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Gabriela Wiener est une journaliste et écrivaine péruvienne, installée en Espagne depuis plusieurs années. Selon l'histoire familiale, elle et les siens descendent de Charles Wiener, explorateur autrichien naturalisé français, connu pour « avoir failli » découvrir le Machu Picchu. Ce qu'il n'a pas manqué de faire, en revanche, c'est de piller (enfin, à l'époque on appelait ça « découvrir » et « fouiller ») les tombeaux incas pour en ramener des milliers d'objets en France et les présenter lors de l'Exposition universelle de Paris de 1878.
En visitant la salle du musée du Quai Branly qui abrite aujourd'hui la collection Wiener, Gabriela s'interroge sur cet ancêtre et sur ses motivations et, en observant les statuettes en céramique qui lui renvoient sa propre image, elle s'interroge sur l'ambivalence de sa propre identité en tant que descendante d'une lignée issue d'une part d'un explorateur blanc pilleur d'héritage culturel, et d'autre part d'une indigène dont on ignore tout mais dont il est certain qu'elle faisait partie d'une civilisation massacrée par le colonisateur espagnol puis dépossédée de son patrimoine par des étrangers à partir de l'indépendance du pays.
A ce noeud de questionnements se mêlent les interrogations, plus intimes, de l'auteure à propos de son « ménage à trois » et de sa relation polyamoureuse avec un mari et une amante, et ses réflexions concernant son père récemment décédée et la double vie qu'il menait avec maîtresse et autre enfant.
« Portrait huaco » me laisse un peu mitigée. Tout ce qui concerne les zoos humains, le pillage culturel, le paternalisme et le racisme de l'Europe post-coloniale envers l'Afrique et l'Amérique du Sud m'a énormément intéressée, d'autant plus qu'il n'est pas habituel de lire le point de vue d'un ressortissant de l'une de ces ex-colonies. Intéressant aussi de réaliser que ce racisme est encore très présent en Espagne (les Latino-américains y sont traités de « Sudacas », ce qui n'a rien de bienveillant). Ensuite, les réflexions de Gabriela Wiener sur le deuil et la famille ne m'ont pas plus captivée que ça. Et quant à sa sexualité (décrite parfois crûment), pardon, mais je m'en fiche, je n'avais pas envie ni prévu de lire ses ébats et débats sur le sujet. Même si je comprends bien que cela rejoint aussi les thèmes de l'identité, de la racisation et du rejet qui traversent tout le livre.
Malgré que tout cela soit un peu « fouillis », toutes ces réflexions peuvent faire écho à nos propres vies. Il faut aussi reconnaître que l'écriture est puissante, intelligente, bouillonnante, décomplexée, et que le livre pousse à envisager d'autres points de vue et à se questionner sur les thèmes qu'il aborde.

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Gabriela Wiener , péruvienne vivant à Madrid, rentre au pays pour la mort de son père. C'est l'occasion d'une introspection globale , allant jusqu'à son arrière arrière grand père Charles Wiener qui à la fin du XIX ème fut à deux doigts de découvrir le Machu Pichu mais qui réussit parfaitement à piller le Pérou afin d'offrir à la France , son pays d'accueil, des vestiges de la civilisation Incas.

J'ai mis un peu de temps à rentrer dans ce récit, qui mélange le passé à travers cet aïeul qui symbolise à lui seul la main basse faite par l'occident sur le reste du monde et le présent narrant la vie la narratrice , ses doutes , sa vie privée pas banale.

La marque de la colonisation , le racisme latent sont montrés crument mais fort efficacement et les péripéties sexuelles de Gabriella , qui n'apportent certes rien au débat sur le colonialisme, insulte un souffle puissant au récit et permettent de faire vivre "l'émancipation" d'une personne émigrée de façon intense.

On n'est pas sur un roman, plus sur une réflexion coup de poing sur le colonialisme, la liberté, les origines.
L'Europe , notamment celles des expositions universelles , en ressort fort logiquement abimée.
Une belle découverte
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« Nous ne cessons jamais de chercher ce que nous avons été pour commencer à être ce dont nous rêvons. »

Au-delà de sa quête personnelle de filiation Gabriela Wiener, d'une écriture mordante servie par une connaissance pointue du sujet traité, exhume avec force détails l'emprise de l'Europe sur les peuples colonisés du monde en général et du Pérou en particulier dévoilant sans ambages les vols d'enfants où la mère est culpabilisée, les ignobles et réels zoos humains ainsi que les pillages des trésors archéologiques des anciennes civilisations décimées.

