Un tramway nommé Désir

Il y a des auteurs que je m'en veux souvent de n'avoir pas encore abordés alors que ça fait plus de vingt-cinq ans que je sais lire. Tennessee Williams en faisait partie. Cependant, sa lecture a allégé ma conscience et je crains que ma critique entre en dissonance avec la plupart des autres ... et avec le jury du prix Pulitzer de l'époque (1947).
Que ça ait donné un bon film, je veux bien le croire, mais pour du théâtre, je trouve que c'est un peu tarte et poussif. Je passe vite fait sur les horripilantes didascalies sur le placement des comédiens. Les dialogues sont d'une platitude navrante, hormis quelques répliques de Blanche ('l'antidote, c'est le désir"), et vraiment prévisibles (j'ai eu l'impression d'être à la place du souffleur !). le personnage de Stella, qui devrait être très important, qui est le personnage qui fait le lien entre le Vieux Sud qu'elle quitte pour rejoindre la nouvelle Amérique symbolisée par son mari ouvrier et fils d'immigré polonais, ce personnage est laissé au second plan et cantonné aux pleurnichements (et "accessoirement" à recevoir des baignes !). On peut me dire que la pièce de Tennessee Williams est au-delà de toute morale, elle véhicule tous les préjugés de son époque sur la place des femmes dans le couple, sur les Noirs, sur la sexualité féminine (Blanche est qualifiée de putain de bas étage dans l'introduction !), mais pas sur l'homosexualité d'Alain, le premier époux de Blanche, présentée de manière assez neutre.
C'est un drame sans tragédie parce Stanley, le mari de Stella, alcoolique, violent et violeur, finira par faire un bon époux et un bon père pourvu qu'il puisse toujours anéantir toute menace sur ses certitudes viriles.
Bref, j'ai trouvé ce "chef d'oeuvre du théâtre américain" fade et douteux. Grosse déception.