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Citations sur Les Rougon-Macquart, tome 8 : Une page d'amour (206)

Le livre glissa de ses mains. Elle rêvait, les yeux perdus. Quand elle le lâchait ainsi, c'était par un besoin de ne pas continuer, de comprendre et d'attendre. Elle prenait une jouissance à ne point satisfaire tout de suite sa curiosité.
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Pourtant, ils échangeaient des mots, des phrases lentes et banales, qui semblaient prendre des sens profonds et qui se prolongeaient au-delà du son de leurs voix. A chacune de leurs paroles, ils s'approuvaient d'un léger signe, comme si toutes leurs pensées eussent été communes. C'était une entente absolue, intime, venue du fond de leur être, et qui se resserait jusque dans leurs silences.
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Alors, on se quittait un jour, on s’en allait chacun de côté, on ne se voyait plus, on ne s’aimait plus ? Et les yeux sur Paris, immense et mélancolique, elle restait toute froide devant ce que sa passion de douze ans devinait des cruautés de l’existence
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Elle ne changeait pas, elle.
Quand elle aimait les gens, ça durait toute la vie. Elle ne comprenait pas l'abandon. Cela était une chose énorme, monstrueuse, qui ne pouvait rentrer dans son petit cœur sans le faire éclater.
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«  Au cours des siècles , l’histoire des peuples n’est qu’une leçon de mutuelle tolérance. »
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Et elle continuait, enfilant les phrases vides, avec une aisance de dévote rompue à l'exercice du chapelet.
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Lettre de Mallarmé à Zola (fragment) du 26 avril 1878

Permettez-moi aujourd’hui de vous dire, simplement et en deux mots, que j’admire votre dernière œuvre à l’égal de toutes les autres, et peut-être un peu plus. Il me semble que vous êtes arrivé pour la première fois, non à faire une chose magnifique, ce dont vous êtes coutumier, mais exactement ce que vous considérez comme le type de l’oeuvre littéraire moderne. Un poème, car c’en est un, sans interruption ; et un roman pour qui voudrait n’y voir qu’une peinture juste de la vie contemporaine. L’homogénéité du milieu et de son atmosphère, ainsi que de votre art à en donner l’impression totale et épuisée, est extraordinaire. On a en fermant le livre, cette croyance qu’il a été fait aussi rapidement qu’on l’a lu ; ou plutôt qu’on vient d’avoir une vision profonde et limpide et c’est tout. Je ne crois point qu’auteur ait laissé parler le papier et fait que les pages se tournent d’elles-mêmes et magiquement jusqu’à la dernière : alors tout est dit et le poëme est contenu, tout entier, dans le livre comme en l’esprit du lecteur, sans que « par une lacune quelconque » on puisse y laisser pénétrer « de soi », ni rêver à côté. Quant aux détails, vous suivez tout jusqu’au moindre coin, avec mille yeux dont le regard est un : et tout, attitude d’un personnage ou d’un groupe, vous percevez tout et rendez tout, avec une simultanéité, qui perpétuellement cause l’impression de la vie.
J’admire beaucoup vos fonds, Paris et son ciel, qui alternent avec l’histoire même : ils ont cela de très beau, outre l’incomparable variété et la lucidité de la description, de ne point permettre au lecteur de sortir un instant de chez vous, puisque vous lui fournissez vous-même des horizons et des lointains ; et à ces moments où d’ordinaire on lève les yeux après un épisode du récit, pour songer en soi et se reposer, vous apparaissez avec une tyrannie superbe et présentez la toile de fond de cette rêverie. C’est un grand succès. Toutefois (ma seule critique, mais faite, il est vrai, à un point de vue de composition tout différent du votre, qui jouez le hasard!), je n’arrive pas à trouver le lien moral ou dû à une nécessité du sujet, qui existe en cette juxtaposition de ciels, de Paris, etc. et du récit , si ce n’est qu’Hélène demeure dans la rue Vineuse, qui domine Paris, avec lequel cependant elle n’a point à sympathiser ou à lutter plus tard… Je sais bien que cette simple prudence d’un être placé près de la vaste ville, sans rien de commun avec elle, est déjà une grande poésie !
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Quatrième partie
Chapître III
(Course d’Hélène dans le Passage des Eaux pour prevenir Juliette qui a un rendez-vous amoureux avec Malignon et éviter un possible drame avec Henri, prévenu par sa lettre)

