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EAN : 9782221192108
504 pages
Robert Laffont (17/08/2017)
3.52/5   64 notes
Résumé :
1972, sur l’île de Heybeliada au large d’Istanbul, le refuge de Portmantle accueille des artistes en burn-out. Knell, talentueuse peintre écossaise, y vit depuis une dizaine d’années quand son quotidien est chamboulé par l’arrivée de Fullerton, un nouveau venu instable, qu’elle retrouve bientôt noyé dans sa baignoire.
Cet événement l’oblige à considérer d’un oeil différent ce refuge régi par des lois singulières. Elle replongera aussi dans sa jeunesse en Éco... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Je crois bien que je n'aurais pas aimé être une artiste. Je n'aurais pas voulu subir les affres de la création, cette impression de devoir créer à tout prix, au risque d'y perdre ma santé physique et mentale. Je n'aurais pas aimé ressentir le besoin et le manque, le besoin de s'exprimer coûte que coûte, et le manque quand l'inspiration m'aurait fait défaut ou pire encore, quand le résultat de mon travail acharné n'aurait pas été du tout à la hauteur de mes attentes.
Je n'aurais pas aimé sacrifier toute ma vie à l'art et devoir renoncer à tout le reste, à la famille, aux amis, à l'amour. Je n'aurais pas aimé vivre dans l'inconfort, voire la misère, le froid, la faim, comme beaucoup d'artistes. Je n'aurais pas aimé devoir rendre des comptes à des galeristes, des acheteurs et devoir créer des oeuvres sur commande, avec des délais imposés.

Knell, l'héroïne de ce roman captivant, est une artiste, elle a consacré sa vie à la peinture et, depuis son refuge sur une île Turque, elle nous raconte des bribes de sa vie.
Elle nous parle de sa jeunesse en Ecosse, de ses débuts dans la peinture, de son succès, et plus tard, de sa vie sur cette île qui accueille des artistes épuisés, au bout du rouleau.
J'ai adoré ce questionnement permanent sur ce qu'est l'art, ce qui confère à un tableau, une pièce de théâtre, un roman ou une sculpture sa beauté, sa force, sa légitimité, sa pérennité.
Avec ce roman captivant, je me suis laissé embarquée durant quelques heures aux cotés de Knell, une artiste peintre, mais aussi une fille, une femme sensible, une femme amoureuse, une femme blessée, une femme forte et fragile à la fois.
Un roman véritablement envoûtant.
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« Peins ce que tu crois… »

Les tourments des artistes à travers l'histoire d'Elspeth, jeune femme peintre passionnée, sensible et transportée d'émotions, portée à la dérive par son art.

L'étrangeté est de rigueur dès le début de l'histoire, et m'a intriguée… Il m'a fallu surnager dans les méandres capricieux du récit.

Portmantle et ses artistes en résidence particulière. Knell raconte ce refuge d'artistes en mal d'inspiration, en saturation créative, plusieurs d'entre eux se retrouvent sur l'île de Heyleliada près d'Istanbul en 1972 afin de s'y ressourcer.
« Tout le monde à Portmantle s'était bâti une réputation dans son domaine, c'est pourquoi des mesures drastiques étaient prises pour ne pas révéler son emplacement. le fait est que nous étions trop loin du monde pour saisir l'étendue de sa renommée ».
Un nouveau venu à la personnalité singulière apporte quelques chamboulements au quotidien réglé de la petite communauté…

L'histoire de ce roman tente d'explorer les mystères de la profondeur du vide créatif, d'une complexité à la lisière de la réalité et de l'imaginaire. L'esprit perturbé des artistes reste un sujet riche à exploiter et l'auteur s'engouffre dans ces sombres failles insondables.
La création, l'inspiration, en conscience, ou pas, traduire un sentiment grâce une oeuvre.
S'exprimer à travers son art requiert du talent et du travail, et la douleur de certains blocages peut s'avérer intense.
Le processus créatif, toujours, interroge. Et le génie, peut-on l'expliquer ? le talent peut-il disparaître ?
Autant de questions en suspens dans un milieu où subjectivité et opacité s'invitent souvent.

Du brin de folie à l'âme torturée, de l'évasion à l'enfermement repli sur soi, mince liseré en pointillé.

