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EAN : 9782960180404
Now Future éditions (15/10/2016)
4.4/5   5 notes
Résumé :
Brisé de chagrin, dérouté par la mort soudaine de son épouse Véronique Pirotton dans la chambre qu’il occupait avec elle dans un hôtel d’Ostende, le député Bernard Wesphael est inculpé de meurtre avec préméditation. C’était le 31 octobre 2013 à 23 h 05.

« Assassin » ! Le mot l’écrase et le paralyse. Incarcéré le soir même, il est accablé au point d’oublier de faire valoir son statut de parlementaire. Pour justifier l’emprisonnement, le Parquet invoqu... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

En dépit du titre, il ne s'agit nullement d'un thriller, mais hélas pour ceux concernés, d'une histoire véridique et en même temps d'une tragédie noire.

Le 31 octobre 2013 à l'hôtel Mondo d'Ostende est découvert le corps de Véronique Pirotton, 42 ans, et l'épouse d'un homme politique connu en Belgique et l'auteur de cet ouvrage, Bernard Wesphael, 55 ans... qui est de surcroît pratiquement tout de suite arrêté.

Je signale tout de suite qu'entretemps Bernard Wesphael a déjà été acquitté 2 fois : le 6 octobre 2016 par la cour d'assises du Hainaut à Mons et le 8 mai 2018 par le tribunal de première instance de Liège. Mais attention, après qu'au départ tout paraissait l'accabler, qu'il a été acquitté faute de preuves et que la famille Pirotton continue à l'accuser et ne semble pas désarmer pour autant. Surtout le fils de Véronique, Victor, et son père Konstantinos Tzernias, ainsi que sa soeur Nadine Pirotton. Un nouvel appel juridique n'est donc pas à exclure a fortiori.

Le 5 avril 2018 un autre bouquin est sorti sur l'affaire et qui défend la thèse des Pirotton, écrit par un enseignant de la région liégeoise, Vincent Demonty, "Malgré le doute : comment est morte Véronique Pirotton ?" Un ouvrage qui a évidemment scandalisé sérieusement Bernard Wesphael, qui l'a qualifié à la télé "d'ignominie" (le 1er avril 2018), mais également sa fille Saphia de 25 ans, qui est offusquée qu'une partie du bouquin est écrite à la première personne du singulier, soi-disant par Véronique ! Avant même son père, elle s'est posé la question : "Comment faut-il réagir quand la liberté d'expression devient diffamation ?" (le 21 mars 2018).

Un mot sur la structure un peu particulière de "Assassin". Cet ouvrage compte 236 pages et commence par une préface de son meilleur ami Jean Thiel, un politicien d'Ecolo, actif à Seraing tout proche de Liège ; une lettre ouverte de Saphia Wesphael ; les 4 chapitres développés par Bernard Wesphael - 1) En route vers l'enfer, 2) Accusation et défense, 3) Tourments, 4) Hommage à mes amies et amis ; et se termine par une intéressante postface du juriste et chroniqueur judiciaire réputé Jan Nolf. L'ouvrage est illustré de quelques photos et d'un dessin de la main du célèbre caricaturiste Pierre Kroll, dédié aimablement "À Bernard".

Lorsque Bernard Wesphael est informé par la juge d'instruction de Bruges, Christine Pottiez, qu'il est arrêté pour meurtre avec préméditation, "Tous les ciels du monde et de l'enfer s'effondrent sur ma tête..." (page 37). Avec ce verdict son sort est cependant scellé pour 10 longs mois, jusqu'à sa libération, le 26 août 2014.

Je rappelle que Bernard Wesphael, né à Waremme/Borgworm en 1958, est cofondateur du parti politique Ecolo en 1980, un des premiers partis verts du monde. À ce titre, il a été élu député en 1999 et a été réélu en 2004 et 2009. En 2012, il quitte Ecolo et lance le "Mouvement de Gauche", qu'il quitte à son tour 2 ans plus tard. En 2017, il crée le "Mouvement pour la démocratie et la citoyenneté" MDC. Il a expliqué ses vues politiques dans son ouvrage "Changez tout" de 2012.

L'auteur s'est d'abord marié avec une femme d'origine bulgare, Acia Ianeva, qui lui a donné sa très belle fille Saphia, en 1993, ensuite il y a eu une brève liaison avec Eunice Couthon de qui il a eu en 2005 un fils Femy et en août 2012 il a épousé Véronique. Selon un filet, paru dans le journal LaMeuse en mars 2018, il se serait remarié avec une infirmière flamande ?

