Ce court extrait de “
L'Enracinement”, dernier ouvrage de la philosophe française
Simone Weil, disparue en 1943, analyse l'équilibre entre la sécurité et le risque, polarité nécessaire à une société humaniste et démocratique.
Simone Weil fut spécialiste de la “condition ouvrière” et praticienne iconoclaste de sa matière, loin des chaires de philosophie, dans l'usine avec les militants et ouvriers.
“La peur ou la terreur, comme états d'âme durables, sont des poisons presque mortels, que la cause en soit la possibilité du chômage, ou la répression policière.”
La Sécurité, Weil l'oppose à la peur qui, comme état permanent, ne peut être admissible. Si les romains laissent un fouet en évidence dans le vestibule pour entretenir cette peur nécessaire chez leurs esclaves, les égyptiens eux se targuaient lors du jugement dernier de n'avoir causé de peur à personne.
L'absence totale de risque est paralysante, elle provoque un ennui, une aboulie maladive, oblomoviste.
Le risque est utile lorsqu'il est réel, lorsque la peur a une cause, la philosophe note déjà les dangers de ce qu'on pourrait appeler la dépression résultant d'“une angoisse diffuse sans risques précis”. Vivre en société demande du courage, et c'est le risque qui forge et travaille le courage car il commande “une réaction réfléchie c'est-à-dire qu'il ne dépasse pas les ressources de l'âme au point de l'écraser sous la peur”.
Ces quelques pages constituent une introduction plus qu'alléchante à l'oeuvre d'une philosophe peu connue et sont d'une actualité bien comprise par la Collection Tract.
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