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J'adore Michel Winock, et je déteste François Mitterrand.... Ça, c'est dit... La biographie est bien écrite mais l'affection que l'auteur porte à "l'oeuvre de Mitterrand" est trop manifeste à mon goût, et certains éléments plus sombres de son Histoire n'apparaissent pas forcément.

En fait, ce livre met en évidence un élément fondamental pour comprendre l'oeuvre politique de Mitterrand. Il s'agit d'un homme formé par le régime parlementaire, ces "républiques de l'éloquence" où le pouvoir se conquiert grâce à la formation de coalitions dans les couloirs de l'assemblée. Tout était permis, même la "politique des boules puantes" pour avoir le pouvoir, ainsi s'explique à mon sens l'inconstance intellectuelle de Mitterrand sur l'ensemble de sa carrière. Finalement, l'oeuvre de "rassemblement de la gauche" engagée par Mitterrand et consorts dans les années 1960 et 1970, n'est que la formation d'une coalition à une autre échelle et sur une plus longue durée, en accord avec la temporalité de la Ve République. Peu importe les convictions, l'essentiel pour lui était d'avoir le pouvoir, d'où ce rattachement aux idées de gauches, de cet homme initialement de droite... Alors bien entendu, une fois au pouvoir, la constitution et le fonctionnement de la Ve République lui conviennent bien, même après avoir écrit "Le coup d'État permanent" en 1964, qui dénonçait l'action du Général de Gaulle, et faisait de lui un dictateur (pourtant son livre a pu être publié que je sache...).

Une fois le pouvoir entre les mains en 1981, le discours socialiste est oublié, et le mouvement de nationalisation de l'économie est un échec. Très vite, Mitterrand commence à parler de son "grand dessein" : l'Europe. La construction européenne, que je sache, est l'opposé même de toute construction d'une économie socialiste. Alors bon, je fais vite, mais mon but ici n'est pas de réécrire cette biographie... Je ne parlerai donc pas du délitement progressif de l'État (fondement de la démocratie à mon sens) qu'il a engagé dans tout ce processus (schegen, zone euro, tout ça entame les pouvoirs régaliens)...

Non, plus intéressant je pense, est le constat que l'on peut faire sur les répercussions sur la gauche en France jusqu'à aujourd'hui. Car l'abandon du programme socialiste (idéologiquement) initialement défendu par Mitterrand et l'ensemble des mouvements de gauche coalisés va créer la crise existentielle du Parti Socialiste d'aujourd'hui. L'absurde frappe la gauche. Mitterrand définit au début des années 1990 le nouveau projet du PS : "entretenir la solidarité sociale dans une économie libérale". Mais voilà, aujourd'hui il semble que le PS n'ait plus de raison d'être. C'est un parti coincé entre le libéralisme de leur père spirituel et le désir de "social" de leur électorat. Alors pour exister, il ne reste plus qu'à se considérer comme le dernier rempart contre le "fascisme"... Mitterrand a-t-il détruit le Parti Socialiste? Oui je le pense.

Pour finir, il faut souligner la corrélation entre le comportement de Mitterrand et le fonctionnement de la cour des rois. Il y a les grâces, les disgraciés (Bérégovoy), les mignons (Jacques Attali), le dauphin (Laurent Fabius)...

Tout ça laisse apparaître le mystère que constitue François Mitterrand pour nous. Il ne laisse pas indifférent, adoré ou honnit. Cette biographie, même très favorable, a le mérite d'inviter à la réflexion, et d'être bien écrite.
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Encore un excellent Winock!

Comme beaucoup de fils de bonne famille catholique, Mitterrand est fort proche des milieux faschistes et de l'extrême droite. Il entre dans la résistance après s'être évadé de prison et en sortie de guerre, s'appuyant sur son goupe d'anciens prisonniers, obtient très jeune un poste de ministre de l'intérieur puis de la justice.

