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Citations sur Les Rougon-Macquart, tome 6 : Son Excellence Eugène Rou.. (291)

Les hommes ne peuvent souvent rien quand les faits ne les aident pas.
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Il se précipita, étala le journal sur son bureau, en montra les colonnes toutes balafrées à coups de crayon rouge. « Il n’y a pas dix lignes qui ne soient répréhensibles ! Dans votre article de tête, vous paraissez mettre en doute l’infaillibilité du gouvernement en matière de répression. Dans cet entrefilet, à la seconde page, vous semblez faire une allusion à ma personne, en parlant des parvenus dont le triomphe est insolent. Dans vos faits divers, traînent des histoires ordurières, des attaques stupides contre les hautes classes. » Le directeur, épouvanté, joignait les mains, tâchait de placer un mot. « Je jure à Son Excellence… Je suis désespéré que Son Excellence ait pu supposer un instant… Moi qui ai pour Son Excellence une si vive admiration… » Mais Rougon ne l’écoutait pas. « Et le pis, monsieur, c’est que personne n’ignore les liens qui vous attachent à l’administration. Comment les autres feuilles peuvent-elles nous respecter, si les journaux que nous payons ne nous respectent pas ?… Depuis ce matin, tous mes amis me dénoncent ces abominations. » Alors, le directeur cria avec Rougon. Ces articles-là ne lui avaient point passé sous les yeux. Mais il allait flanquer tous ses rédacteurs à la porte. Si Son Excellence le voulait, il communiquerait chaque matin à Son Excellence une épreuve du numéro. Rougon, soulagé, refusa ; il n’avait pas le temps. Et il poussait le directeur vers la porte, lorsqu’il se ravisa. « J’oubliais. Votre feuilleton est odieux… Cette femme bien élevée qui trompe son mari est un argument détestable contre la bonne éducation. On ne doit pas laisser dire qu’une femme comme il faut puisse commettre une faute. – Le feuilleton a beaucoup de succès, murmura le directeur, inquiet de nouveau. Je l’ai lu, je l’ai trouvé très intéressant. – Ah ! vous l’avez lu… Eh bien ! cette malheureuse a-t-elle des remords à la fin ? » Le directeur porta la main à son front, ahuri, cherchant à se souvenir. « Des remords ? non, je ne crois pas. » Rougon avait ouvert la porte. Il la referma sur lui, en criant : « Il faut absolument qu’elle ait des remords !… Exigez de l’auteur qu’il lui donne des remords ! »
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"Voyez-vous, mon cher, je vous l'ai dit souvent, vous avez tort de mépriser les femmes. Non, les femmes ne sont pas les bêtes que vous pensez. Ça me mettait en colère, de vous entendre nous traiter de folles, de meubles embarrassants, que sais-je encore? de boulet au pieds... Regardez donc mon mari! Est-ce que j'ai été un boulet à son pied?... Moi, je voulais vous faire voir ça. Je m'étais promis ce régal, vous vous souvenez, le jour où nous avons eu cette conversation. Vous avez vu, n'est-ce pas? Eh bien! sans rancune... Vous êtes très fort, mon cher. Mais dites-vous bien une chose: une femme vous roulera toujours, quand elle voudra en prendre la peine."
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Je n'étais rien, je serai maintenant ce qu'il me plaira.
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Votre bougie a l'air d'un cierge, dit encore Du Poizat. Hein! quel enterrement, mon pauvre ami ! comme on a des morts à coucher dans la cendre !
