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sur 1008 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cambridge, de la musique, un cercle de jeunes, beaux et bourgeois pour une ambiance vouée aux poètes disparus.

C'est alors que les tuyaux de l'orgue firent brusquement éclater un rugissement formidable et discordant. La musique s'emballa. le volume augmenta. le timbre de l'instrument changea, de grinçant il devint retentissant.[…]

La musique comme thérapie. La musique comme aliénation. Ou comment un être peut sombrer dans l'art comme dans la folie. Somptueuse mélodie que ces touches noires et blanches, l'harmonie qui s'envole et l'esprit qui s'effrite. La raison disparait dans les méandres de ces accords, comme la mousse de ma bière qui s'efface face à l'insistance de mes lèvres à plonger dedans.

Prêterait-on des vertus à cet orgue comme l'on en donne au cannabis, parce que cette musique semble guérir. Comme une puissance irrationnelle. Soigner des maux, effacer même les maux humains. Une musique illuminée comme une écoute sous hypnose ou sous LSD. Question de croyance ou de feeling. Et question musique sous LSD, j'en connais un rayon. Mais au-delà de l'orgue, au-delà des musiciens, des voix et des instruments, c'est surtout la partition accouchée sur cette feuille de papier qui donne tout le pouvoir à cette harmonique.

Cette musique-là était pleine d'énergie, furieuse et contagieuse, fiévreuse et tranchante. Elle évoquait un jaillissement d'eau, un troupeau d'animaux affolés, un formidable tumulte, un océan qui se déchire, deux grandes armées marchant l'une vers l'autre. Son jeu de pieds produisait des notes graves et voilées qui se mêlaient à la mélodie tissée par ses doigts, donnant du corps, de l'épaisseur au son. Il faisait sonner chaque note basse sans même baisser les yeux, avec des pressions légères de ses pieds nus, des mouvements talon-pointe de danseur de salon expérimenté, ajoutant des accords brusques et percutants, tout en faisant courir ses doigts sur les touches. Puis il actionna une commande et décala ses mains vers le bas d'un mouvement fluide, passant du clavier supérieur au clavier inférieur, si bien que les touches de tous les claviers suivaient le mouvement incessant de ses doigts. La musique se fait plus lourde, plus sombre. Les touches s'enfonçaient et se soulevaient toutes seules, comme si des chats invisibles couraient dessus. […]

Un roman merveilleux, première partition littéraire d'un Benjamin Wood pris en trance devant les mots et les notes. Une oeuvre magistrale entre folie et art. L'un ne se dépareille pas de l'autre, et pour devenir l'un il faut être l'autre ou vice-versa. Mais lorsque l'art est poussé à sa folie, la perception est toute différente. Elle capte l'attention, elle hypnotise, elle dérange et provoque le malaise, car en allant au bout de sa folie, la vie ne peut que sombrer dans le drame. Fraicheur et envoutement ; des notes, simples doubles avec croches, noires ou blanches, qui ont le « pouvoir » de pénétrer une âme réceptive, comme une odeur qui monte en toi, un parfum qui t'enveloppe, une bière qui t'enivre, un vent qui ondule ou une femme qui te chevauche.

Le son ne pouvait pas s'échapper ailleurs. le bâtiment n'allait certainement pas le contenir. Il allait faire voler le toit en éclats. Mais à cet instant, Iris joua un trille aigu qui trancha sur le souffle puissant de l'orgue. Sa main gauche glissa sur le manche de son violoncelle, et elle se mit à jouer des accords rapides et nerveux – un deux trois quatre, un deux trois quatre – qui trouvèrent leur propre place au milieu de la clameur croissante.
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« Personnalité narcissique : le sujet a le besoin d'être admiré, a un sens grandiose de sa propre importance, pense être spécial et unique, utilise autrui pour arriver à ses propres fins, fait preuve d'attitude et de comportements arrogants et hautains, manque totalement d'empathie ».

