Certains comportements (comme les addictions) sont des tentatives d'autoconservation du corps et de la psyché lorsque le sujet se sent menacé par les éprouvés de déréliction. Ils font parfois intervenir des techniques autosensuelles en organisant un repli protecteur et une sorte de traitement autocratique. Ils protègent le sujet de sa détresse, car les sensations de disparition, d'annihilation, d'éclatement, de liquéfaction ou de pertes de substances corporelles sont au coeur des éprouvés somato-psychiques de certains sujets dans l'incapacité d'être seuls.
L'absence comme la présence de l'autre semblent produire sur ces sujets et en eux une sorte d'excès toxique qu'ils ne peuvent contenir et qui les déborde. Deux types de besoin s'imposent alors ) eux : celui de la dépendance (où la solitude est exclue et celui du repli (où l'isolement est un refuge).
Le vide et le sentiment d'inexistence liés à l'incapacité d'être seul en-deçà du manque de l'autre. Manquer d'un autre, ce n'est pas nécessairement souffrir de la solitude.
Au tout début, donc, il faut être deux pour être seul et l'individu mature sait ainsi protéger son noyau de solitude sans rompre le contact ni avec lui-même, ni avec les autres. La cure psychanalytique pourrait être à ce titre le lieu des retrouvailles du sujet avec sa capacité de solitude, avec sa liberté de s'isoler sans s'enfermer.
Freud et Winnicott parlent tous les deux de l'absence de la mère, mais si chez Freud la mère est réellement absente, chez Winnicott elle est "absentée" par l'enfant, c'et-à-dire rendue absente de l'esprit de l'enfant pendant le temps où celui-ci est tourné vers sa vie personnelle en toute sécurité.
... peu de psychanalystes se sont essayés à la question de la solitude.