Son arrière-arrière-grand-père, Charles Wiener Juif autrichien, naturalisé français va se transformer du jour au lendemain en Indiana Jones sans grands égards. Il n'enverra pas moins de 4.000 objets à Paris. Lors de ses expéditions, dans la foulée, d'un coup de braguette tragique il va générer une descendance « péruvienne » dont Gabriela serait issue.
De cette recherche identitaire germe par instant un imbroglio familial digne du roman célèbre de Gabriel Garcia Marquez « Cent ans de solitude ».

Portrait huaco n'est pas un récit d'aventures mais une douloureuse aventure intérieure pour Gabriela où les traumatismes d'être une « chola », ni très blanche mais pas assez noire, « celle couleur de peau qui fait de moi une indienne en Espagne et au Pérou une couleur de porte », l'humilie et la désinhibe totalement. Sa décolonisation du désir engendre un malaise malsain parfaitement traduit : « J'ai besoin d'énormément de sexe pour oublier à quel point je m'aime peu, à quel point j'ai été peu aimée. Cette nécessité d'être consolée grâce au sexe, ça n'érotise pas en fait, ça effraie, plutôt. »

Le portrait huaco n'est qu'une statuette en céramique d'un visage humain préhispanique comme son aïeul en a tant déterré mais son effet miroir dans les yeux de Gabriela à réellement crée la panique.

C'est un roman d'une force rare, à l'ambiance rude et tendre à la fois, c'est le cri d'une femme érudite qui retentit sur l'histoire de nombreux pays qui ont vécu la contrainte et la violence de plusieurs générations de colonisateurs et de pilleurs.

Je remercie Babelio de cette découverte dans le cadre d'une masse critique et les éditions Métailié de m'avoir adressé cet ouvrage à la couverture attirante.

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Je ne serai pas allée vers ce livre s'il ne faisait pas parti du Prix du roman Ovillois.
Ce livre va nous faire voyager du Pérou à l'Espagne en passant par la France.
Gabriela Wiener, vit en Espagne avec un journaliste péruvien et une espagnole. Elle va devoir retourner au Pérou, son père étant mourant. Malheureusement, elle arrivera trop tard. Celui-ci lui a laissé un livre que son arrière arrière grand-père Charles Wiener a écrit.
Charles Wiener est parti exploré la civilisation inca, où il fera des recherches archéologiques et ramènera en Europe pleins d'objets dont certains seront exposés au Musée du Quai Branly à Paris.
Est-elle une descendante de Charles Wiener ?
Gabriela Wiener partira en quête de ses origines. Quel secret familial va-t-elle découvrir ?
Dans ce livre, l'autrice nous parlera de sa vie personnelle, de polyamour, de secret de famille, de violence, de racisme et de recherche d'identité.
Une lecture agréable.
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Portrait huaco n'est pas un roman. Gabriela Wiener est une journaliste et éditorialiste péruvienne vivant en Espagne.
Portait huaco est son premier texte. Gabriela Wiener nous livre un texte âpre, cru, voir violent. Ce texte est servi par une écriture puissante et nerveuse.
Dans le cadre de son travail, Gabriela Wiener est à Paris et va visiter le Musée du Quai Branly.
Elle est ébranlée par deux choses : d'abord par une statuette préhispanique en céramique représentant un visage indigène. Puis par le nom de la salle du Musée : Charles Wiener.
Charles Wiener qui est l'arrière- arrière grand père de l'autrice.
Charles Wiener est un explorateur du 19ème siècle qui a failli découvrir le Machu Picchu mais qui est surtout un pilleur d'objets inca .
Pour Gabriela Wiener c'est le début d'une recherche sur son passé et ce qu'elle est.
Réflexion sur le deuil, la famille, la bâtardise, le désir, le sexe.
Cette réflexion peut nous bousculer car Gabriela Wiener ne cache rien de ces addictions sexuelles, ni des différences de cultures, de race. Idem pour le colonialisme et le post colonialisme
Néanmoins il reste la force d'un texte vivant sur l'identité, sur nos filiations, nos dérives, nos vulnérabilités peut être.
Une découverte étonnante.
Merci aux Editions Métailié et à la Masse Critique de Babélio pour cet envoi
Lien : http://auxventsdesmots.fr
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" Un arrière - arrière grand-père est à peine un vestige dans la vie de quelqu'un, mais pas lorsque cet ancêtre a importé en Europe rien moins que quatre mille pièce précolombiennes " Gabriela, journaliste, écrivaine est a Paris en voyage professionnel et à cette occasion,elle découvre la collection de Charles Wiener au musée du quai Branly.