Beau parleur et séducteur, il privilégie les petits partis ou il peut briller et s'oppose au 'despotisme' de De Gaule. Son ambition, unifier la gauche et en devenir le leader et il commence par s'allier à la force politique la plus importante, les communistes.

Danielle refusant le divorce en 58, le couple trouve un modus vivendi 'moderne'.

Mai 68 et le printemps de Prague contribuent à une nouvelle explosion de l'union de la gauche mais 1981 le consacre enfin. Son socialisme marxiste suranné du premier septennat doit évoluer vers une 'sociale démocratie' moderne et malgré cette marche arrière entre autres concernant les nationalisations, le mittérandisme de la fin du deuxième septenat commence à puer.
Mauvais bilan économique et social, poussée du chômage, révélation des scandales des écoutes téléphoniques, du Rainbow Warrior, corruption qui n'a rien à envier à ses prédécesseurs, nombreux mensonges sur son passé à Vichy, sa fille Mazarine, son état de santé.

Contrairement à un homme d'idéal tel que Clémenceau, il me semble que Mitterrand mérite plutôt une réputation d'intrigueur et de recherche du pouvoir à tout prix.
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Une excellente biographie, passionnante, ni laudative, ni à charge, dans un style travaillé, une attention portée à la qualité de l'écriture pas toujours présente chez les historiens.
François Mitterrand était on le sait, un personnage ambigu, énigmatique et complexe qui a fasciné beaucoup plus par sa personnalité que par ses idées et son action politique. Michel Winock retrace son itinéraire personnel et politique de son enfance charentaise, sa jeunesse à Paris, son passé de pétainiste avéré et de résistant incontestable, du ministre contestable qu'il fut sous la IV République (notamment en 1956 pendant la guerre d'Algérie), de son opposition à De Gaulle et à son "régime" auquel il s'est parfaitement accommodé à partir de 1981.
Sa ténacité, sa volonté d'indépendance, sa force dans l'adversité, sa capacité lorsqu'il est au fond de l'abîme à remonter à la surface, sa grande culture et son goût pour la lecture qui l'arrache à l'enfermement font partie des traits les plus séduisants voire fascinants de sa personnalité. En revanche, sa tendance à jouer de sa séduction et de son ascendant sur les autres pour manipuler, humilier, ses qualités de stratège mises au service d'un maintien au pouvoir coûte que coûte, son machiavelisme, ses compromissions, ses amitiés sulfureuses (même si la fidélité en amitié est honorable) sont beaucoup plus contestables.
Action économique plutôt négative de la gauche au pouvoir selon Michel Winock. Action plus positive dans les domaines culturels et sociétaux. Au final, en permettant l'alternance, François Mitterrand a contribué à consolider les institutions de la Vème République qu'il contestait.
J'ai préféré la première partie de la biographie, notamment la période de l'Occupation qui correspond bien à la complexité du personnage et de l'époque que nous avons bien du mal à juger aujourd'hui.
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Babelio Michel Winock François Mitterrand


Dans l'avant-propos du livre , Michel Winock précise que la biographie de Mitterrand qu'il présente n'est « ni exhaustive ni fragmentaire ». Vaste et difficile exercice que de retracer le parcours de cet homme au parcours politique long et sinueux, à la personnalité complexe et secrète.
Michel Winock expose un travail d'historien. Il retrace l'enfance de François Mitterrand, enracinée dans un terroir entre Saintonge et Guyenne, il recadre le parcours politique de ce jeune provincial d'origine bourgeoise et catholique dans l'histoire tourmentée de la France des années 1930. Michel Winock expose les épisodes controversés en s'appuyant sur les travaux récents qui éclairent les choix et orientations de François Mitterrand pendant la guerre et reprend le qualificatif de « vichysto-résistant ». Comment concilier la remise de la francisque avec l'entrée en Résistance ?
Développer l'habileté, la maîtrise et les ambiguïtés de François Mitterrand dans la vie politique des IV et Vème Républiques permet à l'auteur de resituer l'homme dans une période riche en évènements et en ruptures. Sa « conversion » au socialisme est analysée dans ses actes : son rapprochement stratégique avec les communistes, sa décision de nationaliser les grands groupes industriels et bancaires après 1981… Il présente les limites de l'homme politique : François Mitterrand ne fut pas un visionnaire , ses prises de position sur la décolonisation, l'écroulement du monde communiste … l'attestent. Farouche opposant à la Constitution de la Vème République, il excella dans son application à son profit après son élection à la Présidence.
Michel Winock évoque l'homme privé, sa double vie , l'homme cultivé et lettré, son charme et ses talents oratoires…, sa parfaite connaissance des arcanes politiques et ses talents de « tacticien talentueux » …
L'épilogue de l'ouvrage permet à Michel Winock de dresser un bilan nuancé et intéressant de cette longue carrière. le style et le sens de la synthèse contribuent à la réussite de l'ouvrage.


