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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Charles Wright et Benoît Passac, tous deux jésuites, se doivent de faire un pèlerinage ensemble. Ils vont donc parcourir quelques 700 km à travers l'Auvergne sans un sou en poche en comptant sur la bienveillance des personnes qui croiseront leur chemin.

Durant cette marche - qui par ailleurs permet au lecteur d'entrer en communion avec la nature avec ses paysages magnifiques, ses odeurs - les deux hommes vont croiser tout type de personne. Et l'image d'Épinal du pèlerin à qui chacun ouvrait sa porte a pris un grosse claque. En effet, il y aura parfois du mépris, parfois de l'ignorance voire de l'indifférence mais certaines rencontres seront aimables, riches qui montrent que les mots accueil et hospitalité ont encore un sens.

Le côté religieux de certains échanges m'a parfois barbé et j'ai lu ces passages en diagonale.

Cependant en cheminant à côté de ces deux hommes, j'ai ressenti un certaine forme de félicité à être en harmonie avec la nature mais aussi par le fait que de se déconnecter complètement de notre société du paraître, où tout va très vite, on retrouve l'essentiel : vivre à une autre rythme, celui de la nature et se recentrer sur soi même.

Ce récit à la très belle écriture est à conserver à portée de main pour avoir le plaisir (le besoin ?) de s'y replonger régulièrement.
Lien : https://quandsylit.over-blog..
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Voici donc l'aventure de deux novices jésuites, temporairement pèlerins mendiants, jetés à pied et sans argent, sur les chemins qui les mèneront d'Angoulême à l'abbaye Notre-Dame des neiges.
Ce pèlerinage imposé aux novices est un très judicieux révélateur de la nature authentique de leur foi car, au-delà de la véritable épreuve physique, à la croisée des chemins, l'acédie les guette.

C'est curieux comme l'écriture de Charles Wright m'a immédiatement et craintivement fait penser à celle de Sylvain Tesson.
Craintivement, car je n'aime pas l'arrogance bourgeoise et éthylique de ce dernier.

trois liens unissent « le chemin des estives » et « Dans les forêts de Sibérie »
Le désir de rupture, la convocation d'auteurs et l'énoncé de pensées.

Chez Tesson, Les références aux auteurs catalyseurs de son esprit sont un déballage prétentieux, chez Charles Wright, elles sont un véritable point d'appui, un socle sur lequel poser les pieds sur les chemins.
Néanmoins ces références à Arthur Rimbaud, à Charles de Foucauld m'ont paru un peu trop présentes, presque obsessionnelles. le thème du livre m'invitait plus parmi les vaches et les puys, voire l'introspection, les rapports avec la foi, les difficultés de compréhension des non croyants, les églises désertées et à la suspicion au lieu de la bienveillance. Je ne m'attendais pas à lire des biographies d'auteurs.

Allez, je continue sur ma lancée : Même les « pensées » assenées – autre point commun aux deux auteurs – n'ont pas la même épaisseur. Banalités et évidences chez l'un, elles deviennent nettement plus spirituelles - certes, sous des aspects parfois enfantins ce qui n'est pas un défaut - chez l'autre. L'autre étant Charles Wright, vous l'avez compris.

Je sais, on ne peut pas plaire à tout le monde, et ceci n'est que mon impression.

Donc, bien que la forme et le style de ces deux témoignages les unissent, nous sommes ici à l'exact opposé d'une prétention mal déguisée en humilité, d'un retrait de la société très assisté et très alcoolisé.
En parcourant le chemin des estives, nous sommes dans l'humilité authentique, la rupture totale avec la société des injonctions. Et pourtant, pas de Sibérie, juste ce magnifique Massif Central, à deux pas de chez nous

Un témoignage qui m'a beaucoup plu : simple, sincère, authentique sur la nature humaine, notre société et sur la foi chrétienne d'un homme droit qui ne pourra jamais se soumettre à des entraves, de quelque nature qu'elle soit….



