AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Charlotte Vellin (Autre)
EAN : 9782362802973
160 pages
Editions Thierry Marchaisse (12/01/2023)
3.19/5   8 notes
Résumé :
Une jeune femme se remémore sa vie sexuelle, alors qu’elle est en train de poser nue.
« Se mettre à poil devant tout le monde, prendre la pose et s’oublier, c’est facile. C’est se déshabiller devant un autre nu qui est bouleversant : on se touchera, peut-être, ce sera doux ou malheureux, angoissé, urgent, raté ; on tremblera. »
Chacun des amants de la narratrice est représenté par une lettre de l'alphabet. On passe donc inexorablement avec elle de A ... >Voir plus
Que lire après Solitude nueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ma collection d'amants

Dans ce roman-confession, Pauline Wuth retrace ses expériences sexuelles, de A à Z. Des expériences plutôt décevantes qui dressent une carte du tendre en peau de chagrin.

«L'année de mes dix-neuf ans, il y a eu deux garçons: il y a eu A, et il y a eu B.
Ils avaient à peu près mon âge. Ils avaient plus d'expérience que moi, c'est-à-dire qu'ils en avaient, alors que moi je n'avais rien.» Dès les premières lignes, le ton est donné. Pauline liste ses amants avec les lettres de l'alphabet et va nous mener de A à Z. Si ses premières expériences sont plutôt décevantes, c'est sans doute par manque d'expérience, mais c'est aussi parce que ses partenaires pensent d'abord à eux, ne s'inquiétant guère de son plaisir ou pire même, lui font mal.
Alors, après avoir tâtonné, cru qu'il s'agissait en quelque sorte d'un passage obligé, elle va essayer de trouver l'homme qui, au-delà de l'acte, aura envie de partager sa vie, qui considèrera l'amour comme un sentiment plutôt qu'un acte sexuel. Mais au fil de ses rencontres et de ses voyages, à Vienne ou à Amsterdam, elle ne va réussir qu'à entrapercevoir ce qui pourrait s'apparenter à un véritable compagnon de route. Ses liaisons restent éphémères, souvent choisies comme telles par des hommes qui complètent leur tableau de chasse.
Pauline essaie alors de renouer avec ses premiers amants, mais finira une fois encore insatisfaite et frustrée. Elle souffre de na pas trouver l'âme-soeur et se dit alors qu'elle ne doit plus se cacher, qu'elle doit s'accepter et revendiquer ses formes, son corps.
Après avoir couché avec N – qui la complimente sur sa plastique – elle va offrir à une école des beaux-arts de poser nue pour ses élèves. Une expérience dont témoignent les dessins de Charlotte Vellin qui illustrent le livre au fil des chapitres et soulignent cette volonté assumée de vraiment se mettre à nu.
Pauline Wuth ne cache rien, ni de son corps, ni de ses pensées. Elle dit avec des mots simples sa peine à trouver l'homme de sa vie, celui qui partagerait davantage que le sexe. Tour à tour crue et touchante, elle dresse un état assez désolant des relations entre hommes et femmes d'aujourd'hui. Est-il vraiment si difficile de construire un couple? Faut-il refuser de s'engager vraiment? La déception est-elle assurément au bout du chemin?
Entre lucidité et mélancolie, entre moments de bonheur et de tristesse, Pauline Wuth ne répondra pas à ces questions, mais nous livrera en toute franchise le bilan d'une expérience qui se poursuivra au-delà de Z.
L'histoire n'est pas finie.


