Voici le récit de l'ascension sociale d'une bâtarde sous le règne de Charles II, en Angleterre.
Ambre est belle, volontaire, ambitieuse et, sans hésitation aucune, elle quitte sa famille adoptive à seize ans pour s'attacher à Bruce Carlton, cavalier empanaché et ténébreux qui revient d'exil après la restauration des Stuart sur le trône.
Hélas, Bruce n'a jamais eu l'intention d'abandonner ses projets de voyage et de fortune pour s'attacher à une jeune fille, aussi séduisante soit-elle. Il part bien vite sur les mers et abandonne sa maîtresse, enceinte, pour découvrir de nouveaux horizons. Pourvue d'un pécule et de solides conseils, mais encore trop naïve,
Ambre se laisse plumer par un mari plus retors qu'elle et échoue à la prison de New Gate pour dettes. Elle se promet alors de ne plus jamais manquer d'argent et de gravir une à une les marches qui mènent à l'aristocratie et à la cour. Par le théâtre, elle entre en galanterie, fait un détour chez les Puritains pour cacher une nouvelle grossesse, perd son vieux mari richissime et devient lady en épousant le comte de Shrewsbury. La jalousie et la perversité de son mari l'éloignent un temps de la cour, mais ce serait méconnaître le tempérament d'
Ambre que de penser qu'elle pourrait renoncer à son but. Elle jongle avec les calamités pour poursuivre son chemin. le grand incendie de Londres la débarrasse à point nommé de son époux et l'épidémie de peste lui permet de soigner avec amour Bruce Carlton. Malgré son dévouement, il la quitte à nouveau pour ses plantations de Virginie. Presque de dépit, elle sera maîtresse royale et duchesse de Ravenspur, un jeune fat lui servant d'époux complaisant. Nouvelle déception quand Bruce reviendra à Londres, accompagné cette fois de sa jeune épouse, la ravissante Corinne. Les ennemis d'
Ambre préféreront provoquer son départ pour l'Amérique en empoisonnant Corinne et donc en lui laissant la voie libre pour rejoindre son amant de toujours.
Les aventures d'
Ambre sont menées tambour battant. de rebondissement en rebondissement, le lecteur se laisse emporter par le destin de l'héroïne. Les dangers sont habilement distillés pour nous faire frémir. Mais, il ne s'agit pas ici d'un roman à l'eau de rose façon
Barbara Cartland. L'arrière-plan historique est solide : la description de la prison de New Gate fait froid dans le dos et l'épidémie de peste est dépeinte avec un réalisme glacé. Quant aux personnages,
Kathleen Winsor se garde bien d'en faire des figures monolithiques.
Ambre est généreuse, mais aussi âpre au gain, intéressée et vénale. Bruce, le parfait gentilhomme, a une idée trop haute de ses origines pour épouser une fille sans nom. Almsbury, l'ami fidèle, ne l'est pas au point de résister aux charmes d'
Ambre. La description d'une cour, avide de plaisirs, de commérages et de cabales est sans pitié. C'est une foire aux vanités qui sert de décor aux ambitions sans frein d'une femme. Elle ne possède qu'un atout bien fragile, sa beauté, et une résistance hors du commun aux mauvais coups du sort. À chaque instant,
Ambre sent que sa position sociale n'est que l'éphémère résultat du caprice des hommes.
J'ai aimé ce roman pour le personnage d'
Ambre. Elle a la grande force des héroïnes, celle de n'être ni sympathique ni antipathique, mais un personnage entier qui insuffle une formidable énergie à son existence. J'ai aussi aimé le livre pour sa dimension historique, l'Angleterre puritaine de Cromwell et la restauration des Stuart. C'est un formidable roman d'aventures au meilleur sens du terme.