Vous reconnaissez-vous dans cette description ?
J'espère que non, car vous ressembleriez à Eden Bellwether, ce jeune homme très … hum, spécial, oui. Borderline, se prenant quasi pour Dieu, il utilise les autres pour montrer sa propre importance. Et il les utilise de manière dangereuse : par l'hypnose et la musique. C'est vrai qu'ils tombent tous dans le panneau !

Sa bande d'amis se réduit à 2 garçons et une fille, en plus de sa soeur Iris, amoureuse d'Oscar.
C'est par le biais d'Oscar, du moins à travers son point de vue, que le complexe d'Eden Bellwether nous sera expliqué. Oscar, le seul à ne pas être étudiant à Cambridge, le seul à venir d'une famille modeste dont les études ne constituent pas le but de la vie, c'est le moins qu'on puisse dire, le seul donc à travailler, il est aide-soignant dans une maison de repos. Oscar, le seul à cultiver une relation dénuée de toute superficialité avec deux hommes intelligents et plus âgés.

J'ai beaucoup aimé suivre les expériences flirtant avec l'irrationnel de cette bande d'amis dirigée et manipulée par Eden.
Oui, l'irrationnel…mais avant de le rejeter, n'oublions pas que « l'irrationnalité d'un phénomène n'est pas un argument contre son existence » (citation de Nietzche). Certaines expériences m'ont bluffée, et j'adhère totalement à l'idée que le mental – sous la forme de l'Espoir - agirait en souverain maitre dans les cas tragiques où la mort n'est plus que la seule issue.
Que dire alors d'Eden, celui qui orchestre cela ! Etre anormal parce que exceptionnel, être exceptionnel parce que anormal, je résume sa personnalité en trois mots : anormalement et exceptionnellement dangereux. Et Oscar n'est pas dupe, depuis le premier jour.

Ce roman provoque la réflexion, immanquablement, tout en cultivant le sentiment amoureux et l'amitié. Très bon cocktail mêlant activation des neurones et de l'émotion.
L'auteur s'est bien documenté et a le sens de la narration.
Bref, si j'ai en horreur ce complexe narcissique dans la vraie vie, je l'ai côtoyé avec grand plaisir dans ce roman.
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Eden Bellwether est un élève brillant, bien conscient de sa supériorité sur les autres. Il cultive cette intelligence auprès d'un petit groupe d'élus, dont fait partie sa soeur Iris, et avec lequel il organise des soirées où joutes verbales, concerts privés et expériences peu communes sont au rendez-vous… Passionné de musique baroque, le jeune homme est persuadé que la musique, parmi ses multiples vertus, a des pouvoirs hypnotiques, qu'il peut mettre au service de la science et de la médecine…


Oscar Lowe, aide-soignant dans une maison de retraite, va faire malgré lui l'expérience de cette étrange théorie… Envoûté par la musique qui s'échappe de la chapelle du King's College, à Cambridge, le jeune homme va assister à la représentation et ainsi rencontrer la jolie Iris dont le charme est loin de le laisser indifférent… Oscar ne s'en doute pas encore, mais il vient de tomber dans les filets d'Eden. Commence alors une lente descente aux enfers qui ne laissera personne indemne…



« le complexe d'Eden Bellwether » est un premier roman qui surprend par son habileté et sa parfaite maîtrise. Benjamin Wood nous met l'eau à la bouche dès les premières pages avec un prélude qui laisse présager le pire et instaure d'ores et déjà une tension qui n'aura de cesse de croître… Aux côtés d'Eden, l'auteur nous plonge dans une réalité autre, complètement déconnectée de la raison et où ce que l'on croyait impossible devient possible… Il ne cesse de repousser les limites de la perception, prêt à démontrer ses hypothèses par des expériences pour le moins spectaculaires. Difficile alors de démêler la vérité de la manipulation…


Toute la complexité et l'habileté du roman consiste à faire des personnages et du lecteur des jouets aux mains d'un esprit brillant et néanmoins perturbé. A travers un sujet passionnant et envoûtant, Benjamin Wood explore avec talent les frontières entre génie et folie, laissant son lecteur à la fois subjugué et horrifié ! Un premier roman haletant, voire dérangeant et néanmoins très réussi ! A découvrir !
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Avec ce roman magistral, intellectuel, brillant qu'est « le complexe d'Eden Bellwether », du nom de son personnage principal, Benjamin Wood explore les frontières parfois ténues entre brillance intellectuelle et perversion psychiatrique.

