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Voilà un texte d'une beauté abyssale qui relate l'horreur et l'effroi du chaos syrien sous le régime de Bachar el-Assad. C'est à un vieux poète syrien, Mahmoud Elmachi, qu'Antoine Wauters donne la parole, dans ce roman écrit en vers libres. Parce que face à cette dictature et les menaces qui submergent le pays de Mahmoud, il n'y a bien que ses vers qui soient encore libres. Souvent, le poète s'isole et vient plonger dans le lac artificiel el-Assad, qui a englouti son village natal. Armé de son masque et de son tuba, Mahmoud plonge et redonne vie à ce lieu plongé dans le silence et l'oubli. Sous l'eau, il y a la mémoire d'un pays qui sombre. Et celle d'un poète vieillissant. Intrinsèquement liées, les souvenirs refont surface à mesure que Mahmoud arpente les vestiges de sa vie d'avant. Avant les exactions, avant la dictature, avant Daesh. Avant que tout ne devienne plus qu'un champ de ruines. La vie de Mahmoud et celle d'un pays tout entier.

Véritable bijou de littérature, ce roman au lyrisme saisissant dénonce avec brio les dérives d'un régime dictatorial. Véritable message de paix, cet ex-voto contre la guerre porte aux nues la liberté et l'humanité. Brillant et nécessaire !
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Entre onirisme et abjecte réalité,
Le lecteur apprend, s'il l'ignorait,
la tragédie d'une Syrie retournée,
violée, bouleversée.
Les populations y sont déplacées,
bombardées, torturées,
subissant un destin aussi liquide et froid qu'un village englouti
dans l'eau sombre d'un lac.
Cette « stymphalisation » chère à Bachelard
voile le soleil de l'espoir
sous la surface impitoyable des eaux sombres.
Mahmoud plonge dans cette mare tenebrum,
cette eau mortuaire dans laquelle il tente de retrouver un temps
perdu à jamais.
Un temps qui s'est irrémédiablement liquéfié.
Eau mais matière pourtant de son désespoir.
Celle qui a aimé Mahmoud est là dans les limbes du vent et regarde s'éteindre de douleur et de peine son aimé.

Un roman d'une terrifiante beauté, d'une pénétrante et lancinante douleur qui nous renvoie à l'impuissance des doux
face aux crocs fous des fauves.
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Mahmoud ou la montée des eaux est avant tout un cri lancé contre le régime des Hafez, contre un régime qui oppresse, qui emprisonne et qui torture son peuple.
Le livre d'Antoine Wauters se lit comme un long poème de par sa construction. La lecture est comme « chantée » car écrite en vers libres.
Au début, cela peut surprendre, puis rapidement, on s'y fait et le format n'est plus si étrange bien au contraire, il est apprécié car en phase avec notre narrateur.
L'histoire, c'est une longue, très longue complainte. Celle de Mahmoud qui a vu son village et l'ensemble de ses souvenirs anéantis par la construction d'un barrage et, par conséquent, l'engloutissement de son village. Pour y puiser ses souvenirs, il plonge, muni d'un masque et d'un tuba, à la recherche d'une existence disparue à tout jamais.
Mahmoud est un professeur renommé et réputé en Syrie. Connu pour ses poèmes qu'il écrit pour son épouse Sarah et ses enfants. Mais aussi, et ça peut surprendre, sa première épouse Leila et leur fille morte peu après sa naissance.
Mahmoud raconte ses trois années de torture dans les prisons du régime. Torturé pour avoir louangé, dans ses poèmes, la liberté.
L'arrivée de Bachar ne change pas la nature tyrannique du régime fondé par son père Hafez bien au contraire. Ce jeune et timide ophtalmologue ayant étudié à Londres plonge littéralement le pays dans le chaos.
Bref, le roman d'Antoine Wauters est bien écrit. On voit que l'auteur a cherché à placer les bons mots ce qui en rend la lecture fort agréable. L'histoire est émouvante car déchirante.

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Mahmoud, vieux poète solitaire, vit auprès du lac el-Assad, créé par la construction du barrage Tabqa. le lac a englouti le village de ses parents.
Seul sur sa barque ou en plongée avec masque et tuba, il se souvient de son passé : ses parents et leur maison engloutie, Leila sa première épouse morte à la naissance d'une petite fille morte-né, Sarah sa deuxième épouse assassinée, ses fils et sa fille partis rejoindre les manifestations pacifiques du "Printemps arabe", ses trois années de prison pour ses écrits, le voyage à Paris avec Sarah...
Il évoque la guerre civile syrienne, la terreur et l'horreur du régime des El-Assad, le père Hafez, le fils cadet Bachar, le grand échalas ophtalmologue.