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J'ai bien aimé ce long cheminement de ces deux errants qui, loin des chemins de pèlerinage médiatisés, se lancent dans une marche de sept cents kilomètres. Partant d'Angoulême, les deux marcheurs devront rallier l'abbaye de Notre Dame des Neiges, en traversant les reliefs du Massif Central. Tous deux sont aspirants jésuites et doivent, à ce titre, vivre un "mois mendiant", c'est à dire un pèlerinage de quatre semaines sans argent. Au fil du temps, la traversée de multiples paysages aux beautés secrètes se fait et les figures de Charles de Foucauld et Arthur Rimbaud se détachent en filigrane. le livre est riche en descriptions de sites oubliés qui témoignent d'une vitalité jadis importante du christianisme , en portraits d'hommes et de femmes qui, même s'ils semblent fermés au départ, sont prêts à accueillir et à donner et de réflexions multiples sur le monde d'aujourd'hui et ses addictions, l'importance du cheminement spirituel et la difficulté à se détacher des usages du monde.
Ce Chemin des estives est rédigé dans une langue alerte et interrogative. On peut bien sûr trouver à redire et rester sur sa faim en estimant qu'il ne s'agit là que d'une suite d'impressions et de réflexions et qu'une recherche spirituelle qui se respecte demande plus que quelques semaines sans téléphone portable, mais pour ma part, cet aspect ne m'a pas dérangé. J'ai aimé cette longue parenthèse.



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rès belle invitation à prendre son temps, le chemin des estives est une magnifique randonnée à travers le Massif Central, souvent un peu oublié. Assez particulière cette longue marche. Charles Wright, alors trentenaire aspirant jésuite, entame une virée buissonnière de 700 km dans le "milieu" de la France à travers sept départements entre Charente et Ardèche. En binôme avec Benoit, lui est un prêtre confirmé. Un peu sur les traces de Charles de Foucauld, un peu inspiré par les semelles de vent de Rimbaud, beaucoup pour s'interroger. Certains vont chercher le bonheur en Sibérie ou en Alaska, moi je lorgne ducôté d'Aubusson, de Saint-Flour et du plateau de Millevaches...Je suis un aventurier de la France cantonale, un explorateur de sous-préfectures.

Ne croyez pas mettre vos pas dans un austère chemin de croix, moralisateur et ennuyeux, Mr. Wright est drôle et impertinent parfois et sait aller à la rencontre des gens de là-haut, de là-bas, de là-centre. Pittoresque voisinage d'étrangers ayant choisi l'Auvergne en recul de leur propre existence, de braves villageois dont la méfiance ne résiste pas au sourire de nos curieux touristes, de commerçants plus ou moins généreux, de prêtres autochtones congolais ou rwandais ombrageux qui n'aiment pas trop partager la lumière dominicale de leur église de canton avec Benoit. Il y a des athées bien sympathiques et des croyants obtus. Il y a le contraire. Il y aurait donc une vie entre Loire, Garonne et Rhône.

Il y a aussi de bons petits vins de la Sioule et nos voyageurs n'y voient rien à redire, vraiment rien. Et moi je ne vois rien à redire à ce pélerinage à hauteur d'homme sinon qu'il a donné naissance à un joli bouquin, un bouquin chemineau, un bouquin de haies et de landes, un bouquin d'ampoules au pied et de lits fourragers. Un bouquin qui tord le cou au prétendu regard bovin, Charles Wright s'y entendant tout à fait à sympathiser avec limousines, aubrac et salers.
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Un réel plaisir à lire ce "chemin des estives", au coeur d'une France rurale et à découvrir le regard de Charles Wright, le pèlerin avant son noviciat, accompagné d'un jésuite dans cette "escapade".
Une invitation à un voyage méditatif, animé par l'évocation des échanges avec les gens rencontrés, les grandes figures qui surgissent, et éclairé par des pensées et une érudition qui en décuplent le plaisir...
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Comme la plupart des livres de qualité, cet ouvrage se lit avec une grande fluidité. Tout paraît simple, l'écriture, les propos, les réflexions, la marche décrite, et pourtant l'ensemble est d'une grande profondeur. Un livre apaisant et sain qui fait du bien et qui donne envie de prendre le chemin pour retrouver une forme d'harmonie avec les autres et la nature.
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Prix littéraire Europe1 - GMF ; Prix de la liberté intérieure 2021

Dans le genre "récit de voyage" ou plutôt "marche sur les beaux sentiers de France", ce récit fait écho à d'autres, comme "Les chemins noirs" de Sylvain Tesson ou d'autres périgrinations à travers campagnes et montagnes.
Dans ce livre, il s'agit de deux personnages plutôt sympathiques, originaux et bien en verve, deux aspirants à l'aventure spirituelle en plus de la randonnée pédestre.
Chaque novice - ici deux hommes d'âge mûr qui ne se connaissent pas - part pour un mois sans un sou en poche, ni carte bleue ni téléphone ; l'idée est d'aller vers l'autre et de lui faire confiance, de vivre dans la pauvreté et le dénuement - au moins un mois.