Ce dernier, cet ancêtre était un huaquero de renommée internationale du dix neuvième siècle.

" J'appelle huaqueros, sans euphémisme aucun, les pilleurs de sites archéologiques qui déterrent des biens culturels et artistiques et s'en servent pour faire du trafic, encore aujourd'hui. Il peut s'agir de grands intellectuels ou de mercenaires, ils peuvent emporter des trésors millénaires dans des musées d'Europe ou les installer dans les salons de leurs maisons coloniales à Lima. le mot huaquero vient du quechua huaca ou wak'a, c'est ainsi qu'on désigne dans les Andes les lieux sacrés qui aujourd'hui, pour la plupart, sont devenus des sites archéologiques ou de simples ruines."

A la mort de son père, Gabriela lit le livre qu'il lui a laissé, écrit par Charles Wiener. ET donc 150ans plus tard, elle se demande qui était cet homme à l'origine professeur d'allemand discret qui c'est pris pour Indiana Jones ? Celui qui s'est d'abord nommé Karl Wiener, juif autrichien ?

Tout au long de ce roman, sous une plume brut et crue nous découvrons autant cet huaquero que cette femme, Gabriela qui s'aime peu et se noie dans le sexe car c'est pour elle, sa "manière de résister, son pouvoir", ce qui d'une certaine façon remplace le manque.
#Portraithuaco #NetGalleyFrance
Lien : https://www.instagram.com/un..
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Vu de France, comment ce roman autobiographique sera reçu ? Moi même, je me suis questionnée sur ma légitimité à chroniquer ce livre. Certes, j'aime la littérature sud-américaine, mais les problématiques évoquées par l'autrice me sont presque totalement inconnues.

Il commence en France, pourtant, au musée du quai Branly. Il n'est pas vu du point de vue d'un visiteur français, voire occidental, il est vu par l'autrice : ce qui lui saute aux yeux n'est pas ce qui nous saute aux yeux. Elle y voit l'absence de classement, de réelles explications quand à ce qui est exposé. Elle y voit surtout le pillage de civilisations, la sienne n'en étant qu'une parmi d'autres, son histoire, celle de son peuple, écrite par d'autres. Et ce ne sera pas le seul moment dans ce texte où l'on verra des occidentaux, détenteurs de savoir universitaire, récrire son histoire, voire même douter de son histoire.

En effet, Gabriela Wiener est la descendante d'un authentique pillard, ou plutôt un authentique explorateur, qui a eu un enfant au Pérou, avant de rentrer tranquillement en Europe, où il tâcha d'obtenir toute la reconnaissance auquel il pensait avoir droit. Ce qui est intéressant dans la vie de Charles Wiener est ce qu'il n'a pas fait, mais aussi ce dont les chercheurs actuels se sont désintéressés. Ainsi, Wiener a emmené un enfant péruvien en Europe – et ce qu'il est devenu n'intéresse pas grand monde, si ce n'est Gabriela Wiener.

Ce récit est déroutant, bouillonnant, foisonnant. Gabriela ne nous cache rien de sa vie personnelle, elle qui est polyamoureuse, qui montre la difficulté à être acceptée par la famille de sa compagne, non parce qu'elle est une femme, mais parce que dans le système de pensée de certains espagnols, une péruvienne ne peut qu'être une domestique. le format a beau être court, l'autrice montre que chaque sujet abordé a été pensé, réfléchi, même si certains peuvent, je me répète, nous dérouter, nous forcer à nous questionner nous-même sur des sujets que l'on ne pensait pas aborder.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Gabriela Wiener, désormais madrilène, mère de famille, polyamoureuse mariée à un journaliste péruvien venu avec elle en Espagne, et à une espagnole rencontrée par la suite, doit rentrer au pays pour la mort de son père. Elle arrivera trop tard pour assister à ses derniers instants, mais découvrira qu'il lui a laissé un livre, Pérou et Bolivie, récit de voyage, rédigé par son arrière-arrière grand-père, Charles Wiener, venu "explorer" la civilisation Inca, étant à deux doigts de découvrir, selon ses dires, le Machu Picchu, mettant enceinte une jeune péruvienne avant de s'en retourner en Europe, avec moult objets, et bien plus.

