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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a des années maintenant, quand RCW m'avait parlé de ce projet d'uchronie sur l'Algérie, j'avais été bluffé une première fois. L'idée me semblait incroyablement audacieuse. Oserais-je avouer que j'ai cru, à une certaine époque, qu'il n'en viendrait jamais à bout, et qu'il finirait par laisser tomber ? Et puis, j'ai dû me rendre à l'évidence : RCW est de la race des têtus, des opiniâtres (je le savais, pourtant). Et j'ai été bluffé une seconde fois.
Voilà, je viens de terminer Rêves de Gloire. Et je suis bluffé, une troisième fois. Jamais deux sans trois, rappelle la sagesse populaire.
Tout le monde a lu la 4e de couverture du roman, ou, déjà, quelques chroniques sur la toile, et donc je ne gâcherai le plaisir de la découverte à personne en rappelant que le fameux « point de divergence » uchronique semble être l'attentat de 1960 contre le général De Gaulle, attentat réussi dans Rêves de Gloire. Mais tout est dans le « semble », car on s'apercevra vite qu'il est possible de trouver des divergences un peu antérieures (l'une concerne les événements de Budapest en 1956). C'est ce qui fait l'analogie entre ce roman et le classique Maître du Haut-Château , analogie ouvertement assumée et revendiquée d'ailleurs — même s'il ne faut pas en exagérer l'importance : l'uchronie wagnérienne penche du côté des univers parallèles, mais reste cependant une uchronie dans la règle de l'art (si, si, il y a une règle de l'art de l'uchronie qui est : Arrgh….). Simplement (si j'ose écrire), elle évite le piège du trop visible et dictatorial point de divergence unique. On dira qu'il y a saupoudrage modéré de points de divergences, assez large pour surprendre le lecteur, mais suffisamment contrôlé, cependant, pour lui éviter de perdre pied. La compréhension — et l'interprétation, surtout — du mécanisme uchronique demeure un enjeu majeur du récit. Bref, on n'est pas dans le n'importe quoi (du genre de celui, parfois sympathique, mais qui commence à me gonfler sévère, du « steampunk » dans sa dérive superficielle et envahissante actuelle).
Le tour de force de RCW, c'est de profiter de cette uchronie pour bâtir une sorte de version alternative prodigieusement détaillée et vraie (on se comprend) de l'histoire des mouvements communautaires… alternatifs des années soixante-soixante-dix du siècle dernier, basés, en très très gros, sur la non violence, le rock, l'adoration des vinyles et le LSD… et de faire de la casbah d'un Alger uchronique, un des hauts lieux d'un de ces mouvements imaginaires ! Ou plutôt, le tour de force, c'est de rendre tout cela parfaitement plausible ! Je me demande qui d'autre que RCW aurait pu réussir une chose pareille !
Je sors de la lecture de Rêves de Gloire avec une culture toute neuve — et aux neuf dixièmes, au moins, imaginaire — sur le monde de la musique rock, qui va me permettre de me ridiculiser encore davantage en société sur ce sujet ! (1)
Comment un truc pareil peut-il tenir debout ?
L'astuce consiste à tisser la trame du roman à partir d'une foultitude de fils qui sont autant d'histoires personnelles, se déroulant à des époques différentes, sur une durée d'une quarantaine d'années environ. On est un peu perdu au début, mais RCW sait remarquablement caractériser ses personnages, et l'impression de confusion ne dure pas. Tout au contraire, on se met rapidement à attendre le retour de telle ou telle « voix » (et « voie »), qui va révéler tel détail éclairant (ou non, RCW a le sens du suspense..) l'ensemble. Et on s'y attache, à ces personnages… On en oublie presque que l'on est dans une uchronie… presque, seulement, car de temps à autre, on est obligé de recadrer dans son esprit l'image générale que l'on s'était fabriquée (attention, ce roman est un roman de SF, c'est-à-dire qu'il demande AUSSI de l'imagination à son lecteur…)
Je me rends compte qu'il serait un peu stupide d'en dire davantage (2) ; il faut s'immerger dans ce livre, qui est aussi, lâchons une expression un peu pompeuse, un roman philosophique s'interrogeant sur le sens de la vie. Sans apporter de réponse, fort heureusement, car il n'y en a pas (enfin... disons que la réponse, c'est la question).
Un chef-d'oeuvre, de mon point de vue, et l'uchronie française la plus originale et plus aboutie depuis… depuis… depuis…

