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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Easter Parade Richard Yates 1976.
« Aucune des deux soeurs Grimes ne serait heureuse dans la vie, et à regarder en arrière, il apparaît que les ennuis commencèrent avec le divorce de leurs parents. »

Un incipit coup de poing, un roman poignant.

Deux soeurs, Sarah et Emmy. Elles ont respectivement 9 et 5 ans au moment du divorce de leurs parents, nous sommes en 1930 à New-York. C'est le début de leurs ennuis dit Yates et ma foi leurs vies vont en être truffés… Sarah la lumineuse, l'extravertie va vivre comme la femme américaine est sensée le faire: mariage, enfants, couple stable, Emmy, elle, va s'affranchir des normes et, après un mariage éphémère, mener une vie de femme indépendante et libre.
Deux soeurs, deux destins et l'immense talent de Richard Yates donnent à ce roman une tonalité, une saveur exceptionnelle. Richard Yates 'analyse en profondeur ses deux héroïnes, il décrypte leurs mal-êtres, leurs qualités et leurs défauts, il perce la carapace qu'elles se sont forgées pour mieux se dissimuler au regard des autres. Quant aux autres Yates ne les oublie surtout pas. Des phrases courtes, une écriture sobre et efficace, du grand art et une très belle traduction en prime..
Richard Yates est sans aucun doute l'un des grands chroniqueurs américains des années d'après guerre. Ses personnages ont un rêve ancré en eux et se sont jurés de le concrétiser coûte que coûte, quel que soit le prix à payer .. Plus dure sera la chute ….
Un univers doux-amer à découvrir .
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« Aucune des deux soeurs Grimes ne serait heureuse dans la vie, et à regarder en arrière, il apparaît que les ennuis commencèrent avec le divorce de leurs parents. »
Tel est l'incipit de ce formidable roman qui met en scène deux soeurs nées aux Etats-Unis dans les années 1920.
Le divorce de leurs parents marginalisera Sarah et Emily et surtout les amènera à déménager sans cesse, leur mère étant incapable de se stabiliser.
Le mariage de Sarah aura lieu le week-end de l'Easter Parade, fête américaine qui célèbre l'arrivée du printemps et sa cohorte d'espérances et de promesses. Pris en photo sur le vif, Sarah et son mari feront la une du journal local. Cette image restera celle des espoirs déçus des deux soeurs.
Sarah aura rapidement des enfants alors qu'Emily enchaînera les aventures et les liaisons. Chacune sera le portrait symbolique de deux types de femmes qui traverseront leur vie en boîtant, l'une en mère de famille au foyer vivant à la campagne, l'autre célibataire, occupant un emploi et vivant à New-York.
Par petites phrases apparemment anodines, l'auteur nous emmène dans les profondeurs de ses protagonistes, n'omettant pas l'importance des seconds rôles, ceux qui façonnent le destin des personnages principaux.
Ce roman peut se lire d'une traite, il nous raconte des vies désenchantées, ordinaires mais avec tellement de justesse. de la belle littérature.
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Sarah et Emily sont deux soeurs de parents divorcés, ballottées toute leur enfance par une mère instable, sous le regard lointain d'un père dépressif. Devenue adulte, Sarah est vouée à faire un mariage heureux et être mère de famille modèle. Quant à Emily, elle sera l'intellectuelle libre et moderne. Mais sous cette façade, chacune à sa manière cache les blessures et les faiblesses, qui l'empêchent de trouver le bonheur.
Ce livre est un régal. Mon admiration pour l'auteur de "La fenêtre panoramique" grandit encore à la lecture de ce roman. J'aime énormément la façon dont il sait peindre les émotions intimes de ses personnages dans un style clair, sobre, sans fioritures. Le destin de ces deux soeurs est également le reflet des changements de la société américaine entre les années 1930 et 1970.
Je remercie Sam Mendes qui m'a permis de découvrir ce grand romancier américain en portant à l'écran avec talent "Les noces rebelles" (adaptation de "La fenêtre...").
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La brune Sarah avait neuf ans et la blonde Emily cinq ans lorsque les parents Grimes divorcèrent – ce qui en 1930 n'était pas vraiment chose courante ! L'aînée, plus jolie, fut quelque peu jalousée par sa cadette (amoureuse transie de son fiancé au cours de son adolescence …) En revanche, Emily sera la première de la famille à aller à l'université, ce qui laissera toujours un énorme regret à sa grande soeur …

