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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je ne serai pas allée vers ce livre s'il ne faisait pas parti du Prix du roman Ovillois.
Ce livre va nous faire voyager du Pérou à l'Espagne en passant par la France.
Gabriela Wiener, vit en Espagne avec un journaliste péruvien et une espagnole. Elle va devoir retourner au Pérou, son père étant mourant. Malheureusement, elle arrivera trop tard. Celui-ci lui a laissé un livre que son arrière arrière grand-père Charles Wiener a écrit.
Charles Wiener est parti exploré la civilisation inca, où il fera des recherches archéologiques et ramènera en Europe pleins d'objets dont certains seront exposés au Musée du Quai Branly à Paris.
Est-elle une descendante de Charles Wiener ?
Gabriela Wiener partira en quête de ses origines. Quel secret familial va-t-elle découvrir ?
Dans ce livre, l'autrice nous parlera de sa vie personnelle, de polyamour, de secret de famille, de violence, de racisme et de recherche d'identité.
Une lecture agréable.
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Vu de France, comment ce roman autobiographique sera reçu ? Moi même, je me suis questionnée sur ma légitimité à chroniquer ce livre. Certes, j'aime la littérature sud-américaine, mais les problématiques évoquées par l'autrice me sont presque totalement inconnues.

Il commence en France, pourtant, au musée du quai Branly. Il n'est pas vu du point de vue d'un visiteur français, voire occidental, il est vu par l'autrice : ce qui lui saute aux yeux n'est pas ce qui nous saute aux yeux. Elle y voit l'absence de classement, de réelles explications quand à ce qui est exposé. Elle y voit surtout le pillage de civilisations, la sienne n'en étant qu'une parmi d'autres, son histoire, celle de son peuple, écrite par d'autres. Et ce ne sera pas le seul moment dans ce texte où l'on verra des occidentaux, détenteurs de savoir universitaire, récrire son histoire, voire même douter de son histoire.

En effet, Gabriela Wiener est la descendante d'un authentique pillard, ou plutôt un authentique explorateur, qui a eu un enfant au Pérou, avant de rentrer tranquillement en Europe, où il tâcha d'obtenir toute la reconnaissance auquel il pensait avoir droit. Ce qui est intéressant dans la vie de Charles Wiener est ce qu'il n'a pas fait, mais aussi ce dont les chercheurs actuels se sont désintéressés. Ainsi, Wiener a emmené un enfant péruvien en Europe – et ce qu'il est devenu n'intéresse pas grand monde, si ce n'est Gabriela Wiener.

Ce récit est déroutant, bouillonnant, foisonnant. Gabriela ne nous cache rien de sa vie personnelle, elle qui est polyamoureuse, qui montre la difficulté à être acceptée par la famille de sa compagne, non parce qu'elle est une femme, mais parce que dans le système de pensée de certains espagnols, une péruvienne ne peut qu'être une domestique. le format a beau être court, l'autrice montre que chaque sujet abordé a été pensé, réfléchi, même si certains peuvent, je me répète, nous dérouter, nous forcer à nous questionner nous-même sur des sujets que l'on ne pensait pas aborder.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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"Nous ne cessons jamais de chercher ce que nous avons été pour commencer à être ce dont nous rêvons."
Cette phrase extraite d'un texte que Gabriela lit à sa troisième séance de décolonisation du désir résume, me semble-t-il, le propos principal d'une longue tirade existentielle, fiévreuse, crue, qui m'a donné le tournis.
L'auteure saute allégrement de l'Espagne au Pérou, du 19ème siècle à aujourd'hui, du polyamour assumé au féminisme décomplexé, du racisme au questionnement sur la lignée . Je fus souvent perdu, m'échinant à tirer un fil fuyant dans ces élucubrations hétéroclites.
Je ne me suis senti à l'aise avec cette écriture volcanique que dans la critique d'un suprémacisme abject, qui parque des êtres curieux dans des zoos humains, champ d'éclosion d'un racisme scientifique.
Ce livre scintillant n'était pas pour moi; je laisse à d'autres, moins pudibonds notamment, le soin de lui tresser des lauriers qu'il mérite. Métailié, spécialiste de la littérature latino-américaine publie un premier roman absolument singulier. L'enthousiasme de l'éditeur est manifeste, au point d'assurer un large service de presse à l'attention des babelpotes, comme en témoigne les critiques postées avant moi.
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Dans le très brillant Tu quitteras la terre, l'auteur péruvien Renato Cisneros enquêtait sur la généalogie de sa famille, y dénichant quelques secrets bien cachés. de la même nationalité, Gabriela Wiener s'interroge à son tour, dans Portrait huaco, sur son présumé ancêtre, explorateur européen dont le passage au Pérou s'est soldé par des exhumations d'objets Incas (pillages serait un terme plus approprié) qui composent désormais la collection Wiener au musée parisien du quai Branly, mais aussi par une descendance. Et voici Gabriela Wiener, écrivaine et journaliste installée en Espagne, qui remonte le temps et essaie d'en savoir plus sur cet aïeul revendiqué par sa famille même si un doute demeure. Mais cette quête n'est pas le seul sujet de Portrait huaco, plus proche d'une autofiction que d'un roman, car l'autrice y évoque sa vie polyamoureuse, plus ou moins bancale, et aussi la figure de son père, qui menait une double existence. L'intérêt du livre est assez inégal, parfaitement passionnant quand il évoque les zoos humains des expositions universelles ou encore ce racisme scientifique qui a longtemps perduré en Europe. Un peu moins captivantes sont les pages les plus intimes, souvent crues, dans lesquelles le lecteur devient un voyeur malgré lui, même si, dans un autre registre, la recherche d'identité de la narratrice parlera à chacun. Un peu décousu, Portrait huaco confirme cependant, à sa manière, la puissance et l'absence de complexes des romancières latino-américaines actuelles.

