L'eau du bassin était fraîche et immobile. Je me suis souvenu des paroles d'Alice : " je voudrais avoir un enfant. Un enfant de toi, Samuel. " Les paroles qui avaient ouvert la cage ou j'enfermais toutes mes peurs.
Je me suis rendu compte que pour la première fois depuis très longtemps je n'étais en train ni d'attendre, ni de fuir.
J'ai perdu l'audition, la vue, la mémoire et la puissance sexuelle, mais pas le sens du ridicule.
Avec patience et imagination, fidèle à son habitude, l'araignée de la vie a entremêlé mon fil à quelques histoires. Mais en aucun cas, elle n'a décidé de me retenir dans un nœud.
J'étais un mort qui regardait.
De quoi la non-rencontre est-elle le moment ?
Je n'ai pas su, dans la chambre d'hôtel, entreprendre la fuite vers l'évanouissement. Je n'ai pas pu, je n'ai pas su entreprendre la fuite vers l'oubli.
L'incendie tonnait. L'incendie modelait une cloche de silence. Le feu et ses rugissements. La forêt et ses plaintes. Que pouvons-nous, nous, les hommes, face à ce combat de géants ?
La gare routière avait été, dans un lointain passé, une salle de cinéma. On y respirait une atmosphère dense, comme si toutes les ombres et toutes les histoires projetées là pendant des années s'étaient mêlées et condensées dans l'air.