San Perdido, ville imaginaire du Panama, "ville oubliée de Dieu, royaume du marché noir et de la prostitution."
Le récit qui se déroule de 1946 à 1960 a pour héros un garçon d'une dizaine d'années qui apparaît, un matin très tôt, sur la décharge d'immondices à ciel ouvert où les plus miséreux tentent de récupérer quelque chose à manger ou du métal à vendre au ferrailleur pour quelques centimes.
Déjà le décor est planté : la misère noire opposée à l'opulence des beaux quartiers de la partie haute.
C'est une fable sociale qui dénonce les inégalités et les abus de pouvoir.
L'enfant n'est pas commun et c'est à partir de lui que se construit le récit. Tout d'abord on voit ses yeux : "Des yeux d'un bleu si clair qu'ils semblent presque blancs. Des yeux qui font deux trous dans son visage d'un noir profond".
Il ne parle pas, "Son silence le pare d'une auréole de sagesse, son sérieux est le gage d'un caractère mûr".
Il possède un pouvoir surnaturel dans ses larges mains d'adulte, qui soulèvent et brisent tout sans effort.
Il suscite attirance et hésitation.
Voici pour la présentation. Les habitants des diverses classes sociales de
San Perdido sont parfaitement présents. Ils ont une telle densité que je croyais en leur présence et je vivais avec eux. Seuls quelques personnages odieux, ceux qui détiennent pouvoir et impunité sont poussés jusqu'à la caricature qui prête à sourire.
Si ce n'est déjà fait, je vois invite à découvrir ce récit , bien construit, bien rythmé , à la progression maîtrisée. Aucun ennui , beaucoup d'intérêt.
Un atout de plus pour moi : aucun secret de famille, aucun ego à satisfaire.
Je suis ravie d'avoir découvert ce roman.