Pour Bernard Wesphael cela est allé de travers quasiment depuis le début : le Parquet de Bruges qui a omis d'enquêter à décharge et l'acharnement inadmissible d'une certaine presse. À titre d'exemple, en janvier 2018, le tribunal de première instance de Liège a condamné la journaliste Christine Calmeau de RTL-TVI à une amende de 1500 euros de dédommagement à Bernard et 500 euros à Saphia. "En ne communiquant même pas le verdict d'acquittement, Mme Calmeau a commis une faute que n'aurait pas commise un journaliste normalement diligent et prudent", énonce le jugement de façon lapidaire.  Une bien modeste amende par rapport au mal causé. Car comme il le formule avec pertinence "tout fait farine au moulin". Dans son livre l'auteur donne d'ailleurs quelques exemples du manque incroyable d'impartialité de cette "journaliste" dont il ne mentionne pourtant même pas le nom.

Le personnage qui me paraît le plus odieux dans cette saga effroyable et funeste est sans doute le dénommé Oswald de Cock, psychologue de profession et manipulateur par jeu, qui avait vécu pendant trois ans et demi ensemble avec Véronique, une liaison qui a été reprise en octobre 2012, 3 mois après son mariage avec Bernard. C'est un coup de fil de lui à elle à l'hôtel Mondo d'Ostende, le 31 octobre 2013, qui a, en quelque sorte déclenché la phase finale : les excès d'alcool (son taux d'alcoolémie était de 2,99 g/l de sang), d'anxiolytiques, tels le citalopram et lormétazépam, si ce cocktail était voulu, comme une énième tentative de suicide ou qu'elle a voulu attirer l'attention sur son état, on ne le saura jamais avec certitude.

Puis il y a les restes d'un sachet en plastique trouvés près de la tête de Véronique dans la salle de bain de la chambre 602 de l'hôtel Mondo et la découverte du best-seller de Delphine de Vigan "Rien ne s'oppose à la nuit" de 2011 qu'elle venait de lire et dans lequel, à la page 137 un jeune homme se donne la mort à l'aide d'un sachet en plastique. Sur sa table de nuit traînait, en outre, le roman autobiographique de Goliarda Sapienza "Le fil d'une vie : Lettre ouverte, le fil de midi" dans lequel la grande écrivaine sicilienne note : "Chaque personne a droit à son propre secret et à sa propre mort". Coïncidences ?

Il faut dire que Véronique trimbalait un lourd passé : un père incurablement alcoolique et une mère effacée ; éduquée à partir de ses 2 mois par ses grands-parents, des gens simples ; pendant 4 ans abusée par un enseignant contre qui elle a fini par déposer une plainte, mais à un moment où il y avait prescription, puis les manigances de ce "pervers narcissique" de de Cock ! Bernard a essayé en vain de la convaincre, pendant leurs 18 mois de vie commune, de suivre un traitement de longue durée dans un établissement spécialisé pour venir à bout de ses abus d'alcools et de psychotropes. La police de Liège a, en plus, tout un dossier de ses nombreuses tentatives de suicide : avec sa voiture contre un arbre, contre un panneau de signalisation, retrait de permis, etc.

Dans ce contexte, il est totalement incompréhensible que la juge de Bruges précitée ait refusé de faire enquêter sur la piste médicale et toxique de la victime, malgré les insistances de son mari, ce qui lui a valu 298 jours de détention préventive. Pas étonnant que l'ancien député ait attaqué l'État belge en justice et qu'il réclame un dédommagement financier.

Comme j'ai fait une critique de l'ouvrage de Jan Nolf "La force de la justice", fin du mois dernier, j'ai décidé de ne pas commenter sa postface de 36 pages, bien qu'elle soit extrêmement instructive en ce qui concerne les réformes souhaitables de l'appareil judiciaire.

J'ai passé une grande partie de la nuit dernière à lire cet ouvrage de Bernard Wesphael et à vérifier maintes données sur le net et je dois dire que je ne le regrette très certainement pas. C'est le récit d'une tragédie reconstituée avec un soin extrême et un souci légitime de justice.
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Instructif sur l'état de la justice et la situation dans les prisons.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
De ses yeux taillés en amande
Ni gris ni verts, ni gris ni verts
Comme à Ostende et comme partout
Quand sur la ville tombe la pluie
Et qu'on se demande si c'est utile
Et puis surtout si ça vaut le coup
Si ça vaut le coup de vivre sa vie.

Jean-Roger Caussimon
Chanté par Léo Ferré

(page 11).
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