Dans la rue, Hélène hâtait le pas. La pluie avait cessé ; seules de grosses gouttes, coulant des gouttières, lui mouillaient lourdement les épaules. Elle s’était promis de réfléchir dehors, d’arrêter un plan. Mais elle n’avait plus que le besoin d’arriver. Lorsqu’elle s’engagea dans le passage des Eaux, elle hésita une seconde. L’escalier se trouvait changé en torrent, les ruisseaux de la rue Raynouard débordaient et s’engouffraient. Il y avait, le long des marches, entre les murs resserrés, des rejaillissements d’écume ; tandis que des pointes de pavé miroitaient, lavées par l’averse. Un coup de lumière blafarde, tombant du ciel gris, blanchissait le passage, entre les branches noires des arbres. Elle retroussa à peine sa jupe, elle descendit. L’eau montait à ses chevilles, ses petits souliers manquèrent de rester dans les flaques ; et elle entendait autour d’elle, le long de la descente, un chuchotement clair, pareil au murmure des petites rivières qui coulent sous les herbes, au fond des bois.
Tout d’un coup, elle se trouva dans l’escalier, devant la porte. Elle demeura là, haletante, torturée. Puis, elle se souvint, elle préféra frapper à la cuisine.
– Comment, c’est vous ! dit la mère Fétu.
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Quatrième partie
Chapître III
(Colère et violence d’Hélène contre Jeanne)

Et elle nouait ses petits bras autour des jambes de sa mère, elle pleurait dans les plis de sa robe, s’accrochant à elle, se faisant lourde pour l’empêcher d’avancer. Les aiguilles marchaient, il était trois heures moins dix. Alors, Hélène pensa que jamais elle n’arriverait assez tôt ; et, la tête perdue, elle repoussa Jeanne violemment, en criant :
– Quelle enfant insupportable ! C’est une vraie tyrannie !... Si tu pleures, tu auras affaire à moi !
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Quatrième partie
Chapître II
(Hélène décide d’écrire une lettre anonyme à Henri pour dénoncer l’adultère de Juliette)

Maintenant, Hélène était seule dans la chambre. Elle s’enferma, elle passa une soirée affreuse, près du feu mort. Sa volonté lui échappait, des pensées inavouables faisaient en elle un travail sourd. C’était comme une femme méchante et sensuelle qu’elle ne connaissait point et qui lui parlait d’une voix souveraine, à laquelle elle ne pouvait désobéir. Lorsque minuit sonna, elle se coucha péniblement. Mais, au lit, ses tourments devinrent intolérables. Elle dormait à moitié, se retournait comme sur une braise. Des images, grandies par l’insomnie, la poursuivaient. Puis, une idée se planta dans son crâne. Elle avait beau la repousser, l’idée s’enfonçait, la serrait à la gorge, la prenait tout entière. Vers deux heures, elle se leva avec la raideur et la pâle résolution d’une somnambule, elle ralluma la lampe et écrivit une lettre, en déguisant son écriture. C’était une dénonciation vague, un billet de trois lignes priant le docteur Deberle de se rendre le jour même à tel lieu, à telle heure, sans explication, sans signature. Elle cacheta l’enveloppe, mit la lettre dans la poche de sa robe, jetée, sur un fauteuil. Et, quand elle se fut couchée, elle s’endormit tout de suite, elle resta sans souffle, anéantie par un sommeil de plomb.
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