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Cet ensemble de textes courts est décoiffant et a l’énorme avantage de nous offrir 23 David Foster Wallace pour le prix d’un. Certains textes sont proches de l’expérimental avec une inventivité lexicale débordante et sont parfois difficiles à suivre ; d’autres sont moyennement réussis mais on trouve dans le lot d’excellentes nouvelles, étranges mais excellentes.

Il est impossible de résumer un tel foisonnement en quelques lignes. De façon générale, on peut dire que DFW a une prédilection pour des personnages bizarres, mal dans leur peau, dont le cas relève de la psychiatrie ou peu s’en faut (comme dans le texte sur une femme dépressive). Il dépeint un monde de solitudes, où la communication et la compréhension entre les gens est une épreuve permanente et source de tension, un monde où les émotions submergent les individus et les empêchent de trouver la sérénité. Certains textes font penser au Houellebecq de l’extension du domaine de la lutte. Ses personnages noyés dans leur mal-être s’expriment dans une forme de logorrhée obsessionnelle, parfois délirante tout en restant tout à fait cohérente néanmoins, dans laquelle ils interrogent la représentation qu’ils ont d’eux-mêmes, des autres et le regard supposé des autres sur eux. DFW s’interroge sur les sentiments humains dans les circonstances étranges ou extrêmes (comme le viol ou le face à face avec un père exhibitionniste). Il décrit des mondes intérieurs.

DFW a le sens de la formule comme celle-ci pour parler d’un toxicomane : « les liens diplomatiques entre R.Ecko et la réalité étaient pour ainsi dire rompus ». Ses récits sont souvent drôles. Ils sont écrits avec une précision toute chirurgicale. La richesse de votre vocabulaire s’en trouvera améliorée après avoir croisé « l’effulgence pulsatile de la cathode », « les blandices parthénopiennes » , ou encore « l’éparchie recombinante » et les « brûleuses de lingerie cataméniales à poil ras ». Bravo aux traducteurs.
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Ces vingt-trois nouvelles écrites à l'acide zygomatique vous ouvrent un univers où se cotoient les démons que chacun de nous héberge au sein de son entrelac neuronal.

Des dépressives sollicitant leur échaffaudage émotionnel, des thérapeutes suicidaires, un jeune garçon pris de stupeur sur le plongeoir d'une piscine, des psychotiques, un couple bancal, des relations filiales pathologiques, des secrets d'alcôves. Personnages ridcules, méchants, torturés.

Slalomez entre les décors froids et métalliques et les tentures de velours pourpres, entre les monologues téléphoniques et les dialogues méditatifs

