Àforce, on a compris ceci : ce n’est pas l’économie qui est en crise, c’est l’économie qui est la crise ; ce n’est pas le travail qui manque, c’est le travail qui est en trop.
Le territoire actuel est le produit de plusieurs siècles d'opérations de police. On a refoulé le peuple hors de ses campagnes, puis hors de ses rues, puis hors de ses quartiers et finalement hors de ses halls d'immeuble, dans l'espoir dément de contenir toute vie entre les quatre murs suintants du privé.
Une vérité n’est pas quelque chose que l’on détient mais quelque chose qui nous porte. p.85
Nous admettons la nécessité de trouver de l'argent, qu'importent les moyens, parce qu'il est présentement impossible de s'en passer, non la nécessité de travailler.
Gouverner n'a jamais été autre chose que repousser par mille subterfuges le moment où la foule vous pendra, et tout acte de gouvernement rien qu'une façon de ne pas perdre le contrôle de la population.
Le Moi n’est pas ce qui chez nous est en crise, mais la forme que l’on cherche à nous imprimer.On veut faire de nous des Moi bien délimités, bien séparés, classables et recensables par qualités...
[…] en raison même de l'éclat hors pair de son passé national, il est particulièrement difficile pour la France de reconnaître clairement et d'accepter franchement le fait de la fin de la période « nationale » de l'Histoire et d'en tirer toutes les conséquences. Il est dur pour un pays qui a créé de toutes pièces l'armature idéologique du nationalisme et qui l'a exporté dans le monde entier, de reconnaître qu'il ne s'agit là désormais que d'une pièce à classer dans les archives historiques.
Les bidonvilles sont dans bien des mégapoles les derniers lieux vivants, vivables, et sans surprise, aussi, les lieux les plus mortels. [...] Les cités-dortoirs de la banlieue Nord de Paris, délaissées par une petite bourgeoisie partie à la chasse aux pavillons, rendues à la vie par le chômage de masse, rayonnent plus intensément, désormais, que le Quartier latin. Par le verbe autant que par le feu.
Le scandale, il y a un siècle, résidait dans toute négation un peu tapageuse, elle réside aujourd’hui dans toute affirmation qui ne tremble pas. p.78
Sous quelque angle qu’on le prenne, le présent est sans issue. Ce n’est pas la moindre de ses vertus. À ceux qui voudraient absolument espérer, il dérobe tout appui. Ceux qui prétendent détenir des solutions sont démentis dans l’heure. C’est une chose entendue que tout ne peut aller que de mal en pis. « Le futur n’a plus d’avenir » est la sagesse d’une époque qui en est arrivée, sous ses airs d’extrême normalité, au niveau de conscience des premiers punks. (page 7)