Un grand merci à NetGalley et aux excellentes éditions Métailié.


Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Bon, pour une fois je n'ai pas suffisamment bien lu le résumé de la quatrième de couverture. Et je me suis trompée de livre, cela arrive, je n'en ferai pas un drame.
J'avais cru choisir un livre qui me parlerait surtout d'art, de trésors archéologiques et de colonialisme... Cela m'aurait bien plu, mais ce n'est pas vraiment ce que l'on découvre au fil de la lecture.
Je n'avais pas envie de tout savoir des amours de la narratrice, ni davantage de celles de son père. Ce livre n'était pas pour moi, tant pis.
Reste que je l'ai trouvé peu construit et un peu brouillon. Ça part dans tous les sens sans arrêt. Vous voilà prévenus.
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Gabriela Wiener, dont on ne sait si elle nous livre là un récit ou une autofiction, visite le musée du quai Branly et la collection Wiener, cet explorateur qui a manqué de peu la découverte du Machu Picchu et dont elle est la descendante métisse.
Cette visite est l'occasion pour elle de questionner les thèmes de la filiation, de la loyauté à ses origines, du pillage colonial des biens culturels et religieux, plus largement du traitement des personnes non blanches dans le processus colonial et post-colonial.
Sa grande originalité est de partir d'elle-même, de son arbre généalogique sans cesse contesté, de sa vie amoureuse et sexuelle mouvementée, pour tenter de répondre à ces questions. Vivant en trouple avec un mari « huaco » comme elle, et une jeune femme blanche, elle expérimente en direct les effets de ses questionnements et de ses errances, sans pouvoir éviter les déchirures affectives qu'ils provoquent.

Passionnée par les thèmes explorés, j'ai cependant été décontenancée par l'extrême fluidité du propos, qui passe d'un sujet à l'autre comme dans une conversation à bâtons rompus. Cela donne un côté très vivant à ce livre, mais cela m'a parfois perdue. Il reste un des livres les plus originaux lu récemment sur ces questions ! Merci à Metaillié et NetGalley France pour cette lecture.
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J'entame cette fois ma rentrée des Editions Métailié avec le premier des quatre titres prévus à leur programme, comme chaque année, qui l'oeuvre d'une autrice péruvienne : Gabriela Wiener. Elle écrit depuis l'Espagne où elle habite désormais et trace ici un roman autobiographique ou autofictionnel, on ne sait pas vraiment. Enfin, si l'on se penche sur sa wiki biographie, et lisant les quelques lignes dévouées à sa vie privée, on dira que ce roman penche davantage sur le récit autobiographique. Néanmoins, par principe de précaution, je pars du fait qu'il s'agit d'une (auto?) fiction, a minima.


Son nom de famille, Wiener, qui est son nom de jeune fille, n'a rien de péruvien et si l'on consulte la page Wikimedia de toutes les célébrités portant le même nom, on s'apercevra qu'ils sont toute une foultitude de Wiener plus ou moins connu. Parmi eux, Charles Wiener, non pas le graveur belge, mais son homonyme, l'explorateur d'origine autrichienne naturalisé français. Tout part de cette homonymie entre cet explorateur et l'autrice, unis par un lointain lien de parenté, dont elle n'est pas forcément fière, ce qui relève de l'euphémisme. Ce n'est rien de le dire puisque dès ce chapitre liminaire, en visite au musée du Quai Branly, devant les antiquités rapinées par son aïeul, l'autrice attaque en force en révélant justement sa qualité de vulgaire pilleur d'antiquités incas. En remettant en cause la légitimité de cet homme, juif et viennois d'origine, largement salué par ses paires à l'époque, nous n'allons pas simuler la surprise quant à ce dernier point, Gabriela Wiener va entreprendre des fouilles archéologiques sur ses propres racines, elle fille de Chola, à la peau si brune.