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          170
Une très belle lecture.
Une jeune femme se remémore sa vie sexuelle, alors qu'elle est en train de poser nue.
« Se mettre à poil devant tout le monde, prendre la pose et s'oublier, c'est facile. C'est se déshabiller devant un autre nu qui est bouleversant : on se touchera, peut-être, ce sera doux ou malheureux, angoissé, urgent, raté ; on tremblera. »
Chacun des amants de la narratrice est représenté par une lettre de l'alphabet. On passe donc inexorablement avec elle de A à Z, à partir de ses premiers tâtonnements sexuels et au rythme de ses expériences successives, souvent ratées, souvent éphémères, parfois dévastatrices.
Je tiens à remercier Babelio et la maison d'édition pour cet envoi effectué lors de la masse critique. En choisissant ce roman, je me suis dis pourquoi pas, ça changera de tes lectures habituelles et j'ai bien fait ! Je ne pensais pas que j'allais autant aimé et que j'allais le lire aussi facilement. L'écriture est simple, fluide, crue mais sans être trop vulgaire lorsqu'elle aborde les différentes expériences sexuelles. C'est un roman qui ouvre l'esprit et dans lequel de nombreuses femmes peuvent se reconnaître.
On suit une jeune femme qui lors d'un cours d'art va poser nue et relater les différentes expériences amoureuses, sexuelles qu'elle a eu durant sa vie. Les hommes qu'elle a fréquenté sont représentés par des lettres (A à Z), ce que j'ai vraiment trouvé intéressant puisque d'une part cela met une distance entre ce qu'elle raconte et ce qu'elle a vécu mais aussi nous rappelle des discussions que l'on a pu avoir entre filles lorsqu'on ne voulait pas prononcer le prénom d'un certain garçon. On devient alors une sorte de copine qui écoute les différentes histoires de cette femme qui a eu de nombreuses conquêtes et qui a chacune d'elle, a une anecdote à raconter. Elle va aborder les sentiments, les douleurs, les plaisirs, la découverte de soi et de l'autre et de nombreux autres sujets très importants dans la vie sexuelle d'une femme. Je trouve cela vraiment intéressant et parlant, cela est narré de façon tellement naturelle que l'on a vraiment l'impression d'écouter une personne nous narrer ces histoires.
Pour finir, j'ai apprécié d'avoir ces quelques dessins qui accompagnent le texte, il y en a qui sont vraiment magnifiques. C'est une lecture que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire puisque cela ne tombe pas dans le vulgaire et aborde des sujets importants voir sensibles sans tabous et on en a bien besoin ! Et je finirai par dire que c'est important d'entendre la voix des femmes sur ce sujet.
Commenter  J’apprécie          20
Merci à Babélio et Les Éditions Thierry Marchaisse pour l'envoi dans le cadre de la Masse Critique.

Solitude nue. C'est une femme qui pose nue dans une école d'arts. Pendant qu'elle dévoile son corps aux croqueurs de traits, elle se met à nue ... en nous racontant l'histoire des aventures amoureuses. Comme ça, on connait l'histoire de A à Z. Chaque lettre, un amant. Une histoire, une vie à deux, un couple éphémère, une histoire d'un soir qui rapellera, un plan cul qui ne retste pas dormir. Elle raconte tout, en détails. Les histoires ratées, les coups de foudre à travers le prisme des ses relations sexuelles.

Pas voyeuriste pour deux sous, on se sent comme une amie à qui elle confierait ses histoires. La langue est simple mais pas simpliste, crue, mais pas vulgaire. Elle raconte tout, les sentiments, la jouissance, la douleur physique, émotionelle, l'insistance, le silence... Et on ressent avec elle une ptofonde frustration.
Au fil des pages, on se demande : "Bon, quand est-ce qu'elle va trouver le mec qui la fera vibrer pour de bon ?". Car la plupart de ses aventures pourraient se conclure par "Mouais", "Bof", "Passable".

Je suis sûre que si ce livre avait été écrit du point de vue des hommes que cette femme croise, le ressenti serait beaucoup plus positif.En bref, un petit précis de rapports amoureux, déprimant pour les femmes qui se diront "Alors c'est ça l'amour ?" (Pas que je vous rassure !) mais à mettre entre les mains de tous les hommes, surtout ceux un peu trop sûrs d'eux, les manipulateurs, les pervers narcissiques.
Commenter  J’apprécie          10
Je remercie tout d'abord Babelio et la maison d'édition pour l'envoi de ce roman dans le cadre de la masse critique.

Dans cette histoire nous suivons une jeune femme qui se remémore sa vie sexuelle lors d'une pose de nue. Elle nous retrace à travers ces pages ses expériences, ses états d'âme et ses conquêtes de À à Z. Car oui, une lettre est attribuée à chacun des amants qu'elle nous présente.

Je n'ai pas l'habitude de lire ce genre de livre. C'était donc pour moi une lecture pour le moins originale mais qui ne m'a pas emballée plus que ça malheureusement. Si les premiers chapitres m'ont bien plu, mon engouement est vite retombé.

Elle raconte ses aventures avec beaucoup de froideur, beaucoup de distance. Il est vrai que ses expériences sexuelles ont été pour la plupart chaotiques, l'entraînant dans la dépression, ce qui peut expliquer en partie cela. Lorsqu'elle débutait une relation amoureuse (ou juste sexuelle la plupart du temps), elle n'avait pas l'air de savoir ce qu'elle voulait vraiment et ça m'a agacé à la longue.

Je n'ai pas réussit à m'attacher au personnage, cependant j'ai beaucoup de compassion et de tristesse pour cette femme qui, malgré un grand nombre d'amants à son actif, se trouve dans une solitude absolue.