À Cambridge, en 2003, Oscar Lowe, un jeune aide-soignant féru de culture - pour combler son complexe d'avoir dû interrompre ses études -, est attiré par la musique s'échappant d'une église, et plus particulièrement par les sonorités de l'orgue. À l'issue de ce concert, il fera la connaissance d'Iris Bellwether, la soeur du jeune organiste de génie, Eden Bellwether.

La connexion entre les deux jeunes gens sera immédiate, et Oscar se fera même une place au sein du groupe d'amis d'Iris, mené par Eden. Toutefois, ce dernier ne sera jamais vraiment absent de leur couple, par l'emprise qu'il exerce sur sa jeune soeur (et sur l'ensemble de ses proches en général). En effet, doté d'une nature complexe, due à sa supériorité intellectuelle indéniable, Eden semble souffrir du trouble psychologique, revers probable de cette brillance, connu sous le nom de « personnalité narcissique ».
Convaincu que la musique, principalement baroque, peut apaiser physiquement tous les maux (et se substituer à la médecine classique) quand on sait la manier, et qu'il possède ce don, Eden se pense l'égal de Dieu en guérissant les maladies les plus graves et en écartant de ce fait la douleur, voire même la mort, sur demande.

Iris, inquiète de la manie grandissante de son frère, demande de l'aide à Oscar, qui se tourne vers Herbert Crest, le spécialiste de la personnalité narcissique, atteint d'un cancer en phase terminale. Celui-ci, afin d'observer Eden, accepte de se faire « traiter » par lui (ce sera l'occasion d'avoir de très jolies pages sur l'espoir).

Comment une obsession perverse peut-elle mener au délire le plus total et finir en meurtre ? C'est ce que « le complexe d'Eden Bellwether » va s'attacher à répondre de manière passionnante.

Ce roman n'est pas d'un abord facile, notamment par son caractère intellectuel. Placé sous l'égide des « Passions de l'âme » de Descartes, il expose de manière acrobatique des thèses philosophiques élaborées, ainsi que la question de la toute-puissance de Dieu par rapport à la médecine (et vice-versa). C'est pourquoi j'ai eu un peu de mal à entrer pleinement dans l'ouvrage durant les cent premières pages. Mais ensuite… Quel plaisir de lecture !

Le premier chapitre, tragique, annonce l'issue de l'ouvrage, tandis que le reste de l'ouvrage s'attelle à retracer la catastrophe annoncée, introduisant une tension qui ne se dément jamais et qui empêche de lâcher l'ouvrage jusqu'au dénouement.
Plusieurs niveaux de lecture peuvent être repérés : roman universitaire classique (les joutes verbales de haute volée des amis étudiants d'Iris et d'Eden Bellwether), traité psychologique sur le narcissisme, roman social (Oscar se trouve pris entre deux mondes, le rural, celui de son origine, qu'il aspire à quitter pour rejoindre celui des hautes sphères intellectuelles de Cambridge), figures paternelles déficientes (les parents d'Oscar et ceux d'Eden ne sont pas vraiment des références) et de substitution (le Dr Paulsen pour Oscar), roman d'amour plus classique (les relations Oscar-Iris et Dr Paulsen-Herbert Crest).

