Citations sur Sourire 58 (13)
L’Expo invente le pays du sourire – pour la Belgique, l’Exposition constitue une chance unique de se présenter sous son meilleur jour au monde entier. Il faut donc transformer le pays en royaume du sourire. Le baron François Vaxelaire, directeur de l’accueil et du protocole, est au cœur de cette vaste opération de relations publiques. L’Expo invente même un nouveau métier, celui d’hôtesse au sol. Il faut recruter des jeunes femmes qui incarneront l’Expo, deviendront des ambassadrices de leur pays et arboreront ce qui entrera dans la légende comme le fameux Sourire 58. On compte pas moins de 3.000 candidatures pour seulement 280 heureuses élues. Du site de l’Expo aux aéroports, aux gares ou aux bureaux de promotion, ces femmes deviendront le symbole de l’Exposition et aucun écart de conduite ne sera toléré. Une discipline de fer, un tricorne, un uniforme garance et un sourire en béton qui contribueront en grande partie au succès de l’Expo.
364 mètres de circonférences, 116 mètres de diamètre et 30 mètres de haut. Des dimensions comparables au Colisée de Rome. Le pavillon des USA reflète l’arrogance d’une nation qui prétend gouverner le monde. Les Américains exposent les merveilles de leur société : urbanisme, moyens de communication, utilisation pacifique de l’énergie atomique. Sans oublier, un cinéma révolutionnaire de 360 degrés. Je vous ai réunis pour vous tenir informés de l’avancement de nos affaires. Notre plan se déroule exactement comme prévu et je suis heureux de vous confirmer que nous serons prêts pour le jour J. Mais il est essentiel que chacun d’entre vous conserve sa place et son rôle. Il en va de la réussite de notre entreprise et de l’avenir du monde. N’oubliez jamais que l’expo est au cœur du monde.
Pendant quatre mois, nous fûmes astreintes à une formation accélérée. Nous avons assisté à des conférences données par des journalistes, des professeurs d’université et des architectes de jardins. La culture générale passait aussi par des visites d’usines et de musées. Notre formation concerna bien sûr notre apparence. Des esthéticiennes vinrent nous prodiguer de précieux conseils de maquillage et de coiffure. Nous suivîmes aussi des cours de maintien, afin de nous apprendre à marcher avec élégance. Sur 3.000 candidatures, 280 hôtesses furent finalement retenues. Par chance, Monique et moi en faisions partie. Avec l’honneur de porter les uniformes, veste rouge garance, chemisier blanc, jupe et tricorne bleu marine. Frappés de la prestigieuse étoile de l’expo.
Il vous fallait une petite cruche pour lui faire avaler n’importe quoi. Quoi de plus naïf qu’une hôtesse ?
Depuis l’Exposition Universelle de Londres en 1851, la fièvre des expos s’est propagée à travers le continent. Le succès est tel qu’il suscite des convoitises. Toutes les nations rivalisent d’audace et de faste pour impressionner les visiteurs. Les expositions deviennent de formidables moyens de propagande politique, des accélérateurs de recherches scientifiques et même des lieux de rencontres diplomatiques. La jeune Belgique n’échappe pas à la règle et en organise plusieurs, plus ou moins ambitieuses : Anvers en 1885 et en 1894, Bruxelles en 1897, Liège en 1905 ou encore Gand en 1913. Mais la plus spectaculaire reste celle de 1935 sur le site du Heysel qui est notamment à l’origine du célèbre Palais 5 aux accents Arts Déco. Elle accueille vingt millions de visiteurs et jette les derniers feux de la Belgique libre avant la période sombre de la Deuxième Guerre Mondiale. Le conflit met la tradition entre parenthèses et l’Exposition Universelle de Rome qu’avait rêvée Mussolini pour 1942 ne sera jamais concrétisée, même si elle a laissé son nom et de nombreux bâtiments à l’EUR (pour Espozione Universale Roma) un quartier moderne de la capitale italienne. Dès le lendemain de la guerre, le gouvernement belge manifeste sa volonté d’organiser une nouvelle et ambitieuse exposition. En 1951, Baudouin devient le jeune roi des Belges et la Belgique peut officiellement lancer les bases de sa future Expo qui devra ouvrir ses portes en 1955, à l’occasion des 125 ans du royaume.
Je suis déçue, Kathleen, vraiment très déçue. Parmi les leçons que nous vous avons données, nous vous avons appris à vous tenir sur vos gardes, et à adopter les règles de sécurité. Quelle image avez-vous donné à madame Cordy ! Je vais néanmoins vous donner une nouvelle chance, mais je vous préviens : je ne tolèrerai pas un nouveau faux-pas.
Jamais je ne m’étais sentie aussi humiliée ! Madame Devriendt me traitait à présent comme une ennemie. Je quittais le pavillon du Congo et je me mis à déambuler dans cette expo que je n’avais encore jamais vue comme une visiteuse. Autour de moi, les gens s’amusaient, et moi je ne savais pas si je devais pleurer ou me mettre en colère. Tant d’injustice à mon égard, c’était insupportable. J’étais si fière d’être une hôtesse et voilà qu’on m’empêchait de faire mon travail, seulement à cause de soupçons absurdes.
Kathleen, j’ai placé beaucoup d’espoir en vous. J’attends un comportement impeccable ! Aujourd’hui, votre rôle est simple, je vous demande d’être un joli pot de fleurs, sans plus ! Répondez aux questions que vous poserons les invités à la réception et surtout, abstenez-vous de quitter la pièce de l’exposition. Et j’espère que vous avez potassé les informations sur le Christ décalé de l’artiste tchèque Svoboda. C’est le clou de l’exposition.
Que tous ceux qui auront visité l’exposition de Bruxelles rentrent dans leur pays, convaincus qu’un nouvel humanisme se prépare par-dessus les civilisations anciennes. Sans rien détruire d’ailleurs des valeurs accumulées par celles-ci au cours des siècles, et ensuite qu’ils soient convaincus aussi que cet humanisme ne s’accomplira que dans la concorde. – Extrait du discours de Baudouin premier, pour l’inauguration de l’exposition universelle de 1958.
L’Expo 58, c’est aussi un look. Une identité qui n’appartient qu’à elle et qui surprend encore aujourd’hui par son extrême cohérence. Dès le lancement du projet, de nombreux graphistes se prennent au jeu. Richez, Mafur, De Roeck ou D’Hooge rivalisent de créativité pour incarner la manifestation. C’est Lucien de Roeck qui remporte le concours en concevant la célèbre étoile à cinq branches qui incarne les cinq continents et s’orne en son cœur de l’hôtel de ville de Bruxelles. Un ancrage dans la modernité universelle qui ne renie pas le passé national, c’est tout l’esprit de cette Expo dont le style s’est imposé comme le plus emblématique de l’époque. L’élégance règne en maîtresse absolue et les designers conçoivent des formes audacieuses. Les aspirateurs prennent des airs de voitures qui sont carénées comme de véritables vaisseaux spatiaux. Grace Kelly incarne parfaitement le style au féminin et l’Atomium s’impose au cœur de cette révolution des formes Côte d’Or va jusqu’à lancer un Dessert 58 au praliné irrésistible qui entre dans la légende ! Aujourd’hui, les historiens de l’art et du stylisme n’hésitent plus à parler de Style Atome en référence au mythique monument.