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EAN : 9781787732216
88 pages
Titan Books (08/10/2019)
5/5   1 notes
Résumé :
Cynthia von Buhler, acclaimed author and visual artist of Minky Woodcock, brings her immersive theater production The Illuminati Ball to Graphic Novel form.

Acclaimed author and visual artist Cynthia von Buhler (Minky Woodcock: The Girl Who Handcuffed Houdini) brings her hit immersive theater production The Illuminati Ball to the page in an all-new graphic novel which merges the myth and mystery surrounding the secret organization of the rich and powe... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Elle n'a pas été prépubliée, mais est parue d'un seul tenant, pour la première fois en 2019, écrite, dessinée, encrée et mise en couleurs par Cynthia von Buhler. Seul le lettrage a été réalisé par une autre personne : Aditya Bidikar. L'ouvrage contient une bande dessinée en couleurs de 88 pages en couleur. Il se termine avec une postface rédigée par Cynthia von Buhler, évoquant l'agneau tartare (Agnus Scythicus), et la société secrète allemande des Illuminés, fondée par le philosophe et théologien Adam Weishaupt à Ingolstadt en 1776. Suivent 2 pages consacrées au Bal des Illuminés, spectacle créé et animé par Cynthia von Buhler et PJ Mead de Speakeasy Dollhouse, dans une demeure en bord de mer à l'écart de New York, ou au coeur de New York en fonction des saisons.

La baronne et le baron de Rothschild ont lancé des invitations pour le bal des Illuminés. 5 personnes triées sur le volet ont reçu un carton et une fiche à remplir : James W. Maxwell (un financier), Bruno Macello (un chef étoilé), Alex Stephens (un homme loi), Harry Rubenstein (un chercheur), Circe Johnson (une chanteuse célèbre). le carton précise que l'invitation s'accompagne de cinquante mille dollars de dédommagement, et qu'une limousine viendra les chercher. Les invités auront les yeux bandés en route. le questionnaire demande entre autres ce que l'invité vient chercher à ce bal des Illuminati, s'il risque d'être dérangé par la nudité, ou par une personne tenue en laisse, s'il aime les animaux et s'il a un animal de compagnie, s'il mange de la viande. Comme convenu, une limousine vient chercher Circe Johnson le 24 août 206, pour l'amener à la résidence de Fur Gnarl. Elle en descend et se retrouve face aux quatre autres invités. Ils sont guidés par des femmes nues (dont une enceinte) avec un masque d'animal. Ils prennent place à table dans une grande salle de dîner, décorée avec des trophées de chasse. Un homme en costume & cravate se tient debout et leur souhaite la bienvenue au bal des Illuminés, pour la première étape de leur voyage vers la vraie lumière. Quatre femmes suspendues au plafond se mettent à virevolter pour le spectacle, pendant qu'une cinquième danse debout à l'extrémité de la table.

Après la chanson, l'hôte se présente : il est le baron de Rothschild, et à ses côtés se tient sa femme enceinte. À table se trouve également Cynthia von Buhler qui est la propriétaire de la demeure qu'elle met bien volontiers à leur disposition. Puis une autre femme portant un masque présente les invités, ainsi que leur guide pour la soirée : James W. Maxwell sera guidé par Kamadhenu (une femme avec un masque de cache sacrée), Bruno Macello par Chumanzee (masque de singe, absent pour le moment), Alex Stephens par Vacanti la dame qui fait les présentations (qui a une dizaine d'oreilles dans le dos), Harry Rubenstein par Pig King (masque de cochon), Circe Johnson par Parthenope (masque d'oiseau). Chumanzee est en train de travailler dans son laboratoire. le baron annonce qu'il est temps pour les invités de porter leur bandeau sur les yeux. Puis il demande aux invités de répéter après lui le serment qui leur impose de ne pas divulguer ce qui se sera passé pendant la soirée. Alex Stephens se lève exigeant de lire les statuts de l'assemblée avant de donner son accord. Ensuite, chaque invité touche la lame nue d'une épée, les yeux toujours bandés, pour comprendre ce qu'ils risquent en cas de parjure. Puis le temps vient de la première entrée qu'ils doivent déguster les yeux toujours bandés.

Cynthia von Buhler est une artiste ayant aussi bien réalisé des installations de ses créations, qu'une autrice de livres pour enfants, une musicienne et une autrice de comics. Avant cette histoire, elle avait déjà illustré Evelyn Evelyn (2011) écrit par Amanda Palmer et Jason Webley. En 2018, était paru Minky Woodcock: The Girl Who Handcuffed Houdini, une excellente fiction autour des événements connus sur la mort d'Harry Houdini (1874-126). le lecteur est donc très curieux de découvrir cette adaptation d'un de ses spectacles. Il retrouve toute la personnalité de la narration visuelle. L'artiste réalise des dessins dans un registre descriptif et réaliste, en détourant les personnages avec un trait un peu gras, et des traits à l'intérieur un peu appuyés, soit pour les reliefs, soit pour la texture. Il y a parfois des exceptions, en particulier les traits plus fins pour des visages humains. Cela donne une sensation de personnages plus présents, parfois un peu lourds, et d'une représentation allant vers le tout public. von Buhler réalise elle-même sa mise en couleur, vraisemblablement à l'infographie, avec une base d'aplats de couleur unie, là encore facilitant la lecture, avec certaines surfaces nourries par des nuances de teinte, donnant plus de texture ou de relief. D'une manière générale, elle privilégie les teintes un peu sombres, ce qui renforce l'impression que l'histoire se déroule le soir et une partie de la nuit, dans une atmosphère un peu tamisée.