Bref, un roman particulièrement brillant, habile, mené d'une main de maître. Quand on pense qu'il s'agit d'un premier roman… Ce serait un crime que de le louper !
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Face aux critiques élogieuses et soyons honnêtes, attirée par l'affriolante couverture des éditions Zulma, j'ai donc succombé au charme de ce 1e roman récompensé par le prix FNAC.
Je ne regrette point du tout de m'être laissée tenter car j'ai avalé goulûment les 600 pages de ce roman aux forts accents de thriller psychologique. Bravo Benjamin Wood pour cette première tentative fort réussie !
Oscar est un jeune aide-soignant séduisant, intelligent et incompris (je vous l'accorde, cela frise le cliché) qui végète dans une maison de retraite de luxe dans la classieuse et prestigieuse ville de Cambridge. Solitaire et mystérieux (s'il était affable et sans problème ce serait triste à mourir), il est happé par le son majestueux d'un orgue et c'est tel un automate qu'il pénètre dans l'église où se tient le concert. Il tombe et sous le charme de cette musique envoûtante et sous celui d'une belle jeune fille, Iris Bellwether dont le frère n'est autre que le musicien si talentueux. Oscar fait ainsi connaissance avec ce duo fraternel très particulier, dominé par la figure d'Eden, à la personnalité charismatique et disons-le excessive et narcissique. Persuadé de pouvoir soigner grâce à la musique (le fameux complexe de Dieu), Eden s'amuse à manipuler tout son entourage via l'hypnose. Convaincu d'être incompris et au-delà du commun des mortels qui ne peut se mettre à son niveau, Eden s'enfonce dans un délire qui entraîne tout le monde dans son sillage, sa soeur en premier. Captivé par cette personnalité hors norme, Oscar va rapidement comprendre la dangerosité de cette spirale.
Les thèmes du narcissisme poussé à l‘extrême, de la folie et de la manipulation trouvent dans ce roman un terreau fertile grâce à Benjamin Wood. La fluidité de l'écriture et du style du Britannique emporte le lecteur dans une histoire à 100 à l'heure qui ne laisse aucun répit et nous abandonne KO. Captivant, ce récit est porté par la personnalité complexe d'Eden Bellwether, affligeant de suffisance et qui a déchaîné en moi une vague d'antipathie extrême. A l'inverse la personnalité fade d'Oscar fait contrepoids. La mesure et la démesure s'affrontent dans ce roman, avec au coeur de cette lutte la belle et fragile Iris.
Mon petit bémol ira sans doute pour les quelques maladresses du roman : situations parfois attendues, phrases stéréotypées et par moment personnages à la limite du cliché (notamment Oscar, beau, incompris et si doux, quel rasoir). J'ai parfois eu l'impression que Benjamin Wood n'avait pas su être à la hauteur du thème qu'il s'était choisi, comme dépassé par son intrigue. Mais cela ne gâche en rien le plaisir que j'ai éprouvé à le lire et c'est donc convaincue que je vous recommande le complexe d'Eden Bellwether !