Nos deux marcheurs, qui ont du mal avec les bondieuseries, l'atmosphère et le langage de sacristie, ainsi que l'entre-soi chrétien, des non-conformistes donc, partent pour le Massif Central faire une bonne randonnée de 700 km ; ils s'entendent plutôt bien, plaisantent et dépriment régulièrement ensemble : c'est que l'autre, le prochain sur la charité duquel ils comptent, ne sont pas toujours ouverts à l'écoute et à l'envie d'aider...

Cette quête spirituelle par la marche permettra-t-elle à Benoît et à Charles de trouver ce qu'ils cherchent ? Savent-ils après quoi ils crapahutent ?

Placée sous l'égide de deux grands personnages Charles de Foucauld et Arthur Rimbaud auxquels le narrateur se réfère souvent, nous assistons à un voyage plein d'humour et d'humanité ; il y a aussi des moments très sérieux, des réflexions philosophiques nées de leurs rencontres et des lieux visités, de leur vécu passé, du fruit de leur méditation.

Ils vont croiser des charitables et d'autres qui ne le sont pas, des personnes qui se "raidissent" quand la conversion vient sur la religion ; Charles Wright comprend et essaie d'expliquer à ces déçus du christianisme qu'ils n'ont pas eu affaire à la religion, mais à sa caricature. Pour lui, "le christianisme n'est pas une morale ou une idéologie, mais une voie de transformation de l'être, une doctrine de l'éveil, un chemin de liberté."
Après ce voyage qui les aura transformés, l'un des compères deviendra jésuite, l'autre renoncera...

Une belle histoire d'amitié, un périple géographique fort intéressant et une plongée formidable à l'intérieur de l'âme humaine !

Extrait p 214 : " La nuit tombe sur notre campement de fortune qui surplombe le village. de là, on peut veiller sur la basilique, à moins que ce soit elle qui veille sur nous. Avec le foin fauché par les cantonniers, on s'est taillé une sorte de paillasse pour affronter le froid. Avant de me coucher, je me brosse les dents à une source qui donne son eau au compte-goutte, sous le regard d'une vingtaine de brebis qui exercent leur liberté folâtre dans le champ d'à côté, chaperonnées par un âne. Je me réjouis de la présence des bêtes dont les cloches berceront nos songes. La lumière du soir est pure et tendre. Les arbres, posés là comme de vieux messieurs patients, se balancent dans un mouvement qui évoque une respiration calme. Dans le grand silence de la nuit, les étoiles ont l'air de célébrer quelque chose. J'ai l'impression que ce soir tout consent, que la nature dit oui."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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Deux impétrants jésuites, deux clochards célestes aux semelles de vent doivent s'acquitter d'un pèlerinage un peu spécial à la manière de Ch. de Foucauld et d'A.Rimbaud que le raconteur a lus, relus et tant aimés. Disons même à la manière du vagabond le plus anonyme : en effet, il leur faut mener à bien leur virée sans argent ni téléphone, ni carte bancaire bien sûr.
C'est leur "deal" de jésuite, une sorte de rite initiatique disons.
L'un d'eux est déjà prêtre, il s'appelle Benoît.
L'autre c'est Charles, lettré, philosophe, porté au doute et à l'élan poétique. C'est lui qui raconte.
Il nous dit sa foi bien sûr et les leçons de vie qu'il tire de cet effort au long cours (800km d'Angoulême jusqu'au sud de l'Ardèche), notamment toutes les rencontres auxquelles les oblige l'absence d'argent.
Des rencontres qui sont souvent des échecs ou des fiascos, mais parfois de riches "échanges de bons procédés" dans lesquels il est fréquent que l'accueilli écoute et l'accueillant se raconte.

Il est aussi question bien sûr de la rencontre avec soi, avec le monde qui n'est pas humain mais végétal, animal, liquide ou gazeux ou même minéral, ce monde toujours changeant à mesure que le temps le façonne.

