AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,88

sur 30 notes
5
6 avis
4
4 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Bon sang, j'ai joué les hétéros sur la réserve pour pouvoir être NDN, et ici je joue les Blancs pour pouvoir être queer."

Allons droit au but. Jonny Appleseed est un livre extraordinaire. Au début de ma lecture, pourtant, j'ai été décontenancée par la langue. Mais ce fut finalement pour mieux me retrouver happée par la mélodie et les mots de Joshua Whitehead, traduits par Arianne Des Rochers.

Jonny est NDN (pour indien, indian), Oji-Cri, bispirituel et queer. Il a quitté la réserve de Péguis depuis deux ans pour Winnipeg, où il est travailleur du cybersexe. Roger, son beau-père, vient de mourir d'une cirrhose du foie et il décide de rentrer sur la réserve pour assister à ses funérailles - mais surtout pour soutenir sa mère.

Ce livre, c'est Jonny qui se raconte, depuis l'enfance jusqu'à aujourd'hui. Sa première Nation de Péguis. Les siens. Sa kokum (grand-mère), une femme minuscule qui contenait en elle la puissance d'un béhémoth, sa mère, alcoolique, pas vraiment stable mais très aimante, son meilleur ami Tias qui est aussi son amant, la petite amie de Tias, Jordan.

Jonny Appleseed est un livre cru, baigné d'alcool, de sang et de larmes et très cash sexuellement, mais ce qui est vraiment marquant c'est la lumière que dégage cette histoire. L'amour sous toutes ses formes. Tous les personnages sont racontés avec une puissante empathie,  leurs failles, leurs traumatismes, leurs errances, mais aussi, et surtout, leurs espoirs et leur attachement.

Jonny est honnête, courageux, princesse pailletée autoproclamée - et tellement touchant. J'ai terminé le livre bouleversée. Jonny Appleseed est une lecture marquante, qu'il faut oser.

"C'est drôle comment, dans la bouche d'un NDN, "je t'aime" sonne plutôt comme "je souffre avec toi".
Commenter  J’apprécie          150
Mots du passé qui se réconfortent au présent, ailes déployées de ce passé tournées vers aujourd'hui, ce chemin d'où l'on vient, ce sentier mille fois marché, parfois même piétiné, sinon rebiffé. D'une plume qui virevolte ça et là, habile mais tranchante, légère mais singlante, crue et imagée, fraîchement écrit que ce « Jonny Appleseed », c'est d'une main agile que Joshua Whitehead jongle avec ces sujets biscornus que sont le deuil, la violence, l'abandon. L'ivresse, la maladie, l'identité. Comme premier livre lu de l'année 20/20, je dois dire que la barre est bien mise, déjà bien élevée ! Et comme Joshua Whitehead le dit si bien lui-même, Jonny, qui les yeux tournés vers Winnipeg, qui aurait tout aussi bien pu être Montréal, Vancouver ou Toronto, remplit le ventre d'histoires, l'esprit de souvenirs, l'âme d'amour. À oser, à découvrir !
Commenter  J’apprécie          70
Dès les premières pages, j'ai su que ce livre et moi, on était fait pour s'entendre.
D'abord pour l'histoire : celle d'un jeune qui traîne une sacrée douleur avec lui. Jonny vit de son corps à Winnipeg ; alors qu'il se prépare pour rentrer à la réserve qui l'a vu grandir, son enfance remonte.
Une enfance entourée d'amour et de violence ; une enfance déboussolée par ses « deux esprits ». Parce que Jonny est homme et aussi femme, il reste un écorché.

Ensuite pour le langage. le propos est un cri - un cri d'amour - à vif. La forme est directe, honnête, parfois triviale.
Et puis elle est traduite de l'anglais vers le québécois. Comme une langue familière et parfois inconnue, cafie d'expressions qu'il me faut deviner. Même si un glossaire pour les francophones n'aurait pas été inutile, ce fut pour moi le plaisir ultime.
Bref, coup de coeur pour ce roman cash, sensible, splendide.
Commenter  J’apprécie          40

Je continue mon exploration de la littérature des Premières Nations et ce roman a une aura singulière. Une aura émouvante qui m'a entrainée aux côtés d'un héros, cela serait mal de dire non-conformiste, un héros lumineux et transcendant.
Jonny a grandi dans la réserve. Auprès de sa kokum (grand-mère), une femme extraordinaire et attachante. Jonny est ce petit garçon particulier qui découvre très tôt qu'il aime les hommes, il aimera plus tard, en grandissant, devenir une femme. La réserve est un endroit malsain où cette particularité irrite au plus haut point. Les sarcasmes, les moqueries sont ouvertement balancés. Jonny s'épanouit malgré tout et devient cet homme/femme assumé qui va s'extraire, un peu, de son monde. Il quitte la réserve et s'installe en ville. Pour survivre, manger, boire de l'alcool, pour s'amuser, pour fumer, il devient un travailleur du cybersexe. le décès de son beau-père déclenche ce quelque chose d'improbable. Telle une « madeleine de Proust », les souvenirs de son enfance, de son adolescence, de sa kokum, de sa mère, de ses amis, surgissent tel un flot parfois mélancolique, joyeux, tendre.


