choix ; ce qui lui sert de boussole sur l'immensité de cette terre russe qu'il affectionne, c'est ce qu'il sent. Il se fie à ce que capte en lui le poète. Et quelle que soit la posture choisie, la moquerie, l'étonnement ou l'admiration, force est de constater la solidité, l'intensité et l'ampleur des textes qu'il rédige pour mener leurs lecteurs à l'essentiel desoeuvres retenues. Au travers des écrivains russes qu'il aime, Georges Haldas a rencontré et voulu faire connaître ses frères. Avec eux, il a désiré rendre témoignage de leur unique parente, celle que Boris Pasternak appelait, seulement, mais pleinement " Ma Soeur, la Vie ".
31. Paris fantasme
Lydia Flem
3.50★ (54)

Ajout le 15 mai 2022- lecture en cours,captivante...avec un passage sur "La librairie " L'Âge d'Homme",et son fondateur... (p.327/ Points, mai 2022)
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