Elle le connaît bien, cet ancêtre, dont elle a justement vu certaines des oeuvres qu'il a ramenées d'Amérique du Sud au quai Branly, dans un espace qui lui est dédié. Puis la mort de son père, et la lecture de cet ouvrage dans son ensemble, vont la perturber au plus haut point, la mener à de nombreux questionnements sur elle-même : ses origines, ses amours, sa vie de "chola", au Pérou, puis plus encore en Espagne.

En un bref mais intense récit autobiographique, qui entremêle de nombreuses thématiques - racisme, féminisme, genre, culture, écriture... -, l'autrice journaliste montre brillamment toute la difficulté d'être en partie descendante des colons espagnols, toute l'ambiguïté que cela sous-entend pour pouvoir accepter une double origine problématique, entre bourreau et victime, symbolisée encore aujourd'hui par l'appropriation européenne de nombreuses oeuvres de la civilisation précolombienne.

Elle dessine de fait, tout aussi brillamment, en dressant son propre portrait au fil du récit, un portrait huaco, figurine inca représentant de manière assez réaliste quelqu'un, notamment son visage, dont elle se sent, au bout du compte, de plus en plus proche, pas seulement physiquement ; et c'est aussi, plus généralement, le portrait de nombre de descendants dans la situation de Gabriela Wiener, qui tentent de se réapproprier leurs origines en les questionnant.
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"Nous ne cessons jamais de chercher ce que nous avons été pour commencer à être ce dont nous rêvons."
Cette phrase extraite d'un texte que Gabriela lit à sa troisième séance de décolonisation du désir résume, me semble-t-il, le propos principal d'une longue tirade existentielle, fiévreuse, crue, qui m'a donné le tournis.
L'auteure saute allégrement de l'Espagne au Pérou, du 19ème siècle à aujourd'hui, du polyamour assumé au féminisme décomplexé, du racisme au questionnement sur la lignée . Je fus souvent perdu, m'échinant à tirer un fil fuyant dans ces élucubrations hétéroclites.
Je ne me suis senti à l'aise avec cette écriture volcanique que dans la critique d'un suprémacisme abject, qui parque des êtres curieux dans des zoos humains, champ d'éclosion d'un racisme scientifique.
Ce livre scintillant n'était pas pour moi; je laisse à d'autres, moins pudibonds notamment, le soin de lui tresser des lauriers qu'il mérite. Métailié, spécialiste de la littérature latino-américaine publie un premier roman absolument singulier. L'enthousiasme de l'éditeur est manifeste, au point d'assurer un large service de presse à l'attention des babelpotes, comme en témoigne les critiques postées avant moi.
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Dans le très brillant Tu quitteras la terre, l'auteur péruvien Renato Cisneros enquêtait sur la généalogie de sa famille, y dénichant quelques secrets bien cachés. de la même nationalité, Gabriela Wiener s'interroge à son tour, dans Portrait huaco, sur son présumé ancêtre, explorateur européen dont le passage au Pérou s'est soldé par des exhumations d'objets Incas (pillages serait un terme plus approprié) qui composent désormais la collection Wiener au musée parisien du quai Branly, mais aussi par une descendance. Et voici Gabriela Wiener, écrivaine et journaliste installée en Espagne, qui remonte le temps et essaie d'en savoir plus sur cet aïeul revendiqué par sa famille même si un doute demeure. Mais cette quête n'est pas le seul sujet de Portrait huaco, plus proche d'une autofiction que d'un roman, car l'autrice y évoque sa vie polyamoureuse, plus ou moins bancale, et aussi la figure de son père, qui menait une double existence. L'intérêt du livre est assez inégal, parfaitement passionnant quand il évoque les zoos humains des expositions universelles ou encore ce racisme scientifique qui a longtemps perduré en Europe. Un peu moins captivantes sont les pages les plus intimes, souvent crues, dans lesquelles le lecteur devient un voyeur malgré lui, même si, dans un autre registre, la recherche d'identité de la narratrice parlera à chacun. Un peu décousu, Portrait huaco confirme cependant, à sa manière, la puissance et l'absence de complexes des romancières latino-américaines actuelles.

Un grand merci à NetGalley et aux excellentes éditions Métailié.


Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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