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Et, longuement, il exposa le point où en était son affaire. Il s’agissait d’un chemin de fer de Niort à Angers, dont il caressait le projet depuis trois ans. La vérité était que cette voie ferrée passait à Bressuire, où il possédait des hauts fourneaux, dont elle devait décupler la valeur ; jusque-là, les transports restaient difficiles, l’entreprise végétait. Puis, il y avait dans la mise en actions du projet tout un espoir de pêche en eau trouble des plus productives. Aussi M. Kahn déployait-il une activité prodigieuse pour obtenir la concession ; Rougon l’appuyait énergiquement, et la concession allait être accordée, lorsque M. de Marsy, ministre de l’Intérieur, fâché de n’être pas dans l’affaire, où il flairait des tripotages superbes, très désireux d’autre part d’être désagréable à Rougon, avait employé toute sa haute influence à combattre le projet. Il venait même, avec l’audace qui le rendait si redoutable, de faire offrir la concession par le ministre des Travaux publics au directeur de la Compagnie de l’Ouest ; et il répandait le bruit que la Compagnie seule pouvait mener à bien un embranchement dont les travaux demandaient des garanties sérieuses. M. Kahn allait être dépouillé. La chute de Rougon consommait sa ruine. « J’ai appris hier, dit-il, qu’un ingénieur de la Compagnie était chargé d’étudier un nouveau tracé… Avez-vous eu vent de la chose, Du Poizat ? – Parfaitement, répondit le sous-préfet. Les études sont même commencées… On cherche à éviter le coude que vous faisiez, pour venir passer à Bressuire. La ligne filerait droit par Parthenay et par Thouars. » Le député eut un geste de découragement. « C’est de la persécution, murmura-t-il. Qu’est-ce que ça leur ferait de passer devant mon usine ?… Mais je protesterai ; j’écrirai un mémoire contre leur tracé… Je retourne à Bressuire avec vous. – Non, ne m’attendez pas, dit Du Poizat en souriant. Il paraît que je vais donner ma démission. » M. Kahn se laissa aller dans son fauteuil, comme sous le coup d’une dernière catastrophe. Il frottait son collier de barbe à deux mains, il regardait Rougon d’un air suppliant. Celui-ci avait lâché ses dossiers. Les coudes sur le bureau, il écoutait. « Vous voulez un conseil, n’est-ce pas ? dit-il enfin d’une voix rude. Eh bien ! faites les morts, mes bons amis ; tâchez que les choses restent en l’état, et attendez que nous soyons les maîtres… Du Poizat va donner sa démission, parce que, s’il ne la donnait pas, il la recevrait avant quinze jours. Quant à vous, Kahn, écrivez à l’empereur, empêchez par tous les moyens que la concession ne soit accordée à la Compagnie de l’Ouest. Vous ne l’obtiendrez certes pas, mais tant qu’elle ne sera à personne, elle pourra être à vous, plus tard.
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Rougon, à son tour, tonnait contre les livres. Il venait de paraître un roman, surtout, qui l'indignait ; une oeuvre de l'imagination la plus dépravée, traînant le lecteur dans les débordements d'une femme hystérique. Ce mot d'«hystérie» parut lui plaire, car il le répéta trois fois. Clorinde lui en ayant demandé le sens, il refusa de le donner, pris d'une grande pudeur.
«Tout peut se dire, continua-t-il ; seulement, il y a une façon de tout dire... Ainsi, dans l'administration, on est souvent obligé d'aborder des sujets les plus délicats. J'ai lu des rapports sur certaines femmes, par exemple, vous me comprenez ? Eh bien ! des détails très précis s'y trouvaient consignés, dans un style clair, simple, honnête. Cela restait chaste, enfin !... Tandis que les romanciers de nos jours ont adopté un style lubrique, une façon de dire les choses qui les font vivre devant vous. Ils appellent ça de l'art. C'est de l'inconvenance, voilà tout.»
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On sait que l'on tombe, on ne sait jamais si l'on se relèvera.
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S'il tenait de son père la carrure lourde des épaules, l'empâtement du masque, il avait reçu de sa mère, cette terrible Félicité qui gouvernait Plassans, une flamme de volonté, une passion de la force, dédaigneuse des petits moyens et des petites joies ; et il était certainement le plus grand des Rougon.
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Ils étaient descendus avant les autres, ils avaient profité d'une porte ouverte ; et, dans ces allées réservées aux méditations graves, sous la dentelle des feuilles nouvelles, ils promenaient leur tendresse.
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