Lien : http://livreetcompagnie.over..
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La première partie, intitulée « Premiers jours », m'a semblé interminable. Plus de 200 pages quand même. Tout me paraissait pénible : verbiage, histoires d'étudiants banale, manière anglaise de tout disséquer, peu d'action….Maintes fois, j'ai failli arrêter. Mais, on me l'avait prêté en me disant que c'était bien, alors j'ai continué et bien m'en a pris.
A partir de « Derniers jours », ça s'emballe et ça devient passionnant.
Elden est un étudiant hors norme doublé d'un musicien plus que talentueux. Sa soeur, Iris, s'éprend d'Oscar, modeste aide-soignant dans une maison de retraite.
Une famille riche et snobe, un groupe d'amis soudés, un vieux professeur et son ami psychologue… Eden va manipuler avec brio tout son entourage. Génie ou folie ?
On est pris dans une spirale infernale et l'angoisse ne nous quitte pas.
C'est bien écrit et le suspens est permanent.
Comme quoi parfois, ça vaut le coup d'insister !
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Cambridge. Oscar travaille à la maison de retraite. Il n'était ni étudiant, ni prof... simplement employé. Ce qui détonne un peu. Un soir, il est attiré par la musique d'une orgue, hypnotisante. Il rentre dans l'église, lui qui est athée. Il savoure l'instant. Aux dernières notes, il sort et voit une jeune fille assise, qui lit Descartes. Il l'aborde. Ils sympathisent. Et elle lui apprend que c'est son frère l'organiste. Eden Bellwether. Il va faire sa connaissance. Et s'ensuit une étrange relation. Bellwether a des idées arrêtées et très mystiques : il croit aux pouvoirs de la musique. Il en fera même la démonstration : un soir, il enfoncera un clou dans la main d'Oscar, alors que ce dernier est sous le joug d'une musique envoûtante. Une histoire très dense, qu'on lit, comme si nous étions également dans un autre monde. Comme si l'auteur avait voulu mettre en pratique sur ses lecteurs tous les préceptes que véhiculent Eden... C'est un livre dense, avec de la musique à chaque page... Un livre qui joue avec les limites de la folie, très bien documenté... Un premier roman très prometteur, qui frappe, qui marque... Une très bonne lecture que je vous recommande fortement.
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Rien ne prédisposait Oscar, modeste employé d'une maison de retraite à intégrer le cercle très fermé des amis d'Eden Bellwether.
Lui qui ne rentre jamais dans une église a été littéralement happé par la musique d'un orgue au point de pénétrer dans l'édifice pour écouter l'organiste.
Après la musique, il sera subjugué par Iris, qui n'est autre que la soeur du musicien. Une relation amoureuse s'ensuivra, mais Oscar demeure fasciné par la personnalité d'Eden Bellwether.
Oscillant entre folie et génie, Eden prétend que la musique de certains compositeurs, en particulier celle de Mattheson aurait le pouvoir d'affecter et de manipuler émotions et passions et même de guérir.
Oscar se sent rapidement mal à l'aise dans ce milieu étouffant, comme s'il n'était pas vraiment à sa place, mais il y a Iris…
Entre drame psychologique et suspens, le roman de Benjamin Wood m'a tenu en haleine pendant 500 pages avec une intrigue parfaitement maîtrisée.
« le complexe d'Eden Bellwether » fait partie de ses livres dont on peine à se « défaire » une fois la dernière page refermé.

Je ne voudrais pas terminer cette critique sans parler de la belle couverture, au graphisme moderne, aux couleurs vives, particulièrement visibles sur les étals surchargés de nos chers libraires.
Une grande réussite en cette rentrée littéraire pour les Editions Zulma qui ont publié des romans de grande qualité littéraire dans de bien beaux « emballages ». Ne pas rater chez le même éditeur « l'île du point Némo ».


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Quelle merveille que ce premier roman ! le lecteur est tout de suite captif consentant de cette histoire singulière.

le prélude nous laisse déjà présager qu'un drame a eu lieu.L'auteur nous ramène ensuite en arrière pour raconter comment tout a commencé...

Oscar, jeune homme aide-soignant dans une maison de retraite à Cambridge, revient chez lui et entend par hasard, venant d'une chapelle un cantique magnifiquement interprété aux orgues et par une chorale.

Il fait alors connaissance avec la troublante et mystérieuse Iris, soeur du virtuose organiste, Eden. Il découvre un univers différent, celui d' étudiants brillants, un groupe qui gravite autour d'une figure centrale, une sorte de gourou, celle du charismatique et inquiétant Eden.Et c'est un piège qui se referme pour Oscar.Amoureux d'Iris, il découvre progressivement toute la folie de son frère...

Eden prétend soigner les malades par la musique.Certes, la musicothérapie existe bel et bien et donne même des résultats mais elle prend chez lui une dimension de perversion, de manipulation dangereuse, révélatrice d'une véritable maladie mentale.

Entre hypnose et machiavélisme, l'infernal Eden conduira le lecteur envoûté malgré lui jusqu'au drame brutal, parachèvement de son aliénation mentale.

le véritable guérisseur de ce roman, c'est pour moi Oscar, calme, humble,dévoué, qui cherche à aider les autres.J'ai beaucoup aimé ce personnage.