Oncle Joe

(1) Par prudence – j'aime bien le rock écrit et décrit, mais il ne faut pas abuser de son son (hum…) — j'ai lu le roman en écoutant des tas de quintettes de Boccherini (9 volumes, ce qui fait 18 CDs, par La Magnifica Comunita, Brillant Classic (pas cher et sublime)).
(2) Tout de même… quelle fête que de repérer les innombrables et savoureux clins d'oeil… les citations cachées… les skorpis… qui fuient dans la nuit épouvantable…
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Magistrale uchronie, obsessionnelle et non dénuée d'humour...

Avec ces 700 pages publiées il y a quelques jours, Roland C. Wagner signe un roman magistral. Grâce à un magnifique double détour (l'utilisation en toile de fond d'une Algérie ayant évolué « très différemment » à partir de l'assassinat réussi du général De Gaulle en octobre 1960 – et le recours en narrateur « principal » à un acharné collectionneur contemporain de vinyls rock rares), l'auteur nous entraîne dans un dense tourbillon où l'on côtoiera toutes sortes d'activistes, de pacifistes, de musiciens, de drogués, de gourous, de juntes militaires ou de barbouzes, avec à l'occasion de singuliers personnages tels un cornélien adjudant-chef de la Légion, une égérie aussi permanente qu'anonyme, une coopératrice aussi généreuse que redoutable, une surprenante héritière, un guitariste antillais égal de Jimi Hendrix, et encore quelques autres..., tourbillon dans lequel un 45 tours mythique devient un enjeu aussi surprenant qu'essentiel.

Nostalgie, tendresse, ironie et réflexion socio-politique se partagent habilement ce petit monument de passion, passion de la musique bien entendu, mais aussi et peut-être surtout, malgré l'apparence, passion des humains décidés et cohérents, particulièrement dans ce qui semble leurs errances. La référence « Rock Machine / Little Heroes » du grand Spinrad de 1987 est ici largement éclipsée. Si l'on sourit beaucoup au cours de cette lecture (le destin musical de l'Algérois et les rusées francisations des mots anglais du rock ou de la géopolitique contemporaine, par exemple !), on y médite aussi beaucoup, jusqu'à son final pourtant effréné.

Seuls regrets à mon goût, qui empêchent cet excellent roman de rejoindre les absolus chefs d'oeuvre : une part « trop élevée » de références fictives pour collectionneurs maniaques, qui, si elle contribue clairement à installer et nourrir l'ambiance, pourra épuiser au bout d'un moment le lecteur qui ne partagerait pas à 100 % cette passion, et une polyphonie trop discrète, qui rend délicat le suivi des narrateurs et narratrices dont beaucoup parlent d'une voix trop similaire... Défauts toutefois mineurs qui ne gâchent que très peu l'ambition à l'oeuvre et le grand plaisir de cette lecture.

Et comme le dit l'exergue du roman : « C'est pour cela que je préfère maintenant des bouquins qui obligeraient les gens à prendre conscience. Mais c'est beaucoup plus difficile, parce que ce que les gens qui tiennent les leviers veulent, ce sont des livres qui apportent une certaine qualité de rêve qui permet d'éviter de donner une certaine qualité de vie. » (Louis Thirion)
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Dans l'Algérois resté français après la mort du général De Gaulle en 1960, un collectionneur de disques tombe sur un vinyle qu'il ne connait pas en consultant un site d'enchères sur internet. Intrigué, il cherche à en savoir plus, mais il se rend vite compte que ce disque porte malheur à quiconque l'a entre les mains. Mais cet album, "Rêves de Gloire" des Glorieux Fellaghas, a-t-il un lien avec les événements qui se sont produits dans le pays quelques années auparavant ? le mystère reste entier...

