La soupe Lepron

Un histoire de soupe qui n'aura pas le goût de cailloux. Bien au contraire.
Une histoire qui évoquera le bon manger autour d'une table, mettant de côté son symbole populaire, soupe du pauvre qui câle, réchauffe, faite de tout ce qui s'est trouvé sous la main et qui fera tenir jusqu'aux lendemains.
Ici nous serons dans la pure gourmandise avec la soupe de Monsieur Lepron ( et bien plus: la petite entreprise).
Nous serons au début dans le plaisir du goût, le plaisir du légume, de la bonne préparation, nous parlerons cuisine.
Quel est donc le secret de Monsieur Lepron pour faire de sa soupe d'Automne un rendez-vous gustatif incomparable qui met tout le monde d'accord?
Il y met du coeur dedans mais quoi d'autres?
Carottes, pommes de terre, blettes, haricots verts, haricots blancs, choux, qu'est ce qui est si bon?

Nous sourirons de ce petit moment de grâce avec des belles nappes à niveau d'animaux de la forêt.
La soupe est une affaire sérieuse et Monsieur Lepron en rêvera même chaque soir, il va vivre cette expérience intensément.
Monsieur Lepron sera vêtu avec distinction comme pour rendre l'accueil de sa cuisine aussi sérieuse que dans un grand restaurant d'humains.
Même les humains s'accorderont à dire qu'il n'y aura pas meilleure recette secrète ( dans quel tiroir est-elle?).

Mais si elle est si bonne, pourquoi ne pas en faire profiter au monde entier?
Nous ne nous attendions pas vraiment au récit d'une Success Story avec une soupe en conserve et la suite ne manquera pas d'humour et de mésaventure ordinairement épuisante.
Et l'auteure Giovanna Zoboli et l'illustratrice Mariachiara di Giorgio promettra de la passion, de l'abnégation, du stress et encore plus de réaction du public.
Comment Monsieur Lepron vivra t-il cette aventure qui va finir par le dépasser d'une tête et bien plus?

Où seront passés la passion, le temps de prendre le temps et de profiter?
Nous aimerons un peu cette morale suggérée que ce qui faisait le secret du bon goût de la soupe, c'était de la partager simplement et généreusement en famille et entre amis, de vivre le moment présent. Ainsi les auteures pointeront un peu sur l'essentiel de la vie: faire fortune ou vivre de sa passion et en faire profiter les autres simplement: il faudra un jour choisir.
On aime bien.

Ah, la soupe de Monsieur Lepron ! Elle est tellement bonne, cette soupe qu'il ne prépare qu'une fois par an, que de plus en plus de personnes accourent pour la goûter. Face à la demande toujours croissante, Monsieur Lepron ouvre une usine chargée de fabriquer sa soupe en grandes quantités. Les clients sont au rendez-vous, de plus en plus nombreux. Mais monsieur Lepron, lui, voit sa santé se dégrader. Il fait des cauchemars, qui l'épuisent…

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Voila un album aux illustrations délicieusement rétro qui donne envie de cuisiner quelques légumes et d'en faire une bonne soupe à partager entre amis. Un album qui dénonce le toujours plus, et nous donne envie de revenir à la simplicité.

La soupe Lepron pointe aussi du doigt la mondialisation, le capitalisme, l'industrialisation de l'alimentation, la surconsommation. En effet, le pauvre Monsieur Lepron, qui aimait tant cuisiner sa soupe, qui la « rêvait » - j'aime d'ailleurs beaucoup cette image , est ensuite soumis au stress, au diktat du chiffre et du rendement. Il en perd son latin, et se perd au passage. Il lui faudra alors savoir revenir à l'essentiel : lui-même...

La soupe Lepron est donc album au charme désuet (les illustrations on t un aspect délicatement suranné et obsolète), avec un message on ne peut plus clair : il est temps de retrouver le plaisir des choses et des saveurs simples, d'une compagnie agréable. A méditer !

Elle est délicieuse la soupe de Mr Lepron. Il adore la faire. Il adore la partager. Il a aussi un rêve Mr Lepron : devenir le meilleur cuisinier du monde. Oui mais voilà, lorsque le rêve se confronte à la réalité d'un pays capitaliste, ça peut piquer.

J'ai beaucoup aimé cette histoire qui s'ancre bien dans notre réalité. Est-ce bien nécessaire de produire beaucoup, de rechercher la gloire et la fortune, si on passe à côté de l'essentiel, si on ne prend plus plaisir à ce que l'on fait ?
La famille, la simplicité et le partage sont au coeur de cet album jeunesse dont le message sonne juste et dont les illustrations au style vintage sont ravissantes.

Monsieur Lepron est un lièvre rêveur. le premier jour de l'automne, il apprécie préparer une bonne soupe avec les légumes du potager des fermiers. Il se fait aider de sa très nombreuse famille avec qui il aime partager ce mets. Au fil du temps, la soupe du lièvre connaît un succès grâce au bouche-à -oreille.
La succulente soupe de Monsieur Lepron devient célèbre et face à la demande, ce dernier ouvre une usine pour fabriquer son plat en quantité plus importante et l'exporter dans le monde entier.
Mais très vite, le lièvre ne trouve plus le sommeil et fait des cauchemars. Les clients commencent à se plaindre de son produit. Alors, un beau matin, Monsieur Lepron prend une décision radicale.

« La soupe Lepron » est un album magnifique qui fustige l'industrialisation et le capitalisme à hauteur d'enfant, sans aucune lourdeur et avec beaucoup de justesse. Les illustrations à l'aquarelle sont splendides. le lecteur prend le temps de contempler chaque page, les légumes sont mis en avant et donnent envie d'être dégustés. Les références (soupes Campbell de Warhol) et les univers de l'illustratrice ne manquent pas. L'alternance des couleurs entre teintes chaudes et froides, particulièrement travaillée, met en valeur les différentes émotions qui nous traversent à la lecture de l'album.

« La soupe Lepron » se veut un ouvrage engagé et poétique. le texte intelligent et sensible fait réfléchir sur la surconsommation et nous rappelle que le bonheur se trouve souvent dans les choses simples de la vie.

Dans la série " Lisez aussi les livres de vos petits-enfants", un album hautement recommandable, un conte en forme d'apologue, qui illustre la triste destinée d'une vie entraînée dans la dynamique du capitalisme, la montée en puissance d'une petite affaire familiale, devenue locale, puis internationale et mondiale... Une montée en puissance faramineuse, avant l'effondrement, quand le bon grand-père liévre, expert en soupe, se retrouve grand patron et en perd le sommeil, ce sommeil qui était le meilleur ingrédient du délicieux breuvage, jusqu'à entraîner la chute de son nouvel empire industriel... A mettre entre toutes les mains, de sept à sept fois septante ans, pour nous enjoindre à limiter nos rêves de croissance infinie !