Découvrez ce roman génial, inspiré et très intelligemment construit, suivez Oscar et comme lui, laissez-vous prendre par la puissance hypnotique des orgues de la chapelle de King's...


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«L'irrationalité d'un phénomène n'est pas un argument contre son existence» (F. Nietzche)
Citée à plus d'une reprise par le jeune Oscar Lowe, héros du COMPLEXE d'EDEN BELLWETHER, cette sentence de Nietzche pourrait tout à fait résumer un des principaux enjeux du premier roman de Benjamin Wood, jeune auteur britannique né en 1981.
Publiée en Angleterre en 2012, cette oeuvre m'a semblé empreinte de cet imaginaire qui avait largement nourri un genre littéraire très populaire et en vogue au XIXème siècle : une littérature, à la fois romantique et gothique, fortement influencée par le paranormal, le mesmérisme, l'hypnose, habitée par des magnétiseurs, illuminés russes, gitanes et visionnaires de toute sortes, doublée enfin d'une histoire d'amour défiant assez souvent les codes d'une stricte hiérarchie entre les classes sociales. Si l'action du COMPLEXE d'EDEN BELLWETHER se déroule elle aussi dans un Cambridge intemporel et respectueux des traditions, nous ne sommes pas ici à l'époque victorienne, mais au cours de l'année universitaire 2002/2003 : au tout début, donc, d'un pourtant déjà torturé vingt-et-unième siècle, juste avant la seconde guerre d'Irak (mars 2003), à l'ombre d'une société mondialisée de plus en plus complexe, néo-libérale, individualiste et hédoniste, où les frontières générationnels, la place et le rôle de chacun dans la constellation familiale et dans les groupes sociaux d'appartenance sont des repères quelquefois à réinventer complètement.
Oscar Lowe, 20 ans, aide-soignant, issu d'un milieu modeste et d'une famille dont il s'est peu à peu distancé, tombe amoureux d'Iris Bellwether, riche et séduisante étudiante en Médecine à la prestigieuse King's de Cambridge. Ils font connaissance au cours d'une soirée exceptionnelle de la fin du mois d'octobre 2002 où, entraîné involontairement par les vrombissements majestueux d'orgue provenant de la chapelle du King's Collège, Oscar, malgré son profond athéisme, finira par rentrer dans le célèbre bâtiment et assister à l'office en cours. Iris est la soeur de l'organiste, Eden Bellewether. Ensuite, par un enchaînement implacable d'évènements et de rebondissements, cette rencontre aboutira à un drame terrible, à des meurtres atroces dont la scène pathétique, située un an après, au mois de juin 2003, est posée dans ses grandes lignes en prélude à l'histoire elle-même, en tout début du livre. Rassurez-vous donc, je ne vous spoile rien !
LE COMPLEXE d'EDEN BELLWETHER, oeuvre romanesque à double entrée pour le lecteur, peut ainsi se lire d'emblée comme un roman noir dont le déploiement de l'intrigue est censé nous éclairer sur l'identité des victimes, celle du ou des criminel(s), ainsi que sur le mobile du crime lui-même.
La personnalité complexe d'Eden Bellwether est au centre du roman. Charismatique, terriblement intelligent, ce dernier fait l'objet d'interrogations et de sentiments ambivalents, non seulement de la part de sa famille et de ses amis proches, sur lesquels il semble en même temps avoir un ascendant incontestable, mais aussi de la part du lecteur qui entrevoit progressivement, sous les traits de ce jeune musicien surdoué et affichant une assurance arrogante, l'émergence d'un profil psychologique trouble, fragile, voire borderline. Eden se prend pour une sorte de fils spirituel de Johann Mattheson, musicien baroque, organiste, compositeur, théoricien et érudit allemand, apprécié aussi bien par Haendel, dont il fut un ami proche, que par Bach lui-même. Enfant prodige, à l'instar de Mozart -à 9 ans, il joue de l'orgue dans une église et fait déjà partie de choeurs d'opéra à Hambourg-, Mattheson, dont l'oeuvre reste