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François Mitterrand, le maître de l'ambiguïté en politique. Michel winock nous livre ici une biographie fouillée de l'ancien président de la République...vie publique et vie privée sont passées au crible...Au final, une analyse très fine . Je ne peux que recommander la lecture de ce livre autant aux amateurs qu'aux détracteurs de Mitterrand...
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Intéressante biographie de Mitterrand, assez impartiale, décrivant très bien le personnage ambigu qui a le mieux réussi à tromper la France et les français. La narration de sa jeunesse et des rares choix qu'il a été contraint de réaliser est particulièrement révélatrice de la dimension incontestable du personnage même si on ne l'aime pas. Il a malheureusement été le dernier homme d'état français et il le savait bien. Un livre sur la conquête à tout prix du pouvoir et sur la volonté admirable de le garder jusqu'au bout.
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"Un portrait biographique, en allant au principal sans se perdre dans l'accessoire, tout en restant fidèle à la chronologie". C'est ainsi que résume l'auteur quand il parle de cet ouvrage remarquable sur un homme qui l'était tout autant. Même pour ceux qui n'ont pas aimé François Mitterrand, il est pourtant devenu le leader irremplaçable de la gauche mais également une figure emblématique de notre pays. Entre distance et empathie, l'auteur nous raconte cet homme-sphinx, sa puissance de séduction, ses faiblesses, mais également sa grandeur en tant qu'homme d"état.
Un ouvrage indispensable.
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Cette biographie arrive à cerner avec honnêteté les mille figures d'un homme ambitieux ,opportuniste, machiavélique, mais aussi cultivé et charmeur, fidèle à ses amis même ceux dont le passé est douteux , stratège à l'ironie mordante, " homme de pouvoir qui a su le conquérir et le conserver".
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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Un livre intéressant de la part d'un éminent historien. Peut-être un peu trop éminent car j'attendais beaucoup de ce livre que j'ai lu (hélas pour lui) après le de Gaulle de Julian Jackson..La comparaison est un peu cruelle car dans un cas on a une biographie exceptionnelle, très fouillée, ample qui ne laisse pas grand chose dans l'ombre et dans l'autre, celle de Winock, on a une sorte d'assai historique, intéressant mais qui paraît bien court compte tenu de la richesse du sujet.
Un livre donc stimulant, par moment passionnant, mais qui m'a toutefois laissé sur ma faim...
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Comme c'est étrange ...Rien dans cette étrange biographie sur le génocide du Rwanda....800 000 morts passés par perte et profits par l étrange hagiographie... Rien sur l'étrange attentat contre l'ami Habyarimana le 6 avril 1994....Certes quelques lignes sur l'étrange suicide de de Grossouvre le lendemain 7 avril 1994....Rien sur la Cellule Afrique de l'Elysée, tenue un temps par Papamadit... Quelle étrange façon de faire de l'(H)istoire...
Pour un centenaire de la naissance du Grand François, Winock donne un étrange reflet du culte officiel célébré par le petit François... Comme c'est étrange !
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