(...)
http://lelabo.blogspot.com/2005/10/brefs-entretiens-avec-des-hommes.html
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je le dis tout de suite je préfère Foster Wallace avec des romans fleuves que lorsqu'il s'exerce à l'art délicat de la nouvelle. Ici nous avons à faire à une vingtaine de nouvelles et la fulgurance habituelle n'y est pas, la patience de décrypter chaque situation, chaque psychologie ne peut être présente.
Il demeure une causticité certaine sur nombre de sujets notamment lorsqu'il y a ce regard si désabusé sur la société que nous connaissons bien lorsqu'on lit Foster Wallace.
on sent que l'auteur veut expérimenter, et peut être ai je trop eu l'impression d'être un cobaye ce qui me laissa en dehors de chaque récit. Il y a pourtant du rythme et la prose est toujours si talentueuse. Je suis diablement exigeant avec cet auteur qui m'a habitué au meilleur.
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Livre très fort, des nouvelles étranges, pleine d'intelligence, un peu comme un Italo Calvino en forme, David Foster Wallace tape tout sauf sauvagement sur des thèmes super lourds, le viol, la haine d'un parent pour son enfant...
En quelques pages il dépeint et crée des univers à la fois réels et complètement décalés. L'écriture est en recherche permanente à travers les mains de cet auteur.
Le mec s'est suicidé dans la quarantaine, quoi de moins étonnant. Trop sensible, monde froid et violent.
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Recueil de nouvelles, très variables dans leur longueur, leur style ou leur intérêt, cependant marquées par une forte originalité dans les thèmes et dans leur composition, associant à la fois humour, causticité et propension à créer de l'inquiétude, une sorte de malaise subversif.
Cet ouvrage est traversé par diverses tendances : cynisme mêlé de délicatesse, de méticulosité, fort intérêt pour la relation humaine mâtiné d'une subtilité parfois trompeuse et d'une sérieuse affinité pour l'auto-reproche et la justification. Tout cela peut paraître fallacieux, mais aussi envoûter le lecteur, le séduire quand il s'accroche à des ratiocinations spécieuses, que l'auteur soumet à un interlocuteur silencieux dont on peut parfois deviner les réactions ou les questions, à partir des “blancs“ qu'il exprime ou des réponses à ces “blancs“.
Il se dégage de nombre de ces nouvelles un intérêt certain pour des histoires relevant de la psychiatrie ou de la sexologie. Relations conjugales, difficultés dans le couple, ruptures, drague, sexe, violence, fantasmes divers sont des thèmes souvent abordés dans un langage parlé ou avec des mots crus. Ainsi ce dialogue entre deux hommes qui voudraient refaire les genres, ne débouche finalement que sur des clichés, des poncifs, des idées reçues sur la « soi-disante émancipation féminine, un ramassis de conneries », ce qui ne les empêche pas de citer Foucault et Lacan, avant de reconnaître que « comme mères, elles sont sensass. »
Autre frustré, cet homme, exemple parmi d'autres de phallocratie, miné par la culpabilisation, qui ne peut que tomber amoureux fou des multiples femmes qu'il rencontre, jusqu'à les rendre fortement investies dans une relation qu'elles pensent sérieuse, et alors, à ce stade, patatras, « impossible de conclure… quelque chose s'emballe en moi, je panique et je fais machine arrière. » le sachant, ce Don Juan est terrorisé à l'idée de récidiver et de faire souffrir la femme qu'il tient dans ses bras et “qu'il aime“. Cet aveu, fait “le plus sincèrement du monde“, peut avoir en fait pour effet de faire fuir - à bon compte - sa “dulcinée“.
Cet autre procède toujours de la même façon : il fait la conquête d'une femme qu'il invite à trois reprises chez lui, et quand survient la troisième fois, que la confiance règne, il lui propose de l'attacher, nue, sur son lit avec des liens en satin, cela dans le plus grand respect de sa personne et de sa réponse qui peut être négative, mais l'est rarement en fait. Résultat de conditionnements familiaux dans l'enfance, ce comportement lui procure une excitation majeure qui se clôt dans des larmes.
Celui-là exprime à son interlocuteur muet une vision tout à fait existentielle du viol, qu'il condamne vivement, mais qui constitue à ses yeux une expérience qui permet d'en savoir plus sur soi, d'élargir sa vision des possibles, de donner du sens à des concepts comme celui de situation dramatique (le viol) ou de déshumanisation de l'être (comme l'enfermement en camp de concentration). Prétextes ?
Autre thème, le sujet dépressif, assez longue nouvelle, raconte l'interminable plainte d'une femme, qui a dû avoir une dure enfance de pensionnat en pensionnat, ses parents étant divorcés et en guerre pour la prise en charge du coût de soins orthodontiques. Elle manifeste une terrible dépendance vis à vis d'une part de sa psychothérapeute qui la soutient tant bien que mal, mais qui l'abandonne en passant de vie à trépas (suicide, pense le “sujet dépressif“ - qui n'a pas d'autre nom), d'autre part des amies vivant à l'autre bout du pays, qu'elle a connues dans les internats et qu'elle sollicite régulièrement par téléphone à toute heure pour placer ses jérémiades et qui constituent ce qu'elle appelle son “Échafaudage émotionnel“. L'auteur met là un soin particulier et méticuleux à relater le cheminement de cette thérapie, introduisant distance et ironie au sein d'une forte dose d'empathie et de perspicacité psychologique.
On ne peut passer sous silence une des dernières nouvelles, modèle de haine, de mépris, de dégoût d'un vieil homme mourant à l'égard de son fils, en particulier quand il était nourrisson, avec toutes ses sécrétions physiologiques, son asthme, son impétigo, ses attitudes égocentriques de “grand malade“. Quelle force dans l'acrimonie et la détestation !
Histoires expérimentales, surréalistes, fantastiques, ces nouvelles constituent un ensemble inégal, hétérogène, et ne se lisent pas toutes avec facilité ou plaisir, certaines même avec agacement, mais elles se révèlent symptomatiques d'un monde désorienté qui a perdu ses repères, d'une angoisse existentielle masquée par des attitudes péremptoires, d'une violence plus ou moins patente, et en même temps de la pensée quelque peu chaotique, mais sincère, morale, exigeante d'un auteur hors-normes.
Lien : https://lireecrireediter.ove..
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Un recueil de textes aussi étonnants que le titre . A travers une variété stupéfiante de formes narratives (Entretiens fictifs, fable mythologique, article d'encyclopédie , monologue intérieur, anticipation ,scénario …) Wallace nous fait pénétrer le labyrinthe mental d'esprits tordus et torturés .Tout y passe , la famille , les enfants ,le sexe … et au cours de cette plongée dans les profondeurs voilà que se révèle la vérité ultime : c'est de nous qu'il parle , c'est un miroir sardonique qu'il nous tend . C'est très très fort !
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L'écriture de DFW a ceci de très particulier, peut-être unique à ce point, d'être si élastique. du plus ramassé, difficile à déchiffrer, à une faconde inépuisable qui file à l'accumulation, pousse et déplie des idées qui ne mènent à rien, si ce n'est un chaos insondable. Des idées d'hommes hideux, viscéralement construites par la normalité, l'inquiétude, la bêtise ou le fantasme etc… le pessimisme sous-jacent de Wallace forme la force motrice de cet assemblage qui a un caractère très névralgique. L'oeuvre est très pensée, mais n'atteint peut-être pas une forme aussi énergique et vivante que « L'Infinie Comédie »
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Une succession de réflexions assez poussées sur différents sujets (certains intéressants) sous forme de nouvelles.
Une approche très intelligente et surtout sarcastique voire drôle.
Mais pour certaines nouvelles la lecture est assez difficile et indigeste pour moi, avec des phrases à rallonge.
Peut-être qu'une seconde lecture "plus lente" s'impose pour en apprécier toutes les qualités que l'auteur a voulu transcrire par ses styles très particuliers.
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