Surprise par la forme du récit j'ai eu quelques difficultés dans les premières pages, puis trouvant un bon rythme de lecture j'ai pu profiter pleinement de ce très beau texte.
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Encore une fois, le prix du livre Inter m'a incitée à découvrir un superbe roman en vers libre, celui d'Antoine Wauters avec Mahmoud ou la montée des eaux, sur la Syrie actuelle, le chaos dans lequel le pays est plongé, la vieillesse lorsqu'on n'est plus que tout seul, l'écriture qui aide à vivre et tant d'autres choses.

Sur le lac Assad, placé sur l'Euphrate au nord de la Syrie, Mahmoud Elmachi, le vieux poète, efface sa solitude en convoquant les souvenirs de sa femme, Sarah, l'amoureuse de la poésie, et de ses trois enfants, Salim, Brahim et leur fille Nazafé. Comme un retour aux sources, il plonge pour se baigner dans son passé.

A la fois, l'intime le berce et l'enveloppe : Il revoit Leïla, son premier amour, avant que le village de son enfance soit enseveli par le barrage. Ce dernier représente les rêves de grandeur de Hafez El-Assad, père de l'ex-ophtalmologue timide et réservé, Bachar El-Assad, devenu tyran sanguinaire pour la planète.

Ainsi, dans sa barque, seul sur son lac, Mahmoud permet à Antoine Wauters de décliner toute l'histoire de la Syrie, du berceau de l'humanité aux terroristes de Daech, en passant par le totalitarisme du pouvoir actuel. Mahmoud était professeur avant d'être emprisonné et torturé moralement et physiquement.

Immersion dans l'horreur, dans le chagrin et la solitude où les mots sont des armes pour ne pas oublier et sombrer, pour continuer à célébrer la vie dans ce qu'elle a de plus magnifique, comme un tendre amour, une complicité d'échanges, l'enfance de ses enfants, la paix de son pays.

Professeur de lettres, écrivain connu aussi à l'étranger, Mahmoud Elmachi incarne à lui tout seul la résistance d'un peuple, l'absence de soumission, la volonté d'être libre, même à en mourir, même à finir seul. Ainsi, sa révolte résonne fortement avec l'actualité, encore un an après sa publication.

Certes, Mahmoud ou la montée des eaux est à lui seul un formidable objet littéraire. Mais, convoquer la poésie pour exprimer la violence, la douleur et la solitude sans jamais employer les mots qui leur sont attribués habituellement est une vraie gageure. Cette prose poétique, ou ces vers libres, suscite émotion, bouleverse et déstabilise rendant évident un tel assemblage libre, Antoine Wauters prouve sa maîtrise littéraire mais surtout son humanisme et son parti-pris pour ceux, aliénés, oubliés, refoulés ou autres, qui affirment leur amour de la liberté, jusqu'au bout, jusqu'à la fin, et même jusqu'à la mort. Oh, que je l'ai aimé !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Je n'ai pas réussi à entrer dans ce roman en vers libres dont les critiques sont pourtant enthousiastes. 3 parutions élogieuses de Jean Birnbaum dans le Monde. Wauters est sans aucun doute très doué et s'il était syrien, je n'aurais pas ressenti cette désagréable impression d'appropriation culturelle. Je crois que je deviens de plus en plus allergique à la littérature faite avec le malheur des autres. Je préfère relire les Lettres à Taranta-Babu de Nazim Hikmet.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Seul sur sa barque, le vieil Elmachi s'apprête à plonger, 
à s'enfoncer dans les profondeurs de l'eau froide pour revoir son passé, englouti au fond du lac.
Un lac artificiel né de la construction du barrage syrien.
Tout autour du vieillard, c'est le chaos.
La guerre qui brise des vies, le sang qui coule encore et encore.
Au fond de l'eau, il revoit la maison de son enfance, le sourire de sa mère et le vieux dattier où l'on faisait la sieste.
Mahmoud Elmachi déroule peu à peu le fil de son existence.
Sa femme Sarah qui aimait tant la poésie russe, son premier amour, 
ses trois années de prison qui l'ont profondément meurtri
et ses enfants partis se battre à leur tour, l'incertitude de les revoir un jour en vie.
Les mots sont ses seules armes pour résister. 
Mais désormais, il n'espère plus rien, il est dévasté.
Il a presque tout perdu et il ne lui reste que sa douleur.
Dans ce magnifique roman en vers libres, Antoine Wauters raconte la Syrie d'aujourd'hui, 
Bachar, la dictature et la barbarie des hommes.
À travers la voix du vieil homme, l'auteur belge dépeint l'indicible, les souffrances de tout un peuple, les désillusions,
mais aussi la nostalgie des temps heureux, les promesses parties en fumée, la soif de liberté.
Des vers empreints d'humanité.
Un texte fort, poignant, d'une grande beauté.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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« Mes poèmes ne sont pas des poèmes.
Ce sont des vers remplis de peur,
et de rage et de peine. »

