Un classique. Décliné en pièce de théâtre (puis en roman), la pièce a inspiré plusieurs cinéastes. Et même une autrice de littérature populaire américaine (Women's barack).
On suit Manuela von Meinhardis d'une enfance heureuse avec sa mère et son frère, à son entrée (à la suite d'un malentendu...) dans un pensionnat à la rigueur toute "prussienne". (Ce fait est inspiré de la vie même de
Christa Winsloe). Les adolescentes qui y sont éduquées sont des filles de militaires et de futures épouses de militaires.
Manuela, qui est la douceur incarnée, mais dotée d'une tante rigide et d'un père distrait s'adapte tant bien que mal à la vie au pensionnat, qui serait insupportable s'il n'y avait Mademoiselle von Berburg, sévère mais juste et attentive aux jeunes filles qui lui sont confiées. Elle se prend d'affection pour Manuela, l'encourage tout en la morigénant quand elle est "paresseuse" et l'aide (cfr. l'épisode de la chemise donnée pour remplacer une chemise déchirée). Manuela lui voue un véritable culte, en retour.
La professeure est vivement critiquée par sa directrice, et
jalousée par certaines de ses collègues (le "lapin" von Kesten), jusqu'au moment où le couperet tombera.
Après le scandale de l'aveu de l'amour de Manuela pour son professeur (après une pièce de théâtre de collège, le triomphe de Manuela et un lunch où elle boit trop d'un punch meurtrier), Manuela est isolée de ses compagnes, enfermée à l'infirmerie, et Mlle von Berburg sera priée d'aller enseigner ailleurs. Dévastée par la séparation qui s'annonce, Manuela se suicide... et Élisabeth v.Berburg reste seule, auprès de la dépouille de la jeune fille.
Affaire tragique. La dernière version au cinéma, avec
Lili Palmer et
Romy Schneider, fait l'impasse sur l'acte, mais pas sur l'intention.
Christa Winsloe était une artiste (sculptrice) et autrice allemande. Elle vivait en France pendant la guerre avec une amie, réfugiée, et participa à des actes de résistance. Elle a eu une fin tragique, elle a été assassinée à Cluny le 10 juin 1944, pour des raisons restées nébuleuses. On ne la lit plus guère... ce roman, plutôt noir, appartient à une époque où, en littérature, des sentiments exclusifs entre femmes devaient nécessairement connaître une issue fatale. L'intérêt de cet écrivain et de son oeuvre réside certainement dans son opposition au nazisme et à la politique guerrière, quelle qu'elle fût.