Ce livre est court et le format sous forme de journal intime en fait une lecture rapide et facile. de plus, il comporte plusieurs dessins représentant notre narratrice au cours de sa pose nue. Cela apporte un petit plus au récit !
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
(Les premières pages du livre)
La nuit dernière, j’ai rêvé que j’étais très amoureuse, mais je ne savais pas de qui. En tout cas, dans mon rêve, il vivait au bout du monde et il avait déjà une copine, qui s’appelait Constance ; c’était foutu, on n’aurait jamais d’histoire lui et moi. Je pensais à ce rêve, dans le métro, en venant ; je me disais qu’en posant j’essayais peut-être d’être constante. Parfois, on a des fringales de côte de bœuf ou de légumes verts : le corps sait ce dont il a besoin, il réclame du fer ou des fibres. Moi, j’ai eu envie de poser nue à nouveau, c’était comme une intuition ; et sans doute que d’une façon ou d’une autre j’en avais aussi besoin. Il n’y a pas à comprendre plus. Se mettre à poil devant tout le monde, comme autrefois à l’école d’art, prendre la pose et s’oublier, c’est facile ; et c’est facile aujourd’hui devant Charlotte qui est toute seule mais qui garde sa jupe, son pull, ses sous-vêtements et qui prend ses pinceaux : comme autrefois je n’ai rien à faire, je peux demeurer quiète et penser au passé. C’est se déshabiller devant un autre nu qui est bouleversant : on se touchera, peut-être, ce sera doux ou malheureux, angoissé, urgent, raté ; on tremblera.
J’enlève tout et je ne bouge plus ; alors, pendant qu’on ne se dit rien, je pense à toutes les fois.

