3 livres recommandés par Gaspard Kœnig
Découvrez les coups de cœur littéraires de l'écrivain-philosophe

Article publié le 20/10/2023 par Pierre Krause et Déborah Zitt 

En lice pour de nombreux prix littéraires dont le prestigieux Goncourt des Lycéens, Humus de Gaspard Koenig  (L’Observatoire) est certainement l’un des romans phares de la rentrée littéraire. Quelles sont les influences de l’auteur ? Ses plus grandes lectures ? Il nous recommande 3 livres marquants, qu'ils soient très récents ou plus anciens. 

 
Jean Giono, Un roi sans divertissement  
Folio, 244 pages, 8,10 €

« C'est le livre que je mets au sommet de toute ma pile. C'est un chef-d'œuvre total qui prouve que la philosophie s'explique mieux à travers la littérature. Pascal n'a pas écrit de meilleur commentaire que cet ouvrage qui reste d'ailleurs un vrai roman avec une narration, du suspense et même une intrigue policière puisque l'on se demande qui a tué qui. C'est aussi un roman métaphysique très profond et très sombre ainsi qu'un roman esthétique grâce à la langue de Giono mais aussi ses paysages magnifiques de neige et de bêtes - le loup a un rôle très important dans cette histoire. C'est très puissant tout en restant très court. Narration, profondeur métaphysique et grande beauté : c'est pour moi l'essence du roman. »

Alexis de Tocqueville, Souvenirs           
Folio Histoire, 460 pages, 12,90 €

« En ce moment, je lis avec plaisir les Souvenirs de Tocqueville sur la révolution de 1848. Il décrit le chaos d'une révolution que personne n'avait vraiment vue venir. Lui essaie de faire quelque chose puisqu'il est alors reconduit dans le nouveau régime. Il décrit les trahisons de tout le monde, de ceux qui passent d'un régime à l'autre. On retrouve le cynisme du philosophe, notamment envers les hommes politiques qui l'entourent, et il se lâche d'autant plus que Tocqueville ne comptait pas publier ces lignes. On sent aussi une certaine amertume chez lui puisqu'il n'a jamais réussi à avoir un rôle politique majeur comme il le voulait. »


Clara Arnaud, Et vous passerez comme des vents fous 
Actes Sud, 384 pages, 22,50 €



« En cette rentrée littéraire, j'ai beaucoup aimé le livre de Clara Arnaud Et vous passerez comme des vents fous. J'y ai vu un certain écho avec mon livre Humus. Il s'agit d'un livre sur l'écologie qui est très documenté mais qui ne porte jamais de jugement non plus. On y trouve plusieurs personnages très différents les uns des autres comme plusieurs bergers, une éthologue, des paysans ou des gens du bistrot. Tous sont confrontés à la question de l'ours des Pyrénées et portent un point de vue qui leur est propre. C'est un beau livre à la gloire de l'ours certes, mais qui n'est jamais militant. Je m'aperçois que les écrivains qui parlent d'écologie aujourd'hui se documentent, à la différence des auteurs plus anciens qui s'emparaient du sujet. Dans Les Racines du ciel, offert d'ailleurs par Emmanuel Macron au roi Charles III, Romain Gary ne décrit jamais les éléphants pourtant au cœur du livre. Ils représentent un symbole de liberté mais ne sont utiles à Gary que comme imaginaire. Aujourd'hui, les auteurs qui s'emparent de ces sujets passent du temps à lire, à se documenter, qu'il s'agisse de zoologie, de mythologie ou de science en général. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, travailler sur ces sujets de façon assez fouillée libère l'imaginaire. Une fois que l'on comprend mieux le comportement d'une espèce, on trouve des choses qui vont nous mener à plus de fantaisie, plus de fiction.  »


Bonus : Gaspard Kœnig, Humus     
L'Observatoire, 380 pages, 22 €

Gaspard Koenig, interrogé à propos de la place de son roman dans la sélection du prix Goncourt des Lycéens : « Je suis très excité et très intrigué d'être en lice dans ce prix parce que ce livre est un roman sur leur génération. Je suis très curieux de voir s'ils s'y reconnaissent. Vont-ils s'identifier à mes personnages ? Mais auxquels ? Kevin ou Arthur ? Les lycéens m'ont posé beaucoup de question sur le militantisme et l'engagement alors que mon roman justement ne propose pas de réponse définitive, simple, à la question écologique. Mon roman présente la complexité de la situation mais sans apporter de réponse. Personnellement, je ne crois pas aux gourous qui indiquent une voie à suivre évidente pour sauver la planète. C'est aux jeunes de trouver leurs propres réponses. »

Un roman qui, selon isa-vp, devrait poser des questions à de nombreux lecteurs : « Gaspard Koenig pose un regard réaliste sur cette jeunesse inquiète de son avenir et nous offre, avec ces deux personnages attachants et représentatifs de leur temps, un roman révélateur et passionnant qui n'a pas fini de soulever en nous des questionnements, bien après sa lecture. »

Merci à Gaspard Koenig d'avoir pris le temps de nous répondre !