Leur mère « Pookie » est une sorte de mythomane-alcoolique, qui ne peut s'empêcher d'embellir la réalité de leur vie routinière, par pur snobisme. Sarah et Emily auront très rapidement un même désir : la fuir … Tandis que Sarah choisira une existence d'épouse et mère bourgeoise (en cachant un terrible secret à son entourage), Emily – elle – ne parviendra jamais à trouver un équilibre sentimental ou une stabilité affective …

Richard Yates est un maitre incontesté dans l'art de rendre attractive la contemplation de la banalité des êtres ordinaires – et des choses simples de la vie quotidienne – tout en abordant des sujets majeurs (et novateurs) !

Un très joli roman !
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"Aucune des deux soeurs Grimes ne serait heureuse dans la vie, et à regarder en arrière, il apparaît que les ennuis commencèrent avec le divorce de leurs parents".
Ainsi commence ce roman de Richard Yates, et autant dire que dès cette première phrase le ton est donné.

L'auteur nous propose de suivre à travers cette histoire le destin de deux soeurs bien différentes l'une de l'autre : Sarah, la préférée des parents, la plus belle et la plus sensible, qui choisira une voie toute tracée par le mariage, les enfants et un foyer à tenir; et Emily, qui choisira une voie plus risquée, jalonnée de nombreux hommes mais aucun auquel elle s'attachera, vivant seule et par ses propres moyens, en somme, une femme moderne et libérée.
L'auteur s'attache clairement à ce deuxième personnage.
Emily est l'héroïne de ce roman, son point central et unique et vers lequel converge systématiquement tous les autres personnages. Elle est le coeur et l'âme de ce roman.
A travers elle, Richard Yates livre aux lecteurs une chronique douce-amère des années glorieuses de la classe moyenne américaine.
J'ai littéralement adoré ce personnage et son histoire.
Malgré ses défauts, Emily est un personnage charismatique et une fois la lecture commencée il est très difficile de l'arrêter.
J'aime beaucoup ce personnage, à la fois complexe et compréhensible, mais surtout égaré durant toute sa vie et qui finira par avouer à son neveu : "Et tu sais le plus drôle ? J'ai presque cinquante ans et je n'ai jamais rien compris de toute ma vie".
Malgré un caractère fort et une volonté farouche, Emily est désarmante sur certains aspects, notamment lorsqu'elle ne comprend pas les situations et qu'inlassablement alors elle déclare "Je vois", sans voir aucunement quoi que ce soit.
Même lors d'une rupture avec un homme, un qui selon moi a compté pour elle, l'auteur écrit que "Pendant des semaines et des mois, après ça, Emily songea à des tas de répliques passionnées parfaitement formulées qu'elle aurait pu opposer à cette déclaration; mais, sur le moment, tout ce qu'elle trouva fut une petite réplique faiblarde qu'elle se détestait d'utiliser depuis l'enfance :
- Je vois."
Au final, malgré une vie menée comme un esprit libre, elle se raccrochera à une personne de sa famille, sans doute la seule qui l'accepte telle qu'elle est, car "c'est un crime d'être aussi seule".
Derrière un fond d'histoire à tendance dramatique, j'ai trouvé que l'auteur était surtout pessimiste par rapport à ses personnages et aux décennies 50/60/70.
Car finalement, Sarah n'a pas été heureuse dans sa vie, elle a préféré suivre une voie toute tracée plutôt que de se chercher, et Emily a passé son temps à se rêver pour passer à côté de tout et finir seule, abandonnée de tous ou presque. Elles n'ont été heureuses ni l'une ni l'autre tout en ayant des caractères diamétralement opposés et choisi des chemins différents, leur seul point commun est sans nul doute de noyer leur réalité dans l'alcool et la cigarette.
Elles n'auront fait que transposer le parcours de leur mère, Pookie.

De plus, ce livre est réellement bien écrit, j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et je pense que la traduction est fidèle à la version originale.
Ce qui m'a surpris, c'est que l'histoire se passe près de quarante ans en arrière et qu'elle n'est absolument pas démodée.
Elle m'a parlé, j'ai pu me retrouver dans certaines situations ou pensées d'Emily, "Easter parade" reste donc un roman très contemporain.
Le côté amer de l'histoire est toujours d'actualité et l'absence de fond moralisateur est aussi sans doute pour quelque chose dans mon appréciation de cette lecture.