J'ai trouvé ce roman déroutant, dans la lignée du précédent (Le complexe d'Eden Bellwether) ; Benjamin Wood, un auteur qualifié « d'illusionniste hors pair ».
Les longueurs m'ont toutefois pesée courant ma lecture et quelquefois égarée, me pressant de connaître enfin le dénouement.
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Le premier roman de Benjamin Wood ("Le complexe d'Eden Bellwether") m'avait beaucoup plu. J'avais donc eu tout de suite envie de découvrir son nouveau livre.
"L'écliptique" fait quasiment 500 pages mais on entre tout de suite dans l'histoire, et je trouve que le style de l'auteur (j'ignore si c'est le même traducteur que pour le premier roman) se retrouve rapidement. On est happé par l'intrigue sans trop savoir pourquoi, et j'avais déjà connu ce sentiment lors de la lecture du "Complexe...".
Le livre est divisé en trois parties. La première partie se déroule dans les années 70 sur une petite île proche d'Istanbul qui accueille un refuge, une sorte d'hospice pour artistes en manque d'inspiration. Nous suivons l'histoire de Knell, une peintre d'origine écossaise, qui y vit depuis 10 ans. Celle-ci s'est liée d'amitié au fil des années avec 3 autres artistes qui se trouvent, comme elle, dans une situation de blocage pour élaborer leur prochaine oeuvre. le livre démarre au moment où un jeune garçon, Fullerton, est accueilli au sein du refuge. Celui-ci est particulièrement tourmenté, et le doyen, absent au moment de son arrivée, demande à Knell et à ses trois amis, de prendre soin de lui pendant quelques jours et de veiller à ce qu'il s'accommode rapidement.
Nous remontons ensuite dans le temps et suivons Knell à ses débuts, lorsqu'elle a découvert ses talents de peintre, lorsqu'elle a commencé à connaître le succès et lorsqu'elle subit à sa manière l'angoisse de la page blanche (de la toile blanche en l'occurrence).
Dans la troisième partie, nous retrouvons le refuge pour une conclusion en beauté.

Nous retrouvons dans ce nouveau roman, les idées qui sous-tendaient déjà le "Complexe d'Eden Bellwether", à savoir la mince frontière qui existe entre le génie artistique et la folie, ce qui fait qu'un artiste doit s'abandonner, se perdre lui-même pour créer une oeuvre. A travers Knell, nous suivons le processus créatif nécessaire à la production de toute oeuvre artistique, l'enthousiasme des débuts, l'angoisse des secondes oeuvres (auront-elles le même niveau / le même succès que les premières ?). C'est particulièrement intéressant de la suivre dans la préparation de ses nouvelles expositions lorsqu'elle s'évertue à utiliser le même procédé artistique pour produire de nouvelles oeuvres (qui rencontrent le succès escompté) alors qu'elle-même considère qu'elles sont d'un niveau bien inférieur à ce qu'elle a produit dans le passé.

Lorsque j'en étais au premier tiers du livre, j'ai commencé à me demander où nous allions, je n'étais pas sûre de parvenir au bout. Et j'ai regardé les critiques du livre sur le site de Babelio ainsi que l'interview que Benjamin Wood a donné. Il dit quelque chose qui m'a frappé, il explique qu'il faut donner du temps à l'histoire, aux personnages. C'est ce que j'ai fait et je n'ai pas été déçue car ce livre aborde des sujets qui sont, selon moi, vraiment intéressants.

D'abord ce livre fait écho à l'idée qu'un vrai artiste est nécessairement quelqu'un d'un peu torturé, qui s'abandonne complètement à son oeuvre au détriment parfois de son bien-être voire de sa propre vie. Cela me fait penser à des artistes comme Amy Winehouse, Kurt Cobain, voire Verlaine ou Proust.
Knell s'interroge longuement sur la qualité de ses oeuvres, sur le fait qu'elle a peut-être déjà produit ses meilleures créations. J'imagine que lorsque l'on rencontre un grand succès pour un roman ou un album, il y a l'angoisse de se demander si l'on a encore quelque chose à raconter. N'existe-t-il pas des auteurs d'une seule histoire ? Probablement, et tous les artistes "long séjour" de Portmantle s'interrogent là dessus.
Il y a également l'idée dans ce roman du processus créatif devenu un peu industriel (lorsque Knell reproduit les mêmes techniques pour produire le nombre d'oeuvres auquel elle s'est engagée pour sa nouvelle exposition). Cela me fait penser à ces auteurs de romans qui publient tous les 6 mois / tous les ans un nouveau roman (Amélie Nothomb, Marc Levy, Guillaume Musso etc.). Est-ce que dans ces cas là, la production artistique n'est pas devenue industrielle, formatée ? Peut-on encore étonner lorsque l'on produit autant d'oeuvres pendant tant d'années ? Où cherche-t-on encore l'inspiration ? N'a-t-on pas déjà tout dit ?