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Rêves de Gloire n'est pas un livre facile à chroniquer.


Déjà, il y a l'émotion qui envahit le chroniqueur à chaque fois que celui-ci pense à l'auteur de ce merveilleux roman qui a reçu, entre autre, le prix Utopiales en 2011 (j'y étais !). En effet, est-il utile de rappeler que Roland C. Wagner, l'un des plus grands noms de la science-fiction francophone contemporaine, nous a quitté un satané jour d'août 2012 ?

Ensuite, il y a la difficulté de rendre compte d'un livre qui est tout sauf linéaire. Contrairement à ce que pourrait laisser penser le petit résumé qui introduit cette chronique, ce roman de près de 700 pages ne se focalise pas sur un seul personnage, ni sur une seule époque. Bien au contraire ! Dans Rêves de Gloire, plusieurs fils narratifs se croisent et s'entrecroisent sur plusieurs moments de l'histoire qui nous est narrée ici, ainsi que sur plusieurs moments de l'Histoire alternative qui nous est proposée. Comme on l'imagine aisément, tous les fils vont finir par se recouper. C'est d'ailleurs l'une des grandes forces de ce roman : laisser voir alternativement plusieurs morceaux d'un grand tout, un peu comme des pièces d'un gigantesque puzzle que l'on découvre au fur et à mesure. Et ce qui est le plus admirable encore dans ce livre, c'est que malgré l'hermétisme de l'intrigue (du moins au début) mise en place par l'auteur (qui connait parfaitement son sujet, étant né sur place en 1960 et ayant regroupé une documentation très importante), malgré la complexité de l'Histoire réinventée (parce que même (ré)inventée, L Histoire ne peut être que complexe), malgré la forme assez périlleuse, pour ne pas dire casse-gueule, choisie par Wagner (chaque protagoniste parle à la première personne du singulier et n'est jamais nommé), jamais le lecteur ne se trouve perdu dans cette accumulation de complexité qui pourrait, rapidement, devenir rédhibitoire. Bien sûr, le lecteur peut s'y perdre un peu lorsqu'il passe d'un personnage masculin à un personnage féminin, d'une époque à une autre. Je mentirais si je disais que j'ai tout compris, tout de suite... Cependant, au final, alors que toutes les pièces se trouvent enfin en place, que le lien entre tous les personnages s'est enfin établi, que la grande fresque uchronique est enfin déroulée sous nos yeux, on ne peut s'empêcher de pousser un "Waow !" de satisfaction. Car oui, pour une fois, la quatrième de couverture (je ne les lis même plus) n'est pas mensonger : "Rêves de Gloire" est un roman jubilatoire !

Enfin, il y a la confession que doit ici faire le chroniqueur par rapport à ce bouquin qu'il ne voulait pas lire, à cause du thème principal dans lequel baigne en permanence ce roman : le rock. Comme je le disais dans la chronique précédant celle-là, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé, la musique, et ce livre ne parle que de ça. Pour les non-initiés, il faut dire que Roland C. Wagner avait deux passions culturelle dans la vie : la SF et le rock and roll (il fut même un temps le chanteur/parolier d'un groupe : Brain Damage). Les 700 pages de ce roman sont donc un vibrant hommage à ces deux pôles de l'immense culture de cet auteur aussi gouailleur qu'intelligent. D'ailleurs, et je ne m'attarderais pas trop longtemps sur ma vie privée rassurez-vous, les quelques mots que j'ai pu échanger avec Roland un jour aux Utopiales avaient un rapport avec le rock. Et pourtant, je ne peux pas dire que, personnellement, ça me passionne. Et c'est bien pour ça que, malgré le contexte (même revisité) de la guerre d'Algérie (à laquelle mon père a laissé une partie de sa jeunesse), je serais passé à côté de ce roman... s'il n'y avait eu Bifrost. Oui, le Bifrost n°69 dont le thème principal était les interactions entre la SF et la culture rock, où Rêves de Gloire avait une place de choix. Bon, Bifrost et aussi un peu la médiathèque de ma ville qui le proposait à l'emprunt (heureusement d'ailleurs car 25€, même pour un roman de cette taille, s'avère une sacrée somme pour un bouquin non traduit ; ce sera d'ailleurs la seule critique négative que je pourrais faire à Rêves de Gloire).

Voilà, vous l'aurez compris, je ne saurais trop vous recommander la lecture de ce formidable roman qui se révèle d'une beauté incroyable de bout en bout. Un grand oeuvre à lire de toute d'urgence !

A.C. de Haenne
Lien : http://les-murmures.blogspot..
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Chef d'oeuvre éternel.
Exceptionnel roman polyphonique aux ambitions démesurées mais à la réalisation parfaite. Organique, puissant, merveilleux, un roman aussi singulier que fabuleux.
Le genre à nécessiter un dictionnaire de synonymes pour pouvoir flagorner correctement à son propos.
Lien : https://syndromequickson.com..
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Difficile de faire la chronique de ce livre tant il est spécial.

En effet, la réussite de ce livre tient principalement à l'atmosphère qui s'en dégage. Cette impression de revivre une histoire qui aurait pu être est tellement dense qu'on se surprend souvent à se dire que L Histoire (avec un grand H) n'est pas loin.

Cette uchronie se définit à travers différents personnages, des témoins d'évènements ou bien des personnes faisant parti des rouages, qui font que le livre nous relate l'histoire à la manière dont la découvrirait un historien, à travers des témoignages qui éclairent (ou non) certaines zones de l'Histoire.

La force de ce livre provient de l'humanité des personnages décrits dont les motivations sont diverses et variées. du fasciste au nostalgique, du rêveur au militant, on y découvre une kyrielle de personnages plus vrais que nature. Pas de héros, pas de salauds. Juste des gens qui voulaient vivre leur vie, selon leurs préceptes (plus ou moins moraux, mais c'est une autre question).

À travers cette peinture humaine, on y découvre un roman humain, qui nous parle des utopies, du racisme, de la violence, de l'envie de vivre et de comment tout cela interagit et évolue... pour le meilleur... ou pour le pire.

Un roman humain donc, mais aussi de géopolitique. Un essai sur l'utopie et son évolution.

Au final, ambiance, valeurs humaines, immersion... Ce livre est à lire pour un voyage vers une France et une Algérie qui aurait pu être, et qui, quelque part, nous en apprend beaucoup sur celles qui sont.

Un livre que je conseille à tous, y compris ceux pour qui la SF n'est pas quelque chose qu'ils apprécient... Ici elle ne se voit que par les changements que L Histoire a effectué par rapport à notre version de la réalité.

Chronique complète : https://plume-etoiles.blogspot.fr/2015/06/reves-de-gloire.html
Lien : https://plume-etoiles.blogsp..
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En Résumé : Voici un livre de Roland C. Wagner qu'on attendait depuis quelques années déjà, mais l'attente fût pour moi récompensé par un livre qui ne m'a pas laissé indifférent. Ce livre, à travers la réécriture de l'histoire entre l'Algérie et la France est un appel à la tolérance, au respect des autres et de sois. Les personnages, malgré leur anonymat relatif sont vraiment convaincants, passionnants et attachants et le style de l'auteur est réellement efficace et envoutant. Un livre que je ne peux que vous conseiller de lire et découvrir.

Retrouvez ma chronique complète sur mon blog
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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du lourd, complexe mais tout s'éclaire à la fin
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Magnifique !
L'univers est parfaitement construit. On croit même entendre les 33 tours du protagoniste.
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