Ce fut une très belle découverte littéraire et je retiens le nom de Richard Yates, auteur peu connu qui mérite de l'être beaucoup plus.

Ce livre a été lu dans le cadre du challenge ABC critiques 2012, lettre Y et du challenge New-York en littérature 2012.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Que c'est noir .... Mais que c'est bon !!
Voilà une oeuvre jubilatoire au possible !
Certes les esprits chagrins diront que c'est triste et qu'il faut s'accrocher ...
Eh oui , pour découvrir la littérature il faut savoir dépasser ces limites et lire Yates jusqu'au bout !
Cette histoire on peut la diviser en 3 tellement il y a de matériel littéraire .
Au fond on se prend même à imaginer ce que ce texte donnerait sur les planches .
Oui c'est noir , on est pas chez Pernaut ici , mais au coeur d'une Amérique qui n'a pas encore ouvert les yeux sur la liberté et qui fonctionne encore selon les réglements archaïques chers à certains esprits dérangés .
L'étude de caractère est majeure ici , le lecteur plonge dans une société ou les femmes n'ont aucun droit , hormis celui d'encaisser les coups physiques et moraux , tout en donnant le change .
Il y a ici de ce fait des portraits féminins d'une richesse rare , Yates avait le talent si rare de croquer l'être humain dans toute sa complexité , cela sans aucun pathos .
C'est noir certes , mais c'est beau , et au fond c'est cela la littérature : la beauté de la noirceur .
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Mon libraire, d'ordinaire affable à forte tendance mutique, m'avait collé Richard Yates dans les bras un jour où j'errai sans but dans son antre, en pleine panne d'inspiration. Son visage s'était éclairé en me décrivant la puissance de cet auteur dont j'ignorai tout, il avait poussé sa métamorphose jusqu'à sourire franchement en le comparant à Carver. le pétillement dans les yeux du bouquiniste taciturne a rapidement eu raison de moi et de ma faible volonté en matière de littérature américaine, et je suis rentrée avec sous le bras les deux romans de Yates qu'il avait en stock. 

Depuis que j'ai dévoré les deux textes, j'ai compris le sourire du libraire. J'ai compris - ou du moins entrevu - ce qu'il entendait en qualifiant Yates de génie méconnu. J'ai compris son enthousiasme frénétique et son engouement viscéral pour l'écrivain. 

Easter Parade est un diamant brut, un bijou littéraire rare et précieux. Il retrace la vie des soeurs Grimes, nées dans l'est des Etats-Unis dans les années trente. Sarah et Emily passent leur enfance sous le joug d'une mère délurée, aussi fantasque qu'alcoolique, qui enchaîne les déménagements en espérant toucher du bout des doigts la petite bourgeoisie de banlieue. Sarah, l'aînée, se marie et se fond dans une vie de famille en apparence idyllique. Emily quant à elle grandit en devenant ce que certains qualifieront d'esprit libre. Elle s'investit dans ses études et son travail, enchaîne les relations sans jamais s'enfermer dans le carcan des bien-pensants. Au travers de ces destins d'apparence diamétralement opposée, Yates brosse le portrait amer d'une génération, avec pudeur et tendresse. Il nous jette à la figure le vide de l'existence et le néant qui s'invite le soir, quand la frénésie du dehors n'arrive plus à étouffer la solitude qui ronge. Les soeurs Grimes préféreront tout plutôt que le silence, peu importe qu'il s'agisse de l'alcool, des hommes ou des belles apparences pour cacher leurs drames silencieux. Enfermées dans leur époque et dans leur condition, elles n'empêcheront pas l'inéluctable explosion de leurs façades vouées à voler en éclat. 


Le génie de Yates se terre dans les moindres recoins, il est dans tous les petits riens qui font la vie. Il est dans les taches de gras aux commissures des lèvres, il est dans les infimes détails que seule une plume de génie peut décrire. Il ne se passe pas grand'chose, dans Easter Parade, et pourtant tout se passe. L'amour, la mort, les espérances et les désillusions ; la vie dans ce qu'elle a de plus ordinaire et plus douloureux. Pour Yates, cette vie de presque rien est toujours sur la tangente, elle flirte souvent avec la folie, comme pour mieux y succomber. 