Les commencements
L’année de mes dix-neuf ans, il y a eu deux garçons : il y a eu A, et il y a eu B.
Ils avaient à peu près mon âge. Ils avaient plus d’expérience que moi, c’est-à-dire qu’ils en avaient, alors que moi je n’avais rien. Je m’étais toujours sentie en retard, pour les premières règles, la première main qu’on prend, le premier baiser ; mais pas seulement en retard : peu aimable, vivant dans la fatalité d’un manque, devant me débrouiller avec. J’avais aussi un corps trop grand, tout maigre et dégingandé dont je ne savais pas quoi faire ; des seins qui dépassaient des bonnets B que je leur imposais parce que je me voyais toujours comme cette fille qui n’a pas de seins que j’avais été longtemps. Déjà étrangement j’affichais, même si je n’y croyais pas tout à fait, une méfiance envers le couple, l’amour, la conjugalité. En vrai, comme tout le monde, je rêvais d’un petit copain ; ce que j’imaginais, c’était pleurer contre son épaule, l’hiver, quand la vie est insupportable.
A, c’était le pote de pote, le garçon sympa, que bizarrement il était facile de chauffer pour moi à qui rien n’était facile. Il ne me plaisait pas beaucoup physiquement mais je crois que j’aimais lui plaire, et puis il m’inspirait confiance. Je le taquinais toujours sur un mode très sexuel, comme si j’en avais l’habitude. Un jour, on a dû dormir sur le même matelas, par terre, dans la chambre d’une amie, laquelle ronflait dans le lit juste à côté de nous. Je me suis rapprochée, on s’est embrassés, on s’est tripotés toute la nuit. Je découvrais mouiller, et je ne savais pas quoi faire de mes mains.
Quand j’ai rencontré B, j’ai tout de suite su qu’il serait important : que je l’aimerais et qu’il me ferait du mal. Il était très sûr de lui, arrogant ; je l’admirais, il me rabaissait dès que j’ouvrais la bouche. Je ne le trouvais pas très beau, mais je l’idéalisais absolument : s’il avait chez lui des étagères noires, celles d’Ikea que tout le monde avait mais noires, je me sentais en tort d’en avoir des blanches, ridicule et digne de ses moqueries. Il avait commencé à travailler très jeune à des emplois que je trouvais prestigieux, il vivait seul dans un deux-pièces depuis avant sa majorité. Je ne me rendais pas compte, à l’époque, que ce qui m’apparaissait comme des accomplissements exceptionnels où s’exprimait sa pure singularité procédait surtout de cela que ses parents étaient des gens aisés et intellectuels qui lui avaient acheté un appartement et des certitudes. C’était facile, alors, de vivre comme un grand et de se sentir fort.
Un soir, on était allés prendre un verre et puis il m’avait dit au revoir. J’ai inspiré un grand coup et je me suis penchée vers lui. Il s’est laissé faire. Il embrassait très bien. Moi, je tremblais. On s’est embrassés encore devant l’immeuble de ma mère, où je vivais toujours, au début de mes études ; je me souviens qu’il tenait son vélo d’une main et moi de l’autre et que l’équilibre était précaire, je me souviens que nous luttions pour ne pas séparer nos lèvres alors que le vélo s’effondrait dans la rue et que les gars du resto d’en face, qui me connaissaient bien, nous regardaient du coin de l’œil en se marrant. Le soir d’après, chez lui, sur son lit, il avait les mains sur mes seins et c’était bon, j’avais un de ces soutiens-gorge qui ne soutiennent rien, sans armatures, un genre de brassière en fait et il n’avait qu’à passer la main sous l’élastique. Moi j’aimais ça, mais j’avais un peu peur aussi. Ce soir-là, quand il a voulu m’enlever mon pantalon, j’ai arrêté sa main, j’ai dit maladroitement que je ne voulais pas dormir là, et parce que c’était la seule excuse à laquelle je pensais j’ai dit, et je me suis sentie ridicule tout de suite, bête et immature et nulle, que ma mère m’attendait pour dîner. Puis, quand il m’a à nouveau invitée chez lui, quelques jours plus tard, j’ai décidé que j’étais prête. J’ai dit à ma mère que j’allais à une soirée pyjama. J’ai emporté une serviette hygiénique, au cas où je saignerais. Et puis il m’a ouvert la porte, n’a pas voulu m’embrasser et m’a dit, ça n’a rien à voir avec toi, mais je ne suis pas prêt à une relation en ce moment. Je suis rentrée chez ma mère. C’était l’hiver, la vie était insupportable.
Au printemps, je suis allée rendre visite à A dans la ville lointaine où il faisait ses études. Je dormais dans son lit, lui sur un matelas par terre. Le dernier soir, on est allés au cinéma, un film très drôle. C’était son anniversaire ; on a bu du champagne dans sa chambre de cité U, je buvais pour me donner du courage. Et puis je l’ai amené dans le lit. Je n’ai pas dit que j’étais vierge et je n’ai jamais su s’il s’en était rendu compte. J’ai eu un peu mal, pas trop, et au bout d’un moment, je ne sais pas combien de temps, je l’ai fait s’arrêter. Il a obéi. Après, il avait envie de parler, pas moi. Il a dormi sur le matelas par terre, j’ai repoussé au matin sa tendresse. Dans le train du retour, je saignais un peu. Il m’appelait tous les soirs, sur le téléphone fixe de ma mère, mais on ne se promettait rien. À la fin de l’été, il m’a dit qu’il m’aimait, m’a dit qu’il voulait qu’on soit ensemble, et moi j’ai répondu ça n’a rien à voir avec toi, mais je ne suis pas prête à une relation en ce moment.
