AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de petitchap


Fin du XIXe, les Martiens déboulent sur Terre, tout près de Londres. Ces êtres intelligents et supérieurs ont une étrange apparence et se déplacent dans des machines complexes et dangereuses. Les humains tentent de se défendre avant même d'avoir été attaqués, mais les canons les plus perfectionnés sont très peu de chose face à ces êtres supérieurs qui brûlent tout ce qui se trouve à proximité, y compris les humains. La désolation s'abat sur les terres et dans les esprits ; les humains sont réduits au stade d'animal inférieur. Ils sont alors contraints de fuir et de se cacher.

Le roman, écrit à la première personne, est un genre d'article journalistique. le narrateur, qui dit être une sorte de philosophe de l'époque « antémartienne » (sur le modèle de « antédiluvien »), relate les évènements après qu'ils se soient produits. Il essaie d'être le plus précis et le plus objectif possible, et il apostrophe régulièrement le lecteur. Ce livre est assez typique, dans sa structure, des bouquins de la fin du XIXe : les phrases sont plutôt longues et bien construites ; le vocabulaire, sans être savant ou trop ardu, est assez soutenu ; les événements n'arrivent jamais de façon soudaine, ils sont toujours amenés par de – plus ou moins – longues descriptions. le rythme du récit est donc plutôt lent, et je dois avouer m'être ennuyée de temps en temps…

Wells, dont j'ai appris qu'il était un scientifique, a distillé pas mal d'informations sur les connaissances de l'époque en matière de sciences et de biologie ; il s'est même permis de « s'auto-citer » à propos d'un article scientifique qu'il a écrit avant de publier La Guerre des mondes.

L'air de rien, il fait également passer, via son narrateur, pas mal de questions de morale : quelle est la légitimité de l'Homme sur Terre et quelle est sa légitimité face à la « tyrannie » qu'il inflige aux animaux ? Est-il réellement un être supérieur ? Un être supérieur à qui, à quoi ? Ce qu'il fait est-il bon ? Quel est (et où est) son avenir ? Parce que voilà, l'Homme est traité comme une fourmi ou une abeille. Les martiens sont des êtres supérieurs qui n'essaient même pas d'établir un contact avec les « autochtones ». Ils veulent s'installer sur Terre, pour une raison qui nous est bien évidemment inconnue, ils « nettoient » donc la planète. Ils ne s'embarrassent pas de la vie de ces êtres étranges qui s'agitent. D'ailleurs, à l'image de la paix royale qu'on fout à une ruche qui ne nous embête pas, les martiens ne tirent que sur les groupes d'hommes qui s'affolent. Il y a fort à parier que ces extra-terrestres se seraient accommodé des humains si ceux-ci avaient su se tenir à l'écart, s'ils avaient su se faire discrets comme peuvent l'être pour eux les insectes. Mais l'Homme se croit supérieur à tout être vivant, et sa nature est belliqueuse…

Tout ça semble peut être ennuyeux, mais le bouquin est vraiment bon. Évidemment, sans les longues descriptions et les passages qui m'ont semblé sans intérêt, l'histoire aurait pu être racontée en 150 pages, mais qu'importe. J'ai bien aimé cette lecture, ce récit de science-fiction bien ancré dans le réel de la fin du XIXe siècle dans les alentours de Londres. J'ai aimé que les Martiens ne soient pas de « petits homme verts » ; j'ai également beaucoup aimé le passage durant lequel le narrateur est prisonnier des ruines d'une maison, j'ai retrouvé certaines similitudes – toutes proportions gardées, hein – des questionnements et des attitudes de Robinson dans Vendredi ou les limbes du pacifique de Michel Tournier.

H.G. Wells a tout simplement donné naissance à un genre littéraire : la science-fiction. Et uniquement pour ça, ce bouquin mérite d'être lu.
Lien : http://www.petitchap.com/les..
Commenter  J’apprécie          130



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}