A des lieues du cynisme d'un Tesson traçant sur "les chemins noirs" sa route distinguée (une route assistée d'ailleurs, et beaucoup moins désargentée je présume !), C.Wright nous livre un récit profond, aussi serein que tourmenté.

Profondément dérangeant, même pour un agnostique comme moi. Magnifique !
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Amoureux de la nature,randonneur et pratiquant le bivouac j'ai été naturellement attiré par ce livre..
Je n'ai pas été déçu.. Charles Wright retranscrit parfaitement le bien être que procure la marche sur chacun d'entre nous( recentrage sur soi même et ouverture aux autres..). Il y ajoute une dimension religieuse que j'ai trouvé intéressante car elle n'est pas dogmatique: il s'interroge continuellement sur sa foi , l'église et même sur les catholiques ( qu'il n'estime pas des plus charitables).
Mais enfin et surtout les 2 voyageurs pratiquent la mendicité : cela procure des peines et des joies à travers de très belles rencontres. Celles ci nous transmettent une bonne dose d'optimisme. Au contraire de ces villes aseptisée, de ces villages moribonds ou de ces églises désertées qui nous montrent le côté obscur de cette France profonde.
Au final, un très beau livre malgré quelques temps faibles ( cela illustre aussi les randonnées) et qui donne envie de reprendre son sac à dos..☺
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« Une fois encore, je reçois une leçon d'humanité de la part de deux incroyants. Comme un vin tourne à l'aigre, il arrive que le christianisme vire à l'idéologie. Dans ses rangs se trouvent encore des doctrinaires qui crachent des anathèmes et cherchent à tout prix à amener les autres à la vérité dont ils se croient les dépositaires. Mais le christianisme n'est pas une opinion, une idée à laquelle on tient. Charles de Foucauld dit qu'il faut « bannir l'esprit militant ».

Il y a cinq de cela l'auteur, alors engagé dans un noviciat jésuite, est parti sur les grands chemins du GR4, pendant trente jours. Il était accompagné d'un autre novice, Benoît. Pendant cette période, pour la réalisation de cet exercice, ils s'étaient engagés à ne rien emporter avec eux et de quémander chaque jour eau, nourriture et logement… Un exemple de pauvreté évangélique on ne peut plus décalée avec notre époque connectée et marchande.

Partis d'Angoulême ils se dirigeront vers le Massif central, pour le traverser intégralement. le but ultime est l'arrivée en Ardèche, à l'abbaye Notre Dame des Neiges où Charles de Foucauld a été brièvement novice. le parcours de cet homme a toujours fasciné Charles Wright, qui est lui aussi incapable de se fixer longtemps quelque part. Mais c'est avec deux livres qu'il aborde ce pèlerinage : l'oeuvre complète d'Arthur Rimbaud dans une édition Pléiade fatiguée et un classique de la littérature religieuse, « L'imitation de Jésus-Christ ».

Ce duo qu'il forme avec Benoît connaît rapidement ses premiers tiraillements. Il faut dire que ces deux hommes sont on ne peut plus dissemblables. Et chacun devra supporter l'autre jusqu'au bout du parcours ! Charles Wright n'est plus tout jeune, il a multiplié les expériences dans divers environnements professionnels et religieux sans parvenir à trouver une ligne directrice à son existence.

Ce mois de juillet est très chaud, et les marches sont épuisantes comme il fallait s'y attendre. Cette randonnée difficile va les mener au bout d'eux-mêmes…

J'aime ces récits qui prennent les chemins buissonniers pour des leçons de vie. Mon préféré dans ce genre, depuis sa lecture dans les années 1970, reste « Chemin faisant » de Jacques Lacarrière. J'ai aussi aimé plus récemment « Sur les chemins noirs » de Sylvain Tesson. Et je dois avouer que ce « Chemin des estives » tient bien la comparaison. Evidemment cette relation de pèlerinage a ses aridités : on n'échappe pas à une forme de monotonie malgré les nombreuses digressions autour de la vie de Rimbaud et de Foucauld. Mais globalement on suit avec intérêt les aventures de ces deux novices, dont l'un est raide dingue des vaches ! Et il va en rencontrer beaucoup en chemin.
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