Et puis, à la rentrée, j’ai réussi un concours difficile et je suis allée continuer mes études de violon à Paris. J’ai envoyé par erreur un texto à B, il m’a répondu, on s’est appelés ; on a découvert qu’il venait lui aussi d’emménager à Paris, et à cinquante mètres de chez moi. Je n’ai pas dormi de la nuit. On s’est revus quelques jours plus tard, pour un café. On parlait librement, on se sentait d’un coup très bien ensemble et c’était inattendu. On n’avait pas envie que ça s’arrête ; on est allés manger chez lui. Il a dit à un moment je crois que je ne suis pas fait pour le couple et moi j’ai dit oh tu sais moi non plus parce que j’aurais dit n’importe quoi pour être d’accord avec lui. Il m’a dit j’ai envie de t’embrasser, j’ai dit mais je t’en prie. On s’est déshabillés ; j’étais amoureuse, j’avais très envie de lui ; on s’est caressés longtemps ; il n’arrivait pas à me pénétrer, sans doute que je ne m’ouvrais pas assez ; il mettait un doigt, deux, c’était bon. On a fait une pause ; on parlait, nus, j’étais assise sur ses genoux et constatais la continuité de son érection, on s’embrassait, mais je ne crois pas avoir touché son sexe : c’était trop intimidant. Puis on a réessayé. Il est venu en moi, il a joui tout de suite et s’est laissé aller contre moi, j’ai pensé ah bon et j’étais très heureuse, je me disais que nos corps l’un contre l’autre et son abandon étaient le bonheur exactement.
Puis il a été fuyant et odieux. Quand je lui écrivais, il se moquait de ma façon d’écrire. Quand je proposais qu’on fasse quelque chose ensemble, une soirée, il n’avait jamais le temps, était pris par un monde censément très branché dans lequel il ne voulait pas m’inviter. Il me parlait de son travail, de ses collègues, ne posait pas de questions sur le mien ou bien pour dévaloriser les choix que je faisais, l’hyper-classicisme de ma formation, le caractère nécessairement conventionnel et académique de mes goûts. De temps en temps, il venait chez moi, attendait qu’on aille au lit. J’avais toujours très envie de lui ; mais je me sentais tellement mal, tellement méprisée que je ne voulais pas, surtout pas, lui montrer que je prenais du plaisir, comme si ça allait lui donner encore plus d’ascendant sur moi. Pourtant c’était bien, je n’avais pas mal, j’avais très envie, mais je ne gémissais pas, je me retenais, je soutenais son regard jusqu’à ce qu’il baisse les yeux pour jouir et je pensais, moi je connais son visage quand il jouit, et pas lui. La première fois qu’il était venu chez moi, il n’avait pas voulu rester dormir. Quand il est revenu, la fois d’après, j’avais eu quelques jours plus tôt un petit accident de voiture. Je le lui ai raconté ; il n’a pas réagi, il m’a juste demandé de changer la musique, parce qu’il n’aimait pas mon disque. On est allés au lit, et j’ai demandé s’il voudrait bien rester jusqu’au matin ; j’ai dit que je m’étais sentie mal qu’il s’en aille, la fois d’avant. Il a dit oui. J’avais des bleus partout, à cause de l’accident ; il n’y faisait pas attention. Alors qu’on changeait de position, son sexe est sorti du mien et il y a eu un bruit, un bruit visqueux et drôle, il a dit charmant avec un air méchant ; ça ne pouvait pas être bien. Après, il est quand même parti dormir chez lui.
Je pleurais beaucoup, tous les jours. À une fille du conservatoire que je venais de rencontrer, dans cette ville où je ne connaissais personne, et qui m’avait demandé si j’avai
Commenter  J’apprécie          00
Lorsque je suis revenue à Paris, quelques semaines plus tard, j’ai écrit à B pour lui proposer de prendre un café, pour enfin tourner la page. Il s’est montré content de me voir, impressionné par ce que j’avais fait les années précédentes, ma bourse à Vienne, par ce que je m’apprêtais à entamer pour sortir de la musique classique. Il m’avait apporté des brochures de son travail, en me disant et en ayant l’air de penser que ça me ferait plaisir ; j’ai eu l’impression qu’il faisait sa pub, je l’ai trouvé un peu ridicule. Il m’a parlé de son ex, avec qui il était resté deux ans, et ça m’a fait mal puisqu’il m’avait pourtant dit qu’il n’était pas fait pour le couple. Au moment de partir, il a proposé qu’on se revoie à l’occasion et je ne l’ai jamais rappelé. Lui non plus ; lui, parce que tout lui était dû ; moi, parce que j’essayais de vivre.
Commenter  J’apprécie          40
À la fin de l’année, à une soirée entre étudiants, j’ai rencontré D ; un soir, je l’ai amené dans ma chambre. On s’embrasse et, très vite, il m’a déshabillée ; ses gestes sont rapides, brutaux, il me fait très mal à un sein en l’empoignant mais déjà il me pénètre ; je crie de douleur. Je lui demande d’arrêter, parce que j’ai trop mal, il me demande si je suis vierge, il me dit ça ne me dérange pas si t’es vierge et je me sens humiliée, nulle. On dort ensemble malgré tout. C’est le printemps, on se promène et on se prend la main devant nos amis. La nuit d’après, c’est encore chez moi. C’est encore très rapide. J’ai encore très mal quand il me pénètre, mais je ne l’arrête pas, même si je pleure tellement j’ai mal. Peut-être que mon visage grimaçant l’énerve ; brutalement, il me retourne, me sodomise. Je me souviens de la partition qui traînait dans mon lit et que j’agrippe alors en attendant que ça finisse. Il me retourne à nouveau, revient dans mon vagin et puis il se retire et il jouit. Je sens son sperme sur ma cuisse, je panique : il avait une capote. Il dit je ne sais pas, elle a dû tomber. Je comprends qu’il l’a enlevée quand il m’a retournée et qu’il n’a pas eu envie d’en remettre une après, que c’est aussi pour ça qu’il s’est retiré ; mais il continue à dire je ne sais pas, elle a dû tomber, il a envie de dormir. On passe la nuit ensemble, il ronfle.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : éphémèreVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Lecteurs (17) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5270 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}