N'être ni l'une ni l'autre
Elle ne veut pas limiter sa vie à "en avoir un"
Ni à "ne pas en avoir un"
Cesser de réduire la vie à une case à cocher, à une case de calendrier
Cesser de secouer la tête
Aller à la manifestation en mai
Faire plus que de participer à une manifestation
Accepter de ne pas savoir
(p352)
- Des tonnes d’injustices ont lieu au grand jour, ajoute Mattie, les citoyens ordinaires en sont conscients mais ne font rien.
- Par exemple ? demande papa.
- Ça s’appelle l’effet de proximité. Personne ne vient au secours d’une victime de crime quand il y a des témoins, parce que tout le monde pense que quelqu’un d’autre va s’en charger.
Une des phrases de sa mère était: "N'enlève pas tes vêtements avant qu'il ne l'ai fait." La confusion grammaticale avait toujours préoccupé sa fille. Cela signifiait-il qu'elle ne devait pas se déshabiller la première? Ou bien qu'elle devait attendre que l'homme se charge de la dévêtir?
Ciel rouge le matin, pluie en chemin.
« Leurs vaches sont nourries à l’herbe, pas le moindre antibiotique, juste un bœuf pur et joyeux.
– Joyeux avant d’être abattu, ou une fois qu’il se trouve dans votre assiette ? lance Didier.
Elle ne bronche pas.
– Donc, quand vous viendrez chez nous, je ferai des steaks, et les bettes seront bientôt prêtes, on en a des hectares entiers cette année, par chance les enfants adorent ça. »
Elle devrait être plus prudente
Elle ne parvenait pas à croire que l’amendement sur l’identité de la personne était devenu une réalité alors que tant de citoyens s’y opposaient. Ce qui (l’incrédulité) était stupide. Elle savait - en tant que professeure d’histoire, c’était son métier - combien d’horreurs étaient légitimées au grand jour, contre la volonté de la plupart des gens.
La mer ne demande pas de permission, elle n'attend aucune consigne. Elle ne souffre pas d'ignorer ce qu'elle est censée faire exactement. Aujourd'hui ses hautes vagues, ourlées de lambeaux d'écume blanche, se fracassent contre les éperons d'érosion marine. La mer en furie, disent les gens, mais selon la biographe c'est une erreur d'attribuer un sentiment humain à une masse si inhumaine en soi. L'eau se déchaîne pour des raisons qu'ils ne savent pas nommer.
Quelle joie de se promener nue après une douche et d'entendre ses petites lèvres applaudir. De se lever du siège des toilettes et de les entendre encore applaudir.
Il y a deux ans à peine, a-t-elle rappelé _ crié, en réalité_, l'avortement était légal dans ce pays, mais aujourd'hui nous en sommes réduites à nous jeter au bas de l'escalier.