POUVOIR
Il la saisit au vol
L'empoigne par le milieu du corps
La ceinturant de ses doigts robustes
Il la réduit à l'impuissance
Vertige la main dominante
Couvre toutes les distances
Sans plus bouger que sa proie.
POUVOIR
Il la saisit au vol
L'empoigne par le milieu du corps
La ceinturant de ses doigts robustes
Il la réduit à l'impuissance
Vertige la main dominante
Couvre toutes les distances
Sans plus bouger que sa proie
LE DON
Elle est noyau figue pensée
Elle est le plein soleil sous mes paupières closes
Et la chaleur brillante dans mes mains tendues
Elle est la fille noire et son sang fait la roue
Dans la nuit d'un feu mûr.
L'ATTENTE
Je n'ai jamais tenu sa tête dans mes mains.
P. Eluard
(le dessin face à cette phrase : deux belles mains d'homme face à face et une toile d'araignée tendue entre les deux.
Dessin de Man Ray de 1987)
PARANOIA
En vue des côtes
Entendu parler de certains poissons
Voisins de la terre
Quittons la mer
Accrochons-nous au mouvement
Des rives fermes
Le fleuve descend comme un oeuf
Et nous sommes les oiseaux.
P. Eluard
Etre en dépit de tout
Etre en dépit de soi
LA PEUR
Fourrure rouge
Auseuil friand de l'animal
La proie s'affole
Pont brûlé
Bras faible
Bâton brisé
Chevelure pleine de terre
Menace insupportable
Tombe meurtrière
Le visage s'ouvre
Il laisse voir une femme qui s'enniue.
Une bouche autour de laquelle la terre tourne
Comme un bloc de cristal
Je me mêle à la nuit.
L'ARBRE-ROSE
L'année est bonne la terre enfle
Le ciel déborde dans les champs
Sur l'herbe courbe comme un ventre
La rosée brûle de fleurir.