Dès la couverture, le lecteur perçoit ce mélange de description réaliste et d'éléments oniriques discrets qui donnent un goût de songe à la narration graphique. Avec cette approche graphique, Cynthia von Buhler donne l'impression que tous les éléments représentés ont la même valeur : la belle étoffe de la robe, les délicats rubans servant de laisse, et le regard peu amène des deux cochons noirs. le même phénomène se reproduit à chaque page. Dans la deuxième, la posture empruntée des invités donne une sensation d'artificialité d'une mondanité, et les femmes nues apparaissent en total décalage, sans raison visible de leur nudité. le masque à 3 visages de Pig King est minutieusement représenté et en même temps difficile à concevoir mentalement en trois dimensions. le dessin en double page montrant les femmes en train de danser accrochées au plafond par des rubans rend bien compte de la profondeur de la pièce, et comporte tellement de détails que le lecteur n'arrive pas à les hiérarchiser. Lors de la fin de la présentation des guides, le lecteur voit bien 4 oreilles sur le dos nu de Vacanti, sans réussir à déterminer s'il doit les prendre au premier degré comme une bizarre mutation génétique, ou s'il s'agit d'une forme de maquillage artistique.

La sensation onirique devient encore plus troublante quand la baronne s'allonge sur la table et se met à enfanter devant tous les invités. le lecteur a du mal à bien voir le nouveau-né tenu dans les bras d'Harry Rubenstein, alors que Chumanzee a l'air de le trouver anormal. Cynthia von Buhler a l'art et la manière de composer des images telles que le lecteur puisse détailler ce qui est représenté, et en même ne pas réussir à comprendre ce qu'il a sous les yeux. Cela le déstabilise, jusqu'à ce qu'une scène ultérieure vienne fournir des explications sur ce qu'il a vu. Elle sait aussi jouer sur la mise en page pour accentuer des effets oniriques : jeune femme en robe avec un masque debout sur une balançoire en pleine forêt, jeune femme dans une baignoire avec seulement le groin hors de l'eau et des images de souvenirs qui se forment dans les tâches de savon, silhouette anthropoïde dessinée à la craie sur le mur sous la tête empaillée d'un cerf, figure du Christ bénissant une vache sacrée hindoue à tête de femme, personnes nues en transe dansant le feu, etc.

Le lecteur se dit que l'autrice réussit à provoquer en lui le même effet de déstabilisation qu'elle devait provoquer chez les invités aux représentations du Bal des Illuminati. Il se dit que cette lecture doit s'apprécier plus comme une expérience sensorielle que comme une histoire rigoureusement construite. Lorsqu'est évoqué le monument Georgia Guidestones, il se dit qu'il s'agit là de l'utilisation d'une spiritualité artificielle pour servir de support aux envolées hallucinées du récit. Il s'agit d'un monument de type mégalithique construit en 1980, suite à une commande de Robert C. Christian : six blocs de granite de 5,87 mètres de haut, affichant 10 commandements en plusieurs langues dont le babylonien, le grec ancien, le sanskrit et les hiéroglyphes égyptiens. Mais au fur et à mesure que des événements surviennent dans cette soirée imprévisible, les personnages évoquent des expériences génétiques plausibles et la maltraitance animale, mêlées à des théories du complot farfelues mais très en vogue (par exemple les extraterrestres reptiliens). À l'opposé d'une cacophonie qui part dans tous les sens, Cynthia von Buhler réussit le dosage parfait dans ces ingrédients hétéroclites pour que le lecteur comprenne le fond de l'intrigue tout en restant dans une sensation onirique, un mélange enivrant de réalité et de cauchemar à demi formulé, à demi compris. La postface vient apporter des éléments supplémentaires sur l'intention de l'autrice au cas où le lecteur aurait préféré rester dans cette sensation de rêve à demi éveillé, plutôt que de formuler explicitement ses ressentis.

Tout comme la lecture de Minky Woodcock: The Girl Who Handcuffed Houdini, celle-ci est une expérience unique, sans équivalent dans le monde de la bande dessinée. Cynthia von Buhler tient le lecteur par la main pour l'emmener dans son univers onirique nourri par des préoccupations très concrètes, dans une narration graphique sophistiquée, à la fois tactile et éthérée. Il ne retrouve peut-être pas la même subtilité délicate que dans l'enquête de Minky Woodcock, mais il est bel et bien transporté dans un ailleurs sans pareil, pour une soirée entre cauchemar et féerie, un songe inquiétant à demi éveillé, très lucide sous des dehors de conspiration fantaisiste.
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