Pour toutes ces raisons et toutes les réflexions qu'il a suscitées chez moi, je recommande donc fortement ce roman !


Lien : https://riennesopposealalect..
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Résidente à Portmantle depuis dix ans, Knell tente de retrouver l'inspiration pour peindre. Au fil des années, elle s'est familiarisée avec ce refuge pour artistes en difficulté, bien caché sur une île au large d'Istanbul, bercé par les vagues de la Marmara. Elle a tissé des liens forts avec trois autres résidents anglais, même si elle ne les connait que par leur nom d'emprunt, ce nom tiré des pages de l'histoire que le doyen leur a attribué pour préserver leur anonymat. Elle non plus en fait, ne s'appelle pas Knell, mais Elspeth Conroy et il fut un temps où elle était considérée comme l'étoile montante de la peinture abstraite britannique.
Le petit monde restreint de Knell est chamboulé par l'arrivée d'un jeune garçon torturé, tourmenté par des rêves traumatisants, mais nécessaires à son processus créatif. Est-il musicien, peintre, écrivain ? Nul ne le sait vraiment, mais il sème le trouble dans cette résidence où calme et tranquillité sont des règles d'or. Perturbée par cette arrivée, Knell s'attache au garçon, s'en inquiète et laisse sa mémoire s'égarer vers sa vie d'avant Portmantle…
Benjamin Wood revient dans ce second roman sur ses thèmes de prédilection : le génie, et la folie (nécessaire ?) qui l'accompagne. Ici, le processus créatif est au centre du roman : il gouverne les personnages, tous ces artistes désoeuvrés pour qui la vie doit être dédiée à l'art et qui pourtant, n'arrivent à rien dans leur travail. Elspeth Conroy est totalement à la merci de ses instincts artistiques : dans ses phases les plus productives, elle s'enferme en solitaire dans son atelier, se nourrit à peine et se néglige totalement pendant dans des semaines afin de pouvoir accoucher de ses tableaux. Retour aux clichés de l'artiste fou et incapable de libre arbitre devant l'élan incontrôlable de l'inspiration – c'est déjà vu et revu. Faire échouer tous ces artistes à bout de nerfs dans un même endroit salvateur, une sorte de sanatorium secret basé en Turquie, il fallait y penser. le décor, le contexte est intéressant, les règles de l'endroit sont quelque peu loufoques, mais tout cela prend son sens globalement, on aime l'idée de ce lieu rédempteur – même si totalement inutile, à ce stade, pour nos personnages principaux.
Le roman se découpe en quatre temps : plantage du décor, mémoires d'avant Portmantle, retour au présent, chute. La partie la plus crédible et la mieux écrite reste celle des mémoires d'Elspeth, son parcours pour devenir peintre : une fille d'ouvriers qui se démène dans l'Angleterre des années 1960 pour se faire une place sur la scène artistique londonienne, ses premiers amours, et ses premiers ébats. Jusqu'au jour où tout dérape, et elle sombre dans une dépression atroce où elle n'arrive plus à peindre des tableaux ayant du sens, de la profondeur. Tout part en vrille – et ça part vraiment très loin.
A peine la troisième partie du récit commencée, le lecteur comprend rapidement ce qu'il se cache derrière les grilles de Portmantle, derrière ces règles absurdes et le personnage énigmatique de ce garçon étrange. C'est attendu finalement, sujet déjà souvent traité par la littérature et le cinéma – et déjà mieux exploité si vous voulez mon avis. C'est dommage, Benjamin Wood consacre les deux tiers de son roman à faire monter la tension dramatique pour la laisser retomber maladroitement dans le dernier tiers. Après avoir minutieusement décrit les endroits, les ressentis, les pensées, il passe rapidement sur les mécanismes psychologiques latents et passionnants qu'il s'était pourtant donné les moyens d'explorer. La fin est bâclée, et notre lecture aussi.