Mahmoud Elmachi est maintenant âgé. Il a pris l'habitude depuis plusieurs années de plonger dans le lac artificiel el-Assad. Sous les eaux, englouti après la construction du barrage de Tabqa, le village dans lequel il a grandi. Les souvenirs de ces instants perdus à jamais et qui semblent comme figés dans les profondeurs du lac, sont poignants et évoqués avec beaucoup de délicatesse.

« En bas, plus bas, à cette profondeur que je ne peux pas
atteindre, je crois voir la porte défoncée, le tonneau à
pluie, les rideaux bleus de la maison et, derrière, derrière les
rideaux et les carreaux brisés, maman qui me sourit en me
faisant signe de la rejoindre, papa à ses côtés. »

Poète, Mahmoud a été emprisonné, torturé pendant plusieurs années à cause de ses écrits. Il en est revenu brisé et il a fallu toute la patience et l'amour des siens pour le soutenir.
Depuis la guerre, la violence, les exactions ont de nouveau frappé sa Syrie natale et ont brisé sa famille. Les espoirs nés du Printemps Arabe sont maintenant loin et la répression qui a suivi a emporté ses enfants Salim, Brahim et Nazifé.
On sent toute la solitude, le chagrin de cet homme qui a tout perdu et qui ne peut que vivre dans la nostalgie d'un passé définitivement disparu.

« Toute ma vie, j'ai écrit parce que je souffrais de voir
se briser ce pays : celui des rêveries de l'enfant. »

Un récit pudique, très sensible mais dont parfois la forme entièrement en vers libres prend un peu trop le pas sur le fond.
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C'est donc ça, la poésie ?
Des phrases courtes. Des adjectifs précautionneusement choisis. Évoquer la lumière bien sûr. Aussi, les états de l'eau. Employer le mot pute. Evoquer Messi (sans le e). Prouver ainsi qu'on est poète, certes, mais que l'on n'ignore pas le réel. Poète mais aussi philosophe comme Bernard-Henri
Ne pas hésiter à se répéter.
Importante la scansion si l'on veut l'attention.
Surtout, penser à aller à la ligne.
Parfois…
Mais ne pas non plus en abuser.
Encore que.
Choisir un destin tragique.
Dans un pays martyr : la Syrie.
C'est pas le Pérou, la Syrie !
D'ailleurs, le Pérou, ce n'est pas non plus Byzance !
Et Byzance, parlez-en aux Macédoniens !
Les Mahmoud de la vraie vie m'attristent, m'émeuvent…
Pas le gondolier du lac El-Assad.
Sans doute trop d'images en tête, sans doute trop de récits, sans doute le souvenir trop prégnant de l'Odyssée d'Hakim « Je verrai toujours de la merde, même dans le bleu de la mer ».
Et depuis quand sont ajoutés à la poésie des notes en fin de volume comme dans un Mémo Bac ? « A l'école de la poésie, on n'apprend pas, on se bat ! »
Le bandeau et la quatrième de couverture, Télérama, France Inter, Delphine de Vigan… auraient dû m'inciter à davantage de méfiance, ça sentait l'attrape-bobo, cette affaire. « Comment, vous n'avez pas aimé Mahmoud ou la montée des eaux ? » Je risque d'être gentiment snobé à mon prochain dîner mondain…Heureusement que je vis à la campagne.
« Je suis venu, calme orphelin, Riche de mes seuls yeux tranquilles, Vers les hommes des grandes villes : Ils ne m'ont pas trouvé malin. »
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Mahmoud, un vieil homme vogue dans sa barque sur le lac El-Assad, né du barrage de Tabqa érigé en 1973 à l'initiative d'Hafez El-Assad sur l'Euphrate.
Il s'immerge à la fois dans l'eau du lac et dans son passé au travers d' un long poème en vers libre d'une grande beauté, suscitant l'adhésion immédiate du lecteur dès les premières pages.
Il égrène des souvenirs qui nous font découvrir une vie passée chargée d'amour pour Sarah et ses enfants, mais aussi des épisodes plus sombres issus des exactions du dictateur syrien Bachar El-Assad qui lui ont valu trois de prison et de torture.
La douceur, la tendresse et la délicatesse de ce roman poétique porté par une splendide écriture simple en font une oeuvre à découvrir avec gourmandise.
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