Le petit livre de la vie

Il n'y a pas un seul moment de votre vie ou vous n'avez pas le choix, jamais. En fait, vous avez créé les circonstances de votre vie, y compris cet espace que vous appelez je n’ai pas le choix. Mais vous avez le choix. Et chaque choix que vous effectuez, chaque décision que vous prenez, chaque pensée que vous avez, chaque mot que vous prononcez, est une annonce et une déclaration de ce que vous croyez être et de ce que vous choisissez d’être. Tout acte, est un acte d’autodéfinition.

Quand je parle de transparence dans les relations, je pense souvent au fait de dire la vérité, car c’est ce qu'implique la transparence. Et effectivement, j'ai pris conscience qu’il y a cinq niveaux ou degrés différents auxquels ont peut dire la vérité.

Le premier, c’est quand on se dit la vérité à soi-même, à son propre sujet. Ça a été un sacré défi pour moi, car je me suis menti à moi-même durant de nombreuses années. Il est difficile d'envisager qu'on puisse se mentir à soi-même, littéralement, mais c’est pourtant facile, et je l’ai fait pendant longtemps.

Le second niveau d'expression de la vérité consiste à se dire la vérité sur autrui. Et là aussi, je me suis menti pendant de nombreuses années. Par exemple, je me suis dit durant des années que j'étais amoureux de la personne avec qui j'étais. Chaque fois que je me disais que je ne l’étais pas, ou que je m’autorisais à l’imaginer, « Si ça se trouve, je ne suis plus amoureux d'elle », une voix dans ma tête disait, « Ne sois pas idiot, bien sûr que tu l’aimes ». Car c'était ce que j'étais censé penser. Voilà comment les choses étaient censées être dans mon cas. Alors, je me suis longtemps menti à ce sujet, jusqu’au jour où je me suis dit la vérité à propos de cette personne. Je ne l’ai même pas dit à haute voix, je me le suis juste murmuré à moi-même, ce qui représentait un sacré obstacle à surmonter pour moi.

Le troisième niveau, c’est quand je dis la vérité à mon sujet à quelqu'un d’autre, comme je le fais en ce moment même avec vous.

Le quatrième niveau, c’est quand je dis la vérité au sujet de quelqu'un d’autre à cette personne-là : ma vérité, bien sûr, pas la vérité. La vérité, objectivement parlant, n'existe pas. Mais j’exprime ma vérité, ma conviction intime au sujet d’une personne, à cette personne-là.

Enfin, le cinquième niveau, c’est quand on peut dire la vérité à tout le monde, à n'importe quel propos. Et si vous parvenez à franchir ces cinq niveaux, vous avez gravi cinq échelons vers le Paradis, car le Paradis [pause] c’est de ne plus avoir à mentir.

Une grande part de mon insatisfaction actuelle tient au fait que je n’obtiens pas ce que je veux de cette relation. Du coup, ce que vous avez dit — ne pas attendre quoi que ce soit d'une relation et ne s'intéresser qu’à ce qu'on peut y apporter — est une graine précieuse avec laquelle je peux repartir ce matin. J'entends bien ce que vous dites. L'expérience de l’amour fait en partie défaut dans notre relation. Au niveau essentiel, un amour profond est cependant présent. Quand nous nous y abandonnons, il nous arrive fréquemment de sortir de notre identité humaine, d’être totalement l’un avec l’autre, et j'ai alors le sentiment qu'on est descendu du ring. On est comme les deux boxeurs qui tombent dans les bras l’un de l’autre, sitôt que la cloche retentit. Alors, nous connaissons un instant d'amour, car nous nous aimons profondément. Je suis son égale et il est mon égal. Du coup, nous sommes aussi égaux dans cette lutte de pouvoir, et c’est épuisant. Quand on n’est plus dans la lutte, on reconnaît le partenariat, l'amour, et le lien transcendant qui nous unissent. Mais dans la vie quotidienne, nous nous faisons beaucoup de mal.