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Une très belle découverte : je n'ai pas lâché ce livre à partir du moment où je l'ai commencé, et ai été cueillie par le twist final , qui m'a permis de mesurer le talent de cet auteur que je ne connaissais pas. Grâce au personnage de la narratrice, la jeune peintre de talent Elspeth Conroy, l'histoire nous fait partager les affres de la création artistique, dans les années 1960, création qui passe certes par un travail très physique au contact de la matière, quelle qu'elle soit ( processus qui est très bien décrit, dans le détail) , mais aussi par un travail de recherche intellectuelle et aussi un travail sur soi, ce qui permet au roman d'aborder la question des traitements psychiatriques pendant les années 1960. Ce personnage de Elspeth Conroy est très attachant dans ses errements, ses passions, ses exigences artistiques. Autour d'elle gravitent des personnages tout aussi attachants : son professeur aux Beaux-Arts, son ami Jim, sa galeriste Dulcie, son psychiatre .... la liste est longue, mais chaque personnage existe à part entière. L'histoire est solidement charpentée, sans temps mort, et ménage bien des rebondissements.. Elle nous entraîne aussi bien sur une île turque qu' en Écosse, ou à Londres, ou sur un paquebot en route vers New York, suivant les parties. J'ai apprécié celles-ci de façon égale, même si les atmosphères et les milieux décrits sont très différents : l'île turque abrite une résidence d'artistes en mal d'inspiration, et les pages qui lui sont consacrées se lisent comme une dystopie, les pages consacrées à l'Écosse, elles, font basculer dans une espèce de réalisme social, mais les différentes parties se combinent très bien. Cette exploration de différents milieux, ainsi que la recherche de la nuance dans les descriptions, font parfois penser au Chardonneret de Donna Tartt, pour notre plus grand bonheur.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ce n'était pas le genre d'homme à susciter une attirance immédiate. De prime abord, on n'avait ni le souffle coupé ni les jambes en coton et, à vrai dire, les femmes de ma génération avaient trop de jugeote pour attendre ce genre de chose. Au lieu de cela, il désaccordait peu à peu les cordes de votre cœur, l'air de rien, jusqu'à ce que sa tonalité singulière devienne si familière que vous finissiez par croire qu'elle était la seule.
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Mais en art, la ténacité ne remplace pas l'inspiration. L'ivresse de la peinture tourne très vite à la confusion si vous n'y prenez garde, et personne ne peut vous aider à retrouver vos repères après cela. Sauf à le tenir fermement en main, le talent sombre dans des abîmes obscurs comme une corde au fond d'un puits, mais serrez-le trop fort et vous pouvez être certain qu'il vous fera sombrer aussi.
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C'est bizarre, je ne compatis presque jamais aux malheurs de l'homme dans ce genre de scénario...d'habitude, c'est la femme qui doit faire tous les compromis et tout pardonner. J'ai trouvé ça assez rafraîchissant.
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Je le laissai me besogner avec la détermination impassible d'un derrick dans un champ de pétrole, et me raccrochai à l'espoir qu'il remarquerait la déception dans mes yeux et tenterait de se rattraper; mais il n'eut même pas la délicatesse de se retirer.
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Au bout d'un certain temps, je finis par comprendre que ses griefs exprimaient davantage le point de vue d'un esthète que celui d'un vaniteux. Il avait la curiosité des imperfections, était capable de s'émerveiller des heures durant des craquelures d'une assiette en porcelaine, des soies de pinceau prises dans le vernis d'un châssis de porte, des coquilles du journal. Il estimait que tout ce qui était sans défaut était artificiel et suspect.
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Videos de Benjamin Wood (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Benjamin Wood
Un matin d'août 1995, Daniel Hardesty, douze ans, et son père Fran, qu'il n'a pas vu beaucoup depuis la séparation de celui-ci d'avec sa mère, prennent la route pour le nord de l'Angleterre. Un road-trip qui représente une chance de resserrer leurs liens. Fran, qui travaille sur les décors d'une série télévisée, L'Artifex, dont Daniel est fan, lui a promis de lui faire visiter les studios à Leeds. Cependant, plus les kilomètres défilent, plus les mensonges et le désespoir de Fran se dévoilent au grand jour, le poussant à des actes d'une violence inouïe. Ce nouveau roman de Benjamin Wood sur les liens entre pères et fils, sur la réconciliation avec ce que l'on est et ce que l'on deviendra, est éblouissant d'intelligence, de tendresse et de beauté. Il met en lumière, sans jugement, les paradoxes des sentiments et montre comment les hommes apprennent à vivre avec leurs ombres.
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