aujourd'hui largement méconnue du grand public, est décrit par de nombreux auteurs de l'époque comme un personnage d'une intelligence et d'une prétention tout à fait considérables, l'ayant conduit entre autres à développer des théories très ambitieuses concernant les pouvoirs surdimensionnés que la musique serait censée exercer sur l'âme humaine. Mathesson avait voulu ériger la musique en «art céleste », dont il prétendait être lui-même en mesure d'en extraire les codes, afin de maîtriser son usage et d'influencer «les humeurs» du corps. Eden Bellwether, en légitime héritier de Johann Mattheson, expliquera par exemple à ses amis, circonspects et en même temps extasiés, que d'après son maître à penser, «le fa dièse mineur est la tonalité de la tristesse».
Faut-il le préciser qu'on est tout de même ici très loin de la pratique courante de la musicothérapie, discipline professionnelle datant du XXème siècle et dont l'efficacité en tant que thérapie alternative et complémentaire à d'autres traitements médicaux est aujourd'hui confirmée par de nombreuses études scientifiques ? Eden aspire en vérité, on le comprendra rapidement, à pouvoir reprendre le flambeau allumé par le brillant musicien et théoricien allemand, et n'hésitera pour arriver à ses fins à se servir de son entourage proche comme cobaye de ses expérimentations.
LE COMPLEXE d'EDEN BELLWETHER peut ainsi être également approché par le lecteur comme une sorte de «roman à thèse» explorant non seulement la question de la frontière ténue qui sépare une intelligence hors mesure, capable de s'affranchir des codes et des certitudes de la pensée dominante de son époque, d'une authentique folie des grandeurs relevant de la maladie mentale, mais aussi de la fascination, de l'attrait mystérieux, charismatique exercés sur autrui par ce type de profil. Quel sont les limites entre ce que Gide appelait dans «Paludes», «l'idiosyncrasie» («Nous ne valons que par ce qui nous distingue des autres; l'idiosyncrasie est notre maladie de valeur face aux influences de divers agents extérieurs») et la dimension psychopathologique d'une personnalité ? Pour quelles raisons d'ordre psychologique de tels profils sont parfois en situation d'exercer une emprise aussi spectaculaire sur leur entourage, voire quelquefois sur une masse d'individus, de les amener par moments à manifester des comportements parfaitement irrationnels ou, lorsqu'ils basculent dans la folie pure, de les conduire à vivre des situations extrêmes et dramatiques, individuel ou collectivement ?
Les hypothèses avancées par l'auteur seront essentiellement véhiculées par l'intermédiaire du personnage de Herbert Crest, psychologue, auteur émérite d'ouvrages théoriques et de recueils d'études de cas, dont notamment un essai consacré aux personnalités narcissiques pathologiques. Par un concours de circonstances particulier, Herbert Crest sera lui-aussi amené à côtoyer Eden Bellwether et à se mesurer à ses pouvoirs mystérieux.
Fiction très ambitieuse saluée de deux côtés de la Manche, par la critique et par le public, prix du meilleur roman FNAC 2014, ce coup d'essai parfaitement transformé m'a donné le sentiment, en tant que lecteur, que l'auteur a eu toutefois, à certains passages du livre, un peu de mal à resserrer ce que les anglo-saxons appellent le «focus on narrative», à concentrer son récit, dirait-on en français, créant alors quelques longueurs ou scènes dispensables et préjudiciables au rythme narratif qu'il réussit par ailleurs à imprimer à ce thriller aux rouages astucieux et au dénouement tragique.
Auteur à ce jour de quatre romans, dont trois traduits en français, Benjamin Wood est sans aucun doute un écrivain talentueux et à suivre. Son dernier roman, «Sur la route vers ailleurs», vient juste de paraître en français, chez Robert Laffont (le 04/03/2021).
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