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Citations sur Une histoire mondiale du communisme, tome 1 : Les bou.. (180)

(Page 125) :

"Créer l'armée, c'est créer l'Etat", dit Trotski.
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(Pages 121 et 122) :
Dans ce climat de violence généralisées, l'assassinat du tsar et de sa famille, à Ekaterinbourg, dans la nuit du 16 juillet 1918, paraît presque une péripétie. Le régicide appartient au rituel de la révolution, en tout cas les bolcheviks, tout à leur admiration du modèle français, le croient. La mort de Nicolas II, de sa femme et de leurs cinq enfants révèle cependant une différence de nature entre les Jacobins d'hier et les marxistes-léninistes. Louis XVI avait eu droit à un procès, il lui fut accordé une journée de grâce avant son exécution, sa mort fut publique.
Rien de tout cela n'a été consenti au tsar. Le meurtre s'est fait nuitamment, en catimini dans la cave d'une maison bourgeoise, par surprise, sans qu'aucune sentence ait été prononcée par une juridiction quelconque. Le pouvoir bolchevique aurait-il eu honte de son acte ? Le communiqué officiel de l'exécution, publié le 19 juillet, mentionne d'ailleurs la seule mort de Nicolas II, et précise que "la femme et le fils de Nicolas Romanov ont été placés en lieu sûr". Ce mensonge qui va perdurer pendant des années illustre le comportement ambivalent des bolcheviks face à "l'ennemi". L'assassinat du tsar est un signal fort à destination de ceux qui rêvent d'un retour en arrière possible. Dans le même temps, en prétendant avoir épargné la vie de son fils, le tsarévitch, l'héritier du trône, les meurtriers ménagent l'espoir des partisans de l'empire. Un double effet contraire. Le nouveau pouvoir inaugure là une pratique qui va se généraliser et que copieront ensuite tous les régimes communistes dans leur manière totalitaire.
(...) Ce secret renforce le pouvoir discrétionnaire de vie et de mort sur tous. Par la suite, la plupart des régimes communistes ne cacheront jamais leur intention de châtier "l'ennemi", parfois ils mettront même en scène la répression (procès), mais ils dissimuleront les moyens utilisés : exécutions et enterrement des victimes en cachette, transport de déportés en toute discrétion, familles laissées dans l'ignorance du destin des suppliciés...
Tout cela est volontaire et vise à terroriser. La violence de l'arbitraire devient totale puisque "l'ennemi" ne sait pas vraiment pourquoi il est condamné, il ignore jusqu'au sort qui lui est réservé. Privé de son destin, l'individu se trouve nié dans son être même, il n'est plus qu'une "chose" aux mains du parti-Etat tout-puissant.
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(Pages 120 et 121) :
Le socialiste-révolutionnaire de gauche Isaac Steinberg, qui fut pendant quelques mois commissaire à la Justice, avant que son parti ne soit interdit, en juillet 1918, a témoigné de ce climat de terreur qu'il a contribué à instaurer :
"(...) Si vous refusiez d'avouer ou de trahir vos proches, vous étiez soumis à la torture, grossière ou raffinée, physique ou morale. Si enfin vous ne donniez aucun prétexte aux persécutions, si vous dissimuliez "habilement" vos pensées au pouvoir, si, formellement, vous restiez insaisissable, nous faisions en sorte de vous obliger, malgré vous, à tomber dans les filets de nos provocateurs."
En mai 1918, Dzerjinski écrit une lettre à sa femme qui se trouve en Suisse, avec leur fils qu'il n'a pas revu depuis cinq ans. Il y livre quelques détails sur son travail à la tête de la Tchéka : "Je suis au front. Vie de soldat. Aucun répit. Il me faut sauver la maison Russie. Pas le temps de penser à vous, à moi-même.
(...) Je mène personnellement les interrogatoires les plus importants. Il m'est même arrivé d'exécuter moi-même les coupables. Mes mains sont pleines de sang et j'en ai horreur, mais comment faire autrement ?
Quelqu'un doit bien faire le sale travail ! Je suis sans pitié, une détermination de fer m'habite et j'irai jusqu'au bout pour extirper le mal et l'injustice du vieux monde. (...) Je ne quitte jamais mon bureau. J'y travaille et j'y dors, derrière un paravent. Mon adresse : Bolchaïa Loubianka."
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(Page 119) :
"Sans révolution violente, il est impossible de substituer l'Etat prolétarien à l'Etat bourgeois", a averti Lénine dans L'Etat et la Révolution.
Avec le communisme de guerre, la violence devient une arme mise au service de la terreur, dont l'Etat à cette époque n'a pas toujours le monopole, il est vrai.
