En avoir (ou pas) !

En France, si nous croisions, écoutions, voire conversions avec Larry Winget, le jugement serait rapide et sans appel : "c'est un gros con". Je dirai même le prototype Du.
On dirait du Donald Trump.
le plus spectaculaire est qu'il assume absolument sans complexe. Certes il circonvolutionne longuement pour trouver un synonyme gentillet à "arrogant" mais il se flatte que l'on le surnomme le pitbull de sa "spécialité".

En fait, si j'ai bien traduit la description flagorneuse qu'il donne de lui à longueur de page, (ah ! Oui, j'ai oublié de préciser qu'il est d'une suffisance et d'une vantardise si absolue qu'il déclenche le rire) il ne reste qu'un p'tit bonhomme volontairement très agité, aux opinions ultra tranchées de boutiquier étroit, sans nuances, un roquet agressif , fier de ses roubignoles (il affirme sans rire qu'il faut une brouette pour les transporter et joint un grand dessin de lui poussant l'engin contenant deux énormes pastèques(*) : de l'humour yankee, j'imagine), gesticulant et éructant un peu dans le vide, je le crains.
(*) Sur la couverture de l'original il est photographié tenant les pastèques à pleines mains : encore plus "comique" !
Il précise qu'il s'habille de façon provocante (je dirais plus simplement "grotesque") et, dans un autre livre, il affirme qu'il lui faut du gros 4x4 aux chromes tapageurs et plein de dollars en liquide qui sortent de partout car telle est pour lui une vie réussie emplie de bonheur (si, si, il parle de bonheur...).
Immédiatement on imagine le personnage arrogant , m'as-tu-vu, les lunettes de soleil vissées sur la calvitie, au volant du gros 4x4 aux roues démesurées, vrombissant d'impatience dans un nuage noir, accompagné d'une pin-up analphabète de 30 ans sa cadette. Et c'est vrai que ça force le respect, qu'on a vraiment envie de ressembler à ça.
Beurk... (à part la pin-up peut-être, un ex-mannequin slovène? Aie ! je m'égare).

La présentation de l'auteur étant faite, sans complaisance excessive, je l'avoue, je suis quand même obligé de dire que, paradoxalement, j'ai pris un certain plaisir à le lire (par contre, le livre suivant où il en remet une couche est trop indigeste, voire vomitif)
Si l'on oublie les accès de bouffissure de son ego surdimensionné (ou, mieux, si l'on en sourit) Il dit des choses très sensées sur des tas de sujets. Des réflexions évidentes sur l'éducation des enfants, sur le travail en entreprise, sur l'éthique personnelle, sur les comportements moutonniers de tout un chacun et autres sujets réellement intéressants.
Ce qui est très rafraichissant est qu'il tape de bon coeur, violemment et avec enthousiasme sur le politiquement correct qui stérilise, bêtifie et déforme notre environnement. Rien que pour ça merci Larry !
Mais là où le bat blesse est que, si le début est frappé au coin du bon sens, Larry s'emballe très très vite et déraille rapidement par manque de réflexion.
Par exemple, Môssieur Winget a horreur que ses amis arrivent en retard aux repas que son épouse et lui ont passé des heures à préparer. Rien de plus normal. Par contre qu'il décide de ne plus les inviter du tout à cause de leur retard systématique me semble très excessif. En effet si les amis sont adorables, cultivés, amusants, font rire et, qualité suprême, rient de nos propres blagounettes alors il devient un peu stupide de se passer d'une telle compagnie. On fait simplement un plat qui aime être réchauffé, et pourquoi pas une raclette....

Je pense qu'il est trop brutal pour faire avancer les choses. Ses théories ont quelque chose de pétainiste (Ah le Travail, le Travail acharné et la Famille qu'est-ce qu'il nous bassine avec ça).

Au fait, question travail, qu'a réalisé monsieur Winget ?
A-t-il sauvé, par son travail acharné, des dizaines d'entreprises au bord de la faillite ? Euh.. non..
Alors, à raison d'une centaine d'heures de travail hebdomadaire il a créé une startup novatrice qui emploie maintenant mille ex-chômeurs et génère des millions de $ de chiffre d'affaire ? Euh.. non.
Alors, en travaillant comme un dingue, il a redressé les finances d'une baraque à frites à la sortie du cinéma de son quartier ? ? Euh.. non..même pas ça...
Alors ?
Ben, il fait des conférences où il parle de lui et de ses innombrables qualités. Et..?
il passe à la télé où il expose ses innombrables qualités et dit qu'il fait des conférences. Et ?
Il écrit de nombreux ouvrages à son sujet dans lesquels il dit qu'il passe à la télé et qu'il fait des conférences au sujet de ses innombrables qualités. Et ?
il fait à nouveau des conférences où il explique qu'il passe à la télé et qu'il écrit des bouquins qui parlent de... Ok ! J'ai compris.
Bref, lui qui critique fermement l'égocentrisme, qu'il nomme "autocentrisme", en a fait, en l'organisant en boucle récursive sans fin, son gagne pain. Paradoxal, non ?
Pas tant que ça, en fait, larry n'est qu'un pauvre malheureux craintif limité qui, manquant d'envergure, est obligé de dépasser les autres en cultivant tout azimut les apparences les plus tapageuses et en les écrasant de façon blessante par "amour de la vérité" pour tenter de dominer un peu tout ça malgré des moyens intellectuels limités. Je pense qu'on appelle ça de la surcompensation. Mais quelque soit le nom, ce comportement reste d'une part pitoyable et d'autre part à ne surtout pas imiter.

Malgré ces "quelques" réserves je conseille néanmoins la lecture de ses livres, ne serait que pour remettre certaines pendules à l'heure et réfléchir par soi-même en détectant à quel moment il va si loin que sa "pensée" en devient stupide.

Quant à passer ses vacances avec Larry, ça doit être une autre paire de manches !