Melissa Carpentier est née dans une famille modeste. Ses parents, peu démonstratifs, ne lui apprennent pas les gestes de l'amour mais lui inculquent que « continuer l'école est un privilège ». Une leçon bien apprise puisque la jeune fille parvient à intégrer une classe préparatoire et monte à Paris.
Carole Zalberg fait de son personnage un anti-héros. Mélissa n'est pas vraiment belle. Plutôt charpentée et d'allure grossière. Ses premiers pas dans le monde du travail révèlent rapidement une incompétence à la prise de décision. Elle n'est pas embauchée à l'issue de sa période d'essai.
« Elle avait acquis des compétences impressionnantes mais elle était incapable de les exercer. »
Sans travail, elle retourne chez ses parents. Comme tout jeune actif ayant goûté à la liberté, elle n'y trouve plus à sa place. Ce sera donc un retour à Paris et l'enchaînement de petits boulots alimentaires. La jeune femme est une proie facile pour Marc, un leader charismatique proche du gourou qui l'embarque dans une révolte anti-migrants. Lors d'une manifestation contre l'ouverture d'un centre d'hébergement d'urgence pour les sans-abris, Mélissa est involontairement responsable de la mort de Mehdi, le jeune enfant d'une migrante. Pourtant, amoureuse de Marc, elle s'entête à se croire élue. Jusqu'au jour où Marc la prend sans sentiment pour évacuer sa rage contre son adversaire.
« L'enfant mort gisait sous sa pensée en berne.»
Melissa a besoin de fuir, de repartir à zéro pour effacer sa honte. Elle suit un ami fortuné à Manhattan puis se perd à Key West au milieu des marginaux. Ses rencontres jalonnent un parcours de rédemption, notamment auprès de Jane, la mère d'un homme qu'elle a accompagné en voiture jusqu'à Tacoma. Elle ira toujours plus loin jusqu'en Alaska se guérir au coeur d'un monde sauvage loin du marigot parisien où les combats et les conflits perdurent.
« Tout est abîmé : le débat, les manifestations, la démocratie. Tout est faussé par cette guerre incessante de phrases et d'images sorties de leur contexte, distordues à l'infini, reprises parfois d'un continent à l'autre et commentées jusqu'à l'usure. »
Mais si l'éloignement aide à se réinventer, seul son retour aura valeur de confirmation.
Loin du déterminisme social, le roman de
Carole Zalberg montre que chacun peut s'égarer en croisant les mauvaises personnes. Mais les actes commis pèsent sur la conscience et le chemin peut être long avant de retrouver le droit d'aimer le beau. le roman est le récit de ce chemin. En campant un personnage peu charismatique, avec une narration à la seconde personne, je n'ai ressenti que peu d'empathie pour Mélissa. La rencontre avec Jane était un beau moment qui aurait pu me faire basculer si il avait été plus long et plus profond. Bien évidemment, je suis toujours sous le charme de la sensibilité et de la poésie de
Carole Zalberg mais Mélissa ne m'a pas bouleversée.
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