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(Page 118) :
La Tchéka prend son véritable envol en mars 1918, après le déménagement du gouvernement à Moscou. La ville retrouve ainsi son statut de capitale, perdu au début du XVIIIe siècle, quand Pierre le Grand s'était installé à Saint-Pétersbourg. Dzerjinski et ses hommes sont logés non loin du Kremlin, dans les locaux d'une ancienne compagnie d'assurances, place de la Loubianka. Ce lieu, qui va aussi abriter une prison, symbolisera désormais cette police politique redoutée. Les Moscovites prendront l'habitude de passer au loin de ce bâtiment imposant qui va incarner à la fois la toute-puissance de la Tchéka et un lieu de souffrance tant on allait y torturer, y exécuter.
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(Page 117) :
Agents ennemis, hooligans, contre-révolutionnaires, espions allemands, tous sont promis au peloton d'exécution. La liste est complétée par les saboteurs et les parasites. La peine de mort a été abolie au début de la révolution de février, peu importe. En attendant son rétablissement officiel, en juin 1918, nombre de ces "ennemis" son passés par les armes sans autre forme de procès. "Tant que nous ne soumettrons pas les trafiquants à un régime de terreur, à l'exécution sommaire, nous n'obtiendrons rien..., ordonne Lénine à la mi-janvier. Les pilleurs doivent être également traités avec fermeté, on doit les fusiller sur place."
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(Page 117) :
Le 7 décembre [1917], il [Félix Dzerjinski] présente son programme de patron de la Tchéka devant le Sovnarkom. "Ne pensez pas que je cherche une forme de justice révolutionnaire. Nous n'avons que faire de justice ! Nous sommes à la guerre, sur le front le plus cruel, car l'ennemi s'avance masqué et c'est une lutte à mort ! Je propose, j'exige la création d'un organe qui réglera, de manière révolutionnaire, expéditive, authentiquement bolchevique, leur compte aux contre-révolutionnaires."
Le même jour, Lénine proclame : "La Tchéka est l'organe suprême de la dictature du prolétariat."
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(Page 116) :
Officiellement consacré "bras armé" du parti-Etat, la Tchéka pourra même parfois se substituer à lui et envahir l'ensemble de l'espace politique. La dictature du prolétariat de Marx qui est devenue, dans son adaptation léniniste, la dictature du parti, s'offre la possibilité de se muer dans l'exercice du pouvoir soviétique en dictature policière. Tout à la fois police politique, gardienne de prisons, gestionnaire de camps de concentration, tortionnaire, fusilleuse, exécutrice des basses oeuvres du pouvoir, la Tchéka sera au coeur du pouvoir, sur tous les fronts.
"Il faut un Fouquier-Tinville qui nous matera toute cette racaille contre-révolutionnaire", a ordonné Lénine pour qui la terreur jacobine reste la référence absolue. Le choix pour diriger la Tchéka se porte sur Félix Dzerjinski un "solide jacobin prolétarien", commente Boukharine
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(Pages 114 et 115) :
Au fond, il n'a existé de communisme que de guerre, le terme même est une tautologie.
Le communisme de guerre a besoin d'ennemis qui justifient l'état même de guerre. Il y a les ennemis extérieurs, ces puissances impérialistes qui rêvent de revanche sur l'histoire, qui refusent l'émancipation des peuples, qui jalousent le paradis socialiste, comme le croit le nouveau pouvoir bolchevique, empreint d'un complexe obsidional qui n'allait plus jamais le quitter. Il y a surtout les ennemis intérieurs, tous ceux qui veulent rétablir l'exploitation, reprendre leurs biens aux pauvres, imposer la loi des plus riches, ou tout simplement ceux qui refusent de suivre la marche de l'histoire, comme se charge de le rappeler sans cesse la propagande pour entretenir la flamme guerrière et justifier un Etat d'exception permanent. "Eux ou Nous", le monde se divise désormais en deux ; aucun pays communiste ne sortira par la suite de cet antagonisme, aucun esprit acquis au marxisme-léninisme ne pourra échapper à ce dualisme. Dès juillet 1918, la constitution soviétique inscrit dans le marbre une première liste d'ennemis en les excluant du bonheur socialiste annoncé.
(...) L'arbitraire qui accompagne la mise en place du communisme de guerre sert à instaurer un climat de peur généralisé. Il ne s'agit pas de combattre des ennemis le plus souvent imaginaires, mais de terroriser le peuple pour le domestiquer. La guerre civile permanente a commencé.
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(Page 107) :
"Nous exerçons la dictature du prolétariat, le pouvoir terroriste."
Lénine
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