Je souhaite à chacun de connaître ce que j'ai ressenti en terminant ce grand roman. Je souhaite à chacun de connaître l'exaltation du lecteur abasourdi, de ressentir un jour l'intense frémissement qui gronde dans chaque nerf, dans chaque synapse, le fourmillement qui électrise et retient le temps en suspens, après que la dernière page ait été tournée.Je souhaite à chacun de lire Yates, à coeur ouvert.
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Richard Yates, plante le décor dès la première phrase du roman:

" Aucune des deux soeurs Grimes ne serait heureuse dans la vie, et à regarder en arrière, il apparaît que les ennuis commencèrent avec le divorce de leurs parents".

Walter, le père défaillant, passe ses journées dans un journal républicain new-yorkais en tant que préparateur de copies et ses nuits au fond du bourbon ou du sky. Les petites? Il ne les voit pas beaucoup, de toute façon, elles bougent tout le temps. Obligées de suivre Pookie, leurs mère qui rêve sa vie en changeant de boulots et d'apparts, tous les 2 ans, espérant ainsi provoquer une ascension sociale.

Les filles, donc, Sarah et Emily sont ballotées mais unies. Enfin.. unies, c'est vite dit. Emily, la cadette, se rend bien compte que l'ainée est plus jolie, préférée. Qu'on mise sur elle pour sortir la famille de l'embarras. On lui redresse les dents, si jamais elle pouvait épouser un beau partie, l'investissement financier serait justifié. Emily aussi à les dents de travers, mais l'investissement ne sera jamais fait. Moins séduisante, c'est avec sa tête, son esprit qu'elle espère sans sortir. Aussi quand elle décroche une bourse pour ses 4 années universitaire, son objectif est de devenir une intellectuelle.

Sarah, coincée dans un mariage, très vite mère au foyer avec 3 garçonsVS Emily, journaliste, puis publicitaire, divorcée qui aimerait se fixer mais est toujours attiréE par des salauds.Les chemins des soeurs ne pourraient être plus différents. Mais comme nous le dit Yates dès la première phrase aucune "ne serait heureuse dans la vie"; Ainsi entre les années 1920 jusqu'aux début des 70, on suit l'évolution du regard qu'Emily pose sur l'époque, la condition féminine, sa vie et celle de sa soeur, un regard analytique, qui pourrait paraitre peu empathique. Un regard sans concession pour elle et les autres. Un constat où l'amertume se lie dans les rides. Au final, quelles cases cocher pour "réussir sa vie"?

Mon avis:

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Richard Yates. C'est doux-amer, subtil dans certains détails. les personnages ne sont pas forcément sympathiques mais ça renforce le propos. Il montre aussi la difficulté d'être femme à cette époque à travers 3 générations:
- Pookie, la mère divorcée qui espère refaire sa vie , prospérer;
- Sarah, la jolie chose, réduite à sa beauté, qui ne se rebelle pas contre ce destin tracé: faire un bon mariage
- Emily: qui doit exister et trouver sa place autrement et qui se perd dans ses expérimentations amoureuses. un esprit libre, qui se moque de ce que pense les autres. Oui. Mais un esprit heureux? Rien n'est moins sûr...
L'auteur ne juge pas les choix des unes et des autres, c'est plutôt elles qui sont parfois intransigeantes. ET la vie, qui est plutôt vacharde.

Lien : https://lesvoyagesinterieurs..
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Pas facile de parler de ce magnifique livre, tant il m'a retourné comme un blini. Décidément, Richard Yates entre de grande manière dans mon panthéon, après sa sublime Fenêtre panoramique et ses Onze histoires de solitude. Je crois qu'Easter Parade franchit encore un cap tant dans l'économie d'effets, l'efficacité émotionnelle, que dans la description d'une humanité à la dérive engoncée dans ses mécanismes et ses schémas destructeurs.

La critique complète sur mon site :
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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L'auteur de "la fenêtre panoramique" (revolutionary road) nous conte une histoire aux accents biographiques sous les traits d'Emily, qui a du mal à trouver sa place dans la société d'après guerre. Sa soeur Sarah n'a pas non plus la vie qu'e...lle espérait petite lorsqu'elle pavanait lors de l'easter parade. Des vies mensongères et des espoirs déchus qui nous incitent à une passionante réflexion sur l'existence.
Maître de la littérature américaine longtemps oublié, Yates a exercé une forte influence sur Andre Dubus, Raymond Carver et Richard Ford.
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