Si vous pouvez concevoir que tous les événements extraordinaires
rapportés aux chapitres précédents se produisirent sans éveiller l’attention de la presse de Londres ; que des journalistes remarquables accomplirent leur besogne quotidienne sans se douter de rien ; que de nouveaux rédacteurs pleins de zèle dépouillèrent avec soin les colonnes des journaux de province pour y découvrir des thèmes originaux, avec le mystère du coffre à leur porte, tandis qu’à Londres ils perdaient leur temps à de malheureux petits accidents d’autobus et de réchauds à gaz, vous apprécierez d’autant mieux l’explosion journalistique qui suivit la double enquête sur Spedding et sur sa victime. (p200)
Il vit alors le fil mince tendu en travers du palier. Avec précaution, il l’enjamba et s’arrêta le long du chevalier d’acier. Il retira son pardessus, et, tendant le bras, saisit l’armure au poignet. Puis, d’un coup de pied brusque, il rompit le fil.
Il s’attendait à la chute automatique de la hache ; mais, sitôt le fil cassé, l’armure pivota vers la droite, et bzzz !… la hache décrivit un foudroyant demi-cercle. Il avait pensé pouvoir retenir le bras ; il aurait aussi bien pu essayer d’arrêter le piston d’une machine ! Sa main fut entraînée, tordue, et la lame affilée de la hache frôla sa tête. Dans un grincement, le bras se releva avec raideur et reprit son immobilité première. (p11)
– Mon client me charge de vous remercier de votre diligence.
L’entrepreneur se frotta les mains.
– Vous êtes en avance de deux jours sur les délais prévus,
continua M. Spedding.
L’entrepreneur n’avait guère d’idées en dehors de son métier.
Il dit encore :
– Oui, votre client peut s’installer demain.
Le notaire sourit.
– Mon client, monsieur Potham, peut… heu… ne pas commencer
avant dix ans… En fait, pas avant… pas avant sa mort, monsieur Potham. (p7/8)
– S’il y a quelqu’un ici, dit-il lentement, qui veut se réveiller à 7 heures du matin pour voir un homme lui lier les mains derrière le dos, et un prêtre prier pour lui ; s’il y a quelqu’un ici qui veut faire une courte promenade après son premier déjeuner, entre deux rangées de gardiens, jusqu’à un petit hangar où une corde flambant neuve tombe du toit, il est libre de faire ce qu’il lui plaît du vieux George, mais pas dans cette maison. (p104)
– C’est dans mon testament… Je vais lancer les pots de terre contre les pots de fer, les racoleurs de tripots – c’est vous deux, mes gars – contre les pigeons. Deux des plus gros pigeons sont morts, et un autre est mourant. Oui, mais il a une fille ; voyons-la, elle, à l’œuvre !… Quand je serai mort !… (p21)