Roman des origines, roman de l'identité, en se penchant sur la vie de cet ancêtre dont elle tient son nom, elle considère d'abord d'un point de vue historique, les interrogations sur ses qualités ethniques au sein du monde : femme, autrice, péruvienne, métisse, indigène, mais aussi hispanophone, bisexuelle, fille, mère, soeur, héritière, compagne, sud-américaine exilée dans une Espagne raciste. Sa première préoccupation, c'est d'abord de symboliquement restituer au Pérou tous les objets subtilisés par notre explorateur d'un autre temps, remettre les choses à leur place même si les musées français sont d'un autre avis. Puis de reconstituer sa filiation, et son identité actuelle.

Le bien-fondé de Charler Wiener, dans sa posture d'explorateur est dès le début remise en cause, sa place en tant qu'aïeul sera discutée pendant le long du roman, et passer au second plan. Il y a la dimension personnelle de Gabriela Wiener, et la dimension générale de cette féministe racisée, qui évoque sa condition de femme maltraitée par une société blanche et patriarcale, tout ce que représente Charles Wiener, voleur de patrimoine, et pire, voleur d'enfant. Un homme qui exerce une forme de violence, parfait représentant de cette violence coloniale encore perpétuée en Espagne comme en France, une violence patriarcale d'une société aux schémas simplistes et préremplis. On observe lentement que se libérer de cette ascendance dérangeante, l'homme a poursuivi son rôle du parfait, petit colonisateur en abandonnant femme et enfant au pays, est le but même de ce roman : un travail d'émancipation qu'elle a commencé avant d'arriver en Espagne, qu'elle a poursuivi sur ce ring de boxe, là où les Américains latins restent encore pris à partie.

L'écriture de Gabriela Wiener est fantastiquement éloquente et pittoresque, elle est celle d'une femme dont l'écriture est sa forme d'activisme, pour faire éclater les cadres, elle vit ainsi en trouple (couple +1), dans le pays colonisateur devenu pays d'adoption où sa couleur de peau la fait passer pour les boniches de service, celles dont les familles de moyenne catégorie employaient au noir. Son pays d'origine n'est pas en reste, la violence est celle que l'on subit, le vol, racisme. Comme elle l'a dit de sa propre mère, fille d'Indienne, Gabriela Wiener construit son propre mythe personnel, d'abord à travers son identité familiale, fille d'un couple mixte, puis à travers son identité personnelle, femme métissée au Pérou, femme noire en Espagne, artiste, bisexuelle, refusant de choisir entre deux amours, une femme ou un homme. C'est ce portrait huerta, de cette femme qui sait aussi user d'ironie, dépassant le racisme pur et dur, le renvoyant dans sa propre médiocrité, celle du nazisme. Si légalement les formes de racisme sont punissables, il n'empêche que toutes les lois du monde ne sauraient y mettre un terme ou un frein, l'auteure use aussi de son pouvoir – rabaissement, humiliation moquerie – pour le traiter à sa façon, le niveler à sa vulgarité, son inconsistance.

Avec le temps, je suis de plus en plus réceptive à ces ouvrages qui ont une dimension féministe, il faut dire que j'aime assez comme Gabriela Wiener tourne son homonyme en dérision, démontant minutieusement sa pseudo postérité, lui qui a oeuvré toute sa vie pour marquer l'histoire de sa personne, et finalement la mythologie ou mythomanie de ce parait parangon du sauveur blanc. La meilleure phrase qui le caractérise c'est encore celle-ci : « son plus grand mérite est de ne pas avoir trouvé Machu Pichu, mais d'avoir été à deux doigts de le faire« . C'est un récit qui opère une remise en place salutaire de mensonges qui ont été ténus lieu de vérité historiques, un peu comme ces légendes urbaines dont on parle comme des vérités avérées.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Intéressant le point de vue de Gabriela Wiener, elle a le courage de mettre en lumière à la fois le passé de son ancêtre, de son histoire. Il est plus que nécessaire d'admettre les erreurs de jugement. Ils sont le reflet d'un courant de pensée qu'il faut absolument remettre en question.

Lien : http://dubois-veronique.over..
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