Jonny se définit comme un NDN (indien) bi-spirituel. Un terme moderne au sein d'une nation qui par son anéantissement prend la mesure de la singularité.


C'est un roman dont il m'est difficile de mettre les mots. Un roman qui est à la fois déchirant et merveilleux. Un roman dont sa force tire du passé et du présent, à la conjecture de deux mondes qui s'entrechoquent encore aujourd'hui mais où les perdant son désignés. Il y a cette notion de hargne, de s'affranchir et de s'autoproclamer. Il y a cette notion de temps qui fuit et qui retient, un préjudice qu'ils acceptent. Une lecture qui va au-delà des aprioris, qui va bien, bien, au-delà de l'identité, qui va au-delà de toute beauté, de toute laideur, un roman tout simplement magnifique.


Un roman qui puisse sa force inaltérable dans cet instant T et dans ces instants du passé. Un roman tournait, malgré toute cette douleur, vers le futur insufflant cet espoir véritable.


Joshua Whitehead retient le lecteur en captivité, s'épanchant avec malice et surprise sur sa vie polychrome.


Un roman bluffant et sans filtre !
Lien : https://lesmisschocolatinebo..
Commenter  J’apprécie          30
L'histoire d'un jeune autochtone bispirituel, travailleur du cybersexe et habitant Winnipeg, qui doit retourner dans la réserve de Peguis retrouver sa famille pour les funérailles de son beau-père. Au fil des jours qui passent en amassant de l'argent pour son transport, Jonny nous raconte sa vie, mais aussi celle de sa kokum, de sa mère, de ses ami·es.

À la fin du roman, l'auteur nous rappelle ou nous apprend que « la langue nehiyawewin n'est pas genrée, c'est-à-dire qu'elle ne comprend pas les concepts de féminin et de masculin », que cette langue a plutôt des « concepts d'animé et d'inanimé, qui comprennent toutes nos relations ». Il ajoute : « Nous sommes redevables à ces relations auxquelles nous sommes lié.e.s, qu'elles soient non humaines, inanimées, ou radicalement queers, femme, bottom, souffrantes, brisées. Il nous faut placer les plus vulnérables au centre et pour une fois c'est exactement ce que je fais : ici, les femmes et les bispirituel.le.s autochtones sont au centre du récit. J'exige de nos relations qu'elles nous soient redevables en retour, pour une fois. ». Avec ce premier roman, je crois que l'auteur a rempli sa mission. 🙏
Commenter  J’apprécie          20
Magnifique livre médecine, Jonny Appleseed c'est la médecine qui quelque part permet à son auteur de nourrir et de vivre sa bispiritualité. Homme/femme rejeté par sa communauté mais aimé d'un amour fou par sa mère et sa grand mère-kokum-Jonny vit grâce au cybersexe, la mort de son beau père le ramènera dans sa communauté, c'est l'occasion pour Jonny/Joshua de se raconter. Poétique, émouvant ce livre m'a bouleversé, j'ai adoré l'utilisation de mots NDN pour la véracité du propos et l'obligation qu'elle nous fait de rechercher leur significations. Superbe !
Commenter  J’apprécie          20

Autres livres de Joshua Whitehead (1) Voir plus

Lecteurs (66) Voir plus



Quiz Voir plus

Les indiens d'Amérique du Nord

Publié pour la première fois en 1970 aux États-Unis, ce livre de Dee Brown retrace les étapes de la Conquête de l'Ouest et les massacres des indiens entre 1860 et 1890 :

Enterre mon corps Wounded Knee
Enterre mon cœur à Wounded Knee
Enterre mon âme à Wounded Knee
Enterre mon esprit à Wounded Knee
Enterre mon scalp à Wounded Knee

10 questions
190 lecteurs ont répondu
Thèmes : conquete de l'ouest , far-west , western , ute , navajos , Nez Percé (Indiens) , comanche , Apache (Indiens) , Cheyennes (Indiens) , Sioux (Indiens) , indiens d'amérique , littérature américaineCréer un quiz sur ce livre

{* *}