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4,16

sur 579 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
- le mariage, ça a l'air tellement ennuyeux, dit Calla. Si tragique en un sens. Regardez notre mère.
- Notre mère était tragique avant de se marier, rétorqua Rosalind.
- Oui, mais ça n'a sûrement pas aidé"

Une flopée de soeurs (6 en tout) aux délicats prénoms de fleurs, une mère torturée par les cris d'agonie de sa propre mère morte en couches et qui voit des fantômes partout (la famille de son mari a fait fortune en vendant des armes), et une terrifiante malédiction qui plane sur la famille : chaque fois qu'une des filles se marie, elle meurt aussitôt.

Un roman réussi de bout en bout, où la masculinité, ici littéralement toxique, fait planer une angoisse sourde sur tout le récit, sous-tendu par une sensualité capiteuse, et dont la maîtrise narrative est totalement impeccable. Aux lisières de la folie, avec des accents néo-gothiques, Sarai Walker livre un roman aussi étrange que fascinant, qui se dévore, raconté depuis la perspective d'Iris, l'une des frangines, bien décidée à survivre et à échapper aux hommes.

Un mix de Virgin Suicides et de Joyce Carol Oates, qui m'a aussi fait penser dans le style/la construction/les thèmes à Donna Tartt (que j'adore). Génial !
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Sylvia Wren, peintre de renom a toujours été très discrète. Elle reçoit depuis plusieurs semaines des lettres d'une certaine Eliza qui aimerait s'entretenir avec elle, pensant avoir percé son secret.
Sylvia Wren et Iris Chapel ne sont qu'une et même personne. Mais pourquoi Iris aurait-elle décidé de changer d'identité ?
Son histoire, Iris va l'écrire dans plusieurs carnets. Son enfance heureuse entourée de ses soeurs, un bouquet colorée au six noms de fleurs. La "folie" de sa mère, incomprise jusqu'à son dernier souffle. L'absence de son père. La réussite de la famille qui repose sur une unique chose : la mort massive. Et surtout, la malédiction. Car comme le dit la chanson, les soeurs Chapel, "d'abord elles sont mariées, puis elles sont enterrées".

Voici un roman très gothique, à l'atmosphère pesante, où l'on s'attend à sursauter à chaque instant. L'ambiance m'a fortement fait penser à celle qu'entretient dans ses textes Daphné du Maurier. Des portes qui claquent, le parquet qui grince dans cette immense maison appelée : le gâteau de mariage. Ces soeurs avaient tout pour être heureuse mais il semblerait que dans la famille, les femmes soient maudites.

600 pages que l'on avale à vitesse grand V pour découvrir toutes les clés du mystère. Si l'on devine bien rapidement que toutes (ou presque) les filles Chapel vont mourir, nous sommes pourtant bien étonnés de l'évolution du récit.

Sous ses airs de roman noir, c'est bien un texte engagé que l'on va lire entre les lignes. Un conte féministe qui fait de l'homme un serpent venimeux et qui empêche la femme, jeune fleur, à grandir et s'épanouir.
Nous reparcourons une époque où l'avis féminin ne comptait pas. Où les pressentiments étaient corrélés à la folie, où les diagnostics étaient bâclés.
Et si nous sommes tentés de pousser la réflexion, peut-être pouvons nous entrevoir une légère vérité : ces femmes qui ne rêvent que d'une chose ; se marier et enfanter pour rentrer dans la norme et "obtenir une certaine liberté" ne se voilent-elles pas la face pour au final, se diriger doucement vers la tristesse, l'absence de libre arbitre et donc... la mort ?
Mais alors ... "c'est quoi la vie sans amour ?"

Un texte prenant, rapidement addictif qui m'a fait sortir de ma zone de confort et qui me pousse à retenter l'expérience d'une littérature mystique.
Laissez-vous tenter, laissez la magie opérer !
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Whaaa voilà un livre gothique parfait pour l'automne

On ne dirait pas comme ça avec cette jolie couverture bien colorée mais ce livre cache bien son jeu. Voici un joli conte qui joue à cache cache avec la mort.

Les soeurs Chapel
D'abord elles sont mariées
Puis elles sont enterrées

Sympa la comptine ! On est tout de suite plongé dans le bain, la couverture colorée est un leurre comme la quête de liberté de ses soeurs Chapel qui seront touchées chacune leur tour par la malédiction.

C'est Sylvia, l'une des soeurs Chapel qui a fuit son passé et changé de prénom qui nous conte à l'âge de 80 ans, la véritable histoire des derniers jours d'Aster, Rosalind, Calla, Daphnée et Zélie, ces soeurs aux prénoms de fleur qui ont connu l'horreur. Une fratrie issues de la famille Chapel, célèbre armurier américain, dont la réussite repose sur la mort massive de millions de personnes.

Mais pourquoi Iris alias Sylvia n'y a pas succombé ? Pourquoi Belinda, leur mère bien flippante arrive à prédire leur funeste destin ? Mystère, il ne tient qu'à vous de le découvrir.

Dès les premières pages, ce livre m'a embarqué. Un peu comme dans Notre part de nuit de Mariana Enriquez, le mystère s'est installé, tenant en haleine tout du long. J'aime ces gros pavés qui m'emportent dans un univers sombre et fantastique. Les références à Emily Dickinson pour le côté poétique, à Georgia O'Keefe pour la peinture et les photographies de Julia Margaret Cameron pour m'imaginer les personnages m'ont permis de m'immerger dans l'univers de Sarai Walker, à tel point que je n'avais pas du tout envie de quitter ses personnages.

Un récit envoûtant, merveilleux, d'une grande richesse qui aborde la condition féminine, un thème que j'affectionne particulièrement.

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Ah ! Enfin une lecture enthousiasmante, après plusieurs romans en demi-teinte. J'ai beaucoup aimé ce roman, aux allures de conte, pas si gothique que ça, plutôt tragique et en tout cas captivant. La malédiction qui pèse sur les soeurs Chapel évoque vraiment l'univers des contes les plus terribles : elles meurent aussitôt mariées. L'amour des hommes leur est fatal. La construction est très réussie, puisque l'héroïne, au crépuscule de sa vie, se met à écrire son histoire et celle de ses soeurs, histoire qu'elle a passé sa vie à vouloir enterrer, oublier.
Encore un roman aux accents féministes, sur la prétendue folie des femmes quand ce qu'elles disent dérange. Un beau roman sur l'art, le rôle libérateur de l'art (la peinture ou l'écriture).
"On ne croit pas toujours les femmes. [...] Il est plus facile de dire que les femmes comme ma mère sont folles. Dans ce cas, inutile de les écouter. Et alors, peut-être que dans un sens elle est devenue folle. Elle ne pouvait communiquer qu'en hurlant." p. 541
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Années 50, la famille Chapel vit dans l'aisance d'une grande demeure victorienne appelée « le gâteau de mariage ». Les six filles, portent toutes un nom de fleur (Aster, Rosalind, Calla, Daphné, Iris et Hazel), elles sont livrées à elles même, face à un père vendeur d'armes toujours absent et une mère Belinda, qui s'est terrée dans ses appartements, parmi les fantômes et les visions, on la croit d'ailleurs folle. Car, plane sur Belinda un lourd héritage familial, toutes les femmes de sa lignée sont mortes en couches et elle sait que cette malédiction a sauté une génération en l'épargnant. C'est pourquoi lorsque sa première fille parle de mariage, elle se manifeste enfin pour alerter : quelque chose d'horrible va se produire. Et en effet, lors de la nuit de noces, un drame a lieu, ce ne sera pas le dernier…

L'histoire nous est racontée du point de vue d'Iris, l'avant-dernière des soeurs Chapel et seule rescapée de cette malédiction, on le sait dès le départ et on va ainsi suivre la chronologie des drames annoncés pour tenter de comprendre.

Ce roman est magistral !
Il dénonce très bien le poids de la société de l'époque où les femmes étaient cantonnées au mariage comme seule perspective d'avenir, drôle d'échappatoire… Les hommes de l'histoire n'ont d'ailleurs rien de sympathique, qu'ils soient père, amant, mari, docteur ou psychiatre, ils ont toute puissance de par leur nature d'homme.
Belinda alerte ses filles « Tu ne comprends pas ce qu'est réellement le mariage. Comment, une fois mariée, tu appartiens à un homme et cesses d'être toi-même », elle leur recommande de fuir, à la fois la malédiction, mais surtout l'enfermement crée par le mariage.

Une ode féministe et passionnante pour la liberté et l'émancipation qui m'a bouleversée.
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Il était une fois six soeurs, elles portaient toutes un nom de fleur et vivaient dans une grande demeure, avec leur père marchand de carabines et leur mère qu'on disait folle. Un peu recluses, elles étaient toutes différentes et exaltées, à chacune une passion, à toutes une soif de découvertes. Un jour, la plus grande annonça son mariage et le lendemain de noces, elle mourut. Puis ce fut le tour de la deuxième, et ….

Quel roman ! Mais quel roman ! Prise dès les premières phrases, je n'ai as pas pu le lâcher, me trouvant une petite place au milieu des soeurs Chapel, que ce soit lors de leurs rassemblements dans leur salle commune, ou lors d'un pique-nique, sentant la tension monter de plus en plus. J'ai adoré les découvrir, les aimer avec leurs défauts et leurs failles. J'ai frissonné, pleuré, tremblé. J'ai appris aussi énormément lors de cette fresque féministe et sombre.

C'est donc un très gros coup de coeur que j'espère vous serez nombreux à découvrir : ne manquez pas le rendez-vous !

« Cet instant fugace est une image immortelle. Elle m'apparaît parfois, aussi éphémère que le crépitement du flash d'un appareil photo: Aster, à cette minute, notre reine du parterre fleuri des jeunes filles, sa peau resplendissante et les marguerites étincelantes. J'aperçois quelquefois cette image fugitive d'Aster lorsque je suis sur la route ou que je fais les y courses au supermarché, aux moments les plus anodins.
moment unique n'est pas aussi soigneusement entert que mes autres souvenirs et il se manifeste de temps à autre avant de rapidement disparaître à nouveau. le demie moment heureux de mon enfance. »
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Ce roman, qui pourrait être considéré à mon sens comme de la Women's Fiction, est mon gros coup de coeur de cette rentrée littéraire 2023.
La jeunesse d'Iris qui nous raconte le destin tragique des soeurs Chapel m'a captivé.
J'ai adoré découvrir chaque personnage féminin de la famille Chapel, toutes très différentes mais avec des opinions affirmées sur ce que devrait être leur vie.
J'ai tout de suite fait le rapprochement avec l'histoire de la maison Winchester et Belinda, mais il m'a fallu plus de temps pour saisir les éléments gothiques du récits, très discrets.
Et une fois que j'ai aperçu ces aspects du récit, ils m'ont accompagné jusqu'à la fin du roman, me donnant encore plus de raisons d'apprécier ce roman aux accents féministes, dont l'aspect surnaturel et les accents gothiques soulignent les conditions de vie des femmes.
C'est une histoire sombre et magnifique que l'on ne veut plus lâcher une fois la lecture commencée.
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« Les voleurs d'innocence » est un roman qu'on ouvre comme on libère les papillons d'un bocal. On a une bouffée de sensations, d'odeurs, d'émotions, de couleurs … C'est un coup de coeur pour ce livre gothique plein de saveurs.

« le mariage était toujours la fin de l'histoire. Nous étions l'épilogue. » Voici une citation qui figure bien le livre et les thèmes qui vont y être abordés.

Il s'agit bien avant tout d'un roman féministe. L'histoire est riche en thématiques autour de la femme des années 1950. Il y a un portrait général de la femme dans la société et surtout de multiples exemples campés par les filles du livre dont les soeurs Chapel. Cela se passe donc bien avant qu'un quelconque mouvement féministe apparaisse. Une époque où les femmes qui n'entraient pas dans le cadre étaient nécessairement folles. Une époque où la convenance ne protégeait pas du viol, bien au contraire. Une époque bien difficile donc pour être une femme. Et ce quelle que soit leurs aspirations … Pour exemples, chacune des filles Chapel incarnera un profil : le physique, l'envie de culture et d'éducation, le caractère effacé ou encore l'attirance pour les femmes. Autant de points de vue différents d'un même sujet : la liberté des femmes.

La thématique de la filiation est aussi représentée non plus en transversale mais en verticale avec la mère, la grand-mère et même l'arrière-grand-mère. L'objectif est de montrer que la transmission des peurs, des souffrances est présente d'une génération à l'autre et peut remonter très loin …

Un autre élément abordé est le poids des souvenirs. En effet, quand on lit les premiers chapitres on a ce sentiment d'éternité propre à l'enfance, surtout dans le cocon de sororité qui nous est décrit. Et c'est l'héroïne qui raconte au travers de ses carnets la première partie de sa vie.

L'aspect « gothique » du roman est aussi au coeur de l'histoire. L'ambiance est pesante, on a l'impression qu'un drame va arriver à chaque ligne. Et pourtant non, l'histoire se gonfle de plus en plus de tension. Les secrets, l'atmosphère horrifique et les oscillations entre fantastique et rationalité complètent l'appartenance au gothique.

Finalement c'est un roman presque floral qu'on lit et cela sous plusieurs aspects. le vocabulaire des fleurs est dominant, en simple description ou métaphore. Chacune de soeurs portent un prénom de fleur. Celles-ci sont d'ailleurs des éléments de l'histoire. Autant de manière de dépersonnifier la femme … qui devient une fleur.

C'est donc un roman riche d'idées, et de références … marqué d'une écriture douce autour de thèmes violents. C'est un livre très lié à l'art qui fait figure de libération.
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J'ai tout de suite été happée par le résumé, et des que j'ai mis le nez dans ce roman je n'ai plus pu en sortir. J'ai avalé les 600 pages en 5 jours seulement tant je voulais savoir ce qui allait se passer, et même si les bases et la conclusion sont posés dès le départ on veut savoir comment et pourquoi tout cela arrive. Une ambiance gothique à souhait et un conte féministe que je recommande chaudement !
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Dans les années 50, six soeurs aux prénoms de fleurs, à l'aube de leur vie adulte, vivent en marge de leur village dans une énorme maison aux allures de gâteau de mariage. Délicates, fusionnelles, elles ont leurs habitudes et leur unicité : les pages se tournent pour présenter la cavalcade de ces noms rares et de leurs rires, leurs maladresses et leurs poèmes. 🌹🌾

A travers les yeux d'Iris, cinquième de la fratrie, on a l'impression de faire partie de cette grande famille où les fleurs sont partout : sur les murs, les tables, les jardins, dans les villes et les forêts, dans les mariages et dans la mort. Et voilà qu'un jour, la soeur aînée, première mariée, est soudainement enterrée le lendemain de sa nuit de noces. Quand la cadette subit le même sort maudit commence un décompte affreux : quel est ce mal ? Peut on fuir son destin, et en quel nom ? Faut il croire la mère de la famille, Belinda, évanescente et silencieuse qui prétend être visitée par des fantômes ?

Les Voleurs d'Innocence de Sarai Walker, quel voyage impitoyable. L'atmosphère imprégnée dans chaque page donne l'impression d'une immense aquarelle aux accents gothiques. Les fleurs qui pétrissent la noirceur du destin de ces femmes, la violence de leurs aspirations et la vie en munition dans le carquois des hommes confèrent à tout le roman des lignes magnifiques, des symboles à outrance et des couleurs uniques.

Un fabuleux destin où se dessinent en pointillé une